Franck Daffos vient d’achever l’écriture de son second livre, Rennes-le-Château – Le Puzzle reconstitué. En exclusivité pour la Lettre de Thot, il a bien voulu répondre à nos questions. Tous nos lecteurs et abonnés trouveront donc ici les premières révélations d’un ouvrage à paraître, qui laissera plus d’un chercheur conquis, nous pouvons vous l’assurer.

La LdT – Juillet 2007.

Arcadia : Ton premier livre Franck, Le Secret Dérobé, fut un véritable séisme dans le travail de recherches mené ces vingt dernières années sur le Mystère de Rennes, un virage à 180 degrés, qui a bouleversé la donne et dont on ne peut aujourd’hui que tenir compte, c’est évident. Avec ce second livre à paraître prochainement, tu apportes encore de nouvelles preuves, de nouveaux éléments, suite à la découverte d’archives et de documents extrêmement importants… On constate aussi que le XVIIe siècle est un moment de l’histoire du mystère de Rennes, tout à fait fondateur – Peux-tu nous parler de ces révélations ?

Franck Daffos : Parfois les évènements semblent vous échapper, mais bien vite on se rend compte que l’on assiste tout simplement à un réajustement nécessaire des choses dont on a été le déclencheur involontaire. C’est très exactement ce que j’ai ressenti après la publication du Secret Dérobé à l’été 2005. Un enchaînement de circonstances m’avait, au printemps 2003, amené à reconsidérer totalement l’énigme dite de Rennes-le-Château : j’avais eu le bonheur, grâce à une monographie inconnue de tous sur Notre-Dame de Marceille dénichée chez un bouquiniste, de tirer de la pelote ô combien enchevêtrée des mystères castelrennais une piste totalement nouvelle qui rapidement m’entraîna à une revisite complète de cette affaire, tant par sa localisation : Notre-Dame de Marceille, près de Limoux que par son époque de référence : le XVIIème siècle.

Car c’est de ce sanctuaire millénaire et d’un évêque du XVIIème siècle, Nicolas Pavillon, que tout est parti, et c’est de là que s’explique à présent la résurgence moderne de cette fabuleuse énigme.

Bien entendu, tout réajustement ne se fait pas sans douleur, et si certains ont spontanément accepté de me suivre sur les chemins de cette nouvelle Arcadie, beaucoup, encore englués par presque 40 ans de publications tous azimuts, se sont dans un premier temps, et je le comprends tout à fait, montrés totalement rétifs à toutes ces idées nouvelles. Il faut dire que l’imaginaire de l’affaire de Rennes repose principalement sur deux ouvrages : d’abord en 1967 L’Or de Rennes de Gérard de Sède qui a véritablement lancé l’affaire, puis L’Enigme Sacrée d’un trio d’anglais avec à leur tête Henri Lincoln au début des années 1980…

Il me fallait donc arracher tous mes lecteurs à toutes ces références pour espérer leur ouvrir les portes de ce que je crois être une autre connaissance. Gérard de Sède a bien entendu toute ma sympathie, puisqu’il n’a, avec un réel talent de conteur, tenté que de placer dans son récit des éléments totalement authentiques qui lui ont été communiqués, sans que lui ou ses indicateurs n’en aient vraiment compris la portée. C’est ce qui explique que L’Or de Rennes recèle en filigrane toutes les composantes pour pouvoir élucider ce mystère, si tant est qu’on soit capable d’en séparer le bon grain de l’ivraie plantardesque et de cherisienne… Je serai beaucoup plus critique à l’égard de L’Enigme Sacrée qui, en lançant toute une génération sur des pistes utopiques et chimériques, a fait perdre 20 ans à la communauté des chercheurs. Pourtant grand amateur de voitures et de motos anglaises, je me dois hélas d’exprimer les plus vives réserves pour tout ce qui concerne la perception de Rennes-le-Château par la plupart de nos amis anglo-saxons, et ce encore de nos jours.

Internet aidant, et la magie des forums opérant, j’ai pu longuement et à maintes reprises m’expliquer, argumenter, puis je pense finalement convaincre.

Mais Le Secret Dérobé n’était qu’un premier jalon planté dans le désert. Et sa publication n’a pas stoppé, bien au contraire, toutes les recherches que nous avions entreprises avec mon ami Pierre Jarnac, lequel s’était joint à ma quête dès 2003. Et lorsqu’on sait dans quelle direction chercher, on trouve ! C’est ainsi que nous avons progressivement exhumé, d’archives aussi bien publiques que privées, nationales ou étrangères, des éléments totalement inédits du XVIIème siècle, aussi bien sur le diocèse d’Alet et donc sur Mgr Nicolas Pavillon, que sur Blaise d’Hautpoul, baron de Rennes, ou sur la famille Fouquet que sur le gazetier Jean Loret, dont on s’aperçoit qu’il ne pouvait être que parfaitement informé de la découverte d’un immense trésor dans le diocèse d’Alet. Ajoutez à tout cela la consultation de près d’une centaine d’ouvrages d’historiens, publiés à partir du XVIIème jusqu’au début du XXème siècle, sur tout ce qui touche de près ou de loin au sujet qui nous passionne tous, et vous aurez une petite idée de la somme de renseignements amassés et que bien entendu je publie, toutes références à l’appui.

Tout ceci nous a permis de stupéfiantes découvertes dont nous aurons à reparler… La grande majorité d’entre elles ne font que confirmer sans plus aucune contestation possible la ligne éditoriale de mon premier livre ; certaines autres m’ont obligé à revoir ma position, et même à corriger certaines erreurs, sur quelque épisode ou fait bien précis. Mais dans l’ensemble, la structure du Secret Dérobé en ressort grandement étayée, et malgré son imperfection chronique due à l’inconnu où je m’enfonçais alors, je ne renie pas, bien au contraire, le travail accompli alors.

Arcadia : La personnalité de Nicolas Pavillon, grâce à tes études minutieuses, sort de plus en plus de l’ombre, dans ce second ouvrage. Il est manifestement un des personnages incontournables de notre affaire, n’est-ce pas ?

Franck Daffos : Mgr Nicolas Pavillon est tout simplement à la base de cette affaire au XVIIème siècle ! C’est lui qui géra le formidable dépôt découvert par le berger Paris (qui a vraiment existé), et qui surtout initia le fabuleux codage le concernant et toujours en vigueur de nos jours, grâce à deux tableaux (de commande) de Poussin et de Teniers, Le rôle de Nicolas Pavillon n’est plus contestable actuellement. Certaines archives jamais exploitées le concernant nous éclairent d’un jour totalement nouveau à propos de ses relations étroites avec l’archevêché de Narbonne, donc la famille Fouquet, ou avec les plus grands du royaume tels la famille de Condé qui étaient les premiers cousins du Roi : le prince de Conti et sa sœur la duchesse de Longueville (la bienfaitrice de Jean Loret), et enfin ses relations tumultueuses avec le roi Louis XIV lui-même, qui se situent entre désobéissance caractérisée sur fonds d’hérésie janséniste, et incroyables versements de fonds très importants de l’Evêché d’Alet à la Couronne, sur fonds d’un inextricable procès intenté sur deux fronts par la famille d’Hautpoul à leur évêque, très curieusement dès l’arrestation de Nicolas Fouquet, le flamboyant Surintendant des Finances…

Certains semblent avoir parfaitement bien compris l’importance de Pavillon, à leur unique profit d’ailleurs, puisque je viens juste d’être prévenu qu’une grande plume éditorialiste du temps, transfuge du Monde, chroniqueur au Figaro et à France Culture, Alexandre Adler, s’était tout simplement emparé de mon travail concernant Nicolas Pavillon et son siècle pour en faire le substrat d’un best-seller annoncé : Les Sociétés Secrètes, aux prestigieuses éditions Grasset, après avoir bien pris garde de m’affubler d’un autre prénom, pour enrayer toute poursuite éventuelle, et pour que son lectorat ne puisse vérifier ses sources dérobées. Me voici donc transformé en Pierre Daffos par le bon vouloir d’un plagiaire en mal d’imagination, sans qu’il sache d’ailleurs, ironie du sort, que Pierre est mon troisième prénom.

Arcadia : Dans ton dernier livre, la piste que tu as déjà bien labourée, concernant Notre-Dame-de-Marceille, se précise encore, et mieux, c’est évident. On côtoie des personnages que l’on connaissait déjà tel le chanoine Gasc, les Lazaristes aussi, et des personnages que l’on découvre pour la première fois, comme ce fameux « frère Jean », et Léopold Vannier également… derrière qui se profile la figure emblématique de Pierre Plantard. Peux-tu nous en parler un peu ?

Franck Daffos : Notre-Dame de Marceille, de par la volonté farouche de Mgr Nicolas Pavillon est devenue, dès le milieu du XVIIème siècle, le réceptacle et le dépôt de très importantes richesses matérielles provenant d’une cache découverte fortuitement ailleurs, mais dont il était hors de question pour le saint prélat de laisser à leur place originelle, au risque d’être dilapidées par quelque nobliau local.

Hélas l’intrusion de la famille Fouquet, suite à certaines indiscrétions du peintre Poussin qui avait été chargé par Pavillon de coder dans un magistral tableau les mystères du Razès, allait profondément changer la donne dès la toute fin des années 1650. Ce ne furent ensuite qu’affrontements et procès, avec comme point d’orgue l’intervention de Louis XIV et l’arrestation de Nicolas Fouquet en septembre 1661. Une affaire de trésor purement locale s’était peu à peu transformée en affaire d’Etat.

Malgré tous les moyens mis en place, le Roi et son zélé ministre Colbert ne purent jamais savoir où se situait vraiment ce dépôt qui retomba donc logiquement dans l’oubli à la mort progressive de tous les protagonistes de cette affaire.

Mais un message subliminal, fort bien caché par ceux qui savaient dans un tableau du XVIIème siècle placé dans N-D de Marceille, devait relancer la fièvre trésoraire dès les années 1830, grâce à la perspicacité d’un chapelain du lieu, le chanoine Gaudéric Mêche. Son successeur ensuite à l’aumônerie du sanctuaire, le chanoine Henri Gasc, allait investir plus de 40 années de sa vie à la recherche de la cache originelle située dans la région de Rennes-les-Bains. C’est finalement l’abbé Boudet, qu’il avait patiemment amené à la cure de cette petite station thermale, qui allait, mais hélas après la mort de son mentor, parvenir au saint des saints un jour de 1885. Mais cette réussite était en fait collégiale : elle n’avait été rendue possible que par l’aide significative apportée au tout début des années 1880 par le RP Léopold Vannier, supérieur de la petite communauté des Lazaristes qui avaient pris en charge le pèlerinage de Marceille dès après le départ à la retraite du chanoine Gasc en 1872.

Car Vannier, pour ce faire, avait eu l’intelligence de faire venir de Paris un jeune prêtre tout à fait extraordinaire et au cursus brillant dont nous aurons beaucoup à reparler puisqu’il fut l’ultime, et ô combien important, maillon de toute cette énigme jusqu’à sa disparition en 1930. Frère Jean, de son vrai nom Jean Jourde, allait amener à son confrère l’abbé Boudet les éléments déterminants à la compréhension du cryptage mis en place par Mgr Pavillon plus de deux siècles auparavant, et ainsi forcer les portes de la cache originelle du trésor du Razès. Il s’était appuyé pour cela sur différents documents datant du XVIIème siècle découverts dans la cache de N-D de Marceille par Mêche et Gasc, explicitant l’origine de ce dépôt, et faisant principalement référence à deux tableaux de deux peintres majeurs de l’époque : Poussin et Teniers le jeune.

Dès lors, et au su du contenu de la cache originelle, Jean Jourde allait s’employer brillamment à la remise à plat et à la refonte totale d’un codage d’envergure sur cette énigme. Reprenant les bases du XVIIème siècle, Poussin et Teniers, il passait par la composition de certains manuscrits, la divulgation de dalles n’ayant jamais existées, la rénovation d’une église voisine (celle de Rennes-le-Château, qui avait pour principal mérite d’avoir autours d’elle suffisamment d’espace disponible pour permettre l’édification de jardins et d’un domaine fort explicites, ce qui était impossible à Rennes-les-Bains au vu l’éxiguité des lieux), le tout chapeauté par un ouvrage de référence, écrit par l’abbé Boudet, dont la consultation pertinente, ne pourrait que conforter au fur et à mesure de toute quête, l’avancée des recherches d’un hypothétique successeur ecclésiastique.

Car à défaut d’affaire d’Eglise, ce qui n’est certainement pas le cas, nous sommes bien en présence d’une affaire de prêtres qui, nonobstant toute hiérarchie, se sont érigés en véritables veilleurs du sanctuaire …

Mais certains bouleversements à la fin des années 1920 remirent en cause l’application définitive et donc le verrouillage de ce fabuleux codage. Excepté la partie émergée que nous en connaissons : les rénovations et les constructions prêtées à l’abbé Saunière, il resta lettre morte dans les papiers de Jean Jourde, lesquels, bien après sa mort en 1930, et après quelques pérégrinations, finirent pour partie entre les mains d’un personnage arrivé depuis peu dans la région, suite aux premiers articles de journaux de 1956 relatant les fastes passés du curé de Rennes-le-Château. Décrit fort justement comme « falot, cauteleux » par l’érudit local Descadeillas, il avait pour nom Pierre Plantard.

Ces documents provenant donc de Jourde, dont certains à peine modifiés par un ami de Plantard, Philippe de Cherisey, allaient fournir le substrat documentaire au best-seller L’or de Rennes de Gérard de Sède, qui allait définitivement lancer en 1967 dans le grand public l’affaire dite de Rennes-le-Château.

La suite est connue.

Arcadia : Une des trouvailles les plus extraordinaires que tu aies réalisée ces derniers temps, concerne deux tableaux bien connus de l’église de Rennes-les-Bains, une Crucifixion et une Piéta, qui se rejoignent comme deux pièces de puzzle, et qui, mis bout à bout permettent de reconstituer l’image intégrale d’un dolmen. Je considère pour ma part, en tant que chercheur, que cette découverte exceptionnelle est tout à fait fondamentale et ce à trois niveaux distincts :

1 – Cela veut dire que tu apportes la preuve vivante qu’il existe bien un codage graphique et une cryptographie certaine et incontournable dans l’affaire qui nous intéresse. Que ce codage nous a été laissé en héritage par des initiés qui désiraient préserver une connaissance et un secret.

2 – Cette découverte oblige dorénavant les chercheurs, tous les chercheurs, à t’emboîter le pas, car cette trouvaille est incontestable et elle donne des clefs évidentes et globales à la totalité du mystère. Autant dire encore une fois, que tu vas faire bien des jaloux !

3 – Cette découverte oblige également tous ceux qui avaient un avis définitif et arrêté sur le mystère de Rennes, pour dire qu’à Rennes-le-Château, il n’y a pas de secret, aucun mystère, rien ! Pas même la queue d’une cerise, et qu’après tout on fait grand cas de toute cette histoire qui a fait le tour du monde et qui n’en vaut pas la peine, de réviser leurs jugements.

De ces trois niveaux distincts, évidemment se dégage une impression de vertige, car nous ne sommes plus ici, dans les conjectures, les hypothèses, les analyses, mais bien dans des preuves concrètes et de surcroît visuelles ! C’est dire… Pour les lecteurs de la LdT, veux-tu bien dresser un petit rappel de ce travail, et de ce qu’il induit véritablement sur le plan du mystère de Rennes ?

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Franck Daffos : Ces deux tableaux sont en effet totalement indissociables, et de la plus belle des manières encore, puisqu’ils ne forment qu’un tout. Mais pour comprendre le cheminement de ma découverte, un petit détour s’impose par l’église de Pieusse, petit village au pied de Notre-Dame de Marceille, où j’ai eu le bonheur de découvrir, début août 2004, l’original de la Crucifixion qui servit de modèle à Gasc pour réaliser la copie qui trône à Rennes-les-Bains depuis 1842.

A première vue, les deux tableaux de la Crucifixion, l’original de Pieusse et la copie de Rennes-les-Bains, sont quasiment identiques. Mais une comparaison plus poussée de leur arrière plan à la rentrée 2006 allait m’amener à une bien surprenante découverte. La partie droite de la copie présente en effet, à la différence de l’original, un morceau de rocher d’une forme bien particulière… J’avais étalé sur mon bureau ce soir-là les photographies des deux Crucifixion et de la Pietà, et je m’amusais à brasser les photos devant mes yeux comme on le fait souvent avec un jeu de cartes. Le hasard fit bientôt tomber la copie de la Crucifixion à gauche de la Pietà… Mon regard fut alors attiré par le rocher en arrière plan de la Pietà et le bout de rocher visible en bas à droite de la Crucifixion de Gasc… Se pourrait-il que ?

Un rapide coup de téléphone à l’ami Jean-Pierre Garcia, informaticien et infographiste de métier, concepteur du site http://rennes-le-chateau-archive.com/, et le récent découvreur de la signature de Mathieu Frédeau sur le tableau St-Antoine de N-D de Marceille, pour lui exposer mes doutes et lui demander son aide, et la réponse me parvenait illustrée par e-mail dans la soirée…

Comme je l’avais pressenti, les deux parties de rocher sur les deux toiles ne formaient qu’un tout. Il suffisait de réduire la copie de la Crucifixion pour que ce tableau s’emboîte à la perfection dans la partie gauche de celui de la Pietà.

Ma découverte de la superposition de ces deux tableaux, agrémentée animation fort réussie où l’on voyait la Crucifixion d’abord se réduire, puis ensuite venir parfaitement se loger dans la Piéta, fut publiée à l’automne 2006 sur le site Internet de Jean-Pierre Garcia.

Sévèrement décontenancés alors par cette évidence qu’ils ne pouvaient contester mais qu’ils choisirent d’ignorer, certains chantres appointés de la non-affaire de Rennes-le-Château, prêt à tout pour me nuire, choisirent alors en ultime recours de tenter d’infirmer la paternité de Gasc sur la Crucifixion de Rennes-les-Bains. Ils n’hésitèrent pas, pour cela, à affirmer qu’une date, 1816, se trouverait sur ce tableau, et que donc eu égard à la date de naissance de Gasc, 1807, il ne pouvait en être l’auteur. J’ai pu avec stupéfaction lire ceci, agrémenté d’une photomontage douteuse, sur le bulletin 2006 d’un auteur signant sous le pseudonyme de M. Patrick Mensior, Parle-moi de Rennes-le-Château ! qui aurait dû depuis la sortie de mon premier livre être rebaptisé Parlons de Franck Daffos ! tellement son initiateur aigri a fait sa croisade, de procès d’intention en vaines chicaneries, sur mes écrits.

Malheureusement pour lui, une simple vérification sur place en l’église de Rennes-les-Bains avec un photographe expérimenté, Jean Brunelin, prouvait formellement l’inexistence de cette date, et de sévères altercations ensuite sur quelques forums d’Internet établissaient définitivement les preuves de la fourberie de M. Mensior et de ses comparses. Cela n’empêche pas d’ailleurs ces faussaires reconnus, comme si de rien n’était, à continuer de venir brailler à tous leurs leçons d’honnêteté intellectuelle, mais il est vrai uniquement sur le forum de mon ancien éditeur, épicentre obligé de cette plus que lamentable mystification !

C’est assez dire quand même l’importance de cette petite découverte, pour qu’elle en ait obligé certains à recourir à des faux manifestes et honteux pour tenter d’en minimiser la portée. Peine perdue en vérité, puisque on ne peut supprimer l’incontestable. Il est tout aussi vain et puéril de tenter de me discréditer : ce n’est pas en supprimant le messager qu’on annule la mauvaise nouvelle. Et la mauvaise nouvelle, pour tous ces adeptes de la « non-affaire de Rennes-le-Château », qu’ils n’ont su que qualifier de « mythe agglutinant » ou de « rumeur urbaine », c’est que les preuves de la découverte d’un trésor dans le Razès et de son codage depuis le XVIIème siècle continuent à s’empiler sans contestation possible, la superposition des deux tableaux de l’église de Boudet n’étant qu’une des clefs de voûte du magnifique édifice dont les plans furent dressés par Nicolas Pavillon dès les années 1650…

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Arcadia : Le mystère semble de plus en plus se dénouer finalement, grâce à toi, et on assiste à la révélation d’un double mystère qui concerne deux trésors en fait. Un trésor matériel et un trésor spirituel. Peux-tu nous en distinguer rapidement les composantes cruciales ?

Franck Daffos : Dans cette énigme où le temps s’est plié à la volonté des hommes et où la connaissance surgit de loin, il faut savoir revenir en arrière et retrouver le savoir occulte transmis depuis prés de trois siècles par tous ces gens d’Eglise qui n’ont eu de cesse de baliser le chemin de la découverte pour les générations futures. Tout nouveau chercheur dans l’affaire de Rennes est, en effet, immédiatement interloqué par la complexité et le nombre des codages mis en place autour de cette énigme: il s’interroge alors, à juste titre, sur le pourquoi d’un tel rideau de fumée, bien trop disproportionné pour une simple affaire de trésor. Et l’on ne peut alors que se ranger aux arguments du bon sens : un dépôt trésoraire au sens matériel du terme, quelque soit son importance, ne nécessitait certes pas, même sur la durée, autant de complications dans la mise en forme de sa supposée divulgation, même si elle se devait à une élite ecclésiastique.

Mais cette volonté de divulguer depuis le XVIIème siècle, même de façon cryptée, impose à notre compréhension que la face cachée du trésor des deux Rennes ne pouvait que se parer d’une auréole dépassant largement le cadre des richesses terrestres. Il fallait donc à la fois protéger et divulguer. Les tenants de ce secret depuis Nicolas Pavillon, qui tous furent des hommes d’Eglise, s’y sont attachés, chacun à leur manière. On comprend à présent le sens de la nouvelle décoration intérieure de Notre-Dame de Marceille pensée et réalisée par le chanoine Gasc dans les années 1860 ; par certains documents du XVIIème siècle trouvés dans le dépôt sous son sanctuaire, il savait exactement ce qu’il allait trouver. Ne doutant pas de la réussite de sa quête, il avait préparé une cache destinée à recevoir cette extraordinaire relique dans sa chapelle, qui serait ainsi devenue l’un des plus important lieu de culte de la Chrétienté.

Depuis le XVIIème siècle s’opposait en fait à la révélation de ce secret majeur un obstacle insurmontable : l’impossibilité matérielle de le soustraire à sa cachette. Tout nous indique que le berger Paris ne put s’introduire dans la cache originelle que par une faille naturelle trop étroite et dangereuse, et qui n’a jamais été l’entrée principale du dépôt obturée définitivement lors de sa constitution, fort probablement à la fin du Moyen Age.

N’ayant donc aucune possibilité technique de transférer ailleurs la partie spirituelle du trésor, tous ceux qui savaient depuis le XVIIème siècle se sont tout simplement retrouvés obligés de gérer cette connaissance au mieux de leurs intérêts, ce qui a entraîné, pour que rien ne se perde, leurs codages successifs.

Il en ressort à mon sens, la présence non d’un trésor spirituel pouvant mettre en péril l’existence de l’Eglise comme veulent nous l’imposer certains anglo-saxons depuis plus de 25 ans, mais au contraire d’une relique salutaire la concernant qu’il importait de laisser à l’abri des convoitises du temps, mais dont il ne fallait pas que trace se perde. On voit mal en effet le supposé janséniste Mgr Pavillon, en lutte avec la Vatican, ou bien ses découvreurs suivants Boudet et Jourde, en proie aux lois de Séparation de 1905, mettre au grand jour l’existence d’une telle relique…

C’est très certainement ce qui confusément, et peut-être sans que les chercheurs ne s’en rendent vraiment compte, transparaît en filigrane de l’énigme de Rennes, la rendant si prenante et obsessionnelle.

C’est une quête qui oblige ceux qui s’y engagent à se transcender. Voilà pourquoi les aigris, les menteurs et les faussaires n’y trouveront jamais leur place, la complexité et la dimension de la tâche ne faisant qu’aggraver leurs travers naturels… Nous en avons l’accablante démonstration pratiquement tous les jours sur un certain forum d’Internet.


Interview de F. Daffos par T E Garnier, pour la LdT No 51– Juillet 2007 ©.

interview Franck Daffos – Arcadia, la Lettre de THOT & K2M © – Juillet 2007

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Ce document exclusif, >[interview de Franck Daffos – 1e juillet 2007] pour la Lettre de Thot constitue les premiers pas vers de nouvelles révélations à paraître prochainement dans l’ouvrage de Franck Daffos : Rennes-le-Château – Le Puzzle reconstitué – NOUVELLE ÉDITION REVUE & AUGMENTÉE – ARQA éditions – La Rédaction de la LdThot, remercie les ayant droits des photographies publiées ci-dessus : Photos 1, 2 & 4 – Franck Daffos & Arcadia © et DR – Photo 3 – A. Goudonnet © – Photos 5 & 8 Alain Bretherau © – Photos 6 & 7 J-P Garcia © et le site Internet RLC archives.com & Jean Brunelin ©. (La Rédaction de la LdT spécifie dans le cadre de cette présente publication que les propos publiés dans ce WebZine n’engagent que leurs auteurs et sont susceptibles de droits de réponses).