Comme nous venons de le signaler superficiellement dans nos derniers posts du mois de mars et d’avril, certaines constructions de type néogothique se rapprochant très fortement de la tour Magdala sont repérables en France, pour celui qui saura les retrouver ? Pourtant certaines d’entre elles sont-elles en rapport direct ou indirect avec « l’Affaire de Rennes-le-Château » ? S’intéresser à l’architecture néogothique en France c’est aussi appréhender d’autres formes d’arts appliqués… La gravure lapidaire qui orne l’une des façades de la tour et nomme spécifiquement celle-ci, porte le titre de « Magdala », c’est-à-dire : « originaire de la ville de Magdala (de l’hébreu migdal, « Tour ») sur la rive occidentale du lac de Tibériade, et non pas « Magdalena », terme qui se rapporterait lui plus précisément à « Madeleine », en tant que personne. Ce rappel soulignant si besoin était que l’abbé Saunière s’était bien focalisé pour la construction du domaine sur la sainte, dite « pécheresse » et surtout sur un lieu particulier de Palestine… La gravure lapidaire de formes dites « lombardes » et non pas onciales, se décrit comme tout le reste de l’architecture dans un style faussement médiéval et peu amène de reconstitution paléographique. Les vitraux du domaine, eux aussi, bien étudiés dans L’ABC de RLC, dans leurs composantes historiées nous amènent obligatoirement à nous poser certains questionnements sur l’iconographie religieuse au XIXe siècle. Martine Callias-Bey, chercheur au Centre André Chastel, a réalisé une étude sur les vitraux du XIXe siècle, de style néogothique, nous donnons ici un extrait de son étude remarquable, que nous versons également à notre dossier. Un peu plus de documentation donc, et de quoi monter visiblement dans les tours… >Arqa ed.] « Malgré l’intérêt porté aux œuvres d’art religieuses du XIXe siècle depuis une trentaine d’années, beaucoup de vitraux religieux du XIXe siècle ont déjà disparu à Paris ; il s’avère donc urgent de les inventorier. L’objet de l’article qui suit est la présentation des édifices catholiques parisiens de style néogothique et de leurs verrières. Ce corpus comprend 5 églises paroissiales, 19 chapelles de congrégations ou anciennes chapelles devenues paroisses, et deux bâtiments annexes. Sur 526 verrières étudiées, 286 sont ornées de figures ou de scènes dont 37 entrent dans la catégorie vitrail-tableau ; les 240 autres verrières sont ornementales. 22 ateliers sont à l’origine de ces verrières, parmi les plus importants tels Didron, Lusson, Champigneulle, Hirsch, Gsell, etc. L’on sait que Paris a joué un rôle déterminant dans la renaissance du vitrail durant le premier tiers du xixe siècle, grâce à la perspicacité de certains hommes de pouvoir comme le comte de Chabrol qui fut à l’origine de la « résurrection » du métier de peintre verrier avec la création du premier atelier de la Foire Saint-Laurent en 1825, grâce également à la confrontation des archéologues avec les premiers grands chantiers de restauration et le rôle décisif des architectes diocésains. L’iconographie de ces verrières reflète l’évolution du contexte religieux, de la liberté concordataire à l’explosion congrégationniste, du retour de l’autorité romaine au triomphe de l’ultramontanisme, du mouvement anticongrégationniste à la loi de Séparation de 1905. Le vitrail néogothique épouse plutôt une iconographie de tendance gallicane, teintée d’un certain « romantisme » ; mais à partir de 1850, il s’ouvre à de nouvelles images et devient ce que l’on pourrait appeler un « moyen de propagande ». [Le vitrail néogothique marque le retour à la couleur ; l’imitation des Anciens exige une technique très maîtrisée, qui cependant s’ouvre à des procédés nouveaux comme l’impression de motifs répétitifs sur les verres de bordure ou de fond. Considérant l’éclectisme architectural du XIXe siècle comme un style à part entière, il convient de qualifier de même ce mélange fréquent des styles, pas nécessairement cohérents, utilisés soit pour les personnages soit pour les encadrements dans les verrières dites « archéologiques » ou les « verrières-tableaux ». >[Martine Callias-Bey]