Tarko, z’y cours! Au Mage du cœur ! Pour ceux qui ne le connaitraient toujours pas (Mieut vaut TarKo que jamais !), Andreï Arsenievitch Tarkovski est un réalisateur russe « Enooormissime » né le 4 avril 1932 à Zavrajye sur les bords de la Volga. Il nous livra peu de films mais de très grands films, tous inoubliables, purs joyaux d’une spiritualité incomparable nourrie de sa belle âme slave. Après avoir réalisé L’Enfance d’Ivan, Andrei Roublev, Solaris, Le Miroir, Stalker, Nostalghia, il attaqua Le Sacrifice (voir photo ci-dessus). Se sachant condamné par un cancer au poumon (il devait trouver la mort peu de temps après, le 28 décembre 1986 à Neuilly-sur-Seine), il dédia cette dernière œuvre à toute l’humanité.

Son œuvre rare est magnifique emplie de mysticisme est l’une des plus belles et des plus originales qui soient. Andreï Tarkovski a toujours été salué comme l’un des authentiques maîtres du Cinéma et nous pouvons sans risques clamer qu’il existe à peu près autant de différences entre la majeure partie des metteurs en scène actuels et Tarko qu’entre la quantité de souffleurs et quelques véritables Philosophes par le feu ! Empreintes d’une pensée orthodoxe et d’un certain panthéisme, ses œuvres explorent le passage de l’Homme vers la folie et cette frontière si ténue entre imaginaire et raison. Visionnaire dans l’âme, il nous offre une imagerie puissante à la fois païenne et chrétienne et nous distille des fulgurances poétiques rares où le profane rencontre le sacré. La présence hectique des éléments (terre, eau, air, feu), la solitude des êtres, l’angoisse existentielle, le rêve, l’imagination et la spiritualité sont les thèmes les plus récurrents de son œuvre…

Alors, il ne faut pas l’oublier, vite le (re)découvrir et le chérir ! Des rétrospectives ont lieu souvent lieu dans les grandes villes et les dvds de ses œuvres viennent d’être réédités. Un Tarkovski vaut peut-être plusieurs dizaines de films importants car il va droit à l’essentiel et même à l’Essence Ciel ! Je puis vous assurer que certains de ses plans vous hanteront toute votre vie ! Et les citations de lui, ne sont pas vilaines non plus ! Un penseur, un être vrai, un frère aîné :

« Celui qui trahit une seule fois ses principes perd la pureté de sa relation avec la vie. Tricher avec soi-même, c’est renoncer à tout, à son film, à sa vie »
« La fonction de l’art n’est pas, comme le croient même certains artistes, d’imposer des idées ou de servir d’exemple. Elle est de préparer l’homme à sa mort, de labourer et d’irriguer son âme, et de la rendre capable de se retourner vers le bien »

« L’artiste n’est jamais libre, personne n’est moins libre que l’artiste, parce qu’il est enchaîné à son don, à sa vocation, à son service envers les autres ».

« Vouloir plaire au public, en satisfaisant tous ses goûts sans scrupule, ne peut être que lui manquer de respect. Le seul objectif devient en ce cas de lui soutirer de l’argent, au lieu de le nourrir d’œuvres d’art majeures, et habituer ce faisant l’artiste à se conforter de revenus assurés. Le public est alors bercé dans une sorte de béate autosatisfaction, avec l’impression qu’il est dans le vrai, ce qui est souvent très relatif. En négligeant de développer chez le spectateur un regard critique sur ses propres jugements, nous manifestons finalement à son égard la plus hautaine indifférence ».

« Dans Nostalghia, je voulais poursuivre mon thème de l’homme « faible », celui qui n’est pas un lutteur par ses signes extérieurs, mais que je vois comme le vainqueur dans cette vie. Déjà Stalker, dans un monologue, défendait la faiblesse comme la seule valeur et l’espoir de la vie. J’ai toujours aimé ceux qui n’arrivaient pas à s’adapter de façon pragmatique à la réalité. Il n’y a jamais eu de héros dans mes films, mais des personnages dont la force était la conviction spirituelle et qui prenaient sur eux la responsabilité des autres. De tels personnages sont comme des enfants avec une gravité d’adulte, doués d’une attitude irréaliste et désintéressés du point de vue du sens commun ».

>[Gil Alonso-Mier]