Ce qui m’amuse dans les blogs, c’est la haute capacité qu’à la médiocrité à se hisser sur des épaules de géants pour se donner plus d’importance. Promouvoir par son blog l’idée absolument nécessaire qu’il faut faire savoir à tous, autrement dit à la communauté mondialisée d’Internet (ou son illusion surtout) que l’on existe vraiment… Le publicitaire Jacques Séguéla a sorti récemment cette belle fumisterie: « Si à 50 ans, on n’a pas de Rolex, on a raté sa vie ». Pour la grande majorité des blogs que nous critiquons ici c’est un peu pareil… Il faut savoir exister avec et par son blog ! Comme l’a dit un jour José Bové : « On peut dire n’importe quoi sur un blog ! » Exister par son blog pour soi-disant aiguiser son sens critique – au détriment de ses contemporains bien sûr. On s’auto-promeut alors « spécialiste », « historien », « chroniqueur », « éditeur », « journaliste », « bibliothécaire »… j’en passe et des meilleurs… et les commentaires acerbes qui en échappent n’ont rien à envier, quant au fiel qui s’en dégage, aux blogs pour adolescents écrits en langage sms. Le blogger que nous stigmatisons aujourd’hui se reconnaîtra volontiers par le fait qu’il a raté le virage Internet des années 2000, ce qui le rend plus pathétique, et qu’il se retrouve en charge aujourd’hui d’une haute mission, celle de parler de lui, parfois sous pseudonyme, celle d’alerter son voisinage et son cousinage de l’importance qu’il s’accorde… – Allez, va, continue à « Laché-tes-comm’s-sur-ton-blog », mais fais quand même gaffe à la moquette. >[Teg]