Toute cyclicité comporte une part de changement. Il n’est donc pas besoin d’envisager une planète du changement comme cela a été le cas, depuis deux siècles environ pour Uranus/Herschell. C’est un peu comme le groom dans les ascenseurs ou le poinçonneur du métro ou de la sténodactylo d’autrefois. On s’en passe très bien.

A vouloir se servir à tout prix de planètes lentes, l’on se condamne à surdimensionné les événements puisque leurs configurations sont relativement rares. Inversement, si l’on s’en tient au septénaire, on conclura que les mêmes événements sont relativement fréquents. C’est dire l’importance et l’influence des grilles que nous utilisons. Rappelons quand même que les anciens traités d’astrologie ne comprenaient pas, et pour cause, les transsaturniennes mais savaient fort bien, comme dans le cas du cycle Jupiter-Saturne, mettre en avant certains critères pour couvrir des périodes longues, en tenant compte notamment du fait que pendant 200 ans, la conjonction de ces deux astres s’effectuait dans des signes de même élément, puisque 120° séparent deux conjonctions tout comme 30° séparent deux lunaisons.

Dans la présente étude, nous insisterons sur la relativité du temps. Sur le moment, les choses peuvent sembler durer une éternité alors qu’il ne s’est écoulé qu’un laps de temps assez bref. Une période de 22 mois, c’est long et cela peut faire songer à une fin de monde. Pour nous, chaque nouvelle phase d’un cycle nous invite à pénétrer dans un nouveau monde et ainsi de suite. Tout a une fin mais c’est pour mieux recommencer un peu plus tard comme lorsque l’on parle de la fin d’un repas. En fait, celui qui n’est pas averti de la cyclicité du phénomène auquel il est confronté risque fort d’en exagérer l’importance et c’est ce qui expliquerait toutes ces alertes prophétiques qui se succèdent inlassablement, comme si elles se relayaient.

Ainsi, vivons-nous en ce moment une période de transition entre ce que nous appelons le temps de Mercure et le temps de Mars. Et ce « nous » est important en astrologie, tant celle-ci semble ne s’intéresser qu’au « moi », au « je ». Or, comment peut-on dire que nous sommes décalés les uns par rapport aux autres, que nous ne nous retrouvons pas dans ce qui arrive à autrui, autour de nous ? Est-ce que ce ne serait pas justement cette coupure avec l’autre qui conduirait à l’astrologie comme regard de l’autre sur nous, dans la mesure où nous existons par, à travers son regard ? Mais soyons raisonnables, évitons d’extrapoler à partir d’une phase qui ne dure finalement que quelques mois pour y voir les prémisses de quelque fin du monde ou d’un monde. Ces phases successives sont à banaliser, à relativiser, ce qui ne signifie pas qu’on ne les vive intensément. Ce ne sont que les 4 saisons d’une périodicité de 7 ans et non de 2000 ans.

Du fait que nous vivons des phases successives, de par notre condition d’être humain – car l’astrologie parle d’abord de l’humain avant de traiter de la façon dont chaque personne le vit, nous risquons fort d’être tiraillés par le poids des dites phases, surtout lorsqu’elles alternent. Quelque part, nous avons du mal à nous reconnaitre – et les autres aussi – quand nous changeons de phase, au même rythme que tout le monde. Pourquoi ce qui était si facile avant ne l’est plus à présent et nous demande un terrible effort ? C’est dans ces cas là que précisément nous pouvons capter pleinement le processus astrologique, à l’instar de l’aube ou du crépuscule (twilight), à l’échelle d’une journée. De même en Eté, les choses ne se font pas comme en Hiver et cela vaut, répétons-le, pour chacun d’entre nous. Est-ce que chaque saison ne révèle pas de nouvelles facettes de nous-mêmes ? En ce sens, chaque phase joue un rôle de révélateur.

Nous vous invitons donc à observer ce passage qui a lieu tous les 7 ans entre Mercure et Mars, quand Saturne se place au milieu d’un signe cardinal (il en était autrement par le passé, du fait de la précession des équinoxes puisque nous travaillons avec les conjonctions de Saturne vis-à-vis des 4 étoiles fixes royales.)

La fonction mercurienne tend à se bloquer. Les gens ont de plus en plus de mal à communiquer, à négocier, bref à s’entendre et cela dans tous les milieux, à tous les niveaux. Il n’y a plus assez d’entregent. On voit poindre Mars. (rien à voir avec sa position céleste à un moment donné) qui est un personnage inquiétant, lequel perce à jour, dénonce bien des ruses, bien des procédés si chers à Mercure.

Il faut voir à cette aune le départ d’un Papaandréou, d’un Berlusconi, d’un Zapatero. Le courant, la magie ne passent plus, ils ne savent plus s’y prendre et perdent ainsi le contrôle de la situation. Le dialogue en souffre et les négociations diplomatiques capotent souvent pour laisser place carrément à la guerre, en tout cas à l’épreuve de force.. On pense bien sûr à l’Iran dont les attitudes mercuriennes sont de moins en moins agréées, au risque de basculer dans un conflit très dur qui exigera qu’il y ait un vainqueur et un vaincu. On sait comment cela s’est terminé en 1967, avec la Blitz Krieg que fut la Guerre des Six Jours. Le temps de Mercure laisse ainsi la place à celui de Mars comme l’Eté à l’Automne. Rappelons que Mars n’a rien à voir avec le printemps qui est à Vénus et donc non plus avec le bélier. On ne peut pas être au four et au moulin. Mars n’est pas un inventeur comme Vénus, partant de rien, d’un rien, mais un découvreur- qui explore et sonde le monde. En ce sens, Mars ne fait sens que dès lors que quelque chose préexiste qu’il peut visiter, pénétrer. A contrario, Vénus est attirée par ce qui est nouveau, Elle recouvre d’une nouvelle couche plutôt qu’elle ne découvre ce qui est caché…

Nous souhaitons que le public apprenne à se servir de notre typologie à 4 possibilités à la place des 12 signes. En fait, chacun d’entre nous passe par ces 4 stades, tour à tour : Vénus, Jupiter, Mercure, Vénus. Il doit capter et qualifier les changement qui s’opèrent périodiquement en lui, du fait d’un changement de phase mais aussi autour de lui. Une typologie des phases est bien plus caractéristique de la démarche astrologique qu’une typologie des caractères. Nous n’avons pas le même caractère tout au long de notre existence, nous ne sommes pas toujours exactement la même personne mais cela obéit à un cycle de 7 ans.

L’idée de découper, diviser, l’Humanité en 12 types ou en 144 (avec la combinaison signe/ascendant) est contraire à l’esprit de l’astrologie. Astrologiquement parlant, l’Humanité est une mais elle passe par des phases qui nous entrainent tous et toutes dans un processus cyclique de 7 ans divisé en 4 périodes de 22 mois.(cf les arcanes du tarot, calquées sur cette durée : une carte par mois) Ce qui nous distingue les uns des autres ne relève pas d’un quelconque modèle astrologique mais peut dépendre de la façon dont nous vivons les cycles astrologiques, à commencer par le passage de Mercure vers Mars, à mi-parcours du cycle de 7 ans. Même nos activités sont susceptibles d’évoluer au fil des 4 phases de 22 mois. Chacun de nous est censé pouvoir être en phase aussi bien avec Vénus qu’avec Mars, le moment est venu. Si telle phase nous fait problème, c’est qu’il s’agir d’un dysfonctionnement extra-astrologique mais pouvant être révélé du fait du processus astrologique.

Le passage de Mercure à Mars peut tout à fait correspondre à un coup d’Etat, à un coup de force qui implique un effet de surprise qui tranche avec la phase mercurienne laquelle est saturée d’informations et d’échanges. Alors que Mercure fonctionne dans le registre de la conviction et de la séduction (Vénus, phase précédente), Mars préfère des mesures plus radicales et laissant moins de place aux appréciations subjectives. Avec Jupiter, qui fait suite, on passe à un pouvoir institué voire dynastique (le fils succédant au fils, en Jordanie, comme en Syrie, par exemple) qui ne souffre pas la contestation.
La dernière phase bleue (Vénus-Mercure) de Saturne a débuté avec le passage de Saturne sur l’étoile fixe royale appelée Regulus en septembre 2007, à 1° vierge. Elle s’est poursuivie durant 3 ans et demi, ce qui correspond à un parcours de 45° d’arc, soit jusqu’à ce que Saturne atteigne 15° balance environ, quatre ans plus tard du fait des rétrogradations, et arrive en son stade martien dont il est ici question (début de la phase rouge).

Cette période correspond notamment au surendettement des Etats, ce qu’on appelle la dette souveraine. On pensait que les Etats ne pouvaient faire faillite, que l’euro protégeait ses Etats membres, tous autant qu’ils étaient mais avec la fin des trois ans et demi de la phase bleue, Mars cherche le maillon faible et met en évidence les disparités masquées….
Ce passage Mercure-Mars (frontière entre la zone bleue et la zone rouge du cycle saturnien) se représente à des intervalles de sept ans. Il n’est nullement nécessaire d’aller chercher Uranus, le changement de phase est en lui-même uranien.

Il est l’occasion – si on sait la saisir- d’un certain basculement de vie : changement de vie, de langue, de pays, d’entourage, de statut social, du fait d’un certain raz le bol, d’une tentation de faire table rase ou plutôt de se retrouver sans le vernis des habitudes, de se reconstruire. On veut briser la coquille vénusienne dans laquelle on est tenu prisonnier. Et si l’on multiplie une telle problématique par un grand nombre de cas, nul doute que la société soit ébranlée par un tel mouvement qui vise notamment ceux qui se sentent exclus, non reconnus par le milieu dans lequel ils vivent. Au contentement vénusien fait suite le mécontentement martien de soi et des autres. Il faut opérer la poche herniaque, c’est-à-dire un surpoids dont on veut se délester, en coupant le cordon ombilical, en rompant chirurgicalement. Cette « poche » qui nous alourdit, qui nous pèse, sa suppression débouche sur un ordre nouveau, une fois que l’on sera parvenu à évacuer une charge indésirable : cela peut être quitter sa famille, son conjoint, changer de ville, renoncer à un certain mode de vie, se délester de certaines habitudes.

Inversement, quand on passe de la phase rouge à la phase bleue, au check point Jupiter- Vénus, l’on est tenté de rentrer dans le rang, de faire profil bas, de profiter, de faire valoir ses « droits » sociaux, familiaux (héritage, retraite, allocations etc) alors que Mars parle de « son » droit de faire des choses, des expériences, de se faire valoir pour ce que l’on est personnellement et non en tant qu’individu lambda…A la limite, l’on peut dire que Mars nous dépouille du superflu, à l’instar de la mort et d’ailleurs le temps de Mars est celui d’une forme de mort à un certain monde pour renaitre dans un monde qui est nouveau pour nous, où nous serons un étranger qui devra tout réapprendre, tel un nouveau né.

Pour conclure sur la dialectique Vénus-Mars, nous dirons qu’il est bien regrettable de voir, dans l’astrologie traditionnelle actuelle, cette alternance non pas entre des positions diamétralement opposées sur l’écliptique mais entre signes conjoints (bélier et taureau, balance et scorpion). Il est temps d’arrêter de placer Vénus en balance ou Mars en bélier. Vénus est le principe du printemps et Mars celui de l’automne quand ils sont activés par Saturne. Vénus et Mars n’ont pas à être mis en compétition avec les transsaturniennes. Ils n’ont pas à partager le pouvoir avec tout le système solaire. On dira que ces deux principes, comme à Yalta, se sont partagé l’écliptique, chacun pour moitié. En fait on pourrait les associer respectivement aux dieux Proserpine et Pluton. Mais le problème, c’est que comme les astrologues associent chaque dieu à une planète, ils ne peuvent se résoudre à associer à un seul et même principe plusieurs planètes. En revanche, si l’on admet que plusieurs divinités –avant d’être des astres- couvrent grosso modo la même tonalité, cela permet de limiter le clavier des phases à 4 cas de figure au lieu de s’échiner à différencier chaque planète en diminuant le territoire de chacune. Il est au contraire préférable de tout ramener au nombre de 4 phases.

Jacques Halbronn