Et voici donc quelques Chroniques de la planète Coën… – Il n’est pas évident de faire le parallèle entre la conception de mon livre publié en août chez Arqa : « Le Grand manuscrit d’Alger – Magie et Franc-Maçonnerie au XVIIIe siècle – Manuscrit de L’Ordre des Élus Coën – Le Cahier vert – Tome I » et… l’initiation qui, dans son acception première, signifie : « commencement » selon la traduction latine. C’était pourtant simple au départ, au commencement, à la genèse du livre. Un manuscrit difficilement lisible, des volontaires sympatiques, amis pour la plupart, puis une transcription à parfaire dès le début, une édition, un livre. Or l’arbre cachait la forêt… De multiples branches à élaguer, ou à ciseler comme certains travaillent leur bonzaï, des interprétations confuses et touffues, un tri à faire dans le travail de nos aînés dans un secteur où règne le flou artistique de l’ésotérisme, dont je me poserai souvent les questions : « – A quoi ça sert et qu’y faire ? », et ma vie profane interférant sans cesse dans l’élaboration des textes. Et quelques amis, martinistes de surcroit, se transformant en sordides « cancrelats », comme dans ce monde de Kafka que je lisais en même temps pour me distraire… Soit, c’était simple au départ, il suffisait de ne rien dire en commentaires, d’éditer les quelques 140 pages du manuscrit, avec seulement quelques notes laconiques. Soit – c’était encore plus simple – de ne pas tenir compte de toutes les découvertes que j’avais faites, qui n’ont fait qu’embrouiller les choses, ou les clarifier au fur et à mesure. Soit plus simple encore, ne jamais parler du périple qui a été le mien au cours de ces années qui ont accompagné l’élaboration du Manuscrit… Et surtout de ne pas égratigner la belle image d’Epinal du monde enchanté du Martinisme moderne…. Or, et le mot saga est bien précis, ce fut une saga, une aventure, et pourquoi faire simple quand l’ensemble était compliqué et a bien compliqué ma vie ? C’est cette voie d’absence de facilité que j’ai choisi, mais comme toujours ce n’est pas la voie de la facilité, mais de l’excellence, sans vanité. Car toute œuvre est toujours à parfaire, comme la nature qui sans cesse remodèle ses apparences suivant le schéma sans doute réducteur de l’évolution, car nous ignorons où tout cela conduit, sinon un jour, dans quelques milliards d’années, à l’éblouissement de la lumière dans le chaos final… Concevoir, c’était enfanter, c’est trouver autre chose que l’apparence, pour aller plus loin dans la prolongation ; et parfois les images, fort belles au départ, peuvent devenir des images plus troubles, qu’il faut éclaircir avant de poursuivre. La lumière finale n’est que lointaine et le quotidien n’en a pas toujours besoin. La respiration qui fait un mouvement de va et vient nous inspire et notre dernier souffle sera l’expiration. L’inspiration guide le poète, l’artiste. Et pour parodier Guaïta : « – Muse, m’aurais-tu abandonné ? » lorsque pendant des jours mon œuvre n’avance pas. Pourtant depuis Juillet, chaque jour apporte son lot de précisions, et le travail sur les premiers chapitres du Tome 2 se perfectionne, se remodèle sans cesse. Dix fois, vingt fois peut-être les paragraphes ont été ciselés, détruits parfois même, refaits d’une autre manière. Il faut, disait quelqu’un, considérer que le tableau se termine, car ce ne sera jamais un chef d’œuvre. Quand rien n’avance, c’est comme la nature qui s’endort et rien ne semble se passer. Mais parfois, cette absence de travail est une gestation et la nature nous donne la peuve que tout recommence au printemps, et qu’elle est toujours active, même quand elle dort. Aussi les trois premiers chapitres sont parvenus à mes correcteurs. Et le travail avance. Envers et contre tout… Envers et – presque – contre tous… >[Georges Courts]