« Perdons-nous connaissance ? » tel est le titre du livre récemment publié chez Odile Jacob par Lionel Naccache, neurologue à l’hôpital de La Pitié-Salpêtrière. Livre particulièrement séduisant quand on s’intéresse aux données substantielles délimitant les frontières de la Connaissance avec ou sans c majuscule. Mais de quelle connaissance s’agit-il réellement, pour cet auteur ? Lionel Naccache détermine en préalable dans son livre la connexion moderne entre connaissance et information, où l’analyse d’Internet comme outil informatique de connaissance se révèle très clairement. Pour exemple, c’est nous qui soulignons, une expérimentation menée récemment par la rédaction de France Infos plongeant en autarcie quelques uns de ses journalistes, dont le seul outil d’information était les réseaux sociaux Internet, démontre si besoin était cette capacité que l’internaute a d’accéder à une connaissance avérée voire à une actualité en temps réel. Lionel Naccache s’aventure également sur des terrains qui apparaîtront à beaucoup comme étant ceux de la S-F, à savoir ce que nous nommerons le « temps des robots » comme eût dit Asimov – (Voir sur le Blog des éditions Arqa, le post du 14/02). Une autre partie du livre, sans doute la plus intéressante, est également consacrée à la connaissance en tant que quête métaphysique « protégée » ou « interdite », ce que Stanislas de Guaita et d’autres avant lui appelaient les « sciences maudites » ; avec à l’appui, les textes anciens de la Tradition, les contes et les légendes, comme celle du docteur Faust ou encore le mythe d’Icare… Nous sommes-là véritablement au cœur du sujet et du livre… mais, « la perte de connaissance » soulevée par l’auteur s’achève justement là où le chapitre s’interrompt… Comment en aurait-il pu être autrement ? Sans parler d’un coma mnémotique qui plonge l’actuelle civilisation tout entière dans le règne de la quantité, une « suite » à ce livre qui pose les bases fondamentales d’une approche moderne de la connaissance et de sa perte (à quelle échéance ?), serait donc indispensable pour répondre pleinement à cette interrogation : « – Perdons-nous connaissance ? » En effet, qu’en est-il pour autant de la connaissance initiatique, qui n’est certes pas une connaissance de la connaissance et surtout de son corollaire évident – la pratique spirituelle ? Quelques fragments oubliés du mont Analogue de Daumal ou de « G2N le nyctalope » seraient d’ailleurs à considérer ici comme des clés éprouvantes à cette perte reconnue de connaissance… Et si « perte de connaissance » il y a, n’y a-t-il pas par ricochet, perte de spiritualité ? « Et vous que cherchez vous ? » >[Teg]
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