Approcher la Tour Magdala au regard du style néogothique en France, dans l’Affaire de Rennes-le-Château, mérite une certaine attention, d’autant que ce sujet n’a jusqu’à présent jamais été traité par aucun chercheur. Considérer avec minutie la qualité du propriétaire Saunière – un prêtre en l’occurrence – n’est sans doute pas illogique dans l’expertise de l’énigme qui nous préoccupe fortement… Pour les lecteurs du Blog des éditions, nous donnons en avant-première une source qui nous a fortement intéressé et ce, en attendant d’aller plus avant… « Y a-t-il une spiritualité néogothique ? » nous demande Philippe Boutry, spécialiste de l’architecture néogthique en France… « La question pourrait – à bien y réfléchir – paraître hors de propos et comme étrangère au vaste mouvement de reconstruction des églises sur des modèles inspirés du Moyen Âge qui a affecté la France à partir des années quarante du XIXe siècle. Comment associer ces deux mots : « spiritualité » d’une part, «néogothique », d’autre part ? Reconnaissons-le d’emblée : ils détonent. Spiritualité renvoie au domaine de l’âme ou de l’esprit : c’est la « qualité de ce qui est esprit », dit Littré, « tout ce qui a rapport aux exercices intérieurs d’une âme dégagée des sens ». Néogothique, que Littré ignore, renvoie au contraire à un univers beaucoup plus matériel et beaucoup plus circonstancié : un moment de l’histoire de l’architecture religieuse en France, un style de construction emprunté par les décennies centrales du XIXe siècle au Moyen Âge tardif, que l’on a longtemps qualifié de « style ogival ». Accoler ces deux mots, ce sera chercher, non pas à construire un système général de relations, un Zeitgeist, « esprit du temps » ou « air du temps » ; mais, avec prudence et circonspection, des passerelles fragiles, des liens plus ou moins ténus, des relations ambiguës, parfois équivoques ou contradictoires, entre l’univers de la spiritualité – il sera ici essentiellement question de la spiritualité catholique, même si l’on n’ignore pas l’antécédence et l’importance du gothic revival dans la tradition protestante, anglicane en particulier – et le « Moyen Âge retrouvé » du XIXe siècle français. C’est ce qu’on s’efforcera ici de faire en considérant les « puissances du néo-gothique », dans le champ de la spiritualité catholique en France, d’abord comme une esthétique, ensuite comme un «passage à l’acte », enfin comme une pratique. » Cf. Philippe Boutry – « Y a-t-il une spiritualité néogothique ? Réflexions sur un passage à l’acte. », Sociétés & Représentations – 2005/2, N§ 20, p. 41-58.
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