… Au secours de Wikipédia ! « Faut-il sauver Wiki ? » Nous posions la question il y a seulement quelques jours… C’est sans doute ce qu’a voulu faire Houellebecq dans son dernier roman ! Le constat est patent et l’équation que nous posions, à défaut d’être résolue, se reflète « autrement » – avec une bien belle acuité. Prenant à témoin nos divagations scripturaires récentes sur l’entreprise « Wikipédia », ses lacunes, ses dérives, ses approximations, ses facilités aussi pour rédiger des ouvrages à bon compte, sous formes de copie-coller… [voir notamment notre post sur Paul le Poulpe], cette rentrée littéraire est justement marquée par « l’affaire du plagiat » de l’homme aux particularités élémentaires. Indépendamment de toute critique littéraire sur le dernier roman de cet auteur, ce dont je me garderai bien, il semble fort intéressant d’analyser ici, non pas son plagiat avéré, quoiqu’il en dise, mais ce qu’il en ressort – concrètement – au titre du seul droit légal et du copyright ad hoc, (comme dirait le capitaine). Le site Internet Slate.fr en tout cas avec son article intitulé « Houellebecq, la possibilité d’un plagiat » pose parfaitement et douloureusement le problème en soulignant « … qu’au-delà de toute considération littéraire, Michel Houellebecq et son éditeur Flammarion se mettent théoriquement dans l’illégalité. Wikipedia a beau être publiée sous licence libre, les reprises de l’encyclopédie n’en demeurent pas moins soumises à des règles strictes, celles de la licence Creative Commons CC-BY-SA . En publiant ses textes sous cette licence, Wikipedia autorise une reproduction commerciale, mais uniquement si l’auteur et les conditions de la licence sont cités. Adrienne Alix, présidente de Wikimedia France, nous précise ce qu’il en est dans le cas d’un roman : – Pour reprendre un passage de Wikipédia dans un livre, il faudrait que, dans le texte, la partie reprise soit identifiée comme une citation (par des guillemets par exemple) et que la source soit indiquée, par une note de bas de page ou en fin de volume, avec comme mention Wikipédia, article X, version consultée le XX/XX/XXXX et l’URL de l’historique de la page – À aucun moment dans ces passages, Michel Houellebecq ne cite Wikipedia. Est-ce que pour autant l’encyclopédie en ligne pourrait attaquer pour plagiat ? »… Voir la suite de cet édifiant article sur le site Internet de Slate. Ceci posé et pour ceux qui pensent encore que le chantre de la misère sexuelle est notre génie de la littérature contemporaine, le mieux est encore de prendre compte de la réponse de Houellebecq lui-même, à ceux qui oseraient le qualifier de « plagiste ». C’est filmé par Joseph Vebret et c’est sur le site du Nouvel Obs. L’intérêt du document en question est, je trouve pour ma part, d’une pertinence redoutable pour celui qui sait décoder les images. A chacun de juger – et inutile ici d’en dire plus.
PS // Je ne lis pas toute la presse spécialisée, loin de là, toute la critique littéraire, quotidienne, hebdomadaire, quinzomadaire, mensuelle, sur les 700 romans qui viennent de sortir, en cette rentrée d’automne, parce ce que je n’ai pas que ça à faire et que je préfère relire les « signes des temps » de Guénon, mais bon, j’ai quand même l’impression qu’aucun critique littéraire n’a encore fait ce rapprochement entre BHL et Houellebecq, qui avaient commis tous deux lors de la rentrée littéraire 2008 : « Ennemis publics », publié chez Flammarion-Grasset – Le philosophe qui cite Botul et le romancier qui cite Wikipédia, en pleine correspondance. On a effectivement la littérature que l’on mérite. Mauriac rendant hommage à Kessel avait eu cette phrase : « Il est de ces êtres à qui tout excès aura été permis, et d’abord dans la témérité du soldat et du résistant, et qui aura gagné l’univers sans avoir perdu son âme. »
Kessel au secours…
>[TEG]