Les astrologues associent généralement le feu au soleil, c’est pourquoi ils le mettent en relation avec le signe du lion et avec l’Eté. C’est là un contresens même si le feu et le soleil entretiennent un certain rapport analogique. Quand on sait que par feu, il faut entendre tout ce qui remplace le soleil, quand il s’agit d’éclairer, de cuite ou de chauffer, le feu apparait comme une copie un peu pâle, un substitut, un pis aller du soleil. L’analogie a ses limites et parfois ce qui se ressemble est voué à s’affronter car il y a compétition entre deux façons de procéder.
Dans les almanachs, comme nous l’avons maintes fois souligné – et encore dans le JAB de janvier- les mois d’hiver accordent une certaine présence au feu, du fait des scènes d’intérieur, liées à la baisse de température.
Les fruits se dorent au soleil mais d’autres aliments, comme la viande, ont besoin du feu pour être mangeables et passer du cru au cuit. Le feu fait mûrir certains produits qui n’ont pas eu la chance d’être menés à terme par leur seule exposition au soleil. On peut dire que ces aliments ne peuvent être consommés tels quels, qu’ils doivent être « travaillés », subir un traitement alchimique après avoir été cueillis (légumes, céréales) ou tués (viande, volaille, poisson) même si l’on peut consommer à l’état cru certains végétaux (outre les fruits) et certains animaux.
En, ce sens, le feu serait le soleil nocturne, bien plus que ne le serait la lune et on pourrait l’associer à Saturne, placé à l’oppose des luminaires dans le dispositif des domiciles (axe solsticial cancer-lion/ capricorne-verseau) mais aussi dans celui des exaltations(axe équinoxial bélier-balance/ soleil/Saturne).
Saturne, l’anti-soleil serait donc lié au feu qui prend la place du Soleil au cours de la nuit et à l’occasion de l’hiver (mois du capricorne et du verseau, signes saturniens, où le soleil est dit en exil, tout comme il est en chute en balance, début de l’automne). Et pourtant aucun astrologue, à notre connaissance, n’irait associer le feu à Saturne ni aux signes du capricorne et du verseau. On a dit que la tendance consistait à associer le feu au soleil et au lion. N’est –ce pas là un contresens ? En fait, tout vient de la théorie des Quatre Eléments qui a été mise en place sans tenir compte des saisons et dont la raison d’être a même été, selon nous, de dégager l’astrologie du référentiel saisonnier de façon à pouvoir associer entre eux des signes de saisons différentes. Nous avons déjà dit, dans un autre texte de la livraison de janvier 2011 du présent JBA que c’était une erreur que de cloisonner les signes selon le principe des saisons alors même que les catégories sont vouées à décloisonner les signes, tout comme d’ailleurs les aspects qui sont l’expression des dites catégories ( trigone et triplicité (4 Eléments)), carré et quadruplicité (cardinaux, fixes, mutables).
Il n’en reste pas moins qu’il nous semble pertinent d’associer le feu à l’Hiver, à la Nuit et à Saturne et l’on comprend mieux pourquoi la lune n’est pas placée, en domicile, à l’opposé du soleil comme l’est Saturne mais à ses côtés, dans un signe conjoint à celui du soleil, tant en domiciles qu’en exaltation. La Lune n’est en fait qu’un piètre reflet du soleil bien moins utile aux hommes que le Feu, même si elle peut éclairer nos nuits, quand il n’y a pas nouvelle lune, ce qui ne nous permet donc pas de nous y fier en permanence, de nuit en nuit : la lune a ses absences, ce qui n’est pas le cas du feu saturnien sur lequel on peut toujours compter [1]. On ne se chauffe pas au clair de Lune ! L’astrologie s’est servie du calendrier soli-lunaire pour baliser le parcours zodiacal des planètes mais cela ne lui a pas été si bénéfique que cela car la division en 12, introduit une pensée ternaire, chaque saison, chaque période de la journée étant divisée en trois (avec le casse tête de la domification) au lieu d’une approche binaire beaucoup plus gérable (ce qui conduit à une division en huit (4×2 et non 4×3).
Nous ajouterons que l’astrologie s’est en fait construite à l’encontre du couple des luminaires et accordant une importance centrale à Saturne et à son cycle de 28 ans qui remplace avantageusement celui de la Lune de 28 jours. La valeur ignée de Saturne nous parait donc essentielle et nous trouvons grotesque d’associer le feu au bélier et au lion, à moins de ne les considérer en dehors de tout contexte saisonnier. L’astrologie, selon nous, s’est également constituée en vue de s’émanciper du cadre saisonnier, tropique, ce que Saturne lui a permis de faire, lui qui n’a que faire des saisons terrestres et selon nous c’est avec les étoiles que Saturne fait couple, tout comme la Lune avec le Soleil, qui est une étoile. En ce sens, il ressort que l’astrologie saturnienne est sidérale et non tropicale, et qu’elle n’a que faire de la précession des équinoxes, préoccupation propre à certains calendriers.
Rappelons que le statut actuel du signe zodiacal, décalé aussi bien par rapport aux constellations que par rapport aux lunaisons n’est guère satisfaisant.
Nous n’avons pas à raisonner sur une base 4 mais sur une base 2 (jour, nuit, Eté/Hiver). Face au feu hivernal et nocturne, que placer au niveau estival et diurne ? Nous pensons que l’eau conviendrait bien, on sait les liens entre la lune et les marées. En Eté, l’eau (ce qui recoupe dans ce cas le cancer comme signe du solstice d’Eté, d’eau) joue un rôle essentiel pour nous rafraichir tout comme le feu, en hiver, pour nous réchauffer. On sait que l’eau éteint le feu mais le feu fait évaporer l’eau. En outre, l’eau devient glace en Hiver.. En ce sens, faire du verseau, le signe central de l’hiver nous semble assez bizarre. En fait ce n’est pas de l’eau que l’on boit dans les scènes représentant le mois de janvier mais bien plutôt quelque chose qui la remplace, comme le feu remplace le soleil. Ce sont les jus de fruits, la bière, le vin, l’hydromel – durant les fêtes d’hiver, on boit du champagne – on retrouve la gastronomie – alors même que les ruisseaux sont menacés par le gel. Nous dirons don que les luminaires sont associés à l’eau et Saturne au feu.
Le monde soli-lunaire est un monde « naturel », s’articulant autour du soleil, des sources alors que le monde saturnien est un monde inventé par l’Homme, autour du feu et du vin, tous deux présents lors des veillées nocturnes. L’astronomie est du côté de la Nature alors que l’astrologie est du côté de la culture. Elles s’opposent comme l’Eau s’oppose au Feu.
[1] Cela vient compléter notre ouvrage paru aux Editions Eric Le Nouvel sur la dialectique Soleil-Lune, téléchargeable (download) sur teleprovidence.