I – Robert Ambelain

Ambelain habitait dans le XIIIe arrondissement de Paris, il était notre voisin. Il intervint en 1977 dans un de nos Colloques (MAU) 1] [2]. En 1936 et 1937, il avait publié), Eléments d’Astrologie Judiciaire. Les Etoiles fixes, les cométes, les éclipses, chez Bethmalle et Eléments d’Astrologie Scientifique. Lilith, le Second satellite de la Terre ; chez Niclaus, éditeur par ailleurs de Janduz – on a vu, dans une précédente Chronique de la B. A., que Marie-Louise Sondaz avait choisi ce facteur comme l’un des douze correspondant aux 12 signes zodiacaux et en 1938, chez Betmalle (repris par Niclaus. Nous n’aborderons pas la série intitulée Astrologie Esotérique, parue à la fin des années trente et au début de la décennie suivante, celle-ci (provisoirement ?) manquant en place dans nos collections, et nous concentrerons sur son Traité des Interrogations célestes, réédité par la suite sous le titre L’Astrologie des Interrogations…

Abordons donc les deux volumes de ses Éléments d’Astrologie.

Le premier date de 1936, chez Betmalle, diffusé par Niclaus. Dans une note de l’auteur, on lit « On veut reconstruire l’astrologie sur de nouvelles bases, la moderniser. Mais on est malheureusement amené à négliger ainsi des éléments de travail indispensables et c’est ce qui explique que les auteurs modernes montrent parfois autant d’indifférence vis-à-vis des étoiles fixes ». Notons qu’en 1937, Lasson accordera aux éclipses une grande importance en astrologie mondiale (voir notre chronique de la BA, sur Volguine et Brahy). Mais abordons le cœur du sujet : les Etoiles Fixes. Le Centiloque leur accorde une place certaine. « Quant aux astrologues modernes, nous voulons croire qu’ils resteront fidèles aux règles des anciens Maîtres (..) sous l’égide des quatre étoiles royales, Fomalhaut, Antarés, Régulus et Aldebéran, ce que les collèges antiques nommaient « l’harmonie des sphères » (p. 46)

Le second, qui semble être de 1937, consacré à Lilith, comporte des Ephémérides de 1870 à 1937 (année de publication), il est dédié à Marcel Gama « qui le premier étudia la Lune Noire ». Il est écrit en collaboration avec J. Desmoulins. Il est ici question au départ d’un astre réel. L’astrologue anglais Sepharial la nomma Lilith qui sera associée à la « Lune Noire » (p.6). Selon C. Van Es, elle aurait son exaltation en Gémeaux. Pourquoi ne pas la nommer Hécate, demande Ambelain de façon à rester dans le panthéon gréco-romain, Lilith relevant du champ de la Kabbale hébraïque ? Ambelain associe Lilith à l’arcane XV du Tarot, le Diable.(p.22). « LA preuve expérimentale du rapport entre la Lune Noire et le « Diable » est facile à établir, grâce à l’Utilisation du Tarot en astrologie scientifique de M. Volguine. Si l’on trouve dans un thème, en signe et en maison, cette lame maléfique, il suffit de vérifier soigneusement si l’influx qu’elle apporte est de la nature du satellite sombre de la Terre. Et ceci tranchera la question plus raisonnablement que toute discussion » (p. 24)

Nous aborderons enfin le traité des Interrogations célestes, paru chez le successeur de Niclaus, Bussière en 1964 puis chez Laffont, sous un autre titre en 1984 dans la collection « Les portes de l’étrange ». On est là dans le domaine plus connu actuellement sous le titre d’Astrologie Horaire. Ambelain réfute la nécessité du thème natal :

« Les rénovateurs de cette science cinq fois millénaire pour mieux lui donner crédit auprès des hommes du vingtième siècle (…) la font reposer sur des influences sidérales enregistrées à la naissance par tous les êtres vivants, un peu comme à la manière d’une plaque photographique ou mieux encore comme des suggestions hypnotiques à longue échéance. (..) A une époque pas très éloignée de la notre, et encore aujourd’hui en de nombreuses régions du globe, on ne possède pas d’état-civil, on ignore l’heure de naissance (…) Sur quels documents précis tels que les exigent nos modernes praticiens d’Europe, les astrologues chaldéens pouvaient-ils dresser des horoscopes ? » (p. 11). Pour Ambelain, la référence principale est la Christian Astrology de William Lilly (1647). Le tome second prévu par Ambelain n’a pas été publié. Pour la réédition de 1984, Ambelain a ajouté quelques pages (pp. 19 à 43) avant de passer à une traduction française d’un manuscrit arabe qui occupe l’essentiel du volume. Citons ce qu’il écrit alors à propos des maisons astrologiques, lui qui avait une connaissance approfondie de la littérature astrologique antique et médiévale (pp. 36 et seq.) « L’astrologie ancienne ne connaissait pas nos 12 maisons. Marcus Manilius (..) ne connnait que huit « lieux » (…) système encore dit l’Octopos »… « On ne saurait trop se méfier, poursuit-il (p. 37), de ce qu’on attribue à (Ptolémée) Il apparaît (…) nettement que bien des usages, règles et aphorismes, attribués en ses traductions ultérieures à l’illustre astronome astrologue de Péluse ne sont que des théories personnelles que ses présentateurs ont, au cours des siècles, glissées discrètement en ses œuvres. Luc Gauric attribua son propre système domificateur au néo-pythagoricien Porphyre, le maître de Jamblique, lequel Porphyre n’avait jamais écrit de traité d’astrologie ». A propos de Nostradamus, Ambelain rappelle que les deux premiers quatrains de sa première Centurie (p. 25) sont à rapprocher de la Philosophie Occulte d’Agrippa. « Parfois un grand feu sortant de l’antre environne de toute part la sibylle et la travaille, remplie de la divinité, ou bien fixée au siége sacré par lequel le dieu l’inspire, elle lance subitement ses vaticinations etc. « (Livre III, ch. XLVIII). Ambelain qui connaissait bien les textes divinatoires soutient (p. 40) que l’astrologie aurait emprunté à la géomancie. « Ce ne fut pas l’astrologie qui structura la géomancie mais l’inverse. »

II – Jacques Reverchon

Outres des ouvrages techniques comme les Ephémérides cycliques. Détermination de la position de toutes les planètes, Pluton compris entre 100 avant JC et 2000 ans. (Paris, H. Dangles) 1938 et un Supplément technique pour supprimer tous les travaux mathématiques concernant la carte natale, les révolutions solaires et surtout les directions, au Dictionnaire astrologique de H. J. Gouchon, Chez Gouchon, 1947, Reverchon, que nous avions croisé chez Volguine, est l’auteur de plusieurs textes de réflexion et de présentation de l’astrologie dont le premier en date, paru en 1946 chez Dangles (mais en fait terminé en 1944), s’intitule Notions d’astrologie.. Eléments fondamentaux d’interprétation du thème natal.. Ce texte d’environ 120 pages doit être inclus dans l’histoire de la recherche statistique en astrologie, entre Léon Lasson (Ceux qui nous guident, Debresse,1946) et Michel Gauquelin (« L’influence des astres, » 1955). Il s’agit notamment d’un jugement sur les travaux de Choisnard et qui annonce les critiques de Gauquelin huit ans plus tard, notamment sur le sujet de l’hérédite astrale (pp. 28 et seq) et sur les professions (pp. 84 et seq). Reverchon conclut ainsi : « En ce qui concerne les traditionalistes, la plupart doivent fatalement trouver méconnaissable et peu séduisante l’astrologie étriquée, sans poésie et sans envolée qui leur est présentée et s’effrayer des sacrifices (peut être en partie provisoires, pourtant) qui leur sont demandés. Néanmoins, estiment-ils pour rien de pouvoir montrer un jour que si la bâtisse est décrépite, incommode et insalubre, les fondations sont bonnes ?» (p. 94).

En 1947, sous le pseudonyme de J. Gerson –Lacroix, Reverchon publie aux Ed. des Cahiers Astrologiques des Notes d’expérience sur l’influence des planétes. [3]

On retiendra ce propos relatif à Pluton : « sa bizarre orbite, très excentrique, fortement inclinée par rapport au plan moyen des orbites planétaires. Si Pluton avait normalement une influence, pourquoi pas Cérés, Vesta, n’importe quel astéroïde – et ils sont quelques-uns – ou encore certaines comètes. Je dois avouer que l’expérience m’a clairement démontré mes torts, en même temps que la vanité en matière astrologique des raisonnements a priori fondés sur des considérations d’ordre physique, astronomique ou soi-disant logique » (p.102)

En 1949, Reverchon publie aux Ed. des Cahiers Astrologiques un opuscule intitulé L’astrologie est-elle contraire à la raison ? Réponse à M. Paul Couderc éminent astronome et ratonaliste distingué. Paul Couderc, auteur de l’opuscule « L’astrologie contre la Raison », à l’Union Rationaliste, sera peu après chargé par les PUF de la première mouture du Que sais-je ? sur l’Astrologie. On y aborde la précession des équinoxes (p. 11) : « Il est hors de doute, d’après les documents assyriens notamment, que la formation de la plupart des constellations que nous connaissons remonte bien au-delà du temps d’Hipparque, c’est-à-dire bien avant l’époque où fut observée la dernière conjonction de l’équinoxe printanier avec le début de la constellation du Bélier. Et par exemple la constellation du Bélier possédait longtemps avant de se placer dans le premier des signes ce caractère de chef de file qu’atteste si clairement l’animal symbolique. »

En 1971, Reverchon fait paraître un essai bilingue, en français et en anglais : Valeur des jugements et pronostics astrologiques (Value of the Astrological Judgements and Forecasts », à ses frais. Cette fois, Reverchon ne s’en prend pas à un adversaire de l’astrologie mais à un de ses avocats les plus en vue, André Barbault, qui a 50 ans à l’époque. Il reprend celui-ci sur son erreur d’appréciation de la montée en puissance de l’URSS face aux USA (pp. 5-7) » – C’était là le défi de Mr K. (« battre l’économie américaine avant la fin de 1970 »), c’est aussi le pari de Barbault » (cf son ouvrage, 1964. La Crise mondiale de 1965, Paris, Albin Michel, 1963).

En 1978, enfin, sort La Vérité sur l’Astrologie, toujours aux Ed. des Cahiers astrologiques, mais après la mort de Volguine, les éditions ayant été reprises par Paul Rogel, à Paris, rue Condorcet.

Dans cet ouvrage statistique (voir ses Notions de 1947) Reverchon se sert des volumes de dates du Laboratoire Gauquelin. Nous retiendrons un point de sa conclusion : « L’activité politique n’est pas induite par un authentique tropisme mais procéde d’une sorte de démangeaison qui peut frapper des êtres foncièrement fort différents ; le groupe serait par la suite un amalgame d’individus sans vrai dénominateur commun » (p. 69) Par delà la validité de ses recherches, nous dirons que l’appartenance à un groupe socio-professionnel pourrait n’être qu’un phénomène identitaire ; les gens ont besoin de faire partie d’un certain milieu, d’une certaine culture, de parler un certain jargon spécifique au groupe. L’idée même que l’on soit déterminé astrologiquement à suivre telle ou telle carrière nous semble faire problème, tout autant que la tentative de localiser géographiquement un événement.

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Jacques Halbronn
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Les Chroniques de la « Bibliotheca Astrologica » sont à retrouver dans leur intégralité sur le site de Jacques Halbronn > « Le Journal de bord d’un astrologue ».

[1] [2] Il signale cette participation, pp. 34 et 41, de L’Astrologie des Interrogations,.1984. en se trompant de date ; ce n’était pas en 1979 mais 1977 et 1978.

[3] Il aurait également publié, sous le nom de E. Brulard, dont on connaît la Nouvelle Méthode d’astrologie pratique (1946), à moins que ce pseudo ait servi à plusieurs auteurs, dans le cadre des Cahiers Astrologiques.