Le 19 août 1971, je commençais ma rubrique « Sur les sentiers du Diable », dans Var-Matin République par un article portant ce même titre. Ecrit sur un ton badin que l’on retrouve dans la première partie de cette deuxième mouture revue et corrigée, et très augmentée, du 10 avril 1974, ce mauvais exercice de style — dirai-je lors de sa réédition — avait suscité moult attaques tout aussi injustifiées qu’infantiles. Il me semble intéressant de réveiller aujourd’hui le dragon endormi…
Photos © Thierry E. Garnier
Il était une fois, entre Lorgues et Villecroze, entourée de bois et de prés, une vieille commanderie des Templiers qui, préservée de l’outrage des ans, nous présente encore quelques bons bâtiments. Il y avait là, aussi, un gardien de propriété qui, jadis, cultivait du blé ; mais les temps ont changé.
Un jour, avant-veille de dimanche, un Antibois diplômé dans les Arts & Métiers, autre fois attiré par un bassin réservé aux bains de l’été, vint avec son assistant, d’une vingtaine d’années, faire un prélèvement sur une bande blanche. Ce bassin, en effet, présentait une particularité. Dès son arrivée, l’ingénieur commença par pousser de hauts cris, prétendant bien connaître cette commanderie. D’après lui ce n’était, contrairement à ce qu’en disaient les touristes initiés et autres biologistes patentés (quoique pour ces derniers ce ne fut pas encore la ruée), qu’un lieu privilégié pour alchimistes Templiers. De là il s’en suivit, quant à sa destination, une nette altercation avec le gardien de cette possession.
Pendant qu’ils palabraient avec agitation, l’assistant placide faisait, avec attention, un prélèvement dudit produit blanc. Le travail fait, les belligérants calmés, on put s’en aller.
La rentrée sur Fréjus s’effectua en une juste tranquillité ; mais, une fois deux jours passés, l’assistant tomba brusquement paralysé. Une énigme était posée. Alors on chercha, on supputa, et enfin on trouva qu’il était dangereux en vérité d’approcher ce bassin par deux fois dans l’année dans les fins de journée lorsqu’on est attiré par les biens templiers.
Photo © Thierry E. Garnier
Moralité primitive : il faut toujours se méfier, lorsqu’on a l’âme sombre, de tous les mauvais tours que peuvent nous jouer les Templiers dans l’ombre.
Morale de cette moralité : méfiez-vous, vous à l’âme claire, de tous les mauvais coups que peuvent vous porter les universitaires de renommée précaire et les archéologues ignorés du clerc assermenté !
* * *
Nous tenons à préciser avant tout que nous ne prenons pas position pour ou contre des théories qui ne sont pas les nôtres. Nous ne faisons que rapporter fidèlement les renseignements que M. Guinguand a eu l’obligeance de nous fournir à ce propos (1).
Le 28 août 1970, Daniel X, militaire basé à Fréjus, accompagnant M. Maurice Guinguand au « Domaine des Templiers », sur la commune de Villecroze, se trouvait, aux environs de 18h 15, à proximité d’une ligne claire tracée, sur toute la longueur du mur longeant le bassin, par la réflexion des rayons solaires frappant l’eau sous une incidence de 17° (sic).
Le lundi à 5 heures, il a tout le côté droit du corps paralysé. Il est interné d’urgence à l’hôpital de La Fontonne à Antibes où les médecins considèrent son cas, après analyses, comme désespéré. Cet homme jeune, d’une force physique peu commune (sans être « gros », il avoisine les cent kilos), est condamné. Son affection est réellement considérée comme incurable car, outre sa paralysie partielle, les analyses sont inexplicables : on découvre pour la moitié supérieure du corps un taux nul de globules blancs, une leucémie pour la partie inférieure ; il devrait être mort. Maurice Guinguand lui confie alors une pièce de 2 dollars-or « irradiée » dans la lunule remarquable créée par un rayon de soleil qui pénètre le 21 juin, jour du solstice d’été, à l’intérieur de la cathédrale de Chartres. Et l’impossible se produisit, à savoir la guérison.
De l’inexplicable, certes ; de l’irrationnel, sans doute ; du fantastique, nous l’admettons ; mais les médecins de La Fontonne sont paraît-il là pour parler de ce cas « maudit » et de cette guérison impossible (à moins que le secret professionnel…). Mais qu’on ne nous dise plus qu’il n’y a jamais eu de paralysé à l’ancienne préceptorale du Ruou !
Quant au chant grégorien…
Michel MOUTET – Les Chroniques de Mars #3, avril 2011.
Photographies // Thierry E Garnier © – 1 – La Commanderie du Ruou. 2 – L’Argens. 3 – Comps-sur-Artuby. (Sur la commanderie du Ruou, voir le livre de Marc Mirault – Montfort le Mythe templier).
(1) 1974] : [Maurice Guinguand explique la cause de cette paralysie par une inversion de la polarité de la lumière (sic) qui, selon lui, du rouge (–) vire au bleu (+) le temps d’une demi-minute pendant deux périodes de trois et cinq jours par an (du 16 au 18 février et du 16 au 20 août), les amplitudes maximales se situant au centre des périodes, à savoir le 17 février et le 18 août. (Force nous est de constater que le 28 août n’est pas inclus dans les périodes ainsi définies…)