L’astrologue qui cherche se doit d’être doué pour la réflexion historique et il lui incombe de tenir compte des travaux qui sont menés dans le domaine de la tradition astrologique, sans rester prisonnier indéfiniment d’une certaine routine venant en quelque sorte vouer à l’inanité tout travail concernant les fondements de l’astrologie. Car aucune pratique en astrologie et surtout pas dans le cadre d’une consultation multifactorielle ne saurait faire le poids.
Si l’écliptique est généralement divisé en 12, nous pensons que le 4 constitue une division plus intéressante au niveau astrologique. Cette division est déterminée par les axes équinoxiaux et solsticiaux en tropique et par les 4 étoiles fixes royales en sidéral.

La façon dont les Eléments sont répartis dans le zodiaque nous met sur la voie d’une pratique consistant à procéder à la répétition d’une même série, déportant les 12 signes/ constellations à l’arrière plan. Autrement dit, il nous apparait que la division en 12 serait plus astronomique (liée aux conjonctions des luminaires) qu’astrologique. Toutefois, le grand défaut du dispositif des 4 Eléments, tel qu’il s’est instauré de longue date dans la tradition astrologique tient à ce qu’il s’inscrit dans une division en 3 et non en 4 de l’écliptique. Selon nous, il conviendrait d’utiliser un tel dispositif au sein d’une subdivision en 4 des quatre quartes, ce qui donnerait un ensemble de 4×4 secteurs.(16), chaque secteur étant de 22° environ au lieu de 30°, ce qui rompt définitivement avec la division en 12 et avec les calendriers à 12 mois..La notion de signes cardinaux, fixes, mutables est également reléguée vue que chaque saison serait analogiquement divisée en 4 et non en 3.
En conséquence, on déboucherait sur une typologie cyclique à 4 possibilités récurrentes au lieu d’un cycle à 12.secteurs correspondant aux révolutions sidérales des planètes (retour sur le même point du ciel). Là encore, l’astrologie se démarquerait de l’astrologie en refusant d’accorder un intérêt particulier à la révolution sidérale d’une planète, puisque le cycle astrologique n’en serait que le quart. Pour Saturne, son cycle astrologique serait de 7 ans environ, divisé en 4 secteurs correspondant grosso modo à 22 mois, par exemple.

C’est dire ce qu’il y a de vain à compter le nombre de planètes situées dans des signes de même élément, sur une base 12, puisque nous proposons une base 16, ce qui change tout. Il reste que les astrologues, comme Jacky Alaïz, ont une bonne intuition quand ils pronent, du moins dans un premier temps, la division de l’humanité entre les 4 Eléments plutôt qu’entre les 12 signes.
Nous retrouvons un écho de cette division en 4 dans le dispositif des Dignités planétaires. En effet, on ne saurait isoler les domiciles des exaltations, avec leurs corollaires (exils, chutes, dans les signes opposés), on retrouve donc une fois de plus le 4. En effet, les domiciles des luminaires correspondent à l’axe solsticial et leurs exaltations à l’axe équinoxial. Avec les domiciles doubles de la Tétrabible (IIe siècle) on assiste à une tentative d’élimination des exaltations dont il n’est pas question dans cet ouvrage de Claude Ptolémée. Or, ce faisant, seul l’axe solsticial reste valorisé, l’axe équinoxial correspondant aux exaltations dont il n’est plus question dans le dit ouvrage. Cela génère du déséquilibre. (cf. nos Clefs pour l’Astrologie, Paris, Seghers 1976).

Cela dit, il importe de comprendre que le cycle saisonnier ne constitue qu’un référentiel matriciel, analogique et que cela ne contraint nullement l’astrologie à s’articuler en pratique sur le point vernal, il peut tout à fait y avoir une transposition.

Mais revenons un instant sur le double dispositif Domiciles/exaltations (à ne pas confondre avec les doubles domiciles !). Le fait que les luminaires, dans les deux cas, se suivent, montre bien le caractère surajouté des doubles domiciles car s’il y a symétrie pour les planètes, dans leurs deux domiciles respectifs, ce n’est pas le cas pour les luminaires à moins de poser que le soleil égale la lune, ce qui ne semble guère envisageable. Selon nous, au départ, comme nous l’avons montré dans de précédentes études (sur le Journal de bord d’un astrologue), on avait deux pôles : d’un côté le groupe soleil-lune-Mercure-Vénus et de l’autre le groupe Mars –Jupiter-Saturne, avec entre les deux groupes une sorte de no man’s land de 4 signes. L’idée des doubles domiciles visait à mobiliser ces 4 signes en dédoublant les domiciles (et les exaltations) de 4 planètes, ce qui impliqua que certaines planètes soient déplacées vers la partie centrale et non occupée du dit dispositif. (Mars quittant le Sagittaire et Vénus les Gémeaux, sans que la symbolique zodiacale ait été réajustée, pour autant !) Là encore, la pratique actuelle des « maîtrises » serait donc largement décalée et donc toute une partie du système de valorisation des planètes.

A partir de 1969, il y a donc plus de 40 ans, nous avions pris conscience du fait que si la pratique astrologique entérinait des dispositifs défectueux (Domiciles, Exaltations et par la suite Eléments), nous ne lui accorderions pas un grand prix. Une autre question se posait d’ailleurs quant à ces dispositifs, à savoir celle de leur mode d’emploi : fallait-il les utiliser dans les thèmes ou bien au niveau cyclique ? Nous avons rapidement penché pour la seconde voie. Aussi bien les 4 planètes (Mercure, Vénus, Mars, Jupiter) que les 4 Eléments ne devraient servir que d’un point de vue cyclique. Pour nous, il est parfaitement vain de constituer une caractérologie élementielle ou planétaire des gens, ces données devant servir, selon nous, exclusivement, à structurer notre temps et à fixer des échéances. Nous passons tous par les 4 phases et nous le faisons d’ailleurs simultanément, si ce n’est que certains d’entre nous ont vécu davantage de phases que d’autres, du fait de leur âge.


Jacques HALBRONN