Depuis l’aube de l’Humanité, ils traversent le Temps.

Dans certaines sociétés, on les appelle poètes, conteurs, chamans, sorciers, troubadours, magiciens.

Nous les avons appelés « Sensitifs ».

Tous sont de vrais guerriers, d’authentiques magiciens.

Ils sont craints et même haïs par certains ou respectés par d’autres car ils ont volé une étincelle du feu divin et leur puissance effraye le commun des mortels.

Ils sont l’incarnation de mythes éternels, leur manifestation sur terre. Servitude totalement acceptée qui leur apporte la vraie liberté.

Et après chacun de leur trop bref passage sur cette terre, l’Humanité a progressé vers la Lumière. Même si pour cela, ils ont dû affronter les Ténèbres de l’ignorance.

Ils ont eu pour nom Zoroastre, Dante Alighieri, Leonardo Da Vinci, Wolfram von Eschenbach, Ibn Arabi, Avicennes, Sohrawardi, Attar…

Plus près de nous, on trouve Peter Brooks, Hugo Pratt, Alain Thorez, Michelle Purnal ou Jean Cocteau.

J’ai un faible pour Jean Cocteau.

Mon Enfance fut baignée par la magie de « La Belle et la Bête », « d’Orphée », et du « Testament d’Orphée », explorations fascinantes de l’autre coté de l’âme.

Jean Cocteau poète, peintre, sculpteur, cinéaste, magicien a laissé un Testament d’une inconcevable richesse ; pour ceux qui savent lire et veulent apprendre à écrire.

On le soupçonna d’être grand maître de l’ordre d’Ormus (1), lié à la Rose-Croix et, à la lecture de ses œuvres, je serais tenté de le croire.

Je reste profondément attaché à la poésie de « La Belle et la Bête », d’après le conte de Mme Leprince de Beaumont.

Au travers de son film Cocteau, mythographe, a rendu hommage au mythe éternel de Psyché et d’Eros.

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Le voyage de la Belle à la rencontre de la Bête met la Belle en présence de cinq objets magiques. Le Cheval, le Miroir, la Clé, le Gant et la Rose.

Le Cheval, animal psychopompe, peut représenter le véhicule qu’emprunte l’âme individuelle dans son voyage de retour vers l’âme cosmique, ou à la recherche d’elle-même. Dans les traditions chamaniques, le Tambour, cheval du chaman, se fabrique souvent avec la peau de cet animal.

Le Miroir dans lequel l’âme peut se contempler, elle-même contemplante, devient aussi la porte qui permet de passer d’un monde à l’autre. Dans les traditions mazdéennes, il s’appelle le Daéna.

La Clé permet d’ouvrir cette porte et d’accéder à tous les trésors de l’imaginaire.

Le Gant pourrait être le symbole du vêtement de Chair que revêt l’âme dans son voyage terrestre, l’illusion d’identité.

Et la Rose ?

Pourquoi ne pas poser la question à Cocteau lui-même ?

Après tout l’essence d’un poète est immortelle.

Posons sur cette table, ce miroir et cette pièce d’échec représentant le Cheval, le cavalier noir.

Jean Cocteau aimait les Bohémiens, les tireuses de cartes et la magie du Tarot, ce jeu qui contient toutes les questions et toutes les réponses.

Celui-ci n’est pas un Tarot à proprement parler mais un livre de Thot, le livre du Destin.

Enfilez ce Gant et prenez cette rose séchée par la tige. Quand vous en éprouverez l’envie ou le besoin, posez la corolle de cette fleur sur le dos d’une de ces Arcanes.

La réponse nous apparaîtra dans sa simplicité.

Retournons la carte ; elle représente l’Amour. Celui d’une Rose.

Mais est-ce réellement une réponse du poète ?

Posons cette carte sur le miroir, et utilisons la clé.

A plat dans la main, et au-dessus du miroir, elle se mit à tourner.

Le visage d’Orphée dessiné par une main invisible de l’autre coté du miroir apparut sur le dos de la carte.

Le fantôme de Cocteau nous souriait.

Le Collectionneur ©

(1) Voir la Lettre de Thot Nos 7 & 8, Interview de Gino Sandri (NdlR).

Nos remerciements vont ce mois-ci à celui qui se fait appeler « Le Collectionneur ».

Directeur des différents secteurs du Surnateum, il est aussi le responsable d’un des plus beaux sites internet du Web en langue française : http://www.surnateum.org/

Un site absolument exceptionnel sur lequel nous attirons l’attention du chercheur, une visite s’impose ! Pour en savoir un peu plus sur le conservateur, vous devrez attendre le mois prochain pour prendre connaissance de l’interview que celui-ci a bien voulu livrer en exclusivité pour « La lettre de Thot – No 16 ».

TEG /Arcadia

Le Collectionneur est autant un personnage aussi curieux qu’évanescent. Pourtant bien réel, il est impossible de déterminer si cette fonction se transmet d’un individu à un autre depuis quelques générations ou si le même personnage à réussi à ralentir son processus de vieillissement par quelque subtile alchimie. Il est vrai que le muséum garde précieusement la formule d’un élixir de longue vie dans ses réserves secrètes, et une machine à voyager dans le temps…

Sensitif extrême, il ne supporte pas le contact physique prolongé avec ses « semblables » dont l’absence d’âme lui donne le vertige, raison pour laquelle il s’est isolé du monde. Néanmoins, il détecte parmi la faune urbaine les Sensitifs potentiels qu’il recrute ou prend en charge, aidé par le Conservateur du Surnatéum. Vous ne le trouverez pas, mais lui peut le faire.

Doté d’un sens de l’humour assez particulier, tout ce qu’il nous a autorisé à publier sur son compte tient en quelques lignes :

Dans la continuité des travaux du professeur Rhine de la Duke University, féru d’occultisme et de connaissances secrètes, il a créé la très secrète « Fondation pour l’Exploration du Rêve », surnommée l’Institut. Dont le Muséum d’Histoire Surnaturelle forme désormais la section archéologique. Une autre section de l’institut s’occupe de la détection des « Sensitifs » et du développement de leurs très inhabituelles capacités. La section « SD » (Search and Destroy) corrige les expériences malheureusement devenues incontrôlables des divers Départements du muséum.

Il met sa fortune au service de cette recherche et refuse d’être dérangé par des escrocs du paranormal prêts à toutes les bassesses pour obtenir une goutte de « pouvoir magique ». Son sens de l’humour particulier lui vaut parfois de solides inimitiés.

Il sait écrire « supercalifragilisticexpialidocious » sans faire de faute, et aussi le prononcer ainsi que le mot « anticonstitutionnellement ».