Depuis si longtemps
Je marche seule
Je veux dire :
Seule dedans
Seule comme un arbre est seul
Debout dans la forêt
Une solitude claire
Où le regard que je pose sur moi-même
A force de rigueur et d’analyse
Finit par devenir souriante complicité
Infinie tendresse pour le bateau fendu
Qui prend l’eau de toutes parts
Et s’obstine pourtant
A vouloir atteindre l’Amérique
Lentement, je dégage ce que je sais être,
J’arrache à la folie du monde alentour
Le droit d’être différente,
J’arrache à la poussière et aux vautours
Le droit de sentir autrement.
N’écoutant plus les mandarins
Je prends la liberté
De vouloir mourir avec tous mes gestes accomplis
Tous mes fruits donnés
L’âme ouverte au soleil
Que le siècle garde son manteau d’ombre,
Son manteau de sang et de glace,
Moi j’ai le cœur Wakan-Tanka
Le cœur Hopi, le cœur Cheyenne
Le cœur Chaman
Car je crois à la magie de l’inconscient
Et je sais que l’âme de la Terre me protège.
Jacqueline Grosclaude ©