Rappelons-nous cette phrase du maître :
« Ne jetez point de perles aux pourceaux… »
Cette phrase nous invite à soulever le voile afin d’appréhender les textes chrétiens sous leur aspect le plus caché.
Ainsi existe-t-il plusieurs appréhensions possibles de ces textes, des plus moraux aux plus sacrés.
Aussi plusieurs niveaux de lectures sont possibles qui mettent alternativement en évidence :
– Une dimension morale
– Une dimension sociale
– Une dimension spirituelle
Il n’est donc pas étonnant que, Clément d’Alexandrie, faisant référence aux anciens mystères déclare :
« aujourd’hui encore, je crains comme il est dit de jeter les perles devant les pourceaux, de peur qu’ils ne les foulent aux pieds et se tournant nous déchirent… car il est difficile de parler de la vraie lumière en termes tout à fait clairs et limpides, à des auditeurs mal préparés… »
(Clément d’Alexandrie – stromates. Liv.I chap.XII).
Une idée fausse, laisserait à penser que le Christianisme ne posséderait pas d’enseignements secrets. Que tout a été dit dans les textes, et que toutes les écritures peuvent s’enseigner ainsi au plus grand nombre, qu’elles sont facilement accessibles par leur simplicité, donc en un mot : abordables par tous.
Il est vrai que même si le message peut se résumer par « aimez vous les uns, les autres », il n’en demeure pas moins que, comme toutes les grandes religions, le Christianisme a possédé à la fois un enseignement exotérique et un enseignement ésotérique ou « caché » comme le mentionnent d’ailleurs plusieurs Pères de l’Eglise.
L’ésotérisme désigne des enseignements réservés à ceux capables de dépasser la connaissance partielle offerte par les différentes philosophies ou traditions. L’exotérisme peut être considéré comme le premier pas vers cette connaissance. Pour certaines personnes les deux peuvent être complémentaires. Peut être pour certains, est-il nécessaire de passer par l’Eglise de Pierre ou église extérieure avant d’approfondir par la suite les données de la Tradition, par le processus initiatique de l’Eglise de Jean ou église intérieure. Cependant il est bien connu que l’interprétation par les hommes des écritures demeure perfectible. Ajoutons aussi que la plupart des responsables des églises officielles ont toujours rejeté ce point fondamental et affirme que l’ésotérisme chrétien n’existe pas.
Pourtant le christianisme a connu bien dès ces débuts une transmission ne pouvant être donnée qu’à des disciples possédant de hautes valeurs morales, et ceci de façon discrète
Cet enseignement devait rester secret, transmis seulement sous le voile de l’initiation, de maîtres à disciples, à tout candidat qui en était jugé digne. Alors s’ouvrait à lui la connaissance des petits puis des grands mystères. Les pères de l’Eglise insistent bien sur la nécessité de chemin vers la perfection et de marches à gravir par paliers.
Rien dans les écrits ne pouvait nous parvenir que sous forme d’allusions ou par le biais de symboles. La gnose, elle, étant préservée au sein des cercles initiatiques par transmission orale :
« Je dis mes mystères à ceux qui sont dignes de mes mystères. »
(Evangile de Thomas.62)
Jean Iozia © pour la LdT No 24 – article inédit (à suivre)
En illustration :
Le suaire de Turin – Infographie Teg.