« Nous les fabricants d’images, sommes parmi les seuls
à n’avoir pas besoin du progrès.
Qu’y a-t-il de changé depuis les hommes des cavernes ?
Avant l’invention de l’écriture «le faiseur d’objets à regarder» était déjà là,
comme le « faiseur de pluie »,
et peut-être les deux étaient-ils parfois la même personne. »Théo Gerber
Qu’ils soient amérindiens, de tradition toltèque, chaman inuit ou sorcier du Berry, roi-prêtre ou druide celte, qu’ils soient griot du Sénégal ou encore médecine-man sioux, qu’ils soient le souffle-de-l’Est-porteur-des-nouvelles-ancestrales, qu’ils soient l’attrapeur-de-rêves-conscient-des-inconscients, qu’ils soient source, bois, forêt, feu, améthyste, lapis ou corail, jaguar ou dauphin, vent nomade ou sable du désert, feuille d’acacia ou galet gravé, qu’ils soient moulin à prières, roulement de tambours, chants, mantras ou danses ethniques, faveurs des âges, encens des temples, magicien des prairies ou surfer des étoiles, sur tous les continents, ils vivent les éléments sacrés au rythme de la respiration haletante du cœur de la Terre, les quatre directions sont leurs racines. L’amour du grain de blé comme celui de l’épi de maïs évoquent pour eux le plus profond du respect de la Tradition Primitive.
Le rituel sanctifié suggère en abondance, l’émergence de leurs savoirs, car pour eux : tout est signe, destination, miracle et pratique magique, ininterrompue, transmission de maître à disciple ; le ciel est leur Père, la Terre est leur mère, l’évocation de leur destinée anticipe le sentier déjà tracé, de toute éternité.
Les runes leurs sont acquises, les coquillages mantiques, les nuages apporteurs de messages, le vol des anges comme celui des oies sauvages, aussi.
Purification totale de l’être, communication divine avec les règnes, sans intercesseurs, de tous les règnes confondus. Scripteurs de la psyché des fleuves souterrains, calligraphe copiste des réalités invisibles, chevaucheurs magnifiques, guerriers samouraïs, moines soldats, chevaliers quêteurs du Graal, en route, le moment est venu. Les temps sont là.
Le Grand Aigle Blanc veille sur Notre Dame.
Les Bergers d’Arcadie © juillet 2004