« Quand tu te lèves le matin,
Remercie pour la Lumière du jour,
Pour ta vie et ta force,
Remercie pour la nourriture
Et le bonheur de vivre.
Si tu ne vois pas de raison de remercier,
La faute repose en toi-même. »
Tecumseh – Chef Shawnee
Quand, tourné vers le Soleil, le Chaman agissant sur la conscience de l’Univers vit que la course des étoiles ombrageait la Nature des Éléments Sacrés il sut, à cet instant, que la rébellion de la Mère, inéluctablement prophétisée par la chaîne ininterrompue de ses ancêtres, rendrait solitaire le moindre espoir de retour.
Son pouvoir personnel, si insignifiant et si considérable à la fois, l’interrogeait patiemment, avec récurrence pourtant, sur son attitude à venir. Il ne s’inquiétait pas pour lui-même. Sa race, comme toute race élue, possédait de toute éternité, le Pouvoir. Illumination Divine dans l’absence totale de désir. Consumation impeccable de la voie du guerrier que ces pères lui avait enseignée, sans sollicitation aucune de sa part. Sa considération pour le rêve lui avait permis d’apprivoiser le Nagual, comme peu de sa lignée y étaient parvenus auparavant.
Qu’importe les hommes ?
Dorénavant, seuls comptaient à ses yeux, les Fils de la Terre. Et ses prières quotidiennes à la Mère avaient le goût ensanglanté des terres brûlées. Aussi la chronologie du Monde ne le concernait plus. La Sagesse de chaque brin d’herbe des Hautes Prairies n’étouffait plus les plaintes essoufflées des Animaux Totems. Ceux-ci, exsangues de toute chair, préféraient se sacrifier plutôt que d’assister à l’extinction du dernier coucher de Soleil. Leurs esprits pouvaient revenir ainsi, ôter de la honte ultime d’avoir été les suprêmes représentants de leurs règnes. La Force du Jaguar, la Vision de l’Aigle, l’Âme des Dauphins s’étaient depuis longtemps réfugiées sur les sommets enneigés des Monts d’Éternité.
Il eut alors la certitude que c’était un beau jour pour mourir.
Les Bergers d’Arcadie © Août 2004.
En exergue, citation extraite de Paroles Indiennes – Albin Michel – Carnets de Sagesse