« Je suis l’Alpha et l’Omega dit le Seigneur Dieu, celui qui est, qui était, et qui vient, le Tout Puissant.» Apocalypse 1 – 8.

Il est des évènements essentiels inscrits dans les étoiles, selon des schémas prédestinés, que l’on peut repérer aisément. Tel est le cas de « la Concordance harmonique » du 8 novembre 2003, dont nous avons abondamment parlé dans nos colonnes (1). Il est alors aisé aux marchands du Temple déguisés en satrapes, de s’engouffrer sans plus attendre, dans ces moments là, au sein du Naos. Il est des évènements prophétiques, non moins capitaux, inscrits dans les Annales, de façon dissimulée, dont la configuration planétaire en son désordre apparent, ne laisse présager d’aucun évènement d’importance. Et pourtant. Ce fut le cas pour ce 20 février 2004, jour de Nouvelle Lune à 09h 19 TU.

« Que celui qui a des oreilles entende ce que l’esprit dit aux Eglises : celui qui vaincra n’aura pas à souffrir la seconde mort.» Apocalypse 2 – 7.

Y a-t-il comme on peut le penser, un point fixe Oméga tel que décrit par Teilhard de Chardin, une heure exacte sur la ligne des Ages marquant la fin des temps annoncée par les plus grands prophètes de l’Occident chrétien, le Jugement Dernier précédé de l’Antéchrist et concernant l’entrée dans l’Ere du Verseau ? Y a-t-il une Apocalypse, c’est-à-dire une Révélation, identifiée comme telle, marquée au fer rouge par quatre Cavaliers sortis dont ne sait où, ou bien plutôt, de la fosse de Babel…

Ce jour de Nouvelle Lune nous offre un thème quelconque – en apparence – et cependant quelques éléments sont à bien appréhender, comme Neptune à 13°33 du Verseau faisant un carré à l’axe des nœuds lunaires et venu là brouiller un peu mieux encore des pistes difficilement identifiables. Ainsi que, bien sûr et surtout, l’entrée d’Uranus en Poisson (à 2°41), conjoint au Soleil et à la Lune. Cette lunaison se déroulant sur l’axe christique Poisson / Vierge, on accentuera notre regard in fine sur Saturne conjoint à la Lune noire faisant un trigone à la conjonction uranienne.

« Attendez Sidna Aïssa (Jésus fils de Marie) et préparez-vous pour le recevoir, avec une bonne foi, une bonne conduite. Il n’y a que lui qui soit désigné à la fin des Temps, pour combattre l’Antéchrist et pour l’exterminer. » Le Prophète Mahomet.

Du 18 au 30 juin 1908, devant des membres de la Société Théosophique de Nuremberg, ville qui vit naître et mourir Albert Dürer, Rudolf Steiner (1861 – 1925) prononce une remarquable série de 12 conférences sur le thème de « l’Apocalypse ». La fabuleuse acuité de cet exceptionnel initié ne peut que nous inciter à la relecture (3). Que nous dit Steiner :

« Qu’a donc voulu décrire l’auteur de l’Apocalypse, qu’a-t-il voulu écrire ? Cette question trouve sa réponse dans un bref rappel des origines de l’Apocalypse. Où se trouve d’abord contenu ce qu’elle décrit ? Si vous pouviez remonter aux Mystères de la Grèce antique, aux Mystères orphiques, aux Mystères d’Eleusis, d’Egypte, de Chaldée, de Perse et de l’Inde, vous y trouveriez partout l’Apocalypse. Elle existait déjà, elle était là. Elle n’était pas écrite, mais elle vivait, transmise de génération en génération parmi les prêtres, les initiateurs, alors que la mémoire était si vive qu’elle pouvait retenir des textes même aussi considérables. Dans des époques encore beaucoup plus récentes, elle était encore plus vigoureuse qu’aujourd’hui. Qu’on se rappelle seulement les aèdes récitant l’Iliade, parcourant le pays en chantant de mémoire leurs longs poèmes. Il y a relativement peu de temps que la mémoire a tant décliné. Dans les écoles de Mystères, l’enseignement n’était pas écrit, mais transmis oralement par les initiés de génération en génération.

Quelle était donc la tâche de l’Apocalypse ?

Elle avait pour but de servir d’instructions à celui qui menait les adeptes à l’initiation. A l’époque, l’homme en qui cette initiation devait s’accomplir était amené à se détacher de son corps physique, et restait comme mort. Mais pendant qu’il se trouvait dans cet état, l’initiateur lui faisait voir dans son corps étherique ce que plus tard, grâce à l’impulsion du Christ, on put voir par clairvoyance sans sortir du corps physique. Les anciens initiés sont devenus les prophètes qui ont pu faire allusion au Christ. Et ils l’ont fait, ils ont pu le faire parce que dans cette Apocalypse le Christ leur a été montré comme devant apparaître dans l’avenir. Jamais encore ne s’était déroulé l’événement du Golgotha, où un être humain vécut historiquement, dans un corps de chair, tout le drame de l’initiation.» Et pour Steiner il ne fait nul doute qu’il existe bien pour cette période annoncée par l’Initié de Patmos, un principe énergétique actif permettant une imprégnation véritable du corps astral par les forces christiques de la fin des Temps et ce, afin d’atteindre un plan d’évolution ultime, que Steiner dénomme à l’instar de Swedenborg, (qui lui ne possédait pas encore toutes les clés), « Jérusalem Nouvelle » ou « Nouveau Ciel » (4). Pour Steiner il s’agit bien d’une alliance entre le corps astral et le corps étherique de l’initié, dans un principe christique hautement harmonisé, que Saint Germain ou Cagliostro au XVIIIe siècle avaient identifié pertinemment, par ailleurs, sous l’appellation de « corps glorieux ».

« Pour ce qui est du jour et de l’heure, personne ne le sait, ni les anges des cieux, ni le Fils, personne sinon le Père, et lui seul. » Matthieu XXIV-36

Nombreux sont les prophètes ou les sensitifs qui donnèrent, dans le prolongement de saint Jean, des éléments d’applications véritables permettant d’affiner les calculs et suggérant l’anticipation de la Révélation, c’est-à-dire du « temps plié ». De Malachie à Nostradamus en passant par Dante Alighieri, tous activèrent des leviers efficaces, énigmatiques certes, mais nécessaires pour accéder, après obtention des arcanes délivrées par le Maître des clés, à l’entrée des cryptes de feu (5). Nous avions en 1999 attiré, lors de nos différentes publications, l’attention du lecteur sur l’importance que nous accordions alors au livre de Yassir Benmiloud, L’Explication, qui était la version remarquable de l’Apocalypse, vue du côté des initiés musulmans. Il semble évident de dire, encore faut-il l’appréhender justement, que la venue des Templiers de la fin des temps, annoncée par certaines prophéties, si elle s’avère juste, ce que nous croyons, ne peut que se dédoubler dans un reflet algorithmique (6), dédoublement identifié avec juste raison dans la secte médiévale des Assassins, par Y. B. dans son ouvrage (7).

Or, quand on connaît l’importance de la terre d’Espagne, sur le plan de l’infra-histoire, nous avons à cœur de rappeler à ce sujet les travaux érudits d’Oscar V. de Lubicz Milosz sur : « les origines ibériques du peuple juif, l’Apocalypse de saint Jean déchiffrée, la clé de l’Apocalypse » ; travaux repris excellemment par Henri Blanquart et Jacques Touchet de façon plus que convaincante, on ne sera pas étonné des attentats perpétrés à Madrid en ce mois de mars 2004 (8).
Cette ère maintenant ouverte depuis 1999 par les Cavaliers noirs de l’Apocalypse (9), si magnifiquement gravés par Albrecht Dürer, nous proposait une alternative sans équivoque, vaincre ou mourir. Nous voulons dire mourir de cette « seconde mort », ultime mort initiatique.

Mourir pour mieux renaître et boire enfin cette eau de source, lumière rédemptrice, promise d’éternité par le Christ et Madeleine à l’humanité tout entière.

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« Au milieu du trône et autour du trône, il y a quatre êtres vivants remplis d’yeux devant et derrière. Le premier être vivant est semblable à un lion, le second être vivant est semblable à un veau, le troisième être vivant à la face d’un homme et le quatrième être vivant est semblable à un aigle qui vole ». Apocalypse 4 – 7.

L’Ere du Verseau, selon la théorie des cycles bien connue (10), évoquée dans l’iconographie traditionnelle par Ganymède, étymologiquement celui qui prend soin de la boisson d’éternité, symbole du signe, coiffé du bonnet phrygien des initiés, verse l’Eau autrement dit abreuve à la source, les assoiffés de Connaissance. Paul le Cour dans son ouvrage sur l’Ere du Verseau (11) cite Louis-Claude de Saint-Martin qui pense-t-il, à juste raison, avait bien pressenti l’importance de cette allégorie. Saint-Martin indique : « L’évangile parle d’un festin de la Pâque… Lorsque vous entrerez dans la ville, vous rencontrerez un homme portant une cruche d’eau, suivez-le dans la maison où il entrera et dites au maître de la maison : « le maître vous envoie dire où est le lieu où je mangerai la Pâque avec mes disciples et il vous montrera une grande chambre haute et toute meublée. » Et Saint-Martin ajoute : « Qu’est-ce donc que cet homme avec une cruche d’eau ? C’est le précurseur de la sainte alliance qui ne peut se contracter qu’après la purification parfaite (c’est-à-dire après les épreuves que traverse actuellement le monde.) » On le voit sans ambages, Saint-Martin avait compris la dimension eschatologique de Ganymède et l’exprimait sans détours. Dans cette configuration des ères et des cycles en action, le Dharma des bouddhistes, l’ère du Verseau s’intègre parfaitement, au point nommé, et nous confirme, si besoin était, le remplacement licite de l’Église de Pierre par l’Église de Jean, au son éclatant de la trompette du Jugement ultime. Jugement qui verra la rémission des péchés et la purification du karma de l’Humanité.

Quand est-il alors du Satya-Yuga devant succéder au Kali-Yuga, une fois que la Jérusalem Céleste sera descendue sur Terre réaliser l’œuvre messianique ? Avec Nietzsche nous pensons que « pour qu’un sanctuaire apparaisse, il faut qu’un autre disparaisse ». C’est le cas. Nous assistons comme prévu, en temps et en heures, aux prémisses de cette ère du Verseau, selon des schémas manifestés de toute éternité, prophétisés par les plus grands initiés de la planète Terre quels que soient le pays ou le continent ; et rajoutons, « même si toutes les tribus de la Terre se lamentent » (12). Tout se tient, de la meilleure des manières. Pour qui sait le voir.

Les Bergers d’Arcadie – la « Lettre de Thot » © Avril 2004. DR.

(1) Cette configuration planétaire d’exception est liée comme il se doit à l’éclipse du mois d’août 1999. L’ascension planétaire prévue, si elle touchait le collectif dans son ensemble, concernait au premier chef, les initiés dont il s’agissait de déterminer le nombre symbolique de 144 000. (Je regardai et voici, l’agneau se tenait sur la montagne de Sion, et avec lui cent quarante quatre mille personnes, qui avaient son nom et le nom de son Père écrits sur leurs fronts. Apocalypse 14- 1)

(2) On notera volontiers dans ce thème l’importance de la conjonction Mars/Nœud Nord et Neptune au carré de l’axe des Nœuds venant éclairer notre discours quant au processus de révélation évoqué et de facto à la descente événementielle dans le Manifesté. Quant au trigone Mars / Jupiter, il est là plus qu’essentiel pour la bonne compréhension de ce thème, élément approbateur, justifiant ô combien, la fine analyse de Rudolf Steiner par rapport au principe jupitérien associé à l’Apocalypse, (voir son ouvrage consacré à ce sujet). Rudolf Steiner reste à ce jour le plus grand initié occidental à avoir aussi pertinemment décrypté l’Apocalypse de Jean.

(3) Rudolf Steiner – L’Apocalypse, Triades ed. 1993.

(4) On ne saurait trop conseiller au chercheur attentif de revoir au cinéma, même plusieurs fois, la trilogie de Matrix, pour en goûter tous les Arcanes. Un film d’une extraordinaire puissance évocatoire, en trois actes, qui exprime, chose rare, de manière simple et concrète, au-delà de toutes nos espérances, tous les degrés de l’initiation solaire au point tel que l’on puisse considérer sans se tromper que le concept de réalité si cher aux philosophes de tout type, se trouve bien là, résumé en un plan, dans cette œuvre de fiction.

(5) Hormis les textes classiques concernant ce type d’ouvrages on s’attachera à prendre connaissance des Prophéties de la Fin des Temps, Avènement de l’antéchrist et les signes précédant le jugement général de Dieu, de 1492, republié aux éditions Dervy en 1989. Sans oublier la relecture essentiels de certains textes Kataugues.

(6) Le nom d’ «algorithme» provient du mathématicien arabe du début du IXe siècle, Mùsà al-Khàrezmi, et concerne l’ensemble des symboles et des procédés de calculs mathématiques de cette époque.

(7) Y. B., L’Explication, JC Lattès ed. 1999. Sur la secte des Assassins, voir de Jean-Claude Frère, l’Ordre des Assassins, CELT ed. 1973.

(8) Ceci dit bien sûr, indépendamment de l’engagement du gouvernement espagnol et de sa politique au côté des forces américaines en Irak. A noter à nouveau, la symbolique du nombre XI, comme pour l’attentat des Twins Towers, nombre que nous ne serions pas étonné de retrouver, malheureusement, dans un prochain évènement dramatique de ce type. Nous notons par ailleurs cette phrase de Kofi Annan : « Nous entrons dans le XXIe siècle sous des portes de feu » ; ainsi que ce commentaire, extrait d’une interview récente, du 24 mars 2004, de François Heisbourg, actuel directeur de la Fondation pour la Recherche Stratégique, ancien directeur de l’Institut international d’Etudes Stratégiques de Londres et inventeur du concept d’«hyperterrorisme» qui commentant les attentats de Madrid signale : « Je ne pense pas qu’on puisse établir un parallèle entre la situation d’Israël et les 200 morts de Madrid. A la différence de l’IRA, du Hamas, ou de l’ETA, Al-Qaida n’entre pas dans le registre du terrorisme politique, mais dans le registre apocalyptique. Or, l’hyperterrorisme, la destruction de masse sont incompatibles avec une stratégie politique cohérente. Je ne pense pas d’ailleurs qu’il faille considérer l’attentat de Madrid comme une punition contre l’Espagne pour sa participation à la guerre d’Irak. Al-Qaida rejette tout ce qui n’est pas wahhabite. Pour elle, nous sommes tous des juifs ou des croisés. L’Espagne paie son appartenance au monde des «incroyants», où figurent pêle-mêle le Canada, la Pologne, la Norvège, l’Angleterre. La France fait aussi partie de ce monde mécréant – al kufr – ce qui de facto la désigne comme une cible. »

(9) Sur les 4 Cavaliers de l’Apocalypse, la meilleure image que l’on puisse en avoir et bien celle de Tolkien, dans le Seigneur des Anneaux, où on les voit apparaître sous la forme de cavaliers noirs, les Nazguls, les Rois maudits qui ne sont rien d’autres que des spectres esclaves au service de Soron, incarnation du mal absolu. Encore une œuvre cinématographique de fiction qui signe authentiquement ce passage apocalyptique, à l’Ere du Verseau.

(10) voir : Le cycle de l’Humanité Adamique, de Jean Phaure, Dervy ed.1973.

(11) Paul le Cour – L’Ere du Verseau, Première édition publiée en 1937.

(12) Matthieu XXIV-30.