A découvrir pour ceux qui ne la connaissent pas encore la très belle émission sur France Culture de Michel Cazenave, …et pour les inconditionnels ne pas louper celle du 12 février.

A vos K7 !

… En attendant le 17 Mai 2006 le film de Ron Howard avec Tom Hanks et Jean Reno. (Une intrigue tournant autour d’indices inscrits dans les peintures de Léonard de Vinci et qui dévoileraient des secrets de la plus haute importance concernant la chrétienté.)

Tout un programme ! … Et je dirai même plus :

– « Tout un programme ! »

ARCADIA

A signaler également en DVD :

Rennes le château – Du trésor au vertige un film de Georges Combe © Katana production.

Un film quasi exhaustif, beaucoup plus complet que ce que l’on aurait pu croire de prime abord, sur ce mystère. Des témoignages et des interventions inégales mais qui ont le mérite
de la sincérité. Une pochade brossée avec justesse par le réalisateur, suffisamment fouillée en tout cas pour nous faire découvrir, par moments, certains aspects très peu connus des spécialistes de Rennes. Vraisemblablement à ce jour la meilleure synthèse que l’on puisse trouver et la plus actualisée.

Et :

Da Vinci Code dévoilé – Mystère ou complot, sous-titré en français © Highlands production.

Un film plus généraliste et proche, bien sûr, des thèses anglo-saxonnes défendues par Lincoln et autres. A voir pour les belles images plus que pour les sources. Mais ne boudons pas notre plaisir, pour peu que le chat y retrouve ses petits…

Sans oublier un détour qui s’impose sur le site officiel de Dan Brown, (l’américain qui perdit la mémoire lorsqu’il lu les livres de Baigent, Leigh & Lincoln.) Avec une magnifique photographie en pied du jeune homme.

LES VIVANTS ET LES DIEUX

Emission radiophonique le 12 Février 2005 sur France Culture, par Michel Cazenave – réalisation : Isabelle Yhuel

Le Da Vinci code, thriller ésotérico-policier de Dan Brown, a rencontré un succès international : bientôt 1 million d’exemplaires vendus en France, et plus de 15.000.000 dans le monde. La thèse défendue par ce roman consiste en ce que le Christ aurait nourri des relations charnelles avec Marie-Madeleine, qu’il en serait né un fils, qui serait lui-même à l’origine de la dynastie mérovingienne en France. Ses descendants vivraient encore dans notre pays.

Ce serait ce secret scandaleux que l’Église chrétienne aurait étouffé durant 20 siècles, particulièrement depuis le Moyen Âge à travers l’organisation du « Prieuré de Sion ». Tous les observateurs s’accordent à constater que le succès phénoménal de ce livre est dû à sa réhabilitation du féminin, à ses tendances gnostiques, ésotérisantes et à l’écho qu’il a trouvé dans la quête diffuse de spiritualité de notre monde actuel.

C’est ce phénomène que nous allons tenter de comprendre et d’évaluer dans le cadre des attentes « religieuses » du monde occidental.

Croyances et pratiques religieuses

Chaque semaine le dimanche matin, sur France Culture.
En ré-écoute libre pendant toute la semaine sur le site

L’intention : Une exploration du continent des croyances et des pratiques religieuses qui, de tous temps, ont marqué l’humanité et continuent à l’imprégner sous des modes aujourd’hui plus confus qu’il s’agit ici d’éclairer en offrant les instruments du discernement pour nourrir la réflexion personnelle.

La forme : Une émission d’entretiens mêlés de musiques évocatrices du thème de la semaine, puis une séquence « livres ».

L’équipe de l’émission :
– Producteur : Michel Cazenave
– Chargée de réalisation : Isabelle Lefebvre-Yhuel

Utiliser des romans

… pour transmettre des idées, des inventions, des informations n’est pas un phénomène nouveau. Ce qui l’est par contre, c’est de révéler ces processus qui étaient pour l’instant l’apanage d’initiés ou de gens concernés.

Il ne faut pas cependant croire que les anglo-saxons soient les champions de ce genre de procédé ; déjà Maurice Leblanc et ses  » Arsène Lupin  » créa une œuvre à double fond. Lupin cambriola l’histoire de France soit, mais c’est l’histoire secrète de la France hermétique que M. Leblanc, membre de tant de sociétés secrètes nous a narré, truffant son œuvre de cryptogrammes, d’énigmes,…

Il est d’ailleurs intéressant de constater que l’œuvre de M. Leblanc foisonne de jeux de lettres et de nombres et qu’une application profane de la gématrie conduit à bien des surprises !

L’utilisation des œuvres picturales (dessins, estampes, tableaux…) n’est pas non plus nouvelle ; depuis le Songe de Poliphile (Renaissance) en passant par Jules Vernes dont les gravures dans la collection Hetzel montrent très souvent la Ménorah et le Temple par anamorphoses !

En fait, le roman de Dan Brown, bien traduit, bien « ficelé » ne fait que résumer un certain nombre d’informations.

De passage à Paris, Robert Langdon, professeur et spécialiste du symbolisme est appelé au Louvre en pleine nuit.

Jacques Saunière (tiens, tiens, un hasard sans doute, un parent de Béranger Saunière, le curé énigmatique de Rennes le Château) le conservateur en chef a été retrouvé assassiné dans la grande galerie.

A coté de son cadavre, la police a trouvé un message codé que Langdon et Sophie Neveu, une cryptographe de la police, essaient de résoudre.

Après de nombreuses péripéties, ils découvrent d’une part que tout tourne autour de l’œuvre de Léonard de Vinci et que Jacques Saunière était membre du Prieuré de Sion, société secrète, dont de Vinci fut un des grands maîtres, et qui dit-on protégerait un secret millénaire !

L’enquête de nos deux héros va les conduire à travers la France hermétique depuis l’église St Sulpice et le Royaume Uni, à la recherche d’une vérité cachée concernant le christianisme, mais aussi pour échapper à leurs poursuivants (Opus Dei, police…).

Pour réussir il va leur falloir résoudre un certain nombre d’énigmes dont les étapes constituent une véritable Initiation, ce qui n’est pas sans rappeler la trame des romans verniens !

Que penser de tout cela ?

Au premier degré, c’est un thriller intéressant; découpé en très courts chapitres avec des aventuriers (type Indiana Jones), des tueurs, la police, des banquiers bizarres, des sociétés secrètes…On a l’impression de lire une bande dessinée !

Maintenant intéressons-nous à certains éléments : dès le début, Dan Brown nous introduit dans un monde secret : le Prieuré de Sion, l’Opus Dei, les peintres comme Léonard de Vinci, Nicolas Poussin…

L’aventure va très vite se diriger vers la quête du Graal ; Dan Brown truffant son roman d’indices tels un stylo de lumière noire, un GPS, le nombre d’or, un cryptex.

Les amateurs de cryptogrammes et d’énigmes se régalent, anagrammes des noms de tableaux, le code Fibonacci, l’analyse symbolique des tableaux,…

Chaque lecteur y trouve son compte !

Nous ne reviendrons pas sur l’homonymie de Saunière, nous nous arrêterons quelques instants sur le méridien de Paris qui, à St Sulpice, symbolise la Rose Ligne qui a son pendant à la Rosslyn Chapel (GB).

Dans le département de l’Aude, le méridien passe à quelques mètres du tombeau des Pontils (voir le tableau les bergers d’Arcadie de Nicolas Poussin, tableau que le Président Mitterrand fit remettre au Louvre !)

Dan Brown nous cite pêle mêle les familles Plantard et Saint-Clair, les descendances mérovingiennes (le Roi caché et légitime) et christiques, tout y passe !

Nous ne sommes pas loin du Triangle d’or de M. Leblanc, livre commandité par le Prieuré de Sion; d’ailleurs dans un autre roman la Comtesse de Cagliostro, M. Leblanc nous apprend qu’un chandelier à sept branches est la clé d’un fantastique trésor recherché par une femme ressemblant à la Joconde dont le cocher se prénomme Léonard !

Dan Brown ne s’arrête pas là ; il essaie de nous persuader du rôle prépondérant des Templiers dans la création du Prieuré de Sion : fouille des ruines du Temple, découverte de documents remettant en cause la crédibilité de l’église romaine. Le Prieuré, toujours présent au XXIeme siècle serait dépositaire de ces secrets !

De nombreux auteurs anglo-saxons ont développé ces thèses et semblent situer le tombeau de Jésus à différents endroits. Ils lui reconnaissent une descendance donc une épouse !

Avant de conclure cette brève étude, vous n’aurez pas été sans remarquer que le prénom du commissaire Fache, Bézu évoque la Commanderie Templière proche de Rennes le Château, et que la sœur Bieil (qui veille sur le secret de St Sulpice) évoque l’abbé Bieil de St Sulpice que le curé Béranger Saunière de Rennes le Château rencontra pour lui montrer ses fameux parchemins !

Que conclure ?

Sans aucun doute, Dan Brown est très bien informé sur l’affaire Rennes le Château, même s’il ne cite jamais le lieu. Ses sources semblent une synthèse de textes anglo-saxons tels « l’Enigme sacrée » et le « Message » de Baigent, Leigh et Lincoln ; « La montagne sacrée » de Andrews et Schellenberger.

Ces auteurs ont privilégié la piste des documents dits « documents Lobineau », faux notoires, attestant une pseudo-descendance Mérovingienne et le rôle du Prieuré de Sion, qui dans sa version actuelle est une création de P. Plantard.

Ceci étant, c’est un roman et non une thèse fantaisiste très agréable à lire.

Dr Aharon Feldmann ©

Sources :

– La spirale prophétique, Parvulesco.
– Arsène Lupin, supérieur inconnu, P. Ferté.
– L’Enigme sacrée, Baigent, Leigh, Lincoln.
– Le Message, Baigent, Leigh, Lincoln.
– La montagne sacrée, Andrews, Schellenberger.
– Rex Deus, Hopkins, Simmans, Wallace-Murphy.

Un phénomène touristique

Le Da Vinci Code est aussi un phénomène touristique. Les lecteurs mordus recherchent les mystérieux « signes » qui jalonnent le livre en allant à Paris, Rome et Londres. Les concepteurs de voyages proposent des visites express d’Europe (2 299 dollars) ou de Paris et des parcours au Louvre (110 euros). Certains de ces lecteurs ne peuvent que constater les incohérences et inexactitudes qui foisonnent dans ce roman. Ainsi, dans l’église Saint-Sulpice, les pèlerins (plus de 20 000 cet été, selon le père Henri d’Antin) traquent en vain des indices : pas de granit au sol, nul temple païen dans la crypte…

Quelques-uns sont massés sous un panneau indiquant que « la ligne méridienne matérialisée par une réglette de laiton fait partie d’un instrument scientifique » et que, « contrairement aux allégations fantaisistes contenues dans un récent roman à succès, -elle- ne coïncide pas avec le méridien de l’Observatoire (…). La seule manière de conférer un sens religieux à cet instrument d’astronomie est de reconnaître en Dieu le Créateur et le Maître du temps. » Dans ce groupe de touristes, des Américains sont venus spécialement pour voir la fameuse ligne, trois Finlandais pour « savoir où est la vérité »

Le Monde © 10.09.04

Il va sans dire que nous aurons à cœur de revenir, de vive voix et plume en main, sur les analyses présentes et à venir de nos éminents confrères dans nos prochaines publications.

La Rédaction – LdThot