Si le nom d’Agricol Perdiguier (1805-1875) n’est guère connu du grand public, il est en revanche aujourd’hui encore tenu dans la plus haute estime par les Compagnons du tour de France, milieu auquel il a consacré sa vie.

Cependant, si les Mémoires d’un Compagnon, son œuvre capitale, ont constamment été rééditées depuis 1854-1855, cela traduit un intérêt qui dépasse largement ce seul milieu et témoigne en fait de son statut de témoin privilégié de l’histoire de la classe ouvrière et de celle de la République française au XIXe siècle.

LE COMPAGNON

Agricol Perdiguier est issu de Morières, près d’Avignon. Reçu Compagnon menuisier du Devoir de Liberté sous le surnom d’Avignonnais-la-Vertu, son tour de France au milieu des années 1820 le conduit à s’interroger sur les causes réelles des divisions qui ensanglantent alors le monde compagnonnique. Héritier des Lumières, c’est en autodidacte qu’il apprend durant son tour à connaître les grands auteurs antiques et classiques. Aussi habile à manier la plume que le rabot, il travaillera ensuite toute sa vie, malgré les épreuves et l’hostilité souvent vive des sociétés compagnonniques d’alors, à l’amélioration matérielle, intellectuelle et morale des Compagnons, en particulier, et de la classe ouvrière, en général.

En 1839, il publie Le livre du Compagnonnage, premier ouvrage historique sur ce sujet, essai sous-tendu par un idéal fraternel qui lui amène rapidement la sympathie des milieux littéraires républicains et la célébrité. « Peu sensible à la poésie des combats, a écrit son amie George Sand, doué d’un zèle apostolique, persévérant, actif, infatigable, dominé et comme assailli à toute heure par le sentiment de fraternité humaine, il essaya de faire comprendre à ses frères l’idéal éclos dans son cœur. » (Il faudra cependant attendre la fin du XIXe siècle pour voir son idéal d’union compagnonnique se réaliser partiellement.)

L’HOMME POLITIQUE

Voilà en bref pour le Compagnon. En revanche, on a presque totalement oublié l’homme politique qu’il a également été.

En 1848, il est élu représentant du peuple à la fois dans le département du Vaucluse – où il ne s’était pas présenté – et à Paris. Réélu en 1849, il figure sur la liste des Républicains proscrits après le coup d’État du 2 décembre 1851. De retour d’exil dès 1855, il ouvre une librairie au faubourg Saint-Antoine pour subvenir aux besoins de sa famille et pour répandre ses propres ouvrages. Dès lors, il joue un rôle politique de second plan, ce qui ne l’empêche pas d’être nommé adjoint au maire du XIIe arrondissement en 1871.

Il meurt à Paris dans un état proche de la misère, le 25 mars 1875.

A lire sur :
http://www.agricol-perdiguier.org/

Voir aussi – Compagnons & Compagnonnage sur :
http://www.compagnonnage.info/