« L’arbre a sa tête et son psychisme dans la terre. »
La clairière qui nous entourait était devenue, sous la magie nocturne, un temple au milieu duquel se dressait, colonne de puissance, l’Arbre-Maître, dont le rayonnement magnétique produisait, tout autour de lui, comme un cercle de clarté diffuse. Ce phénomène pouvait d’ailleurs être vu à l’œil nu par n’importe qui.
Des silhouettes humaines se découpaient dans les feuillages des arbres environnants. Semblables à des géants dressés, ils entouraient l’Arbre-Maître comme s’ils cherchaient à le protéger. Toutes ces silhouettes étaient nettement contournées et je pouvais savoir, en les observant, ce que serait l’atmosphère de cette nuit-là.
La clarté de la lune se diffusait maintenant dans la clairière, suscitant de secrètes épiphanies. A ce moment précis, on pouvait voir les entités globulaires de la Lune, lors de l’épanchement de ses rayons sur le sol.
Nous fîmes le tour des autres arbres, les saluâmes et les étreignîmes tour à tour. L’un d’eux représentait parfaitement une femme aux jambes ouvertes, offrant généreusement son sexe d’où émanait une sorte de parfum d’âme. Par cet « arbre-femme », nous pouvions directement entrer en contact avec la Terre-Mère et combien de rêves et de visions initiatiques ne nous avait-il pas donnés !
Tout comme le fœtus s’inverse au moment de sa venue au monde, ressouvenance d’une des origines végétales de l’homme, l’arbre a sa tête et son psychisme dans la Terre. Ses racines sont l’expression concrète de ses pensées dans lesquelles vivent les génies-serpents, s’abreuvant des eaux de pluie chargées du devenir céleste. La racine, qui est liée à la Terre, ainsi qu’à Saturne et à Mercure est une sorte d’éclair fixe, qui irradie de puissantes forces circulant d’un arbre à un autre.
« Je vois la femme de la terre. »
Brusquement, l’esprit du lieu entra en communication avec moi, m’incitant à m’allonger au sol, face à l’arbre, bras écartés. Cette position est d’ailleurs l’une des meilleures façons de prier, de se libérer d’une certaine tension et d’éviter les influences trop dures.
Me pénètre alors l’enseignement de la Terre et je me mets à chanter tout doucement l’un des chants magiques qu’elle m’a insufflé lors de précédents abandons.
Au fur et à mesure que je suis entraîné par le courant de mon chant, je me sens descendre vers des lieux étranges, mondes souterrains traversés d’éclats de lumière. Des yeux s’ouvrent là, au sol, des yeux faits de bouillonnements d’or dont la beauté m’exalte. Je vois la Femme de la Terre ou, plutôt, je vois sa forme enveloppée de voiles luminescents et un tel magnétisme s’en dégage que mon cœur s’affole.
Je sais qu’il s’agit là d’une des émanations de la Grande Déesse Terre, un de ses éclats de conscience correspondant au mien. Je sens couler à travers mon corps sa Voix qui me branche aux sources intérieures de l’Univers et qui m’imprègne de son formidable mana.
La Terre, notre mère à tous, recèle en ses flancs toute la mémoire des humanités passées et les idées des humanités futures. Elle est le réceptacle des forces cosmiques qui en font une graine dont l’humanité est le germe spirituel.
Chaque race est l’expression naturelle du psychisme d’un lieu. Ses qualités et ses défauts, sa richesse et ses carences sont ceux de la partie de la Terre où elle a pris jour. Le mélange des races est le mariage des diverses parties de la Terre. La différence spirituelle et morphologique des Divinités est surtout due à l’expression magique d’une région, d’un pays.
Les Divinités sont les focalisations de l’énergie terrestre et cosmique.
Les Divinités sont les focalisations de l’énergie terrestre et cosmique.
Mario Mercier © – La Nature et le sacré – Dangles ed. 1983