Tout chercheur s’étant intéressé de près ou de loin à l’affaire Fulcanelli, bute un jour, tôt ou tard, sur un nom de famille, un nom de qualité, à particule qui a produit une trace prégnante et nécessaire dans les arcanes biographiques dévolus à l’adepte auteur du Mystère des Cathédrales

De cette famille, les de Lesseps, plusieurs ont laissé un nom dans l’Histoire de France. Jean-Baptiste baron de Lesseps (1766-1834), diplomate français, accompagna pour les premières escales, le comte de La Pérouse lors de son fameux voyage autour du monde. Mathieu Prosper (1774-1832), comte de Lesseps, frère de Jean-Baptiste fut également diplomate et consul de France au Maroc. Ferdinand (1805-1894), vicomte de Lesseps, fils de Mathieu, le plus connu de la lignée familiale, celui qui nous intéresse ici, fut diplomate et administrateur français et laissa surtout son nom à la postérité en tant que directeur de la Compagnie universelle du canal maritime de Suez, inauguré le 17 novembre 1869 par l’impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III.

Ferdinand de Lesseps, eut onze enfants de deux mariages différents. Présenté souvent comme franc-maçon et possédant un attrait pour les sciences hermétiques, il est bien certain que lui-même comme sa descendance familiale se piquait d’Alchimie, matière fort en vogue à l’époque. On le confondit sans convaincre – ce fut en son temps, notamment, la thèse de Serge Hutin – avec la figure emblématique de Fulcanelli. Son fils Pierre fut lui aussi un prétendant sérieux évoqué parfois comme décalque de l’adepte, certains de ses frères, Bertrand, Paul ou Jacques également (1). Est-ce à dire que la famille de Lesseps joua un rôle non négligeable dans « L’Affaire Fulcanelli » cela est certain et depuis longtemps démontré maintenant – mais jusqu’où… ?

Bien des incertitudes demeurent à cet égard.

Ce que l’on sait par contre avec certitude c’est que Jean-Julien Champagne ami intime de la famille, avait ses entrées chez les de Lesseps, dans le très bel hôtel particulier sis avenue Montaigne, à Paris. Champagne fut présenté par Canseliet comme le dessinateur de Fulcanelli et de Bertrand de Lesseps. Dans l’ouvrage de Geneviève Dubois « Fulcanelli dévoilé », nous apprenons que la famille de Lesseps proposa à Jean-Julien Champagne de le loger rue Vernier, dans un laboratoire que possèdait Ferdinand-Jules de Lesseps, l’un des fils du patriarche. Les expérimentations y furent de nature alchimique, mais pas seulement… La famille de Lesseps engagea Champagne, comme dessinateur industriel pour la réalisation d’un projet un peu fou… La conception d’un « traîneau polaire »… Sorte de machine incroyable qui tenait autant de la luge que de l’hydroglisseur ! Une célèbre photo publiée par Eugène Canseliet dans ses Deux Logis alchimiques, fait état de ce curieux traîneau à hélice…

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Un collectionneur, Maurice Louxor, féru d’Hermétisme a retrouvé récemment une photographie extraordinaire de Jean-Julien Champagne, totalement inédite… devant le prototype qui allait devenir le fameux « traîneau polaire »… Cette photographie apportée par le vent de l’histoire est arrivée jusqu’à nous… Nous ne pouvions que remercier ici son propriétaire, et gageons que nous n’en resterons pas là, et que cette image venue d’un autre siècle a encore bien des choses à nous raconter…

Thierry E Garnier – LDT ©, 1e juillet 2008

(1) Voir l’étude incontournable sur le sujet de Jean Artero, Présence de Fulcanelli, chapitre « Des nobles à la Rose »

PHOTO // Maurice Louxor © & La LDT – document inédit – Reproduction exclusive la LDT – No spécial ALCHIMIE