Que le Chaperon Rouge n’aille pas se promener…
… aux portes d’Aix-en-Provence. Le loup y est. Un troupeau en pâture à Vauvenargues, sur les pentes de la Sainte-Victoire a connu plusieurs attaques avec 23 bêtes mortes.
« Nous avons fait les premiers constats dans le secteur dès le mois d’avril, explique Jean-Louis Blanc, délégué interrégional Alpes-Méditerranée-Corse de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS). Nous ne disposons pas encore des analyses génétiques mais le type de morsures, le type d’attaques sur le troupeau de M. Bruno Salle vont dans le sens d’attaques de loup. »
Pour lui, l’animal ne serait pas venu des Alpes-de-Haute-Provence mais du Var où sa présence est ancienne sur le plateau de Canjuers. « On savait que le loup était là, assure Bruno Salle. Deux bêtes avaient été photographiées à Rians, commune varoise toute proche de la Sainte-Victoire où mes bêtes pâturent aussi. Dès le printemps 2012, le coup était chez moi. Désormais, mes moutons dorment tous les soirs à la bergerie. »
Vers les villes ?
Tous les spécialistes sont d’accord : le loup est en période de colonisation. Il ne se limite plus aux alpages, aux forêts d’altitude, au Mercantour ou aux Monges mais descend dans les plaines. « Attention, comme pour le cas des Bouches-du-Rhône, reprend Jean-Louis Blanc, il ne s’agit nullement de l’installation d’une meute. C’est un jeune d’un ou deux ans qui quitte la meute et fait des incursions. Il faut rappeler que le loup peut faire jusqu’à 80 km dans une nuit. »
Comme nous l’a expliqué un autre spécialiste, le loup n’arrive pas aux portes des villes. Il y revient. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, il était présent dans le massif de l’Étoile, autour de Marseille par exemple. « En fait, on le trouvait dans toute la Provence », indique un responsable de l’ONCFS.
La faute au « mitage » ?
De nombreuses observations (voir infographie) ont été faites autour de Barcelonnette ou de Digne. Mais là comme dans d’autres secteurs du Var où il a été repéré, il faut aussi tenir compte du « mitage » des zones naturelles par l’habitat. En clair, c’est la ville qui progresse vers le loup tout autant que l’inverse.
Des zones jadis cultivées intensivement et déboisées sont en friches en Provence-Alpes-Côte d’Azur, reconstituant un terrain favorable à ce prédateur, avec du gibier.
Le réservoir de gibier
Car contrairement à ce qu’on dit, le loup n’a pas comme principale source d’alimentation les troupeaux de moutons.
Selon le rapport du plan national d’actions loup, il se nourrit à 76 % d’ongulés sauvages (chevreuil, biche, chamois, cerf…) et seulement à 16 % de proies domestiques (ovins, bovins et caprins). Seule une meute de loups du Mercantour -où l’élevage ovin est massif- a la moitié de son alimentation constitué par des prises sur les troupeaux. Or, le gibier est très abondant dans la région, y compris près des villes.
La population d’ongulés a été multipliée par quatre, celle de sangliers par cinq (le jeune marcassin fait aussi repas pour le « canis lupus »). Cela peut aussi attirer les loups, qui ne viendront jamais faire les poubelles comme les sangliers. Ces derniers constituent d’ailleurs la vraie plaie.
Pas de danger.
Même si la cohabitation avec l’élevage ovin pose problème, le loup reste un animal protégé. Et son mode de vie ne constitue pas une menace pour l’homme. Surtout s’il évolue seul, c’est un animal qui fuit dès qu’il est vu. Et il faut remettre les choses à leur place.
Il y aurait 250 loups en France et 2 000 en Espagne, où il arrive jusque dans les faubourgs de Madrid. Aucune attaque sur des humains n’a jamais été constatée dans ces deux pays.