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 » En ces jours qui précédaient le Déluge, on mangeait et on buvait, on prenait femme et mari jusqu’au jour où Noé entra dans l’Arche et les gens ne se doutèrent de rien jusqu’à l’arrivée du Déluge qui les emporta tous. Il en sera de même à l’avènement du Fils de l’homme.  »

Matthieu XXIV – 38

La décadence de l’empire romain au Ve siècle de notre ère est due avant toute chose à une perte de contrôle des valeurs morales qui avaient été jusqu’alors le fondement puissant de la réalisation non pas d’un empire géographique, au sens strict, mais bien d’un territoire philosophique détenu en propre et en héritage par la pensée hellénique. La barbarisation catabolique qui découla de cette aventure singulière de l’Histoire des hommes, articulant de la sorte la pensée occidentale moderne, mettra mille ans à s’en remettre, d’Augustin d’Hippone à Giordano Bruno.

Par la magie des intersignes, n’est-il pas joyeux de constater alors que le pays béni qui fonda l’idée même de démocratie est celui qui se trouve être aujourd’hui au centre de l’écroulement de la civilisation moderne, asservie par l’orthodoxie libérale ? La connaissance de l’Histoire nous apprend que les grandes bornes milliaires qui jalonnent son évolution sont d’abord intrinsèquement liées à l’écriture, sa sapience et sa transmission, puis son décryptage ontologique ensuite. Pour faire sens encore, faut-il le souligner, la frontière magique entre histoire et préhistoire se trouve justement dans l’écriture elle-même, et plus tardivement, le passage entre l’écriture manuscrite des scriptoria médiévaux et la période faste de la Renaissance est l’invention typographique gutenbergienne.

Cette seconde révolution de l’écriture, aussi importante que la découverte du feu par les premiers hommes, permettra de transmuter le plomb en or et transformera définitivement les manuscrits enluminés en de vastes bibliothèques où le savoir humain commencera à se développer progressivement en de larges feuillages aux ramifications quasi-infinies, permettant dès lors de catégoriser les lois de l’Univers.

Plus loin, la transition entre le livre des encyclopédistes du siècle des Lumières et la crise du monde moderne, bien cernée par Guénon, inscrira au final la dématérialisation de l’écrit et son corollaire avéré : la dégénérescence neuronale assistée par ordinateur. C’est ce que l’on nommera le règne de la quantité et la troisième révolution du livre.

– Nâaannn… mais ALLÔOOOoo koiiii…. ?

Pour notre époque épique, cette révolution formelle avait été sur le plan sociologique parfaitement anticipée par Mac Luhan qui avait magnifiquement résumé sa pensée, en 1962, en une formule lapidaire géniale : « le message est le médium » – Jamais son aphorisme n’a pris autant de sens qu’à l’ère d’Internet, à un moment ou le diktat wikipédiesque montre l’exemple, que les réseaux sociaux Facebook et consorts deviennent des auxiliaires de police, et où « Hal » pour « Heuristically programmed ALgorithmic computer », le robot parlant du « 2001 » de Kubrick, a pris le pouvoir sans heurts depuis déjà une bonne décennie.

Un exemple récent parmi d’autres, pour les journalistes de ce début de siècle : relater une rumeur fumeuse par voie de presse, obtenir un démenti, présenter une lettre d’excuse, cela fait au total trois informations… ! Pourquoi se gêner ? Pour que puisse péricliter encore le « papier d’Amazonie »… Sachant, par ailleurs, que le temps de cerveau disponible de nos congénères n’a que peu de chance de pratiquer la philosophie libertaire, quelle jouissance alors pour Guy Debord de constater avec éclat, par delà les nuages, le bien fondé de sa société du spectacle. Last but not least, le degré zéro de la pensée universelle nous est offert aujourd’hui, et entre autres, par la télé-réalité, et nul doute qu’avec la dénommée Nabilla, on tient là un étalon or que le monde entier nous envie. Le controversé Ernst Jünger, l’homme des « orages d’acier », qui s’était en son temps penché sur la question des décérébrés avait alors créé un nouveau concept révolutionnaire, celui des lémures ou autres « dégénérés supérieurs »… Tout un programme qui fait sans aucun doute florès aujourd’hui !

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Sachant, en outre, que le pire est à venir et que les spéléologues des médias sont encore très loin d’avoir touché le vaste fond de notre psyché, tout autant polluée que le sarcophage de Tchernobyl ou la piscine de Fukushima ; il surnage ainsi, pour qui le peut, un semblant d’aptitude à identifier des lignes frontières sans cesse mouvantes de cette déprimante apocalypse. Comme le souligne fort bien Dominique Strauss-Kahn à propos de l’homme-cochon… : « Mais où est donc la morale dans tout ça ? »

Reste à percevoir, juste à la surface mal orthographiée des maux, quelques cloportes, la peau du lait et l’écume des jours…

Chroniques de MARS No 11 – juin 2013

CHRONIQUES DE MARS >NUMÉRO 11]

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M. M. // Deux citations sur le Régule d’OR

Patrick BERLIER // Les Mystères Franc-Comtois # 4 – Un architecte visionnaire Claude-Nicolas Ledoux

ENTRETIEN avec Françoise GASC // « Le mystère des deux tableaux »

Michel MOUTET // La bête des cabinets

Yves BOSSON // Sur « l’invention » de l’homme préhistorique

Gil ALONSO-MIER // La pendule à Salomon

Sophie VERBEEK // [Hommage à Roger Willems

Michel BARBOT // Le Mystère des 9 Cités

ZE Insider of Mars // CROP CIRCLES, SINKHOLES et MÉTÉORES – À l’aube des signes des Temps

Emmanuel RIVIÈRE // Des poissons mangent des cochons et le cheval c’est du bœuf

Chroniques de MARS // Nabilla ou la métaphysique des cloportes

Jacques ERLICH // Le codex Ashes and Snow de Gregory Colbert

Thierry E. GARNIER // Lézards Martiens

MADMACS // La particule de Dieu

Emmanuel RIVIÈRE // Serge HUTIN – Une photo inédite