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Selon un document que nous avons pu retrouver aux Archives de l’Aude, Henri Boudet est né le 16 novembre 1837 à Quillan, d’un père régisseur des forges, Pierre Auguste Boudet, et de sa jeune épouse de 27 ans, Jeanne Huillet. On peut lire sur le registre d’état civil les mentions suivantes apposées par l’officier de la commune de Quillan (1) :

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« L’an mil huit cent trente-sept et le 17 novembre, 3 heures du soir, par devant nous, Timothée Pinet, maire officier de l’état civil de la commune de Quillan, chef-lieu de canton, arrondissement de Limoux, département de l’Aude, est comparu le sieur Pierre-Auguste Boudet, régisseur des forges, âgé de 36 ans, domicilié à Quillan, lequel nous a produit un enfant du sexe masculin, né le jour d’hier, trois heures du matin, dans la maison de madame veuve Pinet-Laval, sise au dit Quillan, à la Grand Rue, de qui déclarant à dame Jeanne Françoise Elisabeth Adelaïde Huillet, son épouse en légitime mariage sans profession âgée de 27 ans, domiciliée avec son mari auquel il a donné les prénoms de Jean-Jacques Henri. Ladite déclaration et présentation faite en présence des sieurs François Joulin, négociant, âgé de 47 ans, et Barthélémy Rouyre, propriétaire âgé de 50 ans, tous deux domiciliés à Quillan et ont, le père de l’enfant et les deux témoins, signés avec nous, le présent acte, après que lecture en a été faite. »

Si l’on a peu, voire pas, d’éléments concrets concernant l’enfance de l’abbé Boudet, quelques renseignements épars peuvent nous donner cependant des indications à développer et des lignes directrices susceptibles de « forger » une destinée, sous la houlette d’un père « maître du feu ».

(…)

* * *

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(…) On peut deviner que, comme pour tous les prêtres ayant eu la vocation, la mystique chrétienne, qui va de pair avec l’amour de la Nature, a pu se développer très tôt chez l’enfant, mais aucune anecdote n’a été rapportée à ce sujet. Le petit Henri grandira à Quillan avec son frère Edmond, son cadet de trois ans, ils ne se perdront jamais de vue et une fraternité sensible animera jusqu’à la mort les deux âmes qui se retrouveront ensemble dans la tombe, tout comme ils le furent de leur vivant, côte à côte…

(…)

ANNEXES

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La tombe de l’abbé Boudet se trouve dans le petit cimetière d’Axat.

6-34.jpg On s’est longtemps demandé pourquoi l’abbé Boudet très attaché à sa famille ainsi qu’à sa paroisse n’a pas choisi une tombe dans cette commune pour ultime demeure. En fait, arrivé malade à Axat, en 1914, il repose finalement dans le village où le prêtre a voulu finir ses jours, chez son frère Edmond Boudet, tout simplement. Certains chercheurs ont présentés une explication possible, selon laquelle si l’abbé de Rennes-les-Bains était enterré dans cette commune le texte de sa tombe risquait d’être modifié et le message gravé perdait toute chance de passer à la postérité…

Dans tous les cas les affres du temps faisant leur ouvrage, l’épitaphe actuelle de l’abbé est devenue à peine lisible.

Elle était celle-ci :

ICI REPOSE / HENRI BOUDET / ANCIEN CURE DE RENNES-LES-BAINS / DECEDE DANS LA PAIX DU SEIGNEUR / A AXAT LE 30 MARS 1915 / A L’AGE DE 78 ANS / IL FUT UN PRETRE SELON LE COURS / DE DIEU BON ET AFFABLE ENVERS TOUS / AIMÉ DE DIEU ET DE CEUX QUI L’ONT / CONNU SA MÉMOIRE EST EN / BÉNÉDICTION / E-C-C – I-II /MISERICORDIEUX JÉSUS DONNEZ / LUI LE REPOS ÉTERNEL.

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La tombe de l’abbé Boudet, à Axat, se trouve dans la partie la plus ancienne du cimetière, presque cachée entre deux mausolées, et qui plus est masquée derrière un arbre. La tombe est d’ailleurs commune aux deux hommes, leur mère et leur sœur étant quant à elles enterrées à Rennes-les-Bains. Retiré à Axat pour raisons de santé, l’abbé Boudet y mourut en 1915, huit ans après son frère. Sa dernière volonté fut d’être inhumé dans le même caveau. Une grande pierre tombale ornée d’une simple croix en relief porte l’épitaphe des deux hommes, aujourd’hui quasiment illisible tant elle a dû être usée par les piétinements, les frottements, les relevés opérés au moyen de calques ou d’autres procédés plus agressifs. Dans le bas, à droite, de la pierre tombale, a été sculpté un petit livre sur la couverture duquel sont inscrites les lettres grecques : ΙΧΟΙΣ. Telle quelle, cette inscription ne correspondrait, pour certains, à rien de connu, même si elle se rapproche fortement de la formule ΙΧΘΥΣ (acrostiche grec de Ièsus Christos Theoù Yiòs Sotèr : Jésus Christ Fils de Dieu Sauveur). Des photos anciennes nous montrent cependant que la 4e lettre était bien un Y ou plutôt un Upsilon grec. Mais la partie supérieure, usée par le temps, était devenue illisible. Une main inconnue, malhabile et indélicate, a depuis repris la gravure des lettres à l’aide d’un outil grossier et cette lettre est définitivement devenue un I.

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Le poisson a été le symbole du Christ pour les premiers chrétiens, d’abord parce que son nom en grec forme l’acrostiche de la formule Jésus, Christ, de Dieu, le Fils, Sauveur. Ensuite parce les premiers disciples étaient des pêcheurs, et que le Christ ressuscité leur apparut lors de la scène de la pêche miraculeuse.

Selon certains chercheurs, le fameux livre de l’abbé Boudet évoqué par cette petite sculpture et son inscription, donnerait des indications pour trouver le sépulcre du Christ, caché peut-être quelque part dans la région de Rennes-le-Château si l’on en croit une certaine tradition. L’inscription, vue dans l’autre sens, peut se lire 310XI, soit 310 en chiffres arabes (le Sigma inversé ressemblant à un 3) et 11 en chiffres romains. Or, le livre de l’abbé Boudet compte exactement 310 pages. Il était trop tentant d’y voir, comme Gérard de Sède et bien d’autres après lui, la 11e page des 310 du livre. Cette page est, nous dit-on, la première à parler du « blé. » Mais est-ce bien-là la solution, tellement d’autres propositions furent avancées, toutes aussi insatisfaisantes les unes que les autres. Autre élément de l’épitaphe qui a fait couler beaucoup d’encre, l’inscription : E-C-C-I-II. Tous les auteurs ont conclu qu’il s’agissait d’un renvoi à L’Ecclésiaste, livre de la Bible, chapitre 1, verset 11, où il est dit :

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« Nul souvenir des anciens, pas plus que de leurs successeurs il n’y aura de souvenir chez ceux qui seront dans la suite. »

Le monde est un perpétuel recommencement, et le souvenir de ceux qui nous ont précédé sur cette terre s’estompe rapidement : c’est ce que signifie cette phrase, particulièrement alambiquée. On se demande quel est son intérêt sur la tombe de l’abbé Boudet…

En vérité, il existe une autre solution (…)

Thierry E. GARNIER – Extraits du livre d’André GOUDONNET –  » Henri BOUDET – Abbé de Rennes-les-Bains  » – Annexes – sources ABC de RLC © Les Chroniques de Mars, numéro 18 – Septembre 2015.

(1) Le document d’Etat civil, différent du nôtre, présenté dans le livre de Jean-Luc Chaumeil et Jacques Rivière – L’Alphabet Solaire, Borrego éditions – 1985, provient du registre double de la mairie de Quillan, mais cet acte ne comporte pas le timbre royal.


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André GOUDONNET // Le centenaire de l’abbé Boudet – 1915-2015 #1

André GOUDONNET // 5 INÉDITS de l’abbé Boudet – 1915-2015 #2

André GOUDONNET // Henri BOUDET abbé de Rennes-les-Bains – Sommaire

Christian DOUMERGUE // Le centenaire de l’abbé Boudet – 1915-2015

Thierry E. GARNIER // Le centenaire de l’abbé Boudet – 1915-2015

Thierry E. GARNIER // A propos d’une certaine photo dite… « de l’abbé BOUDET »

Thierry E. GARNIER // La dernière demeure d’Henri & Edmond BOUDET

Franck DAFFOS // Une dédicace inédite d’Henri BOUDET à Mgr BILLARD


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