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Le séjour des morts et l’abîme sont insatiables,
de même les yeux de l’homme sont insatiables.

Roi Salomon (Proverbes – XXVII-20).

I – Le Temple de Salomon comme vous ne l’avez jamais vu

Le Temple est par excellence au sein de nombreuses sociétés initiatiques discrètes, voire même secrètes, l’archétype du lieu cosmique infrangible où le mystère de la Création se perpétue, où tout se crée et se transforme, se fabrique et se délite, en permanence, comme nous l’enseigne le « Kshirasagara manthana », où tout se transmute du noir vers le blanc, des ténèbres vers la lumière, par petites touches successives, sous forme de cycles et de ressacs. Tout comme la mer de lait se brisant sur les rochers de la conscience des hommes, le Temple de l’homme est l’athanor subtil où s’amplifie, en analogie, en chacun, les fragments résiduels altérés de l’âme du Monde en un chapiteau céleste authentiquement purifié de ses terrestréités. Quand dans ses fondations occultées dorment les asuras, le Temple est avant tout le symbole éternel du chaos primitif « sur lequel plane la Perfection et au sein duquel cette même Perfection se cherche, inlassablement », pour citer Eliade. Il est le symbole de la destruction passée et, surtout, de la construction coruscante en perpétuel devenir, car le monde est mystère.

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Dans la symbolique naturelle qu’octroie le Temple de Salomon, tout est nombre, mais avant d’entrer plus avant dans la salle aux secrets, sachant avant tout s’en tenir aux textes référents et à la collusion métaphysique que confèrent les nombres avec les plans et les architectures. Grâce à une magnifique animation 3D finalisée il y a seulement quelques jours (en mars 2016), par l’architecte Daniel Smith, à partir de ce que rapporte le « Livre des Rois » (I-6), nous pouvons approcher, grâce aux textes, ce que fut en son temps le Temple de Salomon :

« La 420ème année après la sortie des fils d’Israël hors du pays d’Egypte, la 4ème année du règne de Salomon sur Israël, le mois de Ziw, qui est le 2ème mois, il bâtit la Maison du SEIGNEUR.

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La Maison que le roi Salomon bâtit pour le SEIGNEUR avait 60 coudées de long, 20 de large, 30 de haut. Le vestibule qui précède la grande salle de la Maison avait 20 coudées de long, mesurées sur la largeur de la Maison ; 10 coudées de large, mesurées dans le prolongement de la Maison. Il fit à la Maison des fenêtres à cadres, grillagées. Il bâtit contre les murs de la Maison, tout autour, contre les murs de la grande salle et ceux de la chambre sacrée, un bas-côté dont il fit des chambres annexes.

Le bas-côté inférieur avait 5 coudées de large, celui du milieu, 6, le 3ème ; car on avait donné du retrait à la Maison, au pourtour extérieur, pour éviter un encastrement dans les murs mêmes de la Maison. La construction de la Maison se fit avec des pierres préparées en carrière, ainsi l’on n’entendit ni marteaux, ni pics, ni aucun outil de fer dans la Maison pendant sa construction. L’entrée de l’annexe inférieure était vers le côté droit de la Maison. Par des trappes, on pouvait accéder à l’annexe du milieu et, de celle du milieu, à la 3ème. Après qu’il eut bâti la Maison et qu’il l’eut achevée, Salomon y fit un plafond à caissons dont l’armature était en cèdre. Il construisit le bas-côté contre toute la Maison ; sa hauteur était de 5 coudées.

Il s’encastrait dans la Maison avec des troncs de cèdre. La parole du SEIGNEUR fut adressée à Salomon :

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« Tu bâtis cette Maison ! Mais si tu marches selon mes Lois, si tu agis selon mes coutumes et si tu gardes tous mes commandements en marchant d’après eux, alors j’accomplirai ma parole à ton égard, celle que j’ai dite à David, ton père. Et je demeurerai au milieu des fils d’Israël et je n’abandonnerai pas mon peuple Israël ! » Salomon bâtit la Maison et l’acheva. Puis il bâtit les parois intérieures de la Maison en planches de cèdre, depuis le sol de la Maison jusqu’aux poutres du plafond – il revêtit de bois l’intérieur – et il revêtit le sol de la maison de planches de cyprès.

Il bâtit ensuite en planches de cèdre depuis le sol jusqu’aux poutres l’espace de 20 coudées qui formait le fond de la Maison ; l’intérieur, il en fit une chambre sacrée, un lieu très saint. La Maison, c’est-à-dire la grande salle qui précède la chambre sacrée, avait 40 coudées. Les boiseries de cèdre qui étaient à l’intérieur de la Maison portaient des sculptures en forme de coloquintes et de fleurs entrouvertes. Tout était en cèdre, on ne voyait pas la pierre. Dans la partie centrale de la Maison, à l’intérieur, il aménagea une chambre sacrée pour y mettre l’arche de l’alliance du SEIGNEUR.

Devant la chambre sacrée aux 20 coudées de long, aux 20 coudées de large et aux 20 coudées de haut et que Salomon avait plaquée d’or fin, se trouvait l’autel qu’on lambrissa de cèdre. Salomon plaqua d’or fin l’intérieur de la Maison et fit passer des chaînes d’or devant la chambre sacrée qu’il plaqua d’or. Il avait plaqué d’or toute la Maison, la Maison dans son entier ; tout l’autel destiné à la chambre sacrée, il l’avait plaqué d’or. Dans la chambre sacrée, il fit 2 chérubins en bois d’olivier ; leur hauteur était de 10 coudées. Une aile du 1er chérubin : 5 coudées, et l’autre aile : 5 coudées ; 10 coudées d’une extrémité à l’autre de ses ailes. 10 coudées pour le second chérubin ; même dimension et même forme pour les 2 chérubins. La hauteur du 1er chérubin était de 10 coudées ; même hauteur pour le second. Il plaça les chérubins au milieu de la Maison, à l’intérieur. Les chérubins avaient les ailes déployées : l’aile du 1er chérubin touchait le mur et l’aile du second touchait l’autre mur ; et leurs 2 ailes, celles qui étaient vers le milieu de la Maison, se touchaient, aile contre aile. Et il plaqua d’or les chérubins. Sur tout le pourtour des murs de la Maison, à l’intérieur et à l’extérieur, il sculpta des chérubins, des palmes et des fleurs entrouvertes. Et il plaqua d’or le sol de la Maison, à l’intérieur et à l’extérieur. A l’entrée de la chambre sacrée, il fit des battants de porte en bois d’olivier ; le linteau et les montants formaient un 5ème de l’ensemble. Sur les 2 battants en bois d’olivier, il sculpta des chérubins, des palmes et des fleurs entrouvertes, et il les plaqua d’or ; il appliqua de l’or sur les chérubins et sur les palmes. Il fit de même pour l’entrée de la grande salle : des montants en bois d’olivier formant un quart de l’ensemble, et 2 battants en bois de cyprès ; 2 panneaux mobiles pour le 1er battant et 2 panneaux mobiles pour le second. Il y sculpta des chérubins, des palmes, des fleurs entrouvertes qu’il plaqua d’or ajusté sur le modelé.

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Puis il bâtit le parvis intérieur : 3 rangées de pierres de taille et une rangée de madriers de cèdre. La 4ème année, au mois de Ziw, on posa les fondations de la Maison du SEIGNEUR. Et la 11ème année, au mois de Boul, qui est le huitième mois, la Maison fut achevée dans tout son ensemble et dans tous ses détails. Salomon la bâtit en 7 ans. »

II – A l’ombilic des limbes, mille ans avant notre ère…


« Dieu dit : Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac ; va-t-en au pays de Moriah, et là offre-le en holocauste sur l’une des montagnes que je te dirai. »

Genèse XXII-2.

Le descriptif rapporté ici, dans le « Livre des Rois », du Temple de Salomon n’a rien d’extraordinaire quant à sa physionomie architecturale, (basé sur un carré long de rapport 3 sur 1), plusieurs temples de l’âge du fer découverts en Syrie notamment, tel que le « Temple d’Aïn Dara », ou en Jordanie et en Irak, ont tous une ressemblance frappante avec la structure connue du Temple du roi Salomon, comme décrit dans la Bible. On le sait, c’est le roi de Tyr qui fournit le bois de cèdres destiné à la confection du Temple de Salomon pour accueillir la Shekhina (שכינה) et, au sein du Débir, l’Arche d’Alliance avec les Tables de la Loi.

L’architecte Hiram s’appliqua, lui, à la confection des plans et à l’édification de l’ouvrage bâti sur « le Mont du Temple », en réalité un monticule de terres rapportées, une esplanade recréée de toutes pièces. On retrouve, bien sûr, dans l’animation 3D de Daniel Smith, tous les éléments évoqués dans le « Livre des Rois », éléments qui confectionnent pleinement l’architecture connue du Temple : la mer d’airain, les colonnes Jakin et Boaz, le Parvis des Gentils, le Parvis des Juifs, le Parvis des Prêtres, le Saint des Saints, séparé du reste de l’architecture par un immense voile, lieu dans lequel le grand prêtre pouvait pénétrer seul, une fois par an… A cet endroit plus que sacré se trouvait déposée la mythique Arche d’Alliance. Les décorations murales, dans l’animation de Smith, sont, elles, imaginées avec rigueur par l’artiste, sans ostentation. Le grand intérêt du film 3D de Daniel Smith est qu’il montre pour la première fois, avec une grande précision, l’intérieur et l’extérieur de la structure architecturale du Temple de Salomon, comme si vous y étiez…

Mais revenons maintenant à la réalité historique, c’est donc sur ce « plateau artificiel », surélevé, façonné de mains d’hommes il y a 2 000 ans, en plein cœur de ce qui deviendra plus tard le centre historique de Jérusalem que le premier Temple vit le jour. On y trouve aujourd’hui, outre la Mosquée Al-Aqsa qui fut en son temps la première demeure des Templiers à Jérusalem, le Dôme du Rôcher ou « Templum Domini » (Qubbat As-Sakhrah), construit sur le Mont Moriah. Il est un lieu saint par excellence, pas seulement pour l’Islam, mais véritablement pour les trois religions du Livre. C’est à l’intérieur de cette fabuleuse mosquée octogonale que l’on peut voir encore le fameux rocher en relation avec le sacrifice d’Abraham.

Aujourd’hui, c’est sous l’égide inflexible de l’autorité musulmane détenue par le Wafq, en plein cœur de Jérusalem, que l’esplanade des Mosquées est entièrement régie. Pour s’y rendre, il faut impérativement franchir un checkpoint où l’on est entièrement fouillé, pour pénétrer ensuite dans l’enceinte sacrée de l’esplanade – sans aucun signe religieux ostentatoire. Les jours d’ouverture sont très réglementés et les quelques heures où l’on peut accéder à l’esplanade des Mosquées sont réduites.

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Cette institution religieuse et pieuse qu’est le Wafq a vu son autorité débuter sous le règne de Saladin (1138-1193) et ne s’est plus jamais démentie depuis. Au XIXe siècle, l’accès à l’esplanade des Mosquées était encore interdit aux non-musulmans, à partir de 1967 le lieu fut ouvert au public sous condition, mais les prières non musulmanes restent toujours interdites. Compte tenu du climat de tension permanent existant entre les différentes communautés religieuses sur place, il n’est pas rare de voir ce lieu saint purement et simplement fermé au public, du jour au lendemain.

III –  » Le voyage nocturne « 

 

« II est exempt de toute imperfection, Celui Qui fit voyager de nuit Son serviteur, de la Mosquée sacrée à la Mosquée Al-Aqsa dont Nous avons béni les alentours, afin de lui montrer certains de Nos signes évidents. Il est Celui Qui entend et Qui voit. »

Coran XVII, 1.

Actuellement les fouilles archéologiques menées aux abords de l’esplanade sont strictement prohibées, sachant que des archéologues israéliens ont annoncé officiellement, il y a quelques années, qu’ils avaient commencé d’exhumer les vestiges du palais du roi David, autrement dit du premier Temple de Salomon… Lors d’un voyage récent, nous avons pu descendre, à Jérusalem, dans les vestiges ruinés des gigantesques souterrains sous l’esplanade des Mosquées. Les nombreuses et différentes substructures existantes encore témoignent de l’importance archéologique du site sacré, de son riche passé et bien entendu de sa chronologie.

9_--.jpg Dans le cadre de nos travaux de recherches nous sommes entrés en relation, en 2014, avec l’archéologue Jaëlle Chouraqui et avons pu rencontrer, in situ, grâce à elle, certaines de ses connaissances, des membres d’une équipe d’archéologues du projet « Sifting Israël Excavation Society » dirigé par le Professeur Gabriel Barkay, Docteur en archéologie.

Gabriel Barkay est né en Hongrie en 1944, et a immigré en Israël en 1950, il est diplômé de l’Université de Tel-Aviv et récipiendaire du Prix de Jérusalem pour la recherche archéologique, en 1996. Celui-ci, avec son équipe, a pu reprendre in extremis, des fouilles archéologiques fondamentales, portant sur plusieurs tonnes de sédiments profonds qui avaient été évacué par des musulmans de Jérusalem, nuitamment, des environs de l’esplanade des Mosquées, pour prendre en camions-bennes la direction d’une décharge publique…

Ce fait divers inquiétant défraya à l’époque la chronique lors de l’affaire dite « des vestiges du palais du roi David », où des fouilles archéologiques souterraines avaient été entreprises par des archéologues israéliens – en-dessous de l’esplanade des mosquées – sous Jérusalem-Est – secteur majoritairement arabe de la ville !

Rappelons ici, au passage, que le creusement d’un tunnel, en 1996, avait à l’époque dégénéré en véritables émeutes, si violentes qu’elles firent soixante-seize victimes… En 2007 ce fut, également, compte tenu de ce passif, le début d’un épisode très houleux entre les membres du clergé de la communauté musulmane de Jérusalem et les autorités israéliennes en charge de l’administration de la ville. A cette occasion, le premier ministre palestinien, Ismaïl Haniyeh, membre du Hamas, appela à la mobilisation contre ces travaux archéologiques qui mettaient en péril les fondations du site. Par la suite le Hamas entra lui aussi dans la danse, suivi de près par plusieurs pays arabes : Jordanie, Egypte, Maroc qui menacèrent tous Israël de représailles si ces fouilles n’étaient pas interrompues immédiatement. Il faut souligner, en l’état, que les antagonismes féroces, au plan historique, entre les communautés musulmanes et juives n’ont fait que s’exacerber depuis un demi-siècle, chacune de ces communautés considérant que le lieu saint du Mont Moriah, (troisième lieu saint de l’Islam après La Mecque et Médine), où se situe exactement « la pierre d’assise » autrement dit le « Rocher de la Fondation » (אבן השתייה) lui appartient en-propre de manière ancestrale. En effet, c’est également le lieu saint où le Prophète est venu en rêve (Isra), lors d’un voyage initiatique, de la Mecque à Jérusalem. Arrivé en songe sur le lieu – grâce au Bouraq – le coursier céleste aux ailes déployées, le Prophète serait monté miraculeusement aux Cieux lors d’un épisode bien connu des musulmans nommé : « le voyage nocturne ».

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Ascension (Mi’râj) qui mit le Prophète en présence de son Créateur (Allah). Lors de ce fameux « voyage nocturne » le Prophète reçut un enseignement directement du Divin puis, selon la Tradition, redescendit ensuite des Cieux pour aller aux enfers accompagné de l’archange Gabriel. Durant son voyage le Prophète eut plusieurs visions dont une principale concernant la fin du Monde. Lors de cette transe mystique le Prophète vit le Monde réduit en esclavage, telle une « vieille femme » dont les jours étaient comptés, c’est-à-dire que la période déjà écoulée au moment de la vision était largement plus importante que le temps qui restait à échoir.

IV – Le Mont du Temple et ses controverses

« Ne savez-vous pas que votre corps est le Temple du Saint-Esprit, qui est en vous ? »

Corinthiens VI-19

Un rare document, de 16 pages, imprimé par les frères Franciscains de Jérusalem, que nous avons pu retrouver au cours de nos recherches sur les chevaliers Templiers en Palestine, (pour la réalisation finale d’un livre sur les « Symboles Templiers » que nous publierons prochainement aux éditions Arqa), va à contresens de ce que nous disent certains historiens contemporains et religieux, tenants de la thèse d’une implantation musulmane éternelle sur le lieu sacré où se trouvait le Temple de Salomon. Ce petit livre que nous avons pu consulter à Jérusalem, écrit en langue anglaise, édité en 1924 par le « Suprême Conseil Musulman » – autant dire qu’il est véritablement un gage d’absolue orthodoxie en la matière – intitulé : « Guide du Mont du Temple – Un guide bref d’Al-Haram Al-Sharif » stipule spécifiquement la datation de l’implantation musulmane sur le lieu saint.

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Dans un passage éclairant, au sujet du lieudit et de l’esplanade des Mosquées, page 4, nous pouvons lire que :

« Les deux édifices principaux sont le Dôme du Rocher, édifié sur une plate-forme surélevée au centre du lieu et la mosquée Al Aqsa contre le mur Sud. D’autres bâtiments que nous examinerons plus tard se trouvent en pointillés ici et là. Sur la gauche, le long du mur Est, les doubles portails de la Porte d’Or apparaissent. De chaque côté, des arbres cassent la perspective qui prête un charme particulier à la scène. Le site est l’un des plus anciens du monde. Sa sainteté date de l’origine, peut-être de la préhistoire. Son identité avec le site du Temple de Salomon est incontestable. C’est ici l’endroit, selon la croyance universelle, sur laquelle « David bâtit-là un autel à l’Éternel et présenta des offrandes et des sacrifices flamboyants pour la prospérité. Mais, comme le but de ce guide se limite à la période musulmane, le point de départ est l’année 637 après Jésus-Christ. En cette même année, le calife Omar a occupé Jérusalem et l’un de ses premiers actes fut de se rendre sur ce site qui avait été depuis longtemps négligé. Le calife et ses quatre mille fidèles trouvèrent une grande désolation et nombre de détritus. Il y avait-là des murs en ruine des périodes hérodiennes et romaines, les restes d’une basilique (probablement sur le site actuel d’Al Aqsa) et de la roche à nue. Pourtant, c’est bien de ce rocher que le Prophète était – selon la tradition – monté au ciel sur son cheval. Donc, le calife a ordonné qu’une mosquée soit érigée sur cet emplacement. Ses ordres furent exécutés et le bâtiment a été vu par la suite et décrit par l’évêque Arculfe qui a visité Jérusalem environ en l’an 670 après Jésus-Christ. Mais aucun vestige de cette époque ne reste au jour, sauf pour le nom de la « mosquée d’Omar» qui est toujours-là, nom parfois utilisé bien à tort pour le Dôme du Rocher. »

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On voit bien-là, avec ce document historique précis émanant de la plus haute autorité musulmane, que celle-ci reconnaît bien au peuple juif une implantation ancienne incontestable et signale de plus l’origine exacte de son arrivée en propre, en l’an 637. Bien que suscitant de fortes turbulences, cette vision historique est d’ailleurs corroborée, depuis 2006, par les découvertes récentes des archéologues israéliens Eilat Marzar et Gabriel Barkay qui prouvent que des tribus juives ont bien vécu sur l’ancien site de Jérusalem, au moins seize siècles avant les musulmans. Ce point d’histoire étant posé, élément qui fait fi de toutes considérations politiques, il devrait un jour, dans un futur idéal, mettre fin à toutes controverses historiques, sans pour autant dénier à quiconque sa liberté religieuse, sa liberté de territoire ainsi que sa liberté de pensée. Pour être complet et équilibré sur cet aspect si délicat de la controverse entre juifs et musulmans sur le dossier complexe de l’esplanade des Mosquées, signalons que la nature de la polémique vient également du fait, qu’au plan théologique, toujours selon la tradition musulmane, le premier « fondateur de la Mosquée Al-Aqsa », sur le lieudit, (avant même la construction de la Mosquée), serait ni plus ni moins qu’Adam lui-même, considéré par les musulmans comme « le premier prophète de l’Islam » et « le premier messager » – ce qui d’ailleurs en fait, à ce titre et en tant que « prophète », l’égal de l’Adam biblique, puisque créé un et unique – pour ces deux religions. Bien sûr, en la matière, l’éternelle question reste posée. Faut-il, devant les textes sacrés à étudier, avoir une approche strictement historique ou de surcroît religieuse… ? Avoir une approche uniquement scientifique de la Création est sans aucun doute vider les textes sacrés de leurs substances vitales archétypales, mais ignorer les faits historiques reste pour tous, sans conteste, un écueil insurmontable.

V – Ô Jérusalem


« Ces paroles sont certaines et vraies ; le Seigneur Dieu, qui inspire les prophètes, a envoyé son Ange pour montrer à ses serviteurs ce qui doit arriver bientôt. Voici que mon retour est proche ! Heureux celui qui garde les paroles prophétiques de ce Livre. »

Jean Apocalypse XXII – 6

Il nous faut maintenant relater ce que découvrirent les archéologues, à Jérusalem, en 2007, en expertisant et en passant au tamis des tonnes et des tonnes de sédiments profonds datant, entre autres, de la période du Roi David, soit 1000 ans avant notre ère… Signalons d’ailleurs que ces investigations archéologiques se poursuivent encore aujourd’hui.

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A vrai dire, les fouilles inespérées du Professeur Gabriel Barkay et des équipes archéologiques sur place, eurent le bonheur d’heureuses faveurs puisque des dizaines de milliers de découvertes diverses et variées, tessons de tous types, poteries et émaux, armes de toutes époques, pointes de flèches, sceaux, monnaies, etc., ont révélé une très riche activité humaine prépondérante sur le site-même du Mont du Temple couvrant une période historique de plus de quinze mille ans ! Parmi ces milliers de découvertes qui nous renseignent savamment sur la vie des peuples successifs habitant le lieu, l’une d’entre-elles s’est avérée être un véritable trésor.

Il s’agit d’un sceau d’argile d’un centimètre et demi de diamètre, daté par les spécialistes de 2700 ans, connu sous le nom de « Sceau de Bethléem ». Le professeur Gabriel Barkay fut le premier à traduire ce sceau qui porte la mention « Bet Lehem » pour Bethléem. L’inscription sur le sceau mentionne : « Dans la septième année, Bethléem, pour le roi », ce qui confirme bien l’existence de la ville de Bethléem sept siècles avant la naissance du Christ et ce comme cela est spécifié dans les Ecritures. Eli Shukron, Directeur des fouilles de « la Cité de David », à Jérusalem, dira à ce propos : « Le sceau était imprimé sur un document ou des paiements fiscaux, envoyés de Bethléem au roi de Jérusalem. Ainsi, le sceau nous dit avant tout que Bethléem était une ville du royaume à l’époque du premier Temple. Comme le dit l’Ancien Testament, c’était une ville proche de Jérusalem, et c’est une chose réelle, pas seulement une histoire que nous connaissons par la Bible… ».

Pour l’heure, la conclusion que nous entendons donner in fine à notre article des « Chroniques de Mars » est une conclusion provisoire concernant la « théorie des trois Temples ». Nous savons que le premier Temple que nous avons présenté en exergue avec le film de Daniel Smith, dit « Temple de David » ou de « Salomon » fut détruit par le roi babylonien Nabuchodonosor, celui-ci fut reconstruit par le roi Hérode en 46 avant J.-C., puis à nouveau détruit par l’empereur romain Titus en l’an 70 de notre ère. Aujourd’hui, de nombreux mouvements sectaires sionistes à visée messianique, dans la mouvance du « Temple Institute » (Machon HaMikdash), considèrent que la reconstruction d’un « troisième Temple » sur l’esplanade des Mosquées, en lieu et place de la mosquée Al-Aqsa, est un projet à concevoir à terme comme recevable. Quand on connait les tensions intercommunautaires qui animent les uns et les autres, à Jérusalem, et au-delà entre palestiniens et israéliens, un tel projet semble être une folie inconsidérée d’autant que certains rabbins – qu’il faudrait aussi écouter – condamnent fermement toute reconstruction du Temple, par la force, et sans l’aide de Dieu…

En dénouement, dans l’attente d’un prophète qui effectuera un voyage diurne et compte tenu d’un certain « compte-à-rebours », au-delà des querelles intestines, comme aurait pu l’écrire Emmanuel Swedenborg, il se pourrait bien par ailleurs que le troisième Temple n’ayant pas encore eu le temps de sortir de terre, tous ces gardiens exaltés, nimbés de lumière, affairés dans des tranchées à lire le Coran et le Talmud, creusant en rêves des fondations de temples, se trouvent un jour amenés à regarder par-dessus leurs épaules en direction des cieux, pour voir en un moment béni l’ombre portée de la Jérusalem Céleste descendre doucement et sans bruit, glisser entre deux eaux des cieux bleutés de l’empyrée pour se profiler sans mots dire juste au-dessus de leurs têtes… Mais ceci est sans aucun doute une autre histoire – et pas seulement de science-fiction.

Thierry E. Garnier – Texte et photos © // Les Chroniques de MARS No 20 – Mars 2016 – ARQA éditions.

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