Rencontre avec Philippe Bonin.
Nous avons sollicité ce mois-ci, pour les lecteurs des « Chroniques de Mars » un entretien avec Philippe Bonin, scientifique à la fois féru d’astrologie, mais aussi possédant une formation d’astronome très qualifiée, ce qui lui permet d’avoir un regard aiguë pour ne pas dire critique, sur l’astrologie contemporaine, parfois totalement coupée de principes astronomiques de base, non pris en compte par le bagage pourtant nécessaire à tout astrologue de formation… Cet initié a bien voulu répondre à nos questions concernant les types d’astrologie qu’il maîtrise, nous donner son approche personnelle de ceux-ci, et aussi prendre des risques…, ce que bien peu d’astrologues sont prêts à faire de façon publique, en nous donnant ses analyses astrologiques mondiales pour l’année 2014 à partir de ses connaissances en astrologie indienne.
Philippe Bonin, en tant qu’astrologue, a appris l’astrologie traditionnelle occidentale et indienne avec Denis Labouré. Il pratique la lecture des thèmes d’interrogation (astrologie horaire) ainsi que des thèmes de naissance. Sa préférence va à l’astrologie de l’Inde, restée très proche de ses racines divinatoires, et imprégnée d’un état d’esprit qui a survécu à la censure religieuse et au scientisme. Il a également suivi l’enseignement d’Eric Spirau en Ba zi, l’une des deux grandes formes survivantes de l’astrologie chinoise. Depuis une douzaine d’années, il se consacre à la consultation et à la recherche.
Les Chroniques de Mars – Equinoxe de Printemps 2014.
Philippe Bonin – Site INTERNET
Philippe Bonin – Interview
Les Chroniques de Mars // Commençons si vous le voulez bien par l’astrologie dite « traditionnelle », quel est votre éclairage sur cette pratique ?
Philippe Bonin // L’astrologie est parfois qualifiée de science par les textes anciens. Elle l’est si l’on redonne au mot son sens originel de « connaissance ». Par contre, elle n’a rien à voir avec une science telle qu’on l’entend aujourd’hui. Elle est plutôt un art, car elle dépend des qualités du praticien. Elle s’inscrit dans la liste des arts divinatoires utilisant un support, avec cette particularité que le support est naturel, il s’agit du ciel. L’astrologue, confronté à une question du consultant, regarde les signes que le ciel offre au regard pour y lire une réponse. Nous sommes dans un processus divinatoire qui fera extraire d’une quantité d’informations contradictoires ce qui est pertinent pour le consultant. Cette dimension divinatoire est ce qui caractérise l’astrologie traditionnelle. Il ne s’agit pas d’appartenir à une lignée ininterrompue de praticiens qui aurait véhiculé les arcanes de la connaissance astrologique…Une telle lignée n’existe pas. Mais il s’agit de partager un état d’esprit, celui qui est propice à l’acte divinatoire, et de connaître le symbolisme des astres, qui est un langage pour exprimer les réponses lisibles dans le ciel.
Il est dommage que dans les pays d’islam et dans le christianisme latin, un raidissement doctrinal opéré dans la deuxième partie du Moyen Age ait obligé l’astrologie à se travestir en science naturelle s’appuyant sur la physique d’Aristote. On parla d’influences astrales, de vibrations dans l’éther, etc. L’effondrement de la physique d’Aristote faillit amener celui de l’astrologie. Lorsqu’elle renaquit de ses cendres, elle était en piteux état. Il fallut le travail acharné d’érudits et de passionnés d’astrologie pour retrouver son sens profond. Entre temps, certains astrologues, ne comprenant plus pourquoi la prédiction astrologique était possible, avaient décrété que l’on ne pouvait déceler dans un thème de naissance que des tendances, se plaçant le plus souvent sur le terrain psychologique. Aujourd’hui encore, certains sont des adversaires acharnés de la prédiction. D’autres prétendent que la dimension divinatoire de l’astrologie négligerait le « libre arbitre » de l’être humain. Le fait de percevoir à l’avance l’évolution d’une situation donne la possibilité de réagir autrement qu’en étant passif et ignorant. Cette accusation de fatalisme est aussi ridicule que de prétendre que la météorologie priverait l’homme de son « libre arbitre ». L’astrologie est un outil qui offre à chacun la liberté de se servir comme il l’entend d’une information qui lui est communiquée par l’observation du ciel.
Les Chroniques de Mars // Pouvez-vous nous parler de l’astrologie généthliaque ou astrologie du thème de naissance ?
Philippe Bonin // C’est la forme d’astrologie la plus connue. Elle s’intéresse à la carte du ciel natal. Il importe de dissiper un malentendu : le thème natal d’un individu n’est pas un livre où on lirait toute sa destinée. C’est souvent ce qu’ont à l’esprit ceux qui accusent l’astrologie traditionnelle de fatalisme. En fait, un thème de naissance ne véhicule à lui seul aucune information. C’est l’astrologue, qui en regardant les configurations du ciel natal, sera à même de répondre à des interrogations du consultant sur sa vie. A chaque consultation, c’est comme si l’on regardait un thème nouveau, le praticien doit aborder la carte du ciel comme s’il ne l’avait jamais étudiée auparavant, avec un regard neuf. Pour autant, il est possible de prédire assez précisément (et de dater) certains événements. Mais il est également possible de « négocier avec les dieux » (une expression qu’affectionne mon instructeur Denis Labouré). L’astrologie offre des antidotes possibles aux éléments défavorables de la destinée. Des initiatives pertinentes peuvent être prises qui infléchiront le cours des choses. On ne change pas les conditions de départ qui ont mis un corps en mouvement, mais d’autres impulsions peuvent complètement modifier sa trajectoire, même si elles doivent tenir compte des contraintes imposées au commencement. Ainsi l’étude du thème natal n’est pas celle d’une espèce de « machine infernale » qui entraînerait le consultant toute sa vie sur un chemin qu’il n’aurait d’autre choix que de parcourir. Elle est le décodage de certaines lignes de force qui sont présentes dans la vie d’un individu et que l’acte divinatoire permet de faire émerger à la conscience.
Les Chroniques de Mars // En ce qui concerne l’astrologie des interrogations ou « astrologie horaire » ? Que pouvez-vous nous dire ?
Philippe Bonin // C’est la forme d’astrologie dont la parenté avec les autres arts divinatoires est la plus évidente : le consultant pose une question (qui peut être d’ordre affectif, professionnel…) et l’on dresse le thème pour le moment où la question est posée. La carte du ciel indique quelle sera l’issue de la situation qui préoccupe le consultant. Là encore, la réponse laissera la possibilité de s’adapter au cours futur des événements plutôt que de les subir dans l’ignorance. Parfois un pronostic favorable permettra de laisser faire le cours des choses et parfois une initiative pourra être requise. Il n’y a pas de question stupide en astrologie horaire, du moment qu’elle représente quelque chose d’important, ayant une « charge » affective pour celui qui interroge.
Les Chroniques de Mars // Vous connaissez très bien l’astrologie de l’Inde et l’enseignement de Raman, pouvez-vous nous en parler un peu pour nos lecteurs ?
Philippe Bonin // L’Inde a conservé l’état d’esprit de l’astrologie traditionnelle, et même l’occidentalisation qui faillit l’emporter avec la colonisation n’en vint pas à bout : quelques astrologues (il faut saluer l’œuvre considérable de BV Raman) parvinrent à maintenir vivante l’astrologie qu’il était de bon ton de dénigrer dans certains milieux. Alors que l’occident avait perdu de nombreux trésors de l’astrologie antique et médiévale, l’Inde les avait conservés et y avait apporté son génie propre. C’est pourquoi l’étude de l’astrologie indienne et son usage en consultation représentent bien autre chose qu’une touche d’exotisme : un moyen de renouer avec les racines de l’art…
Les Chroniques de Mars // Votre travail d’astrologue vous a amené à vous intéresser au Ba zi, c’est-à-dire une forme d’astrologie chinoise. Pouvez-vous nous en dresser sommairement les contours ?
Philippe Bonin // La Chine a connu de nombreux systèmes astrologiques. Le ba zi est l’un de ceux qui survivent. « Ba zi » veut dire « huit caractères ». Un thème repose en effet sur quatre piliers comportant chacun un tronc céleste et une branche terrestre, qui correspondent à des notions de l’ancienne cosmologie chinoise…
Ces troncs et ces branches montrent quels sont parmi les cinq éléments (bois, feu, terre, métal et eau) ceux qui prédominent chez le natif, si la polarité dominante est yin ou yang, et quelles déités attachées aux éléments (nous sommes dans une cosmologie proche encore du chamanisme) vont influer sur la destinée. On peut ainsi identifier les penchants d’un individu, et vers quoi les événements de sa vie vont l’orienter. Toutefois, là encore, aucun fatalisme, puisque la connaissance de ces processus permet de les influencer par un rééquilibrage des éléments et des polarités (yin ou yang). Le ba zi s’avère ainsi un outil de diagnostic, mais il suggère aussi des solutions aux problèmes de l’existence résultant des déséquilibres identifiés dans le thème.
Philippe BONIN © pour les Chroniques de Mars numéro 14 – mars 2014.
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