L’apparition formelle des trois Manifestes de la Rose-Croix, en 1614, 1615 et 1616, marque trois dates mémorielles dans l’Histoire de l’Hermétisme occidental. Passé quatre siècles, elles marquent aussi un anniversaire en forme de pierre blanche posée sur la ligne du temps, en signe sacramentel. Un signe des temps mais aussi un sceau de cire rouge orné d’une rose pourpre, en relief, pour signifier à chacun, au passant, au questeur, à quel point les écrits de l’Ancien Ordre mystique sont fondamentaux pour toute quête initiatique authentique.
Les éditions Arqa se devaient de saluer à leur manière ce moment si important, en cette date anniversaire, pour commémorer les quatre-cents ans de la Fama, de la Confessio et des Noces, et pour ainsi faire œuvre utile en présentant de nombreux documents inédits sur ces « Frères invisibles ».
« Ainsi, quiconque écoute ces paroles que je viens de dire et les mets en
pratique peut se comparer à un homme avisé qui a bâtit sa maison sur le roc. »
Matthieu VII-24.
L’authenticité de la Fraternité, ses membres, sa philosophie, son histoire, sa mission, rien qui ne touche de près ou de loin à la fameuse Confrérie n’a été sujet à controverse. La Rose-Croix reste un éternel mystère pour la plupart des individus. Que dire de ce soleil rouge dont le rayonnement ne peut encore être perçu par l’homme actuel, alors que les plus évolués d’entre nous aperçoivent à peine cet agent immatériel ? Des siècles seront nécessaires à l’humanité pour qu’elle puisse en avoir seulement une idée. Nous pouvons seulement relater l’existence d’une Communauté aussi lumineuse qu’impénétrable, gouvernée depuis la nuit des temps par une Vérité et unie par cet Esprit de Sagesse, qui a la fonction d’enseigner les Mystères de Dieu et d’apporter la Lumière aux peuples. Ses membres sont si intimement liés les uns aux autres qu’ils ne livrent jamais à quiconque le secret de leur appartenance « sans se l’être attachés corps et âme, sans cela ils n’acceptent personne ; et sur cent mille, à peine un homme parvient-il a être admis » ; en conséquence aucun document n’existe relatant d’une manière claire son origine, sa ou ses filiations, la liste de ses membres, son histoire en détail ; ou alors ces renseignements se trouvent oubliés sous quelque sable d’une contrée lointaine ou au fond de quelque bibliothèque triplement fermée. Par souci de discrétion, exécutant les Directives Célestes, elle change de nom à travers les époques.
Les quantités d’encre que cette sainte communauté a fait couler sont trop importantes pour que notre petite présentation fourmillant d’hésitations et de gaucheries apporte cette révélation tant attendue mais impossible en soi. Alors notre intention reste la plus simple, essayer avec l’aide de Dieu et l’œil d’un mystique et non celui d’un savant, d’en extraire quelques traits essentiels, quelques directives pour quelques âmes égarées sur le complexe chemin de la Connaissance. Envoyé et guidé par L’Esprit qui obombre ceux qui cherchent la vérité avec un cœur d’enfant, l’ami Sédir, dont la clarté d’esprit inimitable et la chair cristalline furent presque des amants inséparables, devait suivre les pistes les plus sérieuses, s’abreuver aux sources les plus vraies. C’est donc lui que nous avons choisi pour être notre Virgile, notre guide dans cette traversée chaotique, d’une diversité vertigineuse de vrais et faux témoignages, dans cet enchevêtrement de thèses et de renseignements les plus divers. Sans oublier la totalité de son œuvre où tous les questionnements mystiques semblent trouver la réponse claire et saine, citons son ouvrage sur le sujet Histoire et Doctrines des Rose-Croix publié au début du siècle dernier et qui devait ramener quelques chercheurs dispersés de son temps vers Jésus. Nos petits travaux sur le sujet doivent tout à l’authentique « Racheté de l’Eternel ».
L’origine lointaine des Rose-Croix est problématique. L’Ecriture est claire et de nombreuses traditions religieuses concordent en leurs termes : à l’origine Dieu remplit la terre d’Esprit Saint. Lors de la sélection de la tribu de Lévi « vint Schlomoh (Salomon) qui composa le livre des chanteurs, et y joignit la Sagesse. Dans le même temps disparut du monde le secret du Serpent originel et l’Univers rentra dans l’ordre ». Ainsi le Roi Schlomoh donne la paix au monde en révélant le Shir Hashirim (le « Cantique des Cantiques ») aux trente six chanteurs qui gardèrent ce livre et le chantèrent une fois l’an au jour de fête solennelle. Une certaine tradition orale druidique discrète, affirme que la plus pure des synthèses patriarcales, celle de l’Ancienne Alliance, est désignée comme une « pierre brute » vieille de 30 000 ans. Cette tradition quaternaire trouverait sa source aux environs du pôle boréal.
La pierre tombe du ciel, c’est celle du premier jour (beth-el) ; se fiche en terre, et, assise, elle est au point initial de la ré-ascension (beth-yl) ; travaillée ensuite en forme de pierre cubique, elle devient alors la maison du mensonge (beth-aven) ; pour finir par devenir une pierre de vie (beth-lehem) remontant au ciel comme pierre précieuse à 144 faces… Pourquoi relier cette lointaine révélation à notre sujet d’aujourd’hui ? Parce que la Rose-Croix est justement le Temple du Saint Esprit. Authentique pierre vivante que l’intelligence ne peut conceptualiser encore. C’est un peu comme un courant harmonisant de minéralisation, de matérialisation, d’agglomération de la Lumière divine. Le mystère de son origine est d’autant plus complexe qu’elle est lointaine ; la plupart des auteurs de l’ésotérisme contemporain lui accordent une origine atlante. La Rose-Croix vient-elle d’Égypte comme l’ont affirmé Mackensie et Lewis ? À cette question semble répondre Cagliostro dont la parole ne peut être mise en doute : « Toute initiation vient d’Égypte ». Mais, vient cette question fondamentale qu’il faut se poser lorsque l’on étudie le sujet de cette mystérieuse Assemblée traversant les époques : la Rose-Croix, Organon du Savoir total et du pouvoir spirituel, est-elle œuvre d’initiés ou mystique d’origine céleste ?
Notre réponse est claire, sans ambiguïté : la Rose-Croix est d’origine divine, mais les forces ténébreuses vont essayer de s’accaparer cette Pierre de Vie en la modelant à leur guise ; de là naîtront divers courants religieux ou philosophiques. Lorsque la pierre mystique est taillée, elle devient œuvre d’initiés, silencieuse, muette, occulte, symbolique, rituelle pour finir. Elle est assise, elle n’est plus en mouvement, elle est comme morte : c’est l’établissement de la maison du mensonge déjà précitée. Heureusement, la Providence ne permet pas que le pur flambeau mystique soit éteint par diverses manipulations humaines ; l’Esprit, libre par essence, s’en va et illumine différents peuples à différentes époques. Écoutons ce que nous dit Sédir : « à l’époque du jeune hébreu sauvé des eaux, l’Égypte et ses temples de Thèbes renfermaient les archives sacerdotales des Atlantes et celles de l’Église de Ram. Ces dernières étaient une synthèse de l’ésotérisme de la race noire, recueilli par l’ancienne Inde envahie par les Blancs. D’autre part, Moïse recueillit dans les temples de Jéthro, dernier survivant des sacerdoces noirs, les mystères purs de cette race. Ainsi la Tradition orale que le pasteur des hébreux laissa aux soixante-dix élus par lui, comprenait l’ensemble de toutes les traditions occultes que la terre avait reçu depuis son origine ». Le Ciel envoie par intervalles réguliers des âmes missionnées pour subvenir aux besoins de la planète et avancer le processus de régénération ; voici quelque noms que l’histoire religieuse a retenu : Hénoch, septième fils d’Adam et Père de la Science, Moïse figure de l’acte et du vouloir, Ezéchiel, Jacob et Melchisédech, Roi de Justice – (Cf. Légende libanaise – Arqa édition 2016). La filiation sacerdotale des prêtres selon l’Ordre de Melchisédech dont le sacrement essentiel est le sacrifice de soi même pour l’Amour de Dieu, se perpétue alors jusqu’aux prophètes, jusqu’au puissant Élie dont la régénération du corps indique le type d’initiation pour aboutir à l’avènement ultime, la Naissance de Notre Seigneur Jésus-Christ, chef de l’Église Intérieure. Ceux qui ne sont pas convaincus de cette Filiation préparatrice qui se perpétue de la Celtide à Bethléem trouveront dans
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Benoît FICHEFET – Les Chroniques de Mars, numéro 22 – novembre – décembre 2016.
1614-1615-1616 – 2014-2015-2016
400e ANNIVERSAIRE de la ROSE-CROIX // L’héritage de Christian Rosencreutz
400e ANNIVERSAIRE de la ROSE-CROIX // Préface de la « FAMA » de 1615 – Édition de Dantzig
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RAFAL T. PRINKE // « Lampado Trado » – De la Fama Fraternitatis à la Golden Dawn
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