L’apparition formelle des trois Manifestes de la Rose-Croix, en 1614, 1615 et 1616, marque trois dates mémorielles dans l’Histoire de l’Hermétisme occidental. Passé quatre siècles, elles marquent aussi un anniversaire en forme de pierre blanche posée sur la ligne du temps, en signe sacramentel. Un signe des temps mais aussi un sceau de cire rouge orné d’une rose pourpre, en relief, pour signifier à chacun, au passant, au questeur, à quel point les écrits de l’Ancien Ordre mystique sont fondamentaux pour toute quête initiatique authentique.
Les éditions Arqa se devaient de saluer à leur manière ce moment si important, en cette date anniversaire, pour commémorer les quatre-cents ans de la Fama, de la Confessio et des Noces, et pour ainsi faire œuvre utile en présentant de nombreux documents inédits sur ces « Frères invisibles ».
Ce que rapporte la Fama
« Le matin, nous avons ouvert la porte et avons découvert une salle voûtée en forme d’heptaèdre dont chacun des côtés faisait un mètre cinquante de longueur sur deux mètres cinquante de hauteur. Bien que les rayons du soleil n’aient jamais brillé dans cette salle, elle n’en était pas moins éclairée par un autre soleil artificiel] qui imitait en cela le premier et qui se trouvait dans la partie supérieure, au centre du plafond. Au milieu, à la place de la pierre tombale, il y avait un petit autel rond recouvert d’une petite plaque de cuivre sur laquelle était écrit : A. C. R. C. Ce compendium de l’univers, je l’ai réalisé pendant mon existence comme un tombeau pour moi. »
Autour du premier cercle ou sur la bordure, se trouvaient les mots :
« Jésus est tout pour moi ».
Et, au milieu, il y avait quatre figures entourées d’un cercle avec l’inscription suivante :
1. Le vide n’existe pas.
2. Le joug de la Loi.
3. La liberté de l’Evangile.
4. La Gloire de Dieu est intacte.
« Le message était clair et visible comme l’étaient les sept côtés et les deux fois sept triangles… Chacun des côtés était divisé en dix sections quadrangulaires contenant des figures et des sentences diverses comme cela est décrit de façon soigneuse et précise dans notre livret Concentratum. Le sol était lui aussi divisé en triangles …
Chaque côté possédait une porte qui donnait l’accès à un coffre contenant des choses diverses et variées, particulièrement tous les livres que nous possédions déjà dont le Vocabulaire de Theophraste Bombast de Hohenheim et ceux que nous utilisons quotidiennement et dont nous rendons compte fidèlement à d’autres. C’est ici que nous avons découvert son Itinéraire, et sa Vita à partir desquels la majeure partie de ce travail est tiré.
Dans un autre coffre, il y avait des miroirs dotés de propriétés particulières et dans d’autres endroits encore, on pouvait trouver des clochettes, des torches allumées suspendues et surtout certains chants merveilleux, l’ensemble arrangé de telle façon que même si l’Ordre ou la Fraternité en venait à disparaitre [un jour], il soit possible, même plusieurs siècles après de le reconstituer à partir de cette unique salle voûtée.
Nous n’avions pas encore trouvé la dépouille mortelle de notre Père si prudent et si sage, aussi nous avons [eu l’idée de] déplacer l’autel de côté, ce qui nous permit de soulever une épaisse plaque de cuivre révélant un corps admirable et glorieux, entier, sans trace de décomposition, en parfaite conformité avec le portrait avec tous ses ornements et parures.
Dans sa main, il tenait un livre en parchemin écrit en lettres d’Or, appelé T., qui se trouve être après la Bible, notre plus trésor le plus précieux … »
Une chambre d’initiation devant conduire à l’Illumination
C’est par cette description que la Fama nous parle du Tombeau de Christian Rosencreutz. Un tombeau c’est toujours un lieu de métamorphose du corps en esprit ou d’une renaissance qui se prépare.
Les auteurs du Mystérieux Opuscule insistent fortement sur la Bibliothèque de livres de l’Ordre, extraordinaire dépôt de connaissances où Paracelse tient une place de choix. Dans la fourchette d’années qui paraît à peu près correspondre à la Fama, on sait que John Dee, vers 1583, avait constitué la plus grande bibliothèque de son époque – tout comme par un étonnant parallèle, sans doute le mystère des cycles en action, le créateur de l’Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix, Stanislas de Guaita, le fera en France au dix-neuvième siècle. Le premier étudiera les Anges et le second, le problème du Mal.
Mais cette connaissance livresque doit avant tout être interne sous peine d’être lettre morte. Frère N. N., un français de Gaule Narbonaise, entre dans le tombeau et remarque une étrange lumière. Cela ressemble fortement à un processus initiatique devant déboucher sur l’Illumination. On conserve en mémoire le corps d’Osiris démembré, la Caverne de Platon ou la Grotte d’Elie chère aux Rose-Croix justement. Le but étant de mourir à soi-même, c’est-à-dire de laisser son vieux moi, d’abandonner son vêtement. Une telle cérémonie fait passer l’aspirant de l’ombre à la Lumière.
N. N est ensuite amené à découvrir Frère C. R. C., à se confronter avec le Fondateur de l’Ordre, son supérieur et modèle. Viennent ensuite plusieurs découvertes sur les murs des compartiments cachés : livres, cloches, lampes… Ce faisant, il devient en capacité d’appréhender la connaissance cachée sur les murs qui ont probablement la couleur du spectre ou décomposition-diffraction de la Lumière. Il faut ensuite unifier, rassembler ce qui est épars, c’est-à-dire les sept parties ou sept Arts de la Connaissance, les sept arts libéraux… Et, les moindres détails seront pour lui des métaphores, on peut penser à des images mnémotechniques comme des chérubins, les quatre éléments, différents symboles alchimiques, les douze signes du zodiaque, les Séphiroth de la Kabbale, et surtout les sept planètes du processus d’initiation… ; qui lui rappelleront les moments forts de l’initiation secrète.
Ce Tombeau, imaginaire ou réel, servit d’ailleurs d’inspiration pour les cérémonies initiatiques (voyages astraux…) de plusieurs sociétés secrètes notamment pour (…)
Gil Alonso-Mier (extrait de L’Héritage de Christian Rosencreutz) – Les Chroniques de Mars, numéro 22 – novembre – décembre 2016.
1614-1615-1616 – 2014-2015-2016
400e ANNIVERSAIRE de la ROSE-CROIX // L’héritage de Christian Rosencreutz
400e ANNIVERSAIRE de la ROSE-CROIX // Préface de la « FAMA » de 1615 – Édition de Dantzig
400e ANNIVERSAIRE de la ROSE-CROIX // [Table des Matières
400e ANNIVERSAIRE de la ROSE-CROIX // Index nominum
400e ANNIVERSAIRE de la ROSE-CROIX // Cahier iconographique – De quelques documents inédits
Gil ALONSO-MIER // Christian Rosencreutz, une incroyable gravure
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