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L’élaboration conceptuelle de la mécanique quantique (MQ) date de plus d’un siècle ; œuvre de physiciens de renom de l’époque, elle visait à expliquer le comportement des éléments dans l’infiniment petit, à l’échelle de l’atome voire en-dessous au niveau subatomique, un monde peuplé uniquement de particules dites « élémentaires », d’électrons, de photons, etc. Il s’agissait aussi de décrire les interactions fondamentales entre les particules (électriques, magnétiques) mais aussi de celles-ci avec la lumière ; on voit que le champ d’application de la MQ n’a rien à voir avec la mécanique classique qui étudie les mouvements des objets, des machines, les systèmes, comme celle d’une horloge, par exemple ; elle s’adresse à un monde qui nous est totalement étranger et échappe totalement à nos sens, lesquels sont limités à appréhender le macroscopique plutôt que le microscopique. Et ce, même si nous sommes constitués de ces « particules élémentaires » qui constituent la matière.

Appliquer la théorie quantique au macroscopique, c’est aussi absurde que d’appliquer la mécanique classique au niveau atomique. A l’époque où l’on m’a enseigné la chimie, on aimait encore faire accroire que le fameux modèle planétaire de l’atome, constitué d’un noyau avec des électrons tournant autour comme les planètes autour du soleil, décrivait la réalité. Sauf qu’on savait déjà que l’électron n’a pas de trajectoire comme les planètes ont une orbite car il devrait alors émettre une radiation et perdre de l’énergie, ce qu’il ne fait pas puisqu’il ne se rapproche jamais du noyau (protons + neutrons). Il est en même temps partout autour de l’atome, étant plus probablement quelque part à son voisinage mais pouvant, tout aussi bien, s’en trouver très éloigné !

La notion d’« orbite » n’a pas de sens dans l’infiniment petit et la théorie quantique lui a substitué celle de « nuage de probabilité » même si l’électron unique n’y est aucunement dispersé. Plus on se rapproche du noyau atomique, plus l’électron a des chances de s’y trouver. Ce « nuage » n’est qu’une représentation destinée à faciliter la compréhension des étudiants mais elle n’a rien à voir non plus avec la réalité : l’atome ne ressemble pas plus à un soleil avec sa planète gravitant autour qu’à une boule rigide de diamètre déterminé. Rien, dans notre réalité de tous les jours, n’y correspond.

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Ainsi, la MQ a fait voler en éclat cette image analogique « planétaire » pourtant très « mnémonique » pour les jeunes cerveaux en développement, l’électron ne tournant pas autour du noyau de l’atome. La physique classique ne fonctionne pas pour l’atome ; c’est d’ailleurs pour ça qu’il a fallu inventer autre chose, précisément la MQ.

Cette MQ a d’ailleurs été un grand succès quant à son pouvoir de prédiction et ses vérifications ; elle est « prouvée par les conséquences que l’on peut en tirer » et peut être décrite comme un triomphe de l’abstraction appliquée à ce monde sous-jacent invisible qui n’est pas en contradiction avec notre propre réalité puisqu’il en constitue l’infrastructure. En ce sens, on peut dire que la MQ est une théorie de nature parfaitement matérialiste parce que les atomes, les particules, y compris les photons (sans masse), sont matériels ; E. Wigner, prix Nobel en 1939, prouva mathématiquement que toute chose possédant de l’énergie et une quantité de mouvement (inertie, déplacement, etc.), une masse (même nulle) et un spin disent les physiciens, est de nature matérielle, que ce soit une particule subatomique ou un camion. Ainsi, tordons le cou à l’idée reçue selon laquelle la MQ ne serait pas matérialiste – c’est faux – ; elle n’est ni antimatérialiste, ni psychique, ni spirituelle, voire spiritualiste, et ne saurait s’appliquer à quelque subtilité issue d’un paranormal indéterminé. De la sorte, en tant que science qui étudie des particules de matière, la MQ ne sape aucunement l’hypothèse classique matérialiste, tout au contraire. Qu’on se le dise une fois pour toute : la physique quantique n’est pas la physique de l’esprit.

Cela clairement proclamé, il n’empêche qu’appliquée à un monde sans commune mesure avec le nôtre à l’échelle humaine (nous sommes constitués de milliards de milliards d’atomes), la MQ draine des notions bizarres, apparemment irrationnelles (un électron peut interférer avec lui-même !), des paradoxes « hors du sens commun » (EPR), accessibles à des expériences extrêmement sophistiquées comme la dualité, la non-localité, la superposition, la séparabilité, l’effet tunnel, etc., concepts manifestement pas en vigueur à notre niveau.

Mais c’est dans les années 1970 que certains non-physiciens, alertés de ces notions abstruses mais ô combien propices à enflammer l’imagination, ont réalisé tout le bénéfice qu’ils pourraient récolter en détournant la MQ en deçà et au-delà de sa résolution initiale pour l’appliquer à leur propre désarroi. Et que cela pouvait leur épargner une difficile élaboration de la théorie du psi ; ils se sont mis à faire des rapprochements avec certains phénomènes de notre réalité. Notamment des parapsychologues (par exemple, Krippner, en 1977) qui y ont vu un moyen de construire une théorie autour de certaines anomalies de la psychologie, par exemple la micro-psychocinèse. Avec la prudence en vogue à l’époque qui, hélas, n’a plus cours aujourd’hui où tout le monde se permet de dire n’importe quoi.

Avec une certaine responsabilité, des physiciens du temps sont venu gentiment leur indiquer qu’ils se fourvoyaient en extrapolant ainsi aussi loin des électrons aux objets et en fait cette remise en perspective s’est opérée sans heurts. Que le flou conceptuel des diverses interprétations de la MQ puisse être appliqué à la télépathie, la psychocinèse, la précognition, il s’agit là d’une tournure d’esprit scientiste parfaitement illusoire. Les parapsychologues responsables de l’époque se sont apparemment rangés à cet avis des spécialistes. « La parapsychologie n’est pas l’affaire des physiciens », écrivaient sans animosité des physiciens du CNRS dans la Revue Française de Psychotronique (ancêtre de la Revue Française de Parapsychologie) d’octobre 1988.

On en est resté là pendant un demi-siècle avec d’autres exemples parfaitement explicites de l’inanité de l’extrapolation de l’infiniment petit tel le mode de division cellulaire des microorganismes (bactéries, protozoaires) appelé « scissiparité » qui ne saurait sérieusement être utilisé pour expliquer le phénomène de « dédoublement » médiumnique qu’on dit à l’œuvre présumément par certains sujets et qui leur permettrait de se montrer en deux endroits en même temps (bilocation) ou de sortir de leur corps (OOBE) pour aller glaner des informations inaccessibles à eux physiquement (visions à distance, remote viewing).

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Mais voilà que récemment une certaine catégorie d’incompétents sont revenus s’abreuver à la source d’illusion fournie par la MQ et, complètement déboussolés par ce « distinguo » d’échelle, s’y sont noyés sans en mesurer l’absurdité ; ils s’autorisent aujourd’hui à colporter les pires inepties sans même s’en rendre compte d’autant que les vrais physiciens, débordés par ce déferlement d’âneries, ont renoncé à les détromper.

Ces théoriciens de pacotille, tenants du psi et de l’ufologie, sont généralement de formation non scientifique : ce sont des philosophes, des sociologues et autres « psy » de tous poils, qui, sans complexes, se sont emparés de la MQ, dont ils méconnaissent tout, pour apporter une réponse pseudo-scientifique au paranormal qui les fascine tant. Et ce, en reprenant les propriétés exfiltrées de l’infiniment petit. Une manière astucieuse de faire rentrer dans la légalité paradigmatique leurs observations hérétiques.

C’est ainsi qu’on a pu lire :

1/ L’atome « vide » de matière à 99,999999999 % expliquerait les passages à travers la matière (expériences de Zöllner et autres).

2/ Chaque chose est constituée d’énergie : même les parties de l’atome que nous pensions être des particules, sous certaines conditions, deviennent des ondes d’énergie (ce qui est inexact). Mais personne à ce jour, n’a vu une lourde armoire se transformer subitement en un flash lumineux sauf sous l’effet d’un incendie, ce qui l’empêche de réapparaître ailleurs.

3/ Le processus d’observation a un impact sur le système. « Nos observations affecteraient le monde ! » L’effet de l’observateur : l’observateur quantique oui, mais dire que notre observation créée notre propre réalité revient à admettre que les satellites de Mars n’existaient pas avant leur découverte, en 1877. C’est bien évidemment absurde : ils sont là depuis 2 à 3 milliards d’années. Même Einstein interpellé sur cette question, et qui n’était pas un fan de ce problème lança que la lune continue d’exister, paisible, même quand personne ne la regarde.

Appliqué à nous autres observateurs, cet effet ferait de nous des observateurs « actifs » créant des univers à chacune de nos pensées, de nos intentions. On a même inventé une loi dérivée de celle du centième singe : celle de la racine carrée de un pourcent au-delà de laquelle un petit nombre de personnes peuvent influencer la réalité de tous ! 800 000 personnes pacifistes réussiraient ainsi à établir une paix mondiale ! Quelle illusion !

Cette notion fait les choux gras de toute une littérature qui, flattant l’égo de chacun, en replaçant l’individu au centre de l’échiquier du monde, prétend lui insuffler une nouvelle philosophie de vie. Et, apparemment, le « quantique » se vend bien.

4/ L’entanglement (connectivité) quantique est comparé à une prétendue intrication psychique, la première notion indiquant une « connectivité » instantanée la seconde, une connexion télépathique. Un chiffre hallucinant de vitesse de propagation de l’information de 857 milliards de km/s a même été avancé (Nexus, mars/avril 2009).

5/ Effet tunnel : certaines fois, votre véhicule pourrait gravir une côte, moteur calé !

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6/ Univers parallèles : puisque différentes dimensions peuvent exister dans le même espace au niveau subatomique sur différentes fréquences (juste comme les différents signaux radio et télévision coexistent), certains parapsychologue aiment évoquer ces propriétés quantiques d’ailleurs mal comprises pour expliquer une fugitivité inhérente au psi (fugacité, élusivité) plutôt que se référer au romancier L. Carroll avec son chat du Chestshire qui disparaît dès qu’on le regarde. Ou bien ils ont recours aux dimensions multiples pour expliquer les hantises (fantômes), les matérialisations, les apports, etc.

Les partisans de la PSIence se sont engouffrés dans l’idée de perception multidimensionnelle et d’univers parallèles.

7/ Il serait possible de transcender le temps : on pourrait être à la fois mort et vivant si l’on se réfère à l’expérience de pensée du chat de Schrödinger, l’inventeur de la fameuse équation d’onde si complexe qui décrit l’évolution d’un système particulaire dans le temps en termes probalistiques, en vertu de la dualité particule-onde et qui la baptisa imprudemment du nom de « psi ».

Attention pour ces esprits enfiévrés par la MQ, cogiter sur ces concepts peut être dangereux : un physicien de génie nommé Ettore Majorana, né en 1906, n’y aurait pas résisté lui qui, en disparaissant mystérieusement en 1938 aurait voulu « jouer à l’homme de Schrödinger », ne donnant ni à ses amis ni aux autorités les moyens de savoir s’il s’était tué ou avait fui à l’étranger.

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Aussi, puis-je me permettre de donner un conseil à ceux qui sont tentés de puiser leur inspiration dans la MQ : celui de lire le livre de Richard Monvoisin : Quantox, les mésusages idéologiques de la mécanique quantique publié en 2013 par les Editions book-e-book. 59 pages qui les dessilleront sinon les instruiront. Car l’auteur y écrit avec pertinence : « Hélas, contrairement à ce que proposent certaines revues de vulgarisation – et quelques petits malins sur Internet, il n’existe pas de manière de comprendre la MQ en quelques instants, et je doute qu’il n’en existe jamais ».

Méditez donc, chers parapsychologues et ufologues, avant de vous enflammer sur le principe d’incertitude, par exemple.

Michel GRANGERles CHRONIQUES de MARS © No 24, Solstice d’été – juin 2017.

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