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« Quand tous les calculs compliqués se sont avérés comme incertains, quand les philosophes eux-mêmes n’ont plus rien à nous dire, il est excusable, de se tourner vers le babillage fortuit des oiseaux, l’art, ou vers le lointain contrepoids des astres. »

Marguerite Yourcenar

* * *

I – Sortilège

Une mouette passe dans l’azur.

Jamais, depuis ce jour béni, je n’ai cru autant à l’origine des choses… Le pèlerin invisible accompagne la cadence des ombres et rend compte avec amour de la floraison des sentiers. Les bas-côtés ensoleillés d’ajoncs resplendissants jouent, en cette partie de l’année, avec la pleine lumière quand le sable et les dunes apportent leurs propres vibrations. – Crois-tu, toi qui nous lis maintenant, en l’écume des jours… ?

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Entre tes mains fardées glisse l’eau des cascades et les senteurs des prés. Il n’y a rien de plus précieux que l’énergie de joie de l’été. Ce moment si intense et profond où le soleil est à son point culminant et où le jour le plus long de l’année nous accompagne à son paroxysme irradiant jusqu’au début de la nuit dans des pensées diurnes et ambulatoires… Pensées fugaces qui, je l’espère, vous ferons sauter en soirée, de lucioles en lucioles, par-dessus les flammes ocres, jaunes et rouges, de votre inconscient coloré…

A la saint Jean d’été, comme les sorciers d’antan, il nous faudra alors ramasser les plantes sacrées de nos grand-mères, ces plantes que nous utiliserons ensuite, toute l’année, pour des bienfaits insoupçonnés…

Elles sont, l’Armoise avant tout ; mais aussi la Joubarbe que l’on mettait en salade dans les assiettes au Moyen Âge ; le Lierre tournoyant, plante dévouée au culte des mânes… ; la Marguerite amoureuse encore nommée « gloire des champs »… ; la Millefeuille, fleur de tous les héros, notamment celle du grand Achille, car elle panse les blessures et cautérise les plaies ; le Millepertuis qui soigne les brûlures et, bien sûr, ne l’oublions pas, n’est-ce pas, la Sauge sauvage, qui servira pour les fumigations divinatoires dans les moments propices aux oracles enjoués. Venu du fond des âges le Solstice d’été, pour peu que l’on se mette en syntonie avec lui, nous fera voyager dans le feu, en songes, au pays du temps sans temps ; il réduira en cendres nos émotions cathartiques pour laisser place à un reflux continu de sensations volatiles et subtiles, toutes venues de l’extrême Orient, de là où le soleil se lève à l’horizon de nos mémoires.

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Alors, faites un feu de joie des peines perdues de l’hiver et des saisons intermédiaires. Il faudra aussi refêter la lumière parvenue jusqu’à nous, au-dessus des nuages, car aucune tempête céleste n’oblige le cycle du temps à compter à rebours la fuite des jours. Symbole de joie et de plénitude, l’été nous tend les bras et croit en nous comme il croît tout au long de l’année – pour finalement rendre son sablier, sagement, entre deux montagnes, seulement le soir, au meilleur des loups…

* * *

II – Mythologie

Si le solstice d’été intervient astronomiquement parlant : – soit le 21 juin, – soit le 20 juin – selon les années – (en 2020, le solstice tombera un 20 juin à 21h 43), en réalité la précision exacte sur un solstice et bien moindre que pour un équinoxe et s’effectue généralement dans un arc de cercle d’environ 3 à 5 jours.

Si l’on se réfère à la Tradition védique, le calendrier hindou nous indique que la fête solsticiale appelée « Dakshinayana » tombe, elle, vers le 14 juin. On le perçoit, selon les traditions de référence une bascule du temps peut s’opérer sur quelques jours, mais la référence au soleil à son zénith reste pour toutes les Traditions la même, encore faut-il savoir opérer avec les bonnes « portes » et selon les traditions qui nous habitent ; et bien sûr dans la mesure où l’on ne confond pas le solstice d’été avec la fête de la musique. En Occident chrétien les initiés fêtent, eux, le Solstice d’été le jour de la Saint Jean Baptiste, soit le 24 juin, cette fête reprenant évidemment toutes les caractéristiques des anciennes fêtes primitives véhiculées par la Tradition primordiale venues du fond des âges…

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Dans les villages on faisait autrefois de grands feux de joie qui servaient à marquer cette porte solsticiale de très belle manière. Sauter au-dessus du feu était d’abord un acte symbolique d’acceptation de l’harmonie du Monde, car l’on souscrivait de la sorte, en conjuration, à la déclinaison progressive du soleil dans la nuit des hommes, en toute conscience. L’étymologie latine, « sol-stitium », indique bien un « soleil-qui-s’arrête », ou plus exactement qui « arrête sa course » au plan géocentrique. C’était dans les temps immémoriaux la peur des anciens chamans et populations préhistoriques que de voir le soleil décliner définitivement – soit une autre manière de croire en la possibilité que le « ciel descende sur terre » – ou leur « tombe sur la tête »… Cet acte symbolique de saut par-dessus le « feu-soleil » (Aor-Agni) ayant pour effet de marquer principalement la césure du temps en accueillant avec une bienveillance protectrice le début de l’été, tout en attendant avec crainte le « Sol invictus » dévolu au solstice d’hiver. Quand les traditions populaires véhiculent exactement les messages de la Tradition primordiale on peut aisément considérer que l’alignement des planètes est réellement efficient – la Saint Jean d’été est une fête éminemment populaire et c’est un des rites les plus anciens et des plus beaux qui nous ait été légué depuis l’aube de l’humanité. On festoyait gaiement autour du feu avant de l’enjamber avec prestance, pour qui le pouvait…

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Au 24 juin, pour le solstice, la Saint Jean d’été est la fête solaire par excellence, c’est le moment de l’année ou le « lavage spirituel » s’effectue en profondeur car sauter au-dessus du feu est en réalité un symbole de dépassement de soi, de réussite obligée, car il nécessite l’assurance valeureuse des guerriers antiques pour vaincre le feu-soleil primordial. En cas de victoire sur le feu, l’initié(e), (homme ou femme), se retrouvait alors béni(e) durant une année pleine et entière, puis disposé(e) sous la protection des dieux. Le héros qui arrive à sauter par-dessus le feu, est celui qui est capable de toutes les prouesses – dans ce cas-là il a la capacité aussi de faire exaucer ses vœux dans le monde blanc de Gwenwed, le cercle de la Béatitude des Celtes. En ce sens, le 24 juin, fête immémoriale, a de quoi nous réjouir le cœur et l’âme car elle marque une symbolique transcendante de purification et d’élévation de l’être initié aux Grands Mystères. Parfois pour la Saint Jean, il est loisible également d’embraser ses repentirs en faisant brûler de petits papiers pliés que l’on jette dans le feu purificateur – et non pas destructeur. Petits papiers sur lesquels sont écrits peines anciennes, fragments d’inimitiés, rancœurs torves et pensées négatives.

* * *

III – Survivance

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Aujourd’hui, malheureusement, les feux de la Saint Jean ont quasiment complètement disparus de nos contrées françaises, et bien rares sont les très insolites lieux gardiens de ces magnifiques traditions ancestrales qui accueillent encore ces rituels venus d’un hors-temps, issus des vieilles religions de la Pierre et du Bois. Cependant, quelques communes en France perpétuent encore la Tradition, en Alsace, en Lorraine, et bien sûr en Provence… Comme nous avons la chance de vivre à seulement quelques kilomètres de l’un de ces petits villages extraordinaire de Provence, je ne peux que vous conseiller, si vous habitez en Occitanie, de vous rendre sur place pour découvrir une incroyable fête de village, comme nos arrières grands-parents ont pu en vivre il y a cinquante ou cent ans…

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C’est à Allauch, petit village du Midi, commune de 20 000 habitants, ceinte de ruines médiévales provenant d’un château du XIIe siècle, de moulins à vent à la Daudet, d’oliviers centenaires et de pins parasols, que je vous convie ce soir, vendredi 23 juin 2017, pour une fête de la Saint Jean à nulle autre pareille… Venez nombreux pour perpétuer la Tradition, c’est à travers elle que vit encore la conscience millénaire des Veilleurs de l’Intemporel.

Thierry E. Garnier – Les Chroniques de Mars – numéro 24 – 23 juin 2017.

Programme // Vendredi 23 juin – Feu de la Saint-Jean

17h : Confection de petits fagots de bois pour les enfants – Cours du 11 Novembre

21h : Animation cracheurs de feu – Théâtre de Nature

21h : RDV Rond-point St Roch

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21h30 : Départ du cortège du Rond-point St Roch en direction du Théâtre de Nature

22h15 : Célébrations

22h30 : Danses folkloriques

23h/minuit : Embrasement du feu


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