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Que notre lecteur soit mystique ou anarchiste, philosophe ou nihiliste, scientifique ou humaniste, chrétien ou pas – quelle que soit sa sensibilité – il ne peut qu’être touché au tréfonds de son âme par cette bouteille à la mer lancée par le provocant Pascal au-delà des frontières et de la Science Mathématique qu’il glorifiait divinement auprès de ses contemporains médusés par son génie. Ce geste ultime au crépuscule de sa trop courte vie, héroïque, incompréhensible car éminemment poétique, surréaliste car surréel, comme un témoignage solitaire et fervent de la puissance de son esprit confronté chaque jour un peu plus aux doctrinaires fanatiques et sectaires de tous poils, qu’ils soient sceptiques, amoralistes, anticléricaux, futurs voltairiens, avides de la « libido sciendi », (sans oublier les jésuites qu’il poursuivit avec dérision), ou tout simplement passablement jaloux à l’image du non moins magistral Descartes, nous atteint au cœur et nous enchante encore aujourd’hui, au-delà de toute manifestation, par son expression même. Alors, laissons de côté un instant les étiquettes nécessaires pour simplement se laisser bercer par le message d’amour de Pascal, car la mystique du désir a un prix, celle de la survivance de l’Esprit.

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222-49.jpg Devant la décadence spirituelle de notre civilisation totalement assujettie en ce début de XXIe siècle à la finance internationale, au nouvel ordre mondial, à une morale défaillante, à une instabilité sociale et à une violence politique sans nom, jamais un texte métaphysique fait pour être « non lu » ne nous a semblé aussi digne d’actualité. Jamais un petit rien que l’on se plait imaginé plié, « cousu au cœur », dans la doublure intime et cachée du pourpoint de Blaise Pascal, ne nous est apparu aussi puissant que cette simple feuille de papier jauni au format modeste, griffonnée simplement au recto, à la hâte…, à la plume d’oiseau, au cœur de la nuit, au cœur de sa nuit mystique comme un saint Jean de la Croix déboussolé découvrant tout à coup, au détour d’un renfoncement de sa chambre, un buisson ardent enflammé pénétrant, paisiblement, dans sa demeure lambrissée toute accaparée habituellement à ce moment-là de la journée à la prière propice à l’endormissement des maux de tête et aux réflexions prospectives de la Mathématique souveraine et chérie. Oui, mais voilà, Pascal reçoit cette nuit-là autre chose que la simple vue de l’Esprit – bien plus et comment dire sans rabaisser la chose. La Présence ultime et Souveraine. Pascal entend et « voit », perçoit par tous ses sens l’ineffable, l’inquantifiable. Aor-Agni. La Force forte de toutes forces jamais totalement conçue par les Prophètes mais ce soir-là perçue « sensiblement », telle une croix enflammée aux senteurs de rose qui apporte enfin la Certitude, la Joie, la Paix. Un cœur flamboyant, un mandala de lumière pure et sacrée pénètre sans frontière, de tout cœur, cette nuit-là entièrement la chair enamourée de l’homme incarné. Tout le corps, l’âme et l’esprit de Blaise sont prêts pour une rencontre de feu qui remet, pour le savant français attaché à l’ordonnancement mathématique, bien des choses en question jusqu’à l’ultime de sa quête.

444-28.jpg Mais que « voit » vraiment en cette nuit de FEU le savant ébloui ? Il est difficile de l’imaginer charnellement sans perdre le fil de la raison. Une piste pourtant serait nécessaire à convoquer ici – celle des grands mystiques – mais les témoignages concrets de ceux-ci sont bien rares qui signifient dans les détails l’Apparition… Rappelons néanmoins celui de la religieuse franciscaine Angela de Fulginio (1248-1309), Fulginatis en latin, (« Angèle » du village de Foligno, en Ombrie), qui conjugue en son seul nom la divinité de l’ange et sa qualité ignée. La sainte nous rend compte de sa vision de Dieu en ces termes : « Je regardais Celui qui parlait, pour le voir des yeux de l’esprit et des yeux du corps ; je le vis ! Vous me demandez ce que je vis ? C’était quelque chose d’absolument vrai, c’était plein de majesté, c’était immense ; mais qu’était-ce ? Je n’en sais rien ; c’était peut-être le Souverain Bien… ».

Pour préciser un peu sur cette notion paradoxale de « vision de Dieu », signalons que dans les scholies et les commentaires de la Bible les théologiens depuis les premiers siècles s’accordent à dire, reprenant ainsi saint Jean, que (…)


Thierry E. GARNIER Extrait de : « NUIT DE FEU – Essai sur le Mémorial de Blaise Pascal »
K2Mars 26 – 2017.


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Voir avec les yeux du cœur

Puisse Dieu ne jamais m’abandonner

Pour une eucharistie sans sommeil

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SOMMAIRE DU LIVRE

Nuit de Feu – Blaise Pascal

Mise en page typographique de l’auteur

Nuit de Feu pour une rencontre avec Dieu

I – Voir avec les yeux du cœur

II – Puisse Dieu ne jamais m’abandonner

III – Le Mémorial

IV – Addenda

V – Un coup de dés jamais n’abolira…

VI – Lectio Divina et composition typographique

VII – La voie des Nombres

VIII – Hasard et destinée

IX – Pour une eucharistie sans sommeil

X – En guise d’épilogue

Cahier iconographique

Index nominum

Bibliographie

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THESAVRVS // Agneau – Air – Alpha – Alphabet grec – Alphabet romain – Âne – Ange – Année solaire – Anthropologie – Apocalypse – Argent – Art poétique – Astronomie – Berger – Bible – Boaz – Bœuf – Carl-Gustav Jung – Carré – Cartographie céleste – Cène – Cercle – Chiffres – Christ – Cœur – Couleurs – Coupe Coutumes – Croix – Cromlech – Cycle lunaire – Désert – Divinations – Dolmen – Dragon – Eau – Etrusques – Feu – Figures – Formes – Gestes – Graal – Hébreux – Histoire – Jakin – Lion – Mains – Mégalithes – Menhir – Mère – Miel – Montagne – Myrrhe – Mythes – Mythes fondateurs – Nature des symboles – Nombres – Omega – Or – Pain – Paradis – Phénicien – Poissons – Pythagore – Pythagorisme – Religions – Rêves – Runes – Sang – Sel – Serpent – Signes – Soleil – Souffle – Sumbolon – Symboles – Symboles chrétiens primitifs – Symboles dans la Bible – Symbolisme – Taureau – Temple – Terre – Tradition – Triangle – Veilleur – Vin – Zoé //

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