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Toujours dans notre rubrique « HAUT-LIEUX Magiques & Sacrés », et faisant écho à l’interview sur les sous-terrains du temps (voir l’interview de Georges Combe réalisée par Patrick Berlier)

nous vous présentons ce mois-ci pour les « Chroniques de Mars » un remarquable travail de recherches de Pierre Bény sur la Pyramide de Falicon. Si ce haut-lieu particulier de Provence est bien connu des chercheurs méridionaux, nous avions nous-mêmes répertorié plusieurs pyramides dans le sud de la France et fait un repérage précis sur le site de Falicon ainsi qu’un travail d’archivages important en vue d’un projet d’édition dans les années 90, lorsque nous nous rendions régulièrement dans le sud-est, dans le Verdon en vue de la préparation de notre ouvrage collectif sur « l’Ile des Veilleurs » de Weysen ; nous avons été récemment plus qu’enthousiaste lorsque nous avons pris connaissance des différentes études de Pierre Bény sur le sujet du « Mystère de la pyramide de Falicon »…

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Comme le disait Michele Allegri dans son ouvrage : « Pour certains ésotéristes du XIXème, la pyramide de Falicon était « Héliopolis », un véritable omphalos, le nombril énergétique du monde, un lieu associé au passage vers le paradis terrestre et au travers duquel on arrive au royaume caché. » Le programme, on le voit, semble impressionnant… Mais comme toujours avec l’infrahistoire, une fois que l’on a détaché le vernis ésotérique et le merveilleux aléatoire alimentés sans cesse par les faiseurs du Net, prêts à tout pour un scoop faisandé enrobé de phrases au conditionnel, on s’aperçoit bien vite que la « pyramide templière » dont on nous parle avec assurance… – ou encore les élucubrations mystiques qui en découlent, ne trouvent aucun écho parmi les recherches historiques avérées menées avec beaucoup de pertinence. Aujourd’hui, notre auteur, Pierre Bény met un point final au mystère de Falicon… Mais les découvertes surprenantes de Pierre Bény ne sont-elles pas en réalité plus incroyables encore que les secrets éventés que l’on nous vendait jusqu’à présent. Une fois de plus, le lecteur des « Chroniques de Mars », parfaitement informé, pourra juger par lui-même du bien-fondé de ce qui est avancé ici pour la première fois.

Thierry E. Garnier – K2Mars, décembre 2017.


SUITE DE L’INTERVIEW de PIERRE BÉNY

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Les Chroniques de Mars // Quel a été l’impact sur le grand public de cette découverte de la grotte par Rossetti, en ce début de XIXe siècle ?

Pierre BÉNY // L’impact dans le grand public, c’est assez difficile à dire. Rossetti explique dans les notes du poème : « Depuis le premier jour où la nouvelle de la découverte de la grotte à la beauté singulière a commencé à se répandre aux alentours, le peuple est accouru nombreux et les femmes (qui comme chacun sait sont plus curieuses que les hommes) ont formé de longues processions, montant dans l’espoir de voir la nouvelle merveille… ».

En revanche, différents articles de presse en Angleterre, en Italie, en France et en Allemagne montrent que la découverte fait presque le tour de l’Europe. A chaque fois, c’est la beauté de la grotte qui est mise en avant. On a aussi retrouvé une lettre du ministre de la justice au ministre de l’intérieur qui commence ainsi : « Découverte d’une caverne curieuse ».

Les Chroniques de Mars // Venons-en maintenant à un point crucial de l’énigme, cette grotte est surmontée d’une pyramide ! Comment était-elle à son origine cette pyramide ? Il y avait un revêtement bien sûr et elle était sans doute achevée en son sommet… Des auteurs peu regardants ont pensé que cette pyramide était « égyptienne » c’est-à-dire édifiée dans l’antiquité par des égyptiens ! … ou par des « celtes », qu’elle était « médiévale » ou même… « templière » etc…, nous sommes-là en plein délire… ! Elle est évidement du tout début du XIXe siècle, vous avez pu le démontrer aisément, puisqu’il existe des témoignages qui indiquent qu’au moment de sa découverte, en 1803, il n’y avait pas de construction à son entrée ! C’est dire où parfois les égarements coupables de certains auteurs induisent volontairement le lecteur…

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Pierre BÉNY // La première image d’une pyramide au dessus de la grotte nous est donnée par le frontispice du poème de Rossetti. Ce dessin a été réalisé par Sofia Giordano-Leclerk qui a étudié le dessin à Rome avant 1803, et qui a dû y voir la pyramide de Caius Cestius qui ressemble fortement à celle du frontispice. On retrouve une pyramide de pente semblable représentée sur « le puits des miracles » du couvent de Novacella. Sofia était la protégée de la famille Vinay (propriétaire du terrain sur lequel se trouve la grotte).

Le poème ne parle pas de la pyramide. Curieusement, on peut y lire que l’entrée de la grotte a la forme d’un triangle… La pyramide du frontispice n’a pas la même forme que celle qui fut construite. J’ai d’abord lu le livre d’Henri Broch « La mystérieuse pyramide de Falicon » qui adopte la théorie développée dans les MIPAAM 1970 : la pyramide a dû être construite durant l’Antiquité par des soldats romains originaires d’Afrique du Nord qui vouaient un culte au dieu Mithra.

Rappelons ici qu’on trouve à Nice d’importants vestiges de l’époque romaine avec en particulier des arènes et des thermes. Puis, je suis arrivé sur l’article de Catherine Ungar des MIPAAM 1983 intitulé « Nouveaux aperçus sur les origines de la Pyramide de Falicon » et là, ce fut « la grosse claque ». Il suffit de bien lire la préface du poème : « Après quoi, nous allâmes déjeuner dans une propriété appartenant à ce même Vinay. Arrivés là, ayant demandé si, dans les parages, on pouvait trouver quelque monument antique, on me répondit que non, mais qu’à proximité du sommet voisin, il y avait un orifice très profond qui, au coucher du soleil, laissait échapper, par groupes, des chauves-souris, appelées ratte pignate dans la langue locale ». C’est donc que la pyramide n’existait pas le jour de la découverte qui a eu lieu peu de temps après la campagne d’Egypte de Bonaparte et de laquelle viendrait l’idée d’une pyramide. Puis, j’ai voulu en savoir plus sur cet avocat-poète spéléologue avant la lettre et sur ce Vinay, fonctionnaire à la préfecture de Turin et propriétaire de cet étrange grotte, auquel est dédié le poème.

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Les Chroniques de Mars // On connaît surtout la grotte de Falicon, au XXe siècle, depuis les études ésotériques de Robert Charroux, de Maurice Guinguand et de Serge Hutin, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur cet aspect qui va transformer ce site historique en site « ésotérique » – finalement sur aucune base solide, ce qui est le plus navrant…

Pierre BÉNY // Avec « Le livre des maîtres du monde » (1967), Robert Charroux propulse Falicon dans la catégorie des sites mystérieux où tout est possible. Il lui consacre un chapitre « La pyramide de France et les tours hermétiques » dans lequel la grotte est présentée comme un temple souterrain. Il reviendra sur Falicon dans un de ses livres sur les trésors. Didier Audinot en fera de même. Je remercie au passage Michel Vallet de m’avoir transmis le texte d’Audinot sur Falicon. Maurice Guinguand signe le premier livre entièrement consacré au sujet : « Falicon, pyramide templière » (début 1970). Des calculs difficiles à suivre lui permettent d’estimer que la pyramide a été construite en 1260 par des Templiers revenus de Terre Sainte et atteints de la lèpre. Le livre m’est apparu comme assez incompréhensible, ce qui n’empêche que par moments, on a presque envie d’y croire. Guinguand est à Falicon ce que Weysen est au Verdon ! D’ailleurs, Weysen le cite dans « L’île des Veilleurs ». Les Templiers de Guinguand ont « fait des petits » puisqu’on les retrouve au cœur de l’E-book de Michele Allegri « La Religione Segreta dei Templari – Fate, stregoni, vampiri ed esseri mostruosi da Rennes-le-Château a Falicon » (2013) qui en plus, nous révèle que le Prieuré de Sion considère la pyramide comme un site très important ! …

De son côté, l’auteur allemand Jan van Helsing raconte dans le « Livre jaune N°1 » (2010 pour l’édition française) que les Templiers ont rapporté l’Arche d’Alliance de Jérusalem, l’ont cachée dans la grotte, puis ont construit la pyramide… ! A la fin de son livre, Guinguand annonce qu’il va lui donner une suite : « La Tour du Tonnerre ». La tour dont il est ici question fait partie de la « Bastide » dont nous avons déjà parlé, en contrebas de la pyramide, et figure sur le frontispice du poème. Cette suite ne vit pas le jour, mais il consacrera dans « L’Or des Templiers » un chapitre à la pyramide et un autre à cette tour. On peut le féliciter d’avoir remarqué et photographié les graffiti de bateaux présents dans la tour. Dans les traces de Guinguand, Yann Duvivier (un des trois auteurs du livre), qui s’intéressait déjà au site au début des années 70, a fait des photos de l’ensemble des bateaux que nous avons publiées dans le livre de l’IPAAM. La tour a été complètement remise à neuf au début des années 80 et les graffitis ont ainsi disparu. Serge Hutin a aussi joué un rôle dans « l’aura de la pyramide » puisque les deux premières pages d’un de ses livres les plus connus, « Gouvernants invisibles et sociétés secrètes » portent sur Falicon. Il n’y va pas avec le dos de la cuillère : il parle de cérémonies magiques secrètes et « d’initiations rituelles de très haut degré ». De plus et surtout, il laisse entendre que le sulfureux Aleister Crowley serait descendu dans la grotte pour quelques rituels à sa façon.

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Avec la probable venue de Crowley, c’est la réalité qui rejoint la fiction puisque dans le roman « To the Devil a Daughter » (1953) de Dennis Wheatley, un groupe de satanistes s’apprête à sacrifier une jeune fille dans la grotte pour donner vie à un homonculus. C’est peut-être aussi la fiction qui s’inspire de la réalité ; en effet, Crowley s’est intéressé à l’homonculus dont il est question dans son roman « Moonchild » (1917).

Du 31 octobre 2014 au 8 février 2015 fut présentée à Nice, à la Galerie de la Marine sur la Promenade des anglais, l’exposition « Au Pays des Enchantements » conçue par deux jeunes artistes niçois, Alice Guittard et Quentin Spohn. Dans cette exposition-installation, le visiteur déambulait dans une grotte inspirée par celle de la Ratapignata dont certains rochers faisaient penser à des décors de films de science-fiction de série B. A la fin du parcours, dans une zone peu éclairée, se trouvait un petit lac au fond duquel apparaissait le visage de Crowley. Alice Guittard avait aussi réalisé une « carte mentale » qui occupait tout un pan de mur, sur laquelle on retrouvait les principales théories relatives à la pyramide, mais aussi des références à Jules Verne, Méliès et le carnaval de Nice. J’ai eu le plaisir de rencontrer l’artiste qui ne connaissait pas le livre de l’IPAAM sur Falicon… !


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Les Chroniques de Mars // Le cœur de votre travail de recherche donne enfin une clef essentielle à la bonne compréhension de l’énigme. À l’évidence il s’agit d’une pyramide de type « maçonnique », vous le démontrez. Le riche propriétaire du terrain, un certain Giacomo Vinay, était sans doute franc-maçon ; Rossetti aussi, vos recherches le démontrent parfaitement, Rossetti écrira sans aucune raison apparente « la grotte est un Temple »… Une gravure de 1804, justement, montre Rossetti et une pyramide similaire à celle de Falicon et qui rappelle incontestablement l’édifice… ! On sait aussi que le frère de Rossetti, Gabriele, a fait partie de la société secrète des Carbonari…

Par ailleurs une gravure de Louvois, de 1814, évoque une architecture à l’extérieur de la grotte ! Paul-Emile Barberi – encore un italien – le premier dessinateur de la grotte, en 1806 – il fera également une lithographie de la grotte en 1834 – faisait partie de l’Archiconfrérie de la Très Sainte Trinité et était un Pénitent rouge, premier Prieur de la Confrérie, mais aussi Franc-Maçon notoire, membre de la loge des Vrais amis réunis… Ici, tout se conjugue pour enfin éclairer le mystère d’une tout autre manière… Tout ce beau monde se connaissait donc… Pouvez-vous nous donner quelques indications biographiques sur les liens unissant les uns et les autres en relation avec cette piste éminente et apporter aussi quelques perspectives historiques, dans une dimension chronologique, à partir de 1803 ?

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Pierre BÉNY // En mars 2003, avec Yann, nous avons organisé une journée « La pyramide de Falicon – 200 ans après… » (après la découverte de la grotte par Rossetti). A l’époque déjà, j’avais l’intuition qu’il fallait chercher du côté des francs-maçons. En effet, au XVIIIème siècle, les propriétaires des jardins dans lesquels apparaissaient de petites pyramides, datant des années 1770-1780 en France, comme le parc Monceau ou celui de Mauperthuis, étaient souvent francs-maçons. C’est en fait le livre de François Collaveri « La franc-maçonnerie des Bonaparte » qui m’a mis sur la voie. Il y citait, en donnant les cotes de la Bibliothèque Nationale de France, une loge de Turin, « La Réunion » (nous avons vu que Jean-Jacques Vinay était conseiller de préfecture à Turin) et une loge de Parme (Rossetti est à Parme à partir de 1805). J’ai alors pris contact avec la BNF pour savoir si le nom « Vinay » apparaissait sur le tableau de cette loge. On me répondit qu’un « Saint Jacques Vinay » y figurait bien sur le tableau de 1802. C’est donc l’information que nous avons reportée dans le livre. Après la sortie du livre, j’ai réellement consulté ces archives et j’ai vu qu’en fait, ce n’était pas « St Jacques » mais « Jn Jacques » qu’il fallait lire, donc, c’était bien lui. On le retrouvait aussi sur le tableau de 1803.

Un autre point important, c’est que sur le tableau de 1803 figure aussi un « Stagnon », graveur. Or, sous le frontispice du poème, la gravure à laquelle vous faîtes allusion dans votre question, on peut lire, en bas à droite, « Gravé par Stagnon ».


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Concernant Rossetti, on le retrouve franc-maçon à Parme en 1808…
Nous avons reporté ces informations dans un article paru dans les MIPAAM 2012, « Nouveaux éléments sur la pyramide et la grotte des Ratapignata à Falicon ». Un ouvrage en préparation développera ces aspects et aussi les liens qui unissent, depuis les années 1770, Vinay et le docteur Sébastien Giraud, l’archiviste de la loge, qui fut assurément un des plus grands maçons piémontais de son temps. Il participa au Convent de Wilhelmsbad et fut très proche de Willermoz et aussi d’autres grands maçons de cette époque. Un événement essentiel à mon sens, et possiblement à l’origine de la construction de la pyramide, est l’interdiction, décidée par le futur Napoléon en septembre 1802, de toutes les réunions maçonniques en Piémont (on remarque que nous avons pu consulter un tableau daté de 1803). A l’origine de cette interdiction, on trouve justement la loge « La Réunion » de Turin qui est considérée comme composée d’individus dangereux dans un rapport de police qui sera présenté à Paris. Cette interdiction durera deux ans.

Pour ce qui concerne la dimension chronologique : début 1802, renaissance de la franc-maçonnerie à Turin avec la loge « La Réunion », « Saint-Jean de la Réunion », plus précisément. Septembre 1802, interdiction de cette loge. Mars 1803, découverte de la grotte par Rossetti. C’est aussi vers cette époque que Barberi (ou Barberis), dessinateur et architecte, se rend à la grotte et commence à la dessiner. Rossetti évoque la présence de Barberi dans la grotte dans son projet de réédition du poème. Barberis est effectivement un des membres les plus assidus de la loge « Les Vrais Amis Réunis » à Nice. Probablement vers mai 1803, Rossetti quitte Nice pour Turin. Là, il rencontre Vinay, discute du poème et peut-être aussi d’un monument à construire au dessus de la grotte. Septembre 1803, mort de Sébastien Giraud qui était, comme nous l’avons dit, un des piliers de la loge. Courant 1804, parution à Turin du poème « La Grotta di Monte Calvo », sur le frontispice duquel apparaît donc une pyramide.

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Un autre personnage mérite d’être cité : François Vinay, le frère de Jean-Jacques. Dans la préface de « La Grotta di Monte Calvo », Rossetti dit que c’est François (Francesco) qui l’a poussé à écrire le poème. François, qui était aussi avocat, était franc-maçon à Rome en 1789. Gabriele, le jeune frère de Domenico, a appartenu effectivement aux Carbonari et est entré en maçonnerie en 1809. A Vasto, la Piazza Rossetti, dédié à Gabriele, est une des plus belles de la ville ; il existe aussi une loge maçonnique portant son nom et possédant un site internet.

La gravure d’Auguste de Louvois intitulée « vue des grottes de Falicon », à laquelle vous faîtes allusion, est une pièce capitale puisqu’il s’agit du seul document connu au XIXème siècle dans lequel il est question de la pyramide : « cette grotte, dont l’entrée est recouverte d’une pyramide élevée sur le flanc de la montagne… ». L’album de Louvois contenant cette gravure a été publié en 1814, année de l’arrivée du rite de Misraïm à Paris. Rappelons aussi qu’une étape décisive de l’élaboration de ce rite eu lieu à Turin en 1802 sous l’impulsion d’Armand Gaborria. A propos de Louvois, qui ne semble pas avoir été franc-maçon, il est un point curieux que nous n’avons pas pu élucider de façon certaine : à partir de 1814, il va habiter le château d’Ancy-le-Franc. Il est à l’origine de sa restauration et aurait aussi dessiné le parc dans lequel se trouve, aujourd’hui encore, une fontaine-pyramidale ornée de deux sphinx. Nous avons pris contact avec le château qui n’a pas pu nous dire de quand datait précisément cette pyramide.

Les Chroniques de Mars // Pouvez-vous, parlant de ces protagonistes, évoquer un peu la connexion italienne que j’évoquais précédemment, elle est même « romaine » à vrai dire ? Elle est en rapport avec « l’Aiglon », Napoléon II, il était aussi roi de Rome, ne l’oublions pas…D’autant qu’il existe aussi à Rome, une célèbre pyramide ! Nous aurons le loisir de l’évoquer… Elle a très bien pu être un déclencheur favorable, on peut le supposer… ?

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Pierre BÉNY // Il s’agit d’une hypothèse selon laquelle la pyramide aurait été construite non pas quelques mois après la découverte de Rossetti en 1803, mais en 1811, à l’occasion de la naissance du fils de Napoléon, le 20 mars 1811. En effet, la pyramide figurant sur le frontispice du poème ne prouve pas de façon indiscutable que le monument existe bien à ce moment-là. L’album contenant la gravure de Louvois dont nous venons de parler est donc publié en 1814, d’après des dessins réalisés en 1812. De plus, à Turin s’était créée la loge des « Amis fidèles de l’heureuse journée du 20 mars 1811 ». En plus, comme vous le rappelez, l’Aiglon avait le titre de « Roi de Rome », ville où se trouve la pyramide de Caius Cestius qui est d’époque romaine. Je pense aujourd’hui que cette hypothèse est plus une construction intellectuelle qu’une piste sérieuse. Selon moi, la chronologie la plus vraisemblable, c’est une construction de la pyramide un peu avant la publication du poème en 1804.

Pour revenir sur cette idée de connexion romaine, on pourrait l’envisager autrement : nous venons de dire que Francesco Vinay était franc-maçon à Rome en 1789. Or, le 27 décembre 1789, sa loge, « La Réunion des Amis Sincères », une des dernières encore en activité en Italie, est interdite et Cagliostro (qui se trouve alors à Rome et qui a eu des contacts avec le vénérable de la loge, Charles Abel de Loras) est arrêté. Il a donc été le témoin de l’arrestation et de la fin de celui qui incarne à l’époque la maçonnerie égyptienne. On peut penser que ces événements ont pu, quelques quinze ans après, suggérer à Francesco l’idée d’ériger une pyramide au dessus de la grotte, comme une manière de reconstruire le temple « détruit » en 1789 à Rome, puis en 1802 à Turin…

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SUITE DE L’INTERVIEW de PIERRE BÉNY

Les Chroniques de MARS No 26 © – Solstice d’hiver 2017 – ARQA éditions – Entretien inédit avec Pierre Bény réalisé par Thierry E. Garnier – La Pyramide de Falicon.


ENTRETIEN avec Pierre BÉNY – CHRONIQUES de MARS No 26

L’énigme révélée de la Pyramide de FALICON # 1


L’énigme révélée de la Pyramide de FALICON # 2

L’énigme révélée de la Pyramide de FALICON # 3


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