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I – Un diable qui perd la tête et un cambriolage sous une église !


« Rennes-le-Château est un asile à ciel ouvert. »

Jean-Luc Robin

La réalité est souvent plus extraordinaire que la fiction, et Maurice Leblanc fut un romancier de talent pour ne pas dire de génie… Aussi, que n’aurait pas relaté l’ingénieux écrivain rouennais, spécialiste de romans policiers et d’aventures sur de tels faits divers aussi impensables qu’évocateurs ! Dans le fantasmagorique village audois dit « du curé aux milliards » – où tout est possible, surtout le plus incroyable – l’année 2017 fut marquée par un long cortège d’événements pour le moins délirants…

Signalons tout d’abord, tout au long de cette même année, quelques festivités idolâtres marquant le centenaire de la mort de l’abbé Saunière (1852-1917) – un prêtre simoniaque, pilleur de tombes – célébrations en grandes pompes dont on aurait pu largement faire l’économie mais qui firent l’enthousiasme des plus empressés. Cette même année fut ensuite stigmatisée par la décapitation du diable de Rennes-le-Château le dimanche 23 avril 2017, ainsi que par le vandalisme de l’église du village par une « détraquée djihadiste » déposant au pied d’Asmodée un… Coran ! Enfin, pour faire bonne mesure, non content d’avoir atteint des sommets d’imbécillité en cette année pleine d’imprévus, celle-ci se termina en fanfare avec un gang de débiles profonds qui eut le bon goût inénarrable – pour faire des fouilles – de saccager les soubassements de ladite église pour… « creuser un tunnel », en toute quiétude, sous l’édifice religieux durant la nuit du 29 au 30 décembre 2017 ! Au petit matin, évidemment, on s’aperçut au village qu’un début de galerie avait été effectivement entamé dans le jardin du calvaire, à droite de la porte d’entrée de l’église de Rennes-le-Château. Il va s’en dire que le maire actuel déposa plainte aussitôt pour cette tentative de « cambriolage » avortée…

Certes, un demi-siècle de délires inconcevables réunis autour d’incompétents notoires (comme l’épisode du cercueil baladeur de l’abbé Saunière), de dégradations ignobles, de fouilles sur la commune, de vols en tous genres, de profanations de cimetière ou d’objets d’art religieux (comme celui de la vierge noire de Notre-Dame de Marceille), de déprédations indignes, on pense ici au premier attentat de 1995 contre le diable de Rennes – qui avait déjà perdu sa première tête à cette occasion (1) – nous avait en quelque sorte immunisés définitivement contre l’étonnement béat devant les faits divers susceptibles d’advenir sur la colline envoûtée – mais de là à voir une telle accumulation de scandales en si peu de temps, cela force quand même l’admiration – et dénote sans aucun doute un signe des Temps…

C’est pourtant durant ces trois dernières années – de 2016 date de la sortie de son dernier livre « Le trésor qui rend fou », jusqu’au début de l’année 2018 – que Franck Daffos entreprit, dans le plus grand effacement, la rédaction d’un livre entièrement consacré à Maurice Leblanc, le génial écrivain de romans policier à succès, décoré de la Légion d’honneur un certain… 17 janvier !

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II – De Jules Verne à Maurice Leblanc – aux sources du mystère.

« L’essentiel est de réfléchir.

Il est si rare que les faits ne portent pas en eux-mêmes leur explication. »


Maurice Leblanc
L’Aiguille creuse

Jules Verne et Maurice Leblanc sont tous deux issus d’une famille d’armateurs maritimes, nantais pour le premier, rouennais pour le second. Le signe est sensible et forcément évocateur d’une vie commerciale aventureuse, au grand large, au-delà des mers, et donc, bien entendu, profondément ancré dans l’imaginaire littéraire des deux hommes. C’est aussi le symbole d’une vraie source d’embarquement des futurs lecteurs de ces deux romanciers du mystère vers un ailleurs indicible. Rappelons aussi, au passage, que Maurice Leblanc avait une admiration sans borne pour Jules Verne – et pour son œuvre – et qu’ils avaient été tous deux abreuvés à l’excellente source lazariste qui avait permis de parfaitement crypter le secret des prêtres audois.
Par ailleurs ils étaient tous deux friands de jeux de mots à savoir décoder, de numérologie et autres « guématries », de calembours dissimulés dans des chapitres entrecroisés permettant ainsi de crypter des informations inconnues du vulgum pecus et bien d’autres anagrammes propres à masquer des noms de lieux, des patronymes, des indications précises de secrets inviolés dont ils avaient parfaitement connaissance. Une véritable étude digne d’attention serait d’ailleurs à mener à bien, à la suite de Michel Lamy, de Patrick Ferté, d’Alexandra Schreyer, de Patrick Berlier et bien sûr de Franck Daffos, pour mieux comprendre comment – et pourquoi – les décryptages des ouvrages majeurs de Jules Verne et de Maurice Leblanc nous emmènent tous, inexorablement, vers le même endroit du Razès… Mais où exactement dans le Razès ?

Il y a trois ans de cela, lorsque Patrick Berlier, en 2015, sortit aux éditions Arqa son magistral « Jules Verne – Matériaux cryptographiques », préfacé par Michel Lamy, il m’était alors apparu évident qu’il fallait absolument qu’il y ait un pendant de même nature à un tel livre, concernant Maurice Leblanc cette fois. Lors de discussions enflammées avec Franck Daffos l’idée avait pris corps progressivement. De plus, les études de Franck Daffos entamées depuis plusieurs années s’emboîtaient parfaitement avec ses nouvelles recherches menées sur le père d’Arsène Lupin. Le « puzzle » prenait donc petit à petit une nouvelle forme. Une enquête littéraire réalisée au plus près de l’œuvre de Maurice Leblanc restait cependant à rédiger et qui d’autre que Franck Daffos pouvait mener à bien pareille démarche, lui qui depuis les lectures de son adolescence connaissait si bien l’œuvre de l’écrivain normand. Il est vrai aussi que les liens étroits qui se tissent parfois entre l’œuvre de Jules Verne et celle de Maurice Leblanc sont tels qu’ils ne peuvent en aucun cas être le fruit d’un hasard inventif ou chanceux. Maurice Leblanc lui-même, dans La Barre-y-va, ne nous enseigne-t-il pas d’ailleurs, afin de mettre un fond de vérité à ses histoire lupiniennes, que « nous fabriquons nous-mêmes nos mystères. La vie est beaucoup moins compliquée que l’on ne croît, et elle dénoue elle-même ce qui nous paraît enchevêtré ».

Il y aurait donc une possibilité, selon Maurice Leblanc, de dénouer l’écheveau de l’existence confié aux Parques pour enfin comprendre certains aspects de l’Histoire cachée et de ses énigmes souterraines parfois dissimulées dans des romans, qu’ils soient de Verne ou de Leblanc… ? Mais avant d’entrer en matière plus avant revenons un instant sur nos pas, sur quelques aperçus bien sentis que nous nous devons tout de suite de mettre en exergue, notamment concernant le titre de ce livre. Par quel tour de magie, force du destin ou jeux d’écritures énigmatiques, à la manière d’un Maurice Leblanc, il se fait qu’aujourd’hui notre héros au grand cœur, Arsène Lupin, soit passé du statut romanesque de « cambrioleur » à celui de « cambriolé » dans ce présent livre ? C’est à cette question éminente, et pour l’instant sans réponse, que notre lecteur va tenter maintenant de se confronter en lisant le dernier livre de Franck Daffos.

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III – ALCOR – « Ad Lapidem Currebat Olim Regina »

« J’ai l’impression que nous sommes jetés dans un grand drame qui se joue depuis des années, depuis des siècles, et auquel nous ne sommes mêlés qu’à l’heure du dénouement, à l’heure où se produit le cataclysme formidable qu’ont préparé des générations d’hommes. Je me trompe peut-être. Peut-être ne s’agit-il que d’une série incohérente d’événements sinistres et de coïncidences absurdes au milieu desquels nous sommes ballottés, sans qu’il nous soit possible d’invoquer d’autre raison que la fantaisie du hasard. »


Maurice Leblanc
L’Île aux trente cercueils

C’est donc bien ici la somme de ces recherches historiques qui est aujourd’hui présentées dans cet ouvrage rare, aux multiples facettes, un livre consacré tout autant à Maurice Leblanc, à son œuvre, qu’aux mystères des prêtres du Razès. S’agissant des coulisses des deux Rennes, devenu progressivement sous la plume de Franck Daffos « le trésor de Sougraigne », religieusement, avec obstination pourrait-on presque écrire, Franck Daffos continue de creuser son sillon avec une patience de moine bénédictin (ou peut-être même de prêtre lazariste… ?) – une abnégation qui force le respect et qui introduit toujours le lecteur un peu plus en avant, en profondeur, vers des territoires insoupçonnés, au-delà de l’Aude, en Normandie pour ce livre précisément.

Dans cette étude, notre auteur a donc décidé de nous faire part de ses toutes dernières recherches puisqu’il n’a plus écrit depuis trois années pleines – sinon quelques articles récents sur Internet, articles hébergés sur le Blog de « Léon Charel » (2). Certains pensaient Franck Daffos abattu depuis le décès de son ami Didier Hericart de Thury le 30 mai 2015, d’autres encore le disaient – sans savoir – retiré humblement en sa belle demeure occitane et sans volonté farouche de continuer son œuvre littéraire largement entamée depuis l’année 2005, date de la sortie de son premier livre « Le secret dérobé ». Il n’en était rien en réalité. Dans la plus grande discrétion, comme il fallait s’y attendre, l’ombre de l’écrivain Franck Daffos entreprenait dans les faits d’ajouter un maillon d’une importance capitale à une histoire déjà bien développée précédemment dans ses autres livres mais auxquels il fallait ajouter une pièce maîtresse à son « puzzle reconstitué » pour que celui-ci devienne enfin un véritable tableau polychrome à l’architecture établie et à la magie stupéfiante. Voilà qui est fait aujourd’hui pour le plus grand bonheur de ses lecteurs.
Une fois de plus, comme à son habitude avec Franck Daffos, sont sortis de la pénombre où ils résidaient encore il y a peu des personnages totalement oubliés et pourtant possédant déjà une silhouette bien établie. Qui se souvient encore de ce dépôt de Pierre Plantard sous le pseudonyme d’« Henri Lobineau », à la Bibliothèque nationale de France, intitulé : « Généalogie des rois mérovingiens et origine des diverses familles françaises et étrangères de souche mérovingienne, d’après l’abbé Pichon, le Docteur Hervé et les parchemins de l’abbé Saunière de Rennes-le-Château (Aude), 1956 » ; aucun chercheur jusqu’à présent ne s’était intéressé de près à ce fameux « docteur Hervé » – qui était-il vraiment ? Et que venait-il faire dans cette sombre manipulation ourdie en sous-main par Pierre Plantard et Philippe de Chérisey à la B.n.F ? Il a fallu toute la sagacité et la clairvoyance de Franck Daffos pour retrouver la biographie exacte de ce personnage énigmatique et remonter cette piste traversière qui ouvrait à notre chercheur des découvertes incroyables… Révélations qui menaient sans conteste de la Normandie chère à Maurice Leblanc à « la vraie langue celtique » d’Henri Boudet, avec une assurance toute énigmatique. De la même manière, le chercheur de vérité s’attachera à découvrir avec beaucoup d’intérêt les personnages entourant un Jean Jourde dissimulé dans les coulisses de l’Histoire ou un Maurice Leblanc bien précautionneux quant à ses sources originelles, citons ici pour exemples parmi bien d’autres noms à découvrir : Dom Joseph Pothier, le chanoine honoraire Armand Collette ou encore un certain Julien Chappée… Bien sûr, les personnages centraux de ce nouveau livre de Franck Daffos sont avant tout Maurice Leblanc et son héros emblématique « Arsène Lupin », mais c’est surtout l’œuvre du romancier rouennais qui a demandé une attention particulière et qui est ici passée au filtre de la recherche historique et cryptographique.

Franck Daffos, relisant Maurice Leblanc, nous convie surtout à retrouver le secret des rois de France, à dénicher aussi, in situ, la pierre magique vers qui autrefois courait la Reine… Mais, selon la langue des oiseaux, de quelle Reine s’agit-il ? La Rennes celtique ou la Rennes audoise ? « Ad Lapidem Currebat Olim Regina », nous dit la sentence énigmatique… Alors courons nous aussi avec Franck Daffos, de pages en pages, de chapitres en chapitres, des abbayes du pays de Caux reproduisant sur la terre normande le tracé de la Grande Ourse vers un autre tracé de même nature, en terres audoises… La « pierre Alcor » indique le lieu précis où est enfoui le trésor des rois de France. Qui reconnaît savamment cette pierre découvre le sésame qui donne accès aux caves et aux greniers des rois…

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IV – Arsène Lupin – Du cambrioleur au… cambriolé ?

« Lupin est un mythe. Maurice Leblanc ne l’a pas créé,
il l’a découvert. En un sens, Lupin est plus réel que Leblanc. »

Boileau-Narcejac, 1964.

Il va de soi, disons le tout net, que Franck Daffos continue avec ce nouvel opus à avancer ses pions sur l’échiquier audois. Avec rigueur et constance, il continue à baliser avec de nouveaux jalons un territoire qu’il connaît bien sans se soucier du qu’en-dira-t-on…

Mais pour quelles raisons ?

Avec ses deux derniers livres, Franck Daffos a pris des risques calculés qu’aucun auteur sensé écrivant sur Rennes-le-Château n’avait pris avant lui. C’est un fait avéré. La vraie question qui découle donc de cette mise en péril est tout à fait claire – de deux choses l’une, est-ce par imprudence inconsidérée ou grandiloquence déplacée que notre auteur se met ainsi en danger ou est-ce tout simplement parce que ses considérations issues de plus de vingt ans de recherches sur le mystère des deux Rennes sont en avance de plusieurs longueurs sur (…) les investigations connues à ce jour ?

« Arsène Lupin, seul contre tous… » pourrait être – en hommage à Maurice Leblanc – l’en-tête de notre présent épilogue, ou plus exactement : « Franck Daffos, seul contre tous »…, si l’on s’en tient à l’histoire contemporaine et éditoriale depuis ces quinze dernières années. Il n’est pas douteux, selon nous, que l’heure promise arrivera un jour prochain, sans crier gare, avec une certaine ostentation. Dans l’attente notre lecteur, enthousiaste ou sceptique, se fera en tout cas sa propre opinion grâce à ce dernier livre de Franck Daffos, tout en se demandant finalement si ce n’est pas l’Histoire de France toute entière, racontée en filigrane dans ce livre, qui s’est retrouvée au fil des siècles… cambriolée !

(…)

Thierry E. GARNIER © – EXTRAIT de la Préface au livre de Franck DAFFOS – Arsène Lupin – Gentleman cambriolé – K2Mars numéro 27 – juin 2018.

1 – Voir notre article sur le site d’Arqa : « 1917-2017 – Un centenaire et 3 diables à Rennes-le-Château… » – http://www.editions-arqa.com/editions-arqa/spip.php?article3243

2 – Ce blog est sans aucun doute un dernier hommage à un vieux rémouleur du nom de « Léon Charel »… – http://leblogdeleon.over-blog.com/

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LES CHRONIQUES DE MARS
– WebZine en Histoire, Tradition, Hermétisme.


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Arsène Lupin à Rennes-le-Château… ? La question a de quoi surprendre. Cependant depuis les recherches publiées il y a plus de vingt-cinq ans par Patrick Ferté sur le héros de romans de Maurice Leblanc, les découvertes se sont enchaînées et bien des pistes entrevues à cette époque se sont confirmées. D’autres, tout à fait nouvelles, grâce aux recherches inédites de Franck Daffos viennent aujourd’hui amplement valider la cohérence de la piste normande en relation avec le Razès et l’église de Rennes-le-Château de l’abbé Saunière – sans oublier également, en son temps, les révélations de Gérard de Sède guidé qu’il fut en sous-main par un invisible Pierre Plantard tapi dans les coulisse de l’Histoire…

Mais avec quelles sources, avec quels renseignements exactement, avec quels éléments obscurs venus du fond des âges, tous ces initiés qui composent cette saga nous enseignent-ils… ? Quelle fut aussi la part authentique dévolue à ce mystérieux « docteur Hervé » dont il est question dans le dossier Lobineau déposé en toute discrétion à la Bibliothèque nationale de France, à propos de la généalogie des Rois de France… ? Le fil conducteur de ce scénario stupéfiant qu’a été la rédaction de « L’Or de Rennes » de Pierre Plantard et Gérard de Sède, en 1967, est d’ailleurs à lui tout seul une rocambolesque entreprise « lupinienne » pourrait-on écrire… Franck Daffos, dans cet ouvrage absolument remarquable par les découvertes effectuées nous convie à le suivre, une fois de plus, dans ce tome VI des « Chroniques de Rennes-le-Château », dans de nouvelles découvertes extraordinaires… Du bien curieux fort de Fréfossé si évocateur de La Tour Magdala, d’Arsène Lupin à Maurice Leblanc et aux abbés des deux Rennes, le fil de trame se laisse découvrir peu à peu au fil des pages lues, sans oublier La Comtesse de Cagliostro, L’Aiguille creuse, Dorothée danseuse de corde, et bien sûr L’île aux trente cercueils. Sans conteste, à la lecture de tant de révélations le mystère semble se déchirer définitivement et les pièces lumineuses proposées dans ce livre magistral viennent s’imbriquer parfaitement dans l’incroyable puzzle que Franck Daffos reconstitue patiemment depuis maintenant près de vingt années de publication.

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Entretien avec Franck DAFFOS // Arsène LUPIN à Rennes-le-Château #1

Entretien avec Franck DAFFOS // Arsène LUPIN à Rennes-le-Château #2

Franck DAFFOS // L’incroyable secret de l’Abbaye de Saint-Wandrille

Franck DAFFOS // Le mystérieux « Docteur Hervé »

Franck DAFFOS // De l’aiguille creuse et le donjon d’Arques

Thierry E. GARNIER // De Jules Verne à Maurice Leblanc – aux sources du mystère

Thierry E. GARNIER // « L’Île aux 30 cercueils » – L’énigme des 3 CARTES – Boudet – Verne – Leblanc

Thierry E. GARNIER // Braquage à Rennes-le-Château

Franck DAFFOS // La véritable utilité du jumelage des deux tableaux de Rennes-les-Bains


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