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Pierre Faugier, photographe professionnel de très grand talent, passionné par la Nature, le sport, l’escalade, la spéléologie… ; passionné aussi par l’Histoire mystérieuse et par les traditions populaires, par tout ce qui fait l’enchantement de sa région si exceptionnelle, région connue mondialement grâce aux exploits héroïques de Patrick Edlinger a décidé, pour les « Chroniques de Mars », de nous faire découvrir ses coups de cœur à travers différents volets que vous appréhenderez prochainement au fil de nos publications…

100-3.jpg C’est en 2015, que Pierre Faugier prend connaissance du livre de Paul Amoros, Richard Buadès et Thierry E. Garnier, publié chez Arqa, intitulé  » L’Île des Veilleurs contre-enquête sur le mystère du Verdon et le trésor de l’Ordre du Temple « . S’ensuit cette nouvelle rubrique des « Chroniques de Mars » qui vous fera aimer de plus près le Verdon mystérieux cher à ces auteurs…

Pour ce numéro 30 des « Chroniques », Pierre Faugier nous propose de partir à la rencontre d’un personnage étonnant au parcours biographique aventureux et plus qu’émouvant nous plongeant dans une époque révolue et tourmentée, un homme au grand cœur qui nous conte ici, grâce à son ami Pierre Faugier, sa destinée lumineuse de dernier Veilleur du Verdon…

TEG // Les Chroniques de Mars.

Voir aussi de Pierre Faugier

Pierre FAUGIER – Le Verdon magique et mystérieux # 1 – Les vautours des Gorges du Verdon

Pierre FAUGIER – Le Verdon magique et mystérieux # 2 – Le chevalier de Blacas et l’Étoile de Moustiers-Sainte-Marie


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ROGER VERDEGEN, écrivain, héritier et détenteur des Mystères du Verdon

Roger Verdegen a attiré mon attention lors de recherches autour des mystères du Verdon. Plusieurs de ses ouvrages sont passés dans mes mains. J’y ai découvert un homme de grande envergure, inventeur d’un « bouclier », sorte de planche à naviguer sur le Verdon il y a plus de 50 ans de cela, spéléologue, écrivain et historien, ses connaissances des histoires et légendes du Verdon sont infinies. Je me suis rapproché de lui, lui ai rendu visite. J’ai rencontré un homme captivant et touchant, qui n’a pas hésité à me livrer sa vie…

* * *

2-155.jpg … Suite à une première rencontre, je suis retourné voir Roger pour lui poser d’autres questions.

Roger aime palabrer, aussi avais-je besoin de quelques petites précisions et j’ai réorienté notre conversation sur son travail actuel, à savoir la conception d’un recueil de cartes géographiques anciennes.

Bon an, mal an Roger en vient, au fil de nos échanges verbaux, à me parler de son enfance.

J’ai été ému et touché par son histoire. Il m’a semblé important de vous la raconter…

I – L’enfance durant la guerre

Roger Verdegen est né en 1934 de père et de mère inconnus. Sa vraie date de naissance il ne la connaît pas plus… Recueilli par une « Mama » italienne qui s’occupait d’enfants désœuvrés ou abandonnés, il reste avec elle quelques mois.

Suivront deux autres nounous de fortune.

4-117.jpg Son état civil officiel survient après une hospitalisation, le jour de son entrée à l’hôpital le 3 Mai 1935. Guéri, il est accueilli par une veuve dans le Mercantour, puis c’est l’asile social jusqu’en 1939, à l’aube de la Guerre 1939-1945.

Un jour, se pointe un mystérieux personnage, un militaire, ancien colonel des Zouaves à la retraite. Roger repart avec lui. Pas un mot ne sera échangé jusqu’à Clermont-Ferrand. Une vielle dame s’occupe alors de lui. Le petit Roger a peu de rapport avec cette famille d’accueil, il a alors un peu plus de cinq ans. Avec ce personnage – son grand-père – Roger renoue avec sa vraie famille qui vit à Vichy. Nous sommes en pleine occupation allemande.

Il découvre ainsi que son grand-père travaille pour les allemands, il est photographe originaire de Gand, belge d’origine, il photographie les bords côtiers depuis un avion. Roger vit effacé, petit bonhomme jeté dans l’enfer de la guerre. Malnutrition et peurs sont son lot quotidien. Il survit plus qu’il ne vit. Il découvrira sa maman dans des circonstances dramatiques. Nous sommes à la fin de la guerre… Elle aussi est photographe, il visite sa boutique, il passe une journée avec elle. Ils vont ensemble au restaurant accompagné d’un officier allemand. Elle lui demande de ne pas l’appeler « Maman ». Lui, petit bout d’homme, avec son regard d’enfant, ne saisi pas toute la situation mais elle reste gravé à jamais dans son cœur…

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Le soir, toujours suivant le mouvement, il se retrouve à l’arrière de la voiture appartenant à son grand père. Ils suivent une première auto dans laquelle se trouve sa maman accompagnée « d’autres personnes », ils se font arraisonnés par la Gestapo. Depuis la voiture de derrière, il entend les cris, le tumulte, puis les déflagrations.

Il n’entendra jamais plus parler d’elle, ni ne la reverra. Son grand père suivra quelques jours plus tard, dans d’horribles circonstances. Nous sommes 3 jours après le débarquement…

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Vichy est une étape de plus dans le calvaire que vit le petit Roger. Il y restera quelques temps après la Libération, embarqué ainsi que les autres enfants laissés pour compte parmi les ruines de la guerre dans des structures mises en places dans l’urgence par les libérateurs.

Les souvenirs sont flous mais la souffrance a marqué Roger au fer rouge. Il se revoit parmi d’autres enfants, tous orphelins de la guerre, les réprouvés recueillis par les Bonnes Œuvres, enfin ce qu’elles étaient à l’époque. Il se souvient des « bonnes sœurs » à « cornettes » ; puis d’autres enfants comme lui dans l’immense dortoir ; il se souvient que le matin on recouvrait intégralement de leur couvertures les enfants qui avaient trépassé dans la nuit.

Il s’arrête alors de conter son histoire, l’émotion le gagne, son bras droit se met à trembler irrésistiblement. Dans le lourd silence qui suit, je vois perler une larme au coin de son œil. Oui, Roger pleure… une fois de plus sur ses souffrances passées.

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J’imagine déjà avec peine son parcours, je fais un parallèle avec Victor Hugo, les misérables… Je pensais que la suite allait être plus douce et qu’un horizon plus ensoleillé allait désormais s’ouvrir pour lui. Je me trompais.

Roger poursuit, mais l’émotion est là, pourtant la voix est plus concise, Roger regarde en lui-même, et ses yeux, d’un beau bleu azur, sont perdus dans le lointain. Son bras tremble encore.

Roger décide de se sauver de cet enfer dans lequel il se trouve. Il a une dizaine d’années. Avec deux camarades ils décident de passer à la « débrouille » pour améliorer leurs quotidiens. Ils volent du pain du beurre, ce qu’ils trouvent. Evidemment ils se font attraper, une sœur moins dure que les autres leur parle, d’un ailleurs où la vie serait moins rude…

(…) à suivre # 2

* * *


Pierre FAUGIER
Le Verdon magique et mystérieux – Texte & reportage photographique Pierre Faugier © // Rencontre avec Roger Verdegen – Le dernier Veilleur du Verdon – Les Chroniques de Mars, numéro 30 – mars 2019.


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