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LES LIVRES de PATRICK BERLIER aux éditions ARQA

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La SOCIÉTÉ ANGÉLIQUE – Tome 3 – Une société secrète d’Imprimeurs et d’Humanistes à la Renaissance


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LE CARRÉ MAGIQUE SATOR

Deuxième partie : traductions et interprétations

*    *   *

Les plus anciens de ces carrés magiques – car il en existe de tous les temps – remontent à l’époque romaine, peut-être des premiers chrétiens, pour qui le Sator aurait constitué un discret signe de reconnaissance. Le carré magique constitue tout d’abord un palindrome, pouvant se lire dans tous les sens possibles, et composé d’une suite de 25 lettres :

 

S A T O R A R E P O T E N E T O P E R A R O T A S

 

Laquelle est obtenue à partir de 8 lettres différentes : A E N O P R S T. Il nous faut maintenant essayer d’en retrouver le sens… Bien que parfois écrite en lettres grecques, la formule est latine.

 

SATOR : planteur, semeur, créateur, auteur, père, artisan.

 

AREPO : intraduisible. On y a vu un nom propre, ou les initiales d’une formule latine, les possibilités étant multiples bien évidemment.

 

TENET, du verbe teneo : tenir, diriger, occuper, s’attacher à.

 

OPERA : travail, activité, œuvre, mission.

 

ROTAS, pluriel de rota : roue, char, disque du soleil, étoile du matin (sens poétique).

 

Le sens littéral du carré serait donc une formule du style : « Le semeur Arepo dirige le travail des roues ». La phrase est banale, elle semble faire allusion aux travaux des champs. On a vu aussi dans le carré la formule d’une enseigne, celle d’un artisan nommé Arepo qui aurait tenu une boutique vendant des roues de chars. On a même rapproché AREPO d’arepos, un mot de dialecte gaulois des environs de Lyon qui signifierait « charrue ». En première analyse ce palindrome, aussi parfait soit-il, ne veut pas dire grand-chose, ou reste très prosaïque ! Mais si la traduction littérale est décevante, il est possible de procéder à diverses analyses ou interprétations qui, elles, sont par contre pleines de surprises ! Peuvent-elles révéler les origines véritables du Sator ?

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Entre les années 1925 et 1936 on découvrit plusieurs exemplaires du carré magique dans les ruines de Pompéi. Cette ville ayant été détruite en l’an 79 de notre ère, le carré magique remonte donc au moins à cette époque. Pendant longtemps la paternité du carré magique Sator a été attribuée aux premiers chrétiens, entre autres en raison d’une particularité singulière dont il sera question plus loin. Mais il y a aussi quelques chances pour qu’il soit encore bien antérieur. Le Sator de Pompéi est inversé par rapport au sens de lecture habituel, il commence par le mot ROTAS. D’autre part il est suivi des mots ANO SAVTRAN VALE. Le premier mot peut se comprendre comme une abréviation de « anomalia – irrégularité », signalant un mode de lecture particulier : en l’occurrence de bas en haut pour les mots du carré, et de droite à gauche pour les mots suivants. Lesquels deviennent alors ELAV NAR TUAS. Charles Cartigny (« Carré magique ? Non, testament de saint Paul ») a démontré qu’il s’agissait de l’abréviation de « ELAVA NARES TUAS – nettoie à fond tes narines », autrement dit « mouche-toi pour avoir l’esprit clair – lave-toi de tous tes péchés ».

L’un des carrés magiques de Pompéi, photographié en 1936

Le carré magique Sator pourrait-il être d’origine romaine ? Lucien Gérardin explique (dans son livre « Les carrés magiques », éditions Dangles 1986) qu’il est possible que le Sator soit issu de la formule latine « AMOR ROMA – l’amour de Rome », autre palindrome qu’il est facile de construire en carré :

 

A    M    O    R

M                  O

O                  M

R    O    M    A

 

Lucien Gérardin poursuit :

« en élevant au pluriel, on trouve, hélas ! un mot totalement dépourvu de sens : SAMOR

 

S A M O R

A             O

M            M

O             A

R O M A S

 

Mais si on change les M en T, on obtient deux mots latins usuels : SATOR et ROTAS.

 

S A T O R

A            O

T             T

O            A

R O T A S

 Si l’on veut donner un sens à la phrase sator t…t rotas, il faudrait que le mot t…t soit un verbe. Palindrome évidemment ! Le seul verbe latin répondant aux exigences est TENET. Les seuls mots capables de compléter le carré sont alors OPERA, ou ONERA. Le premier est le plus satisfaisant, encore que l’inverse AREPO n’ait aucun sens en bon latin. » [Fin de citation]

Au chapitre des origines romaines, il faut ajouter aussi la possibilité d’un symbole mithriaque, le dieu Mithra ayant largement été adopté par les légionnaires. Plusieurs carrés magiques ont été retrouvés à l’emplacement de camps romains, ou dans des régions où le culte de Mithra était vivace… Rochemaure est proche de Bourg-Saint-Andéol, où subsiste encore un vestige du « bas-relief du dieu Mithra ». Oppède, ancien oppidum gallo-romain, n’est pas très éloigné de la vallée du Rhône, au niveau de Tarascon – Avignon, où le culte était également bien implanté.

Par un jeu de lettres et de chiffres, Lucien Gérardin réussit à faire apparaître Mithra dans le carré magique, en utilisant l’alphabet grec. Les Grecs, comme les Hébreux, ne connaissaient pas les chiffres sous forme de symboles spécifiques, mais utilisaient les lettres de leur alphabet, chacune ayant une valeur numérique propre. Mithra s’écrit en grec Mithras, au moyen des lettres Mu – Iota – Thêta – Rhô – Alpha – Sigma, dont le total numérique est égal à 360. L’initiation mithriaque comportait sept degrés, dont l’échelon supérieur était qualifié de « père ». Mot qui en latin peut s’écrire aussi bien sator que pater. En multipliant 360 (Mithra) par 7 (nombre de degrés) on obtient 2520. Or, en convertissant les 25 lettres du carré magique, transposées en grec, en une suite de nombres, et en totalisant ces nombres, on obtient aussi 2520.

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Le carré magique contiendrait donc, selon cette « gymnastique », Mithra et ses sept degrés. Ce résultat s’obtient cependant au prix d’une petite entorse : il faut considérer les E du mot TENET comme des Êta, et les E de AREPO et OPERA comme des Epsilon. Le problème, c’est que dans le sens vertical le mot TENET se trouve alors écrit avec des Epsilon et les mots AREPO et OPERA avec des Êta… D’autre part, selon certaines sources (en particulier Myriam Philibert dans son « Dictionnaire des mythologies », Maxi-livres éditeur), l’initiation mithriaque comporterait douze degrés.

L’hypothèse d’une origine paléochrétienne reste donc valable, ce que certains ont tenté de démontré en projetant sur le carré diverses sortes de croix, comme la croix de Saint-André formée par l’ensemble des consonnes, T exceptés, ou celle du TENET qui unit les quatre T ou Tau ; toutes deux s’articulant autour du N central.

Croix des consonnes et croix du TENET

Mais au-delà de cette symbolique simpliste, si le Sator était un emblème chrétien ésotérique, ne devrait-il pas contenir sous une forme cachée une nette référence au christianisme ? Plusieurs chercheurs ont conclu par l’affirmative à cette interrogation. Alors commençons par le plus spectaculaire : le carré magique est en effet l’anagramme parfaite des deux premiers mots du « Notre Père », en latin Pater noster, placés en croix autour du N central, et accompagné du A et du O, l’Alpha et l’Oméga.

A

P

A

T

E

R

A P A T E R N O S T E R O

O

S

T

E

R

O

 

Cette anagramme signalée en 1926 par le pasteur Félix Grosser fit l’objet de plusieurs publications. Elle semblait constituer une preuve irréfutable de l’origine chrétienne du carré magique, également déjà avancée par certains en raison de l’interprétation que l’on pouvait tirer de la traduction littérale : « le semeur dirige le travail des roues » pouvant aussi s’analyser en « le Créateur conduit la ronde du temps ».

Mais ce n’est pas la seule anagramme parfaite de la formule Sator. On y trouve aussi celle-ci, particulièrement étonnante, qui prend la forme d’une équerre :

 

E

T

O

R

O

P

E

R

S

A

T

A

E T O R O P E R S A T A N

 

« ET ORO PER SATAN – et je prie au nom de Satan »… Est-ce la manifestation d’une singulière dualité du carré magique, qui contiendrait à la fois Dieu et Diable ? Ou un pur hasard ? Les mots SAVTRAN VALE placés à la suite du carré magique de Pompéi constituent une formule composée de 8 lettres, comme le Sator, pouvant elles aussi générer un carré magique de 25 lettres où apparaît encore le nom Satan :

 

S  A  T  A  N

A  L  E  V  A

T  E  R  E  T

A  V  E  L  A

N  A  T  A  S

 

Cette dualité Dieu – diable se retrouve d’ailleurs dans les mots qui composent le carré magique, avec SATOR qui a le sens de Créateur, Père, et OPERA qui signifie également suppôt. Tout cela pourrait-il expliquer l’intérêt porté au carré magique par certaines sectes sataniques, dans les années soixante-dix, au point de voler celui de la chapelle Saint-Laurent de Rochemaure, en profanant du même coup son petit cimetière ?

Heureusement, le troisième volet de ce dossier nous réserve des variantes beaucoup plus belles…

[à suivre…]

Patrick BERLIER // « Chroniques de Mars » © – Février 2020.


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