Pour la gloire du noir et blanc & la résurrection d’Orson Welles

 

« Regarder un film de Kubrick, c’est comme regarder le sommet d’une montagne depuis la vallée. On se demande comment quelqu’un a pu monter aussi haut. »

Martin Scorsese

Vous aimez le cinéma en noir et blanc, le cinéma d’art et d’essai, les documentaires anciens, les archives inédites… ? Alors cette nouvelle rubrique des « Chroniques de Mars » est faite pour vous ! Le Monde moderne, celui du XXIe siècle, vient de subir sa première pandémie planétaire et l’on s’interroge sur la survie, sur la pérennité des choses, sur la mémoire des éléments, leur durabilité dans nos consciences. On s’interroge sur la capacité que peut avoir une œuvre d’art à transcender les barrières du Temps, on tente de se souvenir des films oubliés, on essaie de mémoriser des dialogues de films ou des musiques posées sur ces mêmes images. Qui se souvient encore de l’actrice Hélène Châtelain qui vient de décéder à l’âge de 84 ans ? Elle fut la star de « La Jetée », le film culte de Chris Marker de 1962, court-métrage prophétique en noir et blanc qui met en scène un monde justement « confiné » – après la troisième guerre mondiale… À une époque éphémère où l’image numérique s’évapore en surface au gré du temps qui s’espace, à une époque incertaine ou l’image virtuelle est devenue reine, sur des tablettes ou sur des smartphones, qui se souvient encore des drive-in en plein air, des films en noir et blanc, des téléphones à cadrans, des appareils polaroid… ? Il fut un temps où la télévision en noir et blanc rendait compte de sa mission culturelle – de « service public » – n’est ce pas ? Qui se souvient de « 5 colonnes à la une » ou de « Lectures pour tous », première émission littéraire de la télévision française présentée par Pierre Dumayet ?

À des années lumière des Frères Lumière…

Aujourd’hui, tel un commandant Cousteau 2.0, la plongée en profondeur dans les abîmes redoutables de l’image animée est plus incertaine chaque jour. Ce que l’on peut constater d’abord est que la télévision hannounesque est devenue plus dégradée et surtout plus dégradante. Le « 7e art », le royaume de « l’image qui bouge » a péri définitivement pour laisser place – sciemment – à un continent perdu, dévasté par la rouille et la sous-culture. Qui se souvient que les films de Truffaut ou Rohmer rendaient les femmes et les hommes heureux et intelligents ? Qui se souvient des films de Sergueï Paradjanov qui donnaient du sens à notre vie ? Aujourd’hui, à des années lumière des Frères Lumière, la télévision des talk-shows débilitants s’adresse à notre temps de cerveau disponible et le cinéma des blocksbusters  américains transpose jusqu’à la fin des temps d’énièmes suites aux comic-books de notre enfance.

Pour notre part, nous allons tenter de redonner, chaque semaine, avec notre Ciné-club new-look, un tant soi peu de vigueur à un passé oublié avec des films anciens ou des documentaires perdus dans les brumes de nos souvenirs. Que ce soit grâce à des photos anciennes, des extraits de films, des reportages, des documentaires érudits, nous allons ressusciter ensemble des mémoires d’images issues de catacombes mémorielles. Nous allons retracer la petite histoire des hommes qui ont façonné le Cinéma d’antan pour que ne puissent échapper quelques embruns d’icônes formant dans notre mémoire l’écume des jours… Toutes les semaines nous allons retrouver une séance de Ciné-club pour partager en commun des films en noir et blanc ou en couleurs pastels, des années 1900 jusqu’à la fin du XXe siècle, autrement dit sur une période pas si éloignée de nous et pourtant déjà si lointainement disparue…

Thierry E. Garnier // « Le Ciné-club des Chroniques de Mars » – mai 2020.


LA DERNIÈRE SÉANCE

 

« Notre vision du monde, formée par le cinéma,

ne correspondait pas à l’expérience que nous acquérions du monde. »

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uand j’étais petit, dans les années 40 et au début des années 50, dans la bourgade de Nouvelle Angleterre où nous habitions, nous allions, une fois par semaine, généralement le samedi après-midi, nous faire une séance de ciné. Comme dans « La Dernière Séance ».  Il ne s’agissait pas d’aller au cinéma, ou de voir un film, ou de se faire une toile, mais une séance de ciné. Cet intermède de trois ou quatre heures passées dans l’obscurité, en compagnie de cowboys et d’Indiens, de Tarzan et Jane, d’Abbott et Costello, des trois Stooges, de Tom et Jerry, des dessins animés Disney, des films glorifiant la seconde guerre mondiale ou plus rarement, d’un film d’amour en Technicolor ou d’un drame historique en costumes, était notre récompense après la semaine passée à subir le joug des adultes autoritaires qui dirigeaient nos écoles, nos églises et nos familles. Nous étions les jeunes gens et les jeunes filles de l’Amérique de l’après-guerre, du maccarthysme, peu perspicaces, bon public, en quête d’évasion. À notre insu, notre vision de la réalité, de toutes les réalités, était modelée de façon subliminale par ce que nous prenions pour notre petite dose hebdomadaire d’échappée au monde réel. Là où nous voyions un simple divertissement oisif, on nous servait de fait une propagande pro-américaine programmée.

Ainsi, au tournant des années 50 et 60, nous sommes entrés dans la vie d’adulte souffrant d’un étrange décalage mental. En effet, les images en mouvement nous avaient dit et montré que dans le monde réel, le bien et le mal étaient absolus, faciles à distinguer. Elles nous avaient dit et montré que les hommes et les femmes avaient des rôles, des responsabilités et des relations clairement délimités et que toute violation ou tout brouillage de ces limites seraient sévèrement punis, à juste titre. Elles nous avaient dit et montré que l’Amérique, même lorsqu’elle manquait de grandeur (Les Raisins de la colère, Les Fous du roi, Citizen Kane) restait tout de même la plus grande nation que la terre ait jamais connue.

Pourtant, il nous apparaissait avec de plus en plus d’évidence que dans la vie réelle, distinguer le bien du mal était difficile, voire impossible, que de braves hommes et femmes pouvaient parfois mal se comporter entre eux et surtout envers les enfants et les faibles, que les actes les plus cruels, les plus injustes, les plus abusifs restaient souvent impunis, qu’aucune certitude n’était tangible et que l’ambiguïté morale, le conflit émotionnel et l’oppression politique se trouvaient partout, y compris en Amérique. Notre vision du monde, formée par le cinéma, ne correspondait pas à l’expérience que nous acquérions du monde. C’était là le pouvoir de ces images. Elles pouvaient ignorer, réduire, voire déplacer notre perception du réel tel que nous le connaissions et le ressentions.

En 1959, façonné par ce décalage mental, j’étais devenu, à 19 ans, un poète beatnik, un escroc, un petit délinquant vivant à Boston. Un ami, poète beatnik plus cosmopolite que moi, m’a traîné dans le vénérable Brattle Theatre à Cambridge, voir « Les 400 coups » de Truffaut. Une révélation ! Mon décalage a soudain disparu, la distorsion créée par les contradictions et les conflits entre le monde révélé et modelé par les films américains de ma jeunesse et mon expérience subjective du monde s’est immédiatement dénouée.

« Les 400 coups » confirmaient et validaient la réalité morale, émotionnelle et sociale telle que je la ressentais. Antoine Doinel, pauvre, maltraité, incompris (incarné par un émouvant Jean-Pierre Léaud adolescent), c’était moi, Russel Banks adolescent solitaire, hésitant entre une vie de petit délinquant et une vie d’écrivain restant encore à inventer. La vie d’Antoine, tout titi parisien qu’il était, était la mienne. Et je la voyais dans un noir et blanc et des variations de gris urbain, granuleux et non dans un Technicolor flamboyant. La vie d’Antoine, tout comme la mienne, était contrôlée par des adultes obtus, égocentriques, hypocrites, imprévisibles, eux-mêmes manipulés par des figures autoritaires malveillantes, se trouvant généralement hors-champ, tels des marionnettistes invisibles. Le rythme syncopé de Truffaut, jalonné de plans larges paraissant interminables, était le rythme de ma réalité subjective. Ce film était un tout nouveau cinéma, un nouveau réalisme, qui dépeignait le monde d’une façon qui correspondait parfaitement à l’expérience personnelle et secrète que j’en avais toujours eue.

Je l’avais vécu comme une révélation strictement personnelle. J’ignorais totalement qu’une révolution cinématographique avait lieu en France qui allait, dix ans plus tard, bouleverser toutes les conventions du cinéma américain, à travers l’influence profonde, tant artistique que technique, qu’elle allait exercer sur des auteurs-réalisateurs tels que Scorsese, Coppola, Schrader, Altman ou Cassavetes. Je n’étais pas un lecteur des Cahiers du Cinéma et ne savais ni qui était André Bazin ni ce qu’était « la Nouvelle Vague ». Mais après « Les 400 coups », je savais ce que je voulais voir au cinéma. Je suis rapidement devenu un habitué du Brattle Theatre et du Exeter qui m’ont permis de me plonger dans le monde de Godard, de Bresson, de Varda, de Resnais, pour ne citer qu’eux.

Brusquement, les films me sont apparus, à l’instar des œuvres littéraires, comme du grand art, sans doute le plus grand art de mon époque, qui ont su former mon imaginaire et mon intellect de telle façon que je puisse moi-même devenir un jour un artiste…

Russel Banks (écrivain américain)28 février 2019


Documentaire – « Le MYSTÈRE du fantôme de l’opéra »

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Le Fantôme de l’Opéra est un roman français à la lisière du policier et du fantastique, écrit par Gaston Leroux et publié en 1910. Le roman paraît d’abord en feuilleton dans Le Gaulois (à partir de jusqu’à ), et paraît en volume chez Pierre Lafitte en mars 1910. Il paraît encore dans divers journaux, dont L’Écho d’Alger du au . Le roman est inspiré par une histoire d’amour de l’ancien opéra et par des rumeurs qui ont couru sur de prétendus mystères provenant des dédales souterrains de l’Opéra Garnier à Paris dans la deuxième moitié du XIXe siècle et de l’incendie, très réel celui-là, du Bazar de la Charité le Des événements étranges ont lieu à l’Opéra : le grand lustre s’effondre pendant une représentation, un machiniste est retrouvé pendu. La direction doit se rendre à l’évidence : un fantôme ou un homme machiavélique nommé Erik hante le théâtre. Certains affirment avoir vu le visage déformé de cet être qui ne semblerait pas être humain. Peu après, les directeurs de l’Opéra se voient réclamer 20 000 francs par mois de la part d’un certain « Fantôme de l’Opéra » qui exige aussi que la loge numéro 5 lui soit réservée. Au même moment, une jeune chanteuse orpheline nommée Christine Daaé, recueillie par la femme de son professeur de chant, est appelée à remplacer une diva malade, la Carlotta. Elle incarne une Marguerite éblouissante dans Faust de Gounod. Or, elle est effrayée. Au vicomte Raoul de Chagny, qui est secrètement amoureux d’elle, elle confesse une incroyable histoire. La nuit, une voix mélodieuse l’appelle : elle entend son nom et cela lui suffit pour inspirer son chant. En outre, l’ange de la musique visite fréquemment sa loge. Elle affirme avoir entrevu l’être qui l’accompagne dans son art. Mais Raoul et Christine ne tardent pas à découvrir que cette voix est celle du fameux fantôme nommé Erik, un être au visage hideux. Ancien prestidigitateur, il s’est réfugié dans son royaume souterrain, sous l’Opéra, pour y composer une œuvre lyrique. Passionnément épris de la jeune Christine, il l’enlève et l’emprisonne dans son repaire des sombres profondeurs… (source).

Envoyez vos critiques, nous les publierons ci-dessous

 

 

 

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CINÉCLUB // Histoires de fantômes cette semaine avec le Ciné-club des Chroniques avec ce très beau petit film de fantôme réalisé d’après le roman « Le Fantôme de l’Opéra » de Gaston Leroux. Un film muet introduit par un documentaire passionnant sur le véritable fantôme de l’opéra. Le film de Rupert Julian de 1925 n’étant pas, lui, sans anticiper bien des scènes du cultissime « Phantom of the Paradise » de Brian De Palma, sorti en 1974. C’est à découvrir ou à redécouvrir pour la séance de minuit…

« Le fantôme de l’opéra » – Rupert Julian – 1925

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Le Fantôme de l’Opéra (The Phantom of the Opera) est un film américain de juin 1925, réalisé par Rupert Julian d’après le roman éponyme de Gaston Leroux. Erik, le Fantôme de l’Opéra, être à moitié fou rejeté par la société, vit dans les sous-sols désaffectés de l’opéra Garnier à Paris. Amoureux d’une des cantatrices, nommée Christine Daaé, il intrigue pour qu’elle obtienne le premier rôle, avant de lui réclamer son amour en retour. Mais celle-ci, découvrant la profonde laideur de celui qu’on appelle le Fantôme de l’Opéra, cherche par tous les moyens à échapper à son emprise, avec l’aide de son prétendant. – (source).

ESPACE INTERACTIF > OUVERTURE LE 10 JUIN 2020  // FORUM du CINÉ-CLUB // Critiques de FILMS – SONDAGE (VOTES), etc. // Après visionnage du film projeté, vous pouvez laisser ici un message, une information complémentaire, envoyez-nous vos critiques de films, nous les publierons ci-dessous… – N’hésitez pas ! Cet espace est le vôtre. Bientôt au « Ciné-club des Chroniques de Mars » des films de : Fritz Lang, Tod Browning, Buster Keaton, Alfred Hitchock, Sergio Leone, Chris Marker, Jacques Tati, Jean Eustache, Claude Chabrol, Jean-Pierre Melville, Alain Cavalier, Alain Resnais ; mais aussi des courts-métrages, des documentaires, des interviews, etc. (…).

PROCHAINEMENT SUR VOTRE ÉCRAN

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« Phantom of the paradise » – Brian de Palma – 1974

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