Le fil des mondes

 

Dans le monde d’après des ombres assagies croisaient en silence, à la volée, de drôle de personnages mutique aux regards luisants et pénétrants – pour quelles raisons ces lumières sombres à l’horizon déclinaient-elles maintenant avec tant d’incidence ? Bientôt le balai mou de ces âmes errantes, de ces créatures grotesques disparaissait dans l’obscurité moite.

L’atmosphère chaude collait à sa peau et la sueur mouillait ses cheveux. Le regard absent, son corps de poupée brisé, Sugi ne bougeait pas, coquille vide contemplant un paysage de mouvements vains. Avec effort, elle tourna la tête observant de ses grands yeux gris le spectacle qui s’offrait à elle, cherchant à se situer.

-Et bien, je n’espérais plus votre éveil, dit une voix triste.Cela fait des heures que vous êtes arrivée dans ce monde, et j’ai bien cru que vous vous délitiez avant moi.

Cette phrase la rendit perplexe, et en cherchant à l’expliquer elle réalisa qu’elle pouvait voir à travers son interlocuteur ; les manches de ses habits étaient vides de ses membres disparus, et le reste de son corps semblait bientôt vouloir s’effacer à son tour.

-Ce monde ? Où suis-je ?

-Le monde d’après, répondit-il laconiquement avant de revenir à son silence comateux.

Ces mots provoquèrent un écho désagréable dans l’esprit de la poupée de cèdre ; une image fulgurante du monde…« d’avant » ? Cette idée fit naître en elle un sentiment de violence et elle préféra observer l’endroit où elle se trouvait. Le spectacle dévasté qui s’étendait devant son regardétait hypnotisant, décourageant. Des âmes flottaient sur une étendue liquide qui s’étendait à perte de vue ; plus près, des êtres difformes se traînaient sur le sol et leur étrange chorégraphie paraissait immuable. Derrière elle, des chemins défoncés s’entremêlaient sur l’eau jusqu’aux rives noires qui bordaient un paysage encore plus désolé.

Mue par un instinct inexplicable, Sugi ne voulait pas comprendre la raison de sa présence dans cet endroit. Au fond, ici ou ailleurs c’était bien égal, tout ce qu’elle souhaitait c’était s’oublier. Elle ferma les yeux et s’abandonna au néant.

Il lui semblait qu’un instant était passé quand elle entendit fredonner une petite mélodie. Ouvrant les yeux, elle constata qu’un certain temps devait s’être écoulé puisque les ombres n’étaient plus que de fines buées blanches dans la nuit verdâtre. Brillante dans toute cette noirceur, la lumière jaune d’un petit lampion se balançait au rythme des pas d’un enfant. Sugi plissa les yeux, éblouie, mais elle s’habitua à la clarté avant que ne se plante devant elle une ravissante fillette. Tout en elle s’opposait au monde dans lequel elle évoluait, mais d’une manière inexplicable elle semblait en harmonie avec chaque chose ; comme si son existence était un élément essentiel de cet univers.

– Je suis ravie de te trouver, j’ai bien senti que tu allais arriver, murmura la fille au lampion. Je suis Kyra.

Deux grands yeux noirs remplis d’étincelles s’étaient plongés dans ceux de Sugi : ils étaient entourés d’un visage à la peau d’ébène, lui-même encadré d’un foulard rouge qui retenait une somptueuse masse de cheveux crépus.

-Tout doit te sembler étrange, et puisque tu es ici, c’est sûr que tu préfèrerais rester seule. Mais j’ai trouvé ça sur mon chemin, je pense que ça t’appartient.

Entre les doigts qui n’avaient pas encore perdus la rondeur de l’enfance, apparut un ravissant collier. Prenant le bijou composé de jade et de corail, Sugi ne put retenir un frisson : son contact éveilla en elle un souvenir fugace. Retournant le médaillon, elle lut les mots suivants : « Je t’aime, I. ». En les lisant, un visage oublié apparu dans son esprit, un visage magnifique qui lui donna envie de pleurer ; elle était incapable de dire qui était cette personne, mais son sourire la faisait sourire et ses yeux semblaient l’incarnation même de l’amour. Bouleversée par cette vision, elle fut brutalement ramenée à la réalité par la voix de Kyra.

-Tu as trouvé un souvenir, n’est-ce pas ? Si tu es arrivée ici, c’est probablement qu’il y avait une bonne raison ; mais si une image a réussi à venir jusqu’à toi, c’est qu’elle est très importante, dit Kyra en se penchant vers elle.

-J’ai vu le visage de quelqu’un qui m’aime. Dans ses yeux, j’avais l’impression d’être là où je devais être, articula difficilement Sugi. Mais je n’ai pas la moindre idée de qui est cette personne, ni d’où elle vient. Je l’ai probablement imaginée.

-Non c’est impossible, répondit catégoriquement Kyra. Toutes les âmes qui arrivent ici sont vidées de leurs espoirs, de leur imaginaire, certaines même d’une partie de leur individualité. Les seules choses qui peuvent percer ces limbes, ce sont les souvenirs, de vrais souvenirs bien vivants. Si tu en as trouvé un, il y en a sûrement d’autres qui t’attendent, mais il faut te mettre en chemin pour les découvrir. Tu n’aimerais pas savoir à qui appartient ce visage ?

-Je ne sais pas… Je ne suis pas sûre. J’ai l’impression qu’il existe un univers entre cette personne et cet endroit. Et s’il valait mieux que je ne me rappelle pas ?

-C’est ton droit. Tu peux rester ici, tu oublieras peu à peu et tu finiras par devenir comme ces âmes vides : une petite traînée vaporeuse,sans but. Ou alors tu continueras d’être obsédée par ces yeux, et tu deviendras un errant.

-Un errant ?

-Tu vois ces être tristes qui grimacent et qui se traînent ? Des errants. Ça ne donne pas très envie, n’est-ce pas ? Je suis d’accord, enchaîna Kyra sans attendre de réponse. Alors tu peux décider de chercher d’autres souvenirs qui te permettront peut-être de trouver un passage pour quitter ce monde. N’est-ce pas passionnant ? Je t’accompagne si tu veux !

Sugi réfléchissait aux options qui s’offraient à elle. Une inspiration assez brutale lui disait de refuser la proposition de la petite fille, mais les yeux de son souvenir étaient si pleins de promesses qu’elle ne pouvait se résoudre à les abandonner.

-D’accord, allons-y.

Une lumière sourde semblait infuser le ciel à l’horizon, changeant l’atmosphère verte malsaine en cocon opaque. Alors, Sugi se leva et commença sa route d’un pas maladroit, accompagnée de Kyra et de sa démarche souple et joyeuse.

Les rives noires avaient depuis longtemps disparues et Sugi n’arrivait pas à savoir depuis combien de temps elles marchaient. Elles avaient fini par rejoindre un petit chemin qui serpentait dans une plaine stérile, parsemée d’herbes sèches qui paraissaient bleues sous le ciel crépusculaire. Soudain, au détour du sentier, une petite maison se dressa devant les aventurières. Elle se trouvait à la lisière d’une forêt d’arbres squelettiques et était si colorée que le contraste agressait le regard.

-Sugi ! Je suis sûre que c’est un de tes souvenirs ! Vite, allons voir à l’intérieur !

Quand elle entra à son tour, la poupée ressentit le même frisson que quand le collier l’avait trouvée, et un flot d’images envahit son esprit. C’était là, sur l’établit trônant au centre de la chambre qu’elle avait vu les yeux souriants, le regard plein d’amour ; la maison était celle de l’inventeur ! Un artisan merveilleux qui enchantait le monde en donnant vie à ses créations sur cette vieille table.

-C’est ma maison, dit Sugi d’une voix enrouée. Je me rappelle maintenant : j’habitais ici avec celui qui m’a conçue, c’est lui que j’ai vu ! Nous étions si heureux ensemble… Mais qu’est-ce que je fais dans ce monde ?

A l’instant où elle prononçait ces mots, un bruit violent se fit entendre et la porte gémit sous le choc. Un grognement terrifiant s’éleva à l’extérieur, promesse de désespoir et de mort.

-Qu’est-ce que c’est ? demanda le jouet dans un souffle.

-Viens vite ! au premier son, Kyra avait déjà commencé à défaire son sac et elle en sortit une magnifique cape composée d’une multitude de tissus dont les mouvements laissaient échapper un parfum délicieux. On va sortir par la porte de derrière, il faut qu’on s’éloigne d’ici le plus vite possible !

Lorsque l’attaque semblait s’intensifier et que la porte donnait d’inquiétant signes de faiblesses, les équipières étaient déjà loin.

-C’est vraiment dommage que tu n’aies pas pu explorer la maison plus longtemps, dit Kyra essoufflée par sa course. Ça t’aurait peut-être donné plus d’indices ; ton souvenir devait être très puissant pour qu’ils nous retrouvent si vite…

-Ils ? Qui étaient-ce ?

-Des gardiens des âmes. Laisse-moi t’expliquer : ce monde se nourrit de l’oubli et de la résignation des êtres qui y arrivent : aucun d’entre eux n’est censé éprouver d’espoir. Il n’existe rien de plus contagieux que l’espoir, et si une âme en ressent, elle risque de le transmettre et alors ce monde finirait par se consumer. Les gardiens s’assurent d’en étouffer la moindre étincelle et la maison était tellement vivante, c’est ce qui a dû les alerter ! Il faut qu’on fasse attention maintenant, ma cape a pu les tromper une fois, mais je ne suis pas sûre qu’ils se laissent encore avoir si facilement.

-Comment est-ce que j’ai bien pu arriver là ? demanda la poupée. Quand j’ai ouvert les yeux sur ce monde, tout ce dont j’étais certaine, c’était mon souhait de m’évanouir dans l’oubli. Mais depuis que j’ai revu mon créateur, je ne sais plus. J’ai peur de ce que je vais encore découvrir et pourtant,son regard m’appelle si fort que je n’arrive pas l’ignorer.

-Il ne faut pas ! trancha Kyra. Ne t’inquiète pas, on va trouver des réponses, nous devons persévérer et avancer. Je suis sûre que ta mémoire t’attend sur le chemin.

Sur ces mots, elles continuèrent leur marche en silence, ressassant les derniers événements. Leurs pas se succédaient, et Sugi commençait à fatiguer. Il lui semblait qu’une éternité était passée depuis leur fuite de la maison colorée, et le gris du ciel inchangé donnait l’impression que le temps s’était suspendu. Enfin, la forêt s’arrêta nette, faisant place à une plaine caillouteuse constellée de buissons rabougris. En haut d’une petite butte, les ruines d’un village défiaient le vent qui soufflait sans fin.

-Arrêtons-nous un moment, dit Kyra. On devrait pouvoir trouver un abri ici.

Laissant là sa compagne, elle alla explorer les environs. Lassée de cette longue marche, Sugi regardait les alentours avec détachement, quand un reflet brillant vint frapper son regard. Elle se fraya un chemin entre les débris et trouva un miroir brisé ; dans un gros éclat encore accroché au cadre, Sugi vit son reflet. Elle se savait négligée, mais la réalité la frappa de plein fouet : ses cheveux, fils fins et brillants étaient coupés de manière anarchique et des mèches lui manquaient, laissant apparaître des parties de son crânes. Son visage délicat était marqué au feutre noir, accentuant un maquillage vulgaire qui avait bavé ; ses habits sales et déchirés laissaient entrevoir son corps dans lequel une lame avait gravé des marques. Son épaule était démise et faisait pendre son bras bizarrement. A la vue de ce désastre, de terribles images déferlèrent sur son esprit. Elle revit le charmant garçon, si séduisant avec ses boucles blondes, ses beaux yeux bruns et son sourire en coin. Qu’est-ce qu’elle voulait qu’il l’admire alors ! Elle revit aussi l’inventeur lui dire que ce garçon n’était pas assez bien pour elle. Puis comme elle avait crié sa frustration, accusant l’artisan de vouloir la garder enfermée, et finalement la porte qui avait claqué, définitive. Ensuite… Ensuite il n’y avait eu que tristesse, violence, désillusion, douleur, cris, larmes, et la honte. La honte de réaliser que son inventeur avait raison. La honte des paroles qu’elle avait proférées, et la honte de ne pas être digne qui l’avait empêchée de revenir à la maison. Là, dans les ruines, sous le poids de toute cette honte, Sugi s’effondra.

Un peu plus loin, Kyra venait de choisir un endroit bien abrité qui leur laissait la possibilité de s’enfuir si un gardien les retrouvait. Satisfaite, elle allait chercher sa compagne quand une violente lumière tomba du ciel et heurta le sol à quelques mètres de là. Etonnée et excitée à la fois, elle courut chercher la poupée et finit par la trouver sur le sol, prostrée près d’un vieux miroir, les yeux dans le vague qui répétait comme une incantation :

-C’est ma faute, c’est ma faute, je ne vaux rien, c’est ma faute…

-Sugi… Kyra lui toucha doucement la joue. Sugi, tu t’es souvenue de quelque chose et tu as fait apparaître une nouvelle image ?

-Je ne vaux rien, c’est ma faute, c’est ma faute…

-Cette lumière, il faut aller voir ce que c’était ! elle releva le jouet brisé. Maintenant ! Tous les gardiens du monde doivent déjà être au courant !

Sugi n’émit aucune résistance quand Kyra l’entraîna à sa suite, et la petite courut aussi vite qu’elle le pouvait en direction d’où la lumière était tombée. Là où avant il n’y avait rien, des monticules d’ordures et des objets en tout genre étalaient leurs masses sombres. Subitement, Sugi sembla reprendre contact avec la réalité et voulut tirer Kyra en arrière :

-Non, je ne veux pas y aller, je connais cet endroit ! Je ne veux pas le voir, je ne veux pas me voir. Non ! désespérée, elle ferma les yeux, souhaitant échapper à cette vision.

-Sugi, c’est le souvenir de quelqu’un d’autre. Regarde ! lui murmura la fillette.

Alors la figurine de bois ouvrit les yeux et put voir par terre devant elle le corps de l’inventeur. Il sanglotait, et ses pleurs contenaient le désespoir de tout l’univers. S’approchant doucement, les deux amies purent entendre ce qu’il murmurait :

-Sugi, je t’aime… Je sais que le chemin que tu as choisi te conduira à souhaiter pire que la mort. Tu as été créée pour la joie, la beauté, l’amour… Et tu as été trainée dans la violence et la haine ! Je veux te retrouver mais le seul moyen pour que nos chemins se rejoignent, c’est que je te précède dans le monde d’après. Je ne veux pas vivre sans toi et je préfère disparaître de la surface de la terre plutôt que de te perdre ! A ces mots, l’artisan s’évanouit dans le vide.

A cet instant, un hurlement inhumain retentit sur la pleine, rejoint par un, puis d’autres.

-Sugi, l’inventeur est venu jusqu’ici pour toi ! Il t’aime tellement qu’il a réussi à t’envoyer un de ses souvenir !

-Pour moi… ? soudain, elle réalisait toute la portée de cet acte, l’amour débordant, vivant, puissant, le renoncement de sa propre existence pour elle. Kyra, il faut absolument que je le retrouve !

-Donc tu préfères suivre ses pas plutôt que de t’évanouir dans le néant ? Tu es prête à faire face à tes choix ?

-Oui Kyra, je me sens si ridicule, tellement minable… Mais je dois le retrouver, il le faut !

La petite fille prit la poupée par la main et commença à l’entraîner derrière elle.

-Je ne pouvais pas te le dire avant, mais je sais exactement où il faut aller pour le trouver. Attends, tu poseras tes questions plus tard. Quand il est arrivé ici, il a décidé de résister au désespoir et de t’ouvrir un chemin ; il s’est enfoncé le plus profondément possible dans ces terres de néant. Là ou plus aucun chemin n’existait, il en a créé un : c’est vraiment quelqu’un d’incroyable ! Avec son corps il a créé une porte qui te permettra de partir de ce monde et de passer dans le monde d’après.

-Le monde d’après ? Mais je croyais que c’était ici ! Avec son corps ?

-L’univers n’est pas aussi basique que tu le penses. Parfois les mondes se suivent et se confondent, séparés par d’invisibles voiles. Parfois une porte marque la fin d’un monde et le commencement d’un autre. Il faut se dépêcher, cette fois ma cape ne fera que retarder les gardiens mais elle ne pourra pas nous cacher. Par-là !

Kyra accéléra le pas sur la pente caillouteuse. Elle tenait toujours la main du jouet et s’appliquait à faire ondoyer son vêtement pour tromper les gardiens qui les avaient retrouvées.

Arrivées au bas de la colline, elles posèrent le pied sur un sol de poussière. Elles s’étaient enfoncées très loin dans le monde d’après, et Sugi réalisait maintenant qu’elles croisaient de moins en moins d’âmes au fur et à mesure qu’elles avançaient. Ici, plus rien n’existait, ni brin d’herbe, ni pierre : seulement de la poussière. Et les hurlements.

Alors que rien ne venait casser la monotonie du paysage, Sugi commençait à douter d’avoir fait le bon choix. N’aurait-il pas été plus facile d’abandonner ? Si elle s’était laissée aller dans l’oubli comme elle le souhaitait initialement, elle ne ressentirait plus rien à l’heure qu’il était.

Là, alors que ses jambes étaient lasses et son épaule douloureuse de se faire tirer par Kyra, les grognements menaçants qui s’insinuaient dans ses oreilles, dans son âme, lui donnaient envie de baisser les bras. Comme elle commençait à perdre courage et qu’elle pouvait entendre le souffle rauque des terribles créatures qui les poursuivaient, une porte apparue. L’instant d’avant il n’y avait rien, et maintenant elle se dressait là, imposante, solennelle et brillant d’un rouge profond. Au comble de l’horreur et persuadée qu’il leur était impossible d’échapper à leurs assaillants, Sugi pensait qu’il était trop tard. Quand le gardien le plus proche tendit le cou pour attraper sa nuque et la briser entre ses mâchoires putrides, Kyra la tira violemment en avant et la poupée n’évita la chute qu’en se rattrapant contre le battant de la porte. Reculant pour pouvoir l’ouvrir, elle eut un haut le cœur quand elle vit ses mains et ses habits recouverts de sang. Elle devait en avoir sur le visage puisqu’elle sentait couler un liquide chaud le long de sa joue. Les yeux écarquillés d’horreur elle chercha Kyra, sûre de la voir se faire dévorer par les monstres trop près d’elles ; pourtant, quelque chose semblait les avoir arrêtés. Ils encerclaient l’édifice, coupant toute retraite aux fugitives, mais restaient immobiles. Excepté le souffle court de Kyra, le silence était assourdissant.

-Sugi, tu ne risques plus rien. C’est la porte que ton inventeur à créée pour toi, c’est son sang qui te recouvre et il est tellement saturé de son espoir et de son amour pour toi que les gardiens ne peuvent plus te toucher ! Tu peux passer !

Sous le choc, la poupée se retourna. Elle tendit une de ses main mutilée et poisseuse, attrapa la poignée et la tourna. Une lumière violente l’environna, l’obligeant à fermer les yeux. Avant qu’elle ait pu les rouvrir, elle sentit l’atmosphère changer, et c’est sur un tapis d’herbe verte qu’elle s’effondra, en pleurs.

Des heures passèrent avant que ses larmes ne se tarissent et enfin, après un dernier sanglot, Sugi trouva la force de découvrir à quoi ressemblait ce « monde d’après » : le sang et la porte avaient disparus, et elle se trouvait dans une petite clairière ensoleillée. Surprise, elle allait s’enfoncer au hasard dans la forêt quand une jeune voix l’interpella :

-Sugi ! J’étais sûr que tu allais arriver ! un jeune garçon apparu à l’orée du bois, un garçon en tout point semblable à Kyra, excepté ses cheveux courts. Je suis Solal, c’est l’inventeur qui m’envoie, dit-il dans un sourire.

-L’inventeur ? Mais Kyra m’a dit qu’il avait fait la porte avec… Tout ce sang c’était…

-Je sais, c’était impressionnant, mais il est sacrément impressionnant ton créateur ! Et s’il a créé un passage ce n’est pas pour que le chemin s’arrête de l’autre côté… D’ailleurs il a imaginé ce monde pour toi et il t’a même fait une maison ! En t’attendant, d’autres personnes sont arrivées alors, c’est plutôt un village, ou enfin… une petite ville qu’il a construite.

-Une ville… Sugi était abasourdie.

-Je sais, ça fait beaucoup… Mais tu auras le temps de te préparer, car nous avons encore un bon bout de chemin pour le rejoindre et ça ne sera pas de tout repos ! Prête à continuer ?

Dans la chaleureuse lumière du soir, la jolie poupée d’Asieentama la suite de son périple. Elle suivait son petit guide avec joie ; confiante pour le lendemain et impatiente d’arpenter ce « nouveau monde d’après ».

 

TWITTER > Partagez et Tweetez cet article > (voir plus bas)


999_bandeau.jpg


bandeau_pb.jpg