Le monde d’après

 

 

Dans le monde d’après, les ombres assagies croisaient en silence, à la volée, de drôles de personnages mutiques aux regards luisants et pénétrants – pour quelles raisons ces lumières sombres à l’horizon déclinaient-elles maintenant avec tant d’incidences ?
Comment la Terre avait-elle pu encore refléter autant de lumière si les Hommes qui y logeaient naguère ne pouvaient plus ne serait-ce que concevoir un tel phénomène récurrent, habituel et de cohérence ? C’était assis seul sur l’herbe roussie que je me posais ces questions en me remémorant le passé…

Dans la contrée sans lustres à laquelle j’appartenais jadis, je subsistais à croire que le Printemps arriverait comme tous les ans; sans âges, sans sagesse, explosant tout à coup l’Hiver et sa tristesse. C’était là ma saison préférée lorsque j’étais enfant, quand il y avait encore des fleurs à naître dans les champs et les premières pâquerettes à effeuiller pour connaître la force de nos amours. En les patientant pendant la saison froide, je m’aveuglais de quelques astronomies de substance, en élevant le degré de mon regard au plein cœur des étoiles, mais seulement un peu moins tard qu’en toute autre saison, car l’air glacé n’aidait pas vraiment à flâner. Je m’y forçais tout de même; si les ciels d’Hiver étaient réputés parmi les astronomes professionnels et amateurs, c’était pour la pureté que l’éther décernait alors à ses hôtes. Il discernait ainsi un ciel moins pollué en son air et des visions plus qu’ordinaires – si néanmoins la nuit n’était pas en brouillard ou en peine. Affecté dans ce cas, c’était une nuit de paix pour le sommeil. Enguirlandé au contraire, le ciel devenait fabuleux ! Et il l’était !

À l’époque, les étoiles ne dormaient jamais.

Nous les Hommes croisions toujours ces belles taciturnes aux regards ardents nous observer, en diurne comme en nocturne, des passés en années. Alors le Printemps embellissait les choses, laissant plus de douceur sur les soirées et conséquemment davantage de temps à vivre libres à l’air. C’était l’âge d’Or de la vie, nous vivions tous entourés d’un tout comprenant des amis magiciens, fleuris, sans animosité envers les animaux et des ciels étoilés. Tout était tellement serein que personne n’imaginait la fin, et les étoiles-mêmes ne savaient pas à partir de quand elles étaient considérées comme reines, à quelles heures défuntes étaient-elles et dans quel univers nous pouvions les déconsidérer comme telles… la vie, en fait, était un continuel printemps.

Si je me souviens bien du monde d’avant la première Loi, avec le cœur serré de joie et d’effrois – la gaieté de l’avoir vécu et les affres qu’il ait disparu – mêlés dans les présents et les passés futurs, il me semble que je vivais mes adolescentes années dans une tiédeur d’édredon; emmitouflé dans les dédales du duvet abscons qui rendait tout, paradoxalement, compréhensible.
Il faisait penser à une apesanteur non pas tant sur la douceur de ses plumes mais parce-que justement, la pesanteur était hors de ce nuptial monde. J’étais littéralement uni à mon lit, parce-que celui-ci rendait toutes les étoiles visibles dans la plus primitive et confortable des positions, aidant l’inné à l’idée, et surtout, parce-qu’être observateur, conteur ou illuminé était encore une éducation étendue et noble.

Je me rends compte à quel point ce passé était un luxe, quand bien même la majorité des Hommes pratiquait la passion créatrice de sonder le monde. Ils appartenaient à l’envergure des « Grands Explorateurs de l’Avenir »  comme nous les appelions, et servaient de supplétifs pour conjuguer le mot « rêver » à l’auxiliaire « réel » au pluriel. Je n’étais donc pas esseulé à le faire et les quêtes étaient nombreuses sur divers champs.

Cependant, j’avoue que j’excellais dans un domaine : le déchiffrement du Monde dans sa sublime devinette. Lui, si lisible, comptait sur l’invisible pour se narrer, et mes loupes de sens se trouvaient impressionnament exacerbées pour le comprendre.
Ma cérémonieuse journée commençait donc lorsqu’il s’éteignait enfin, c’est à dire dans un laps de trente secondes où les deux entités du jour et de la nuit se distinguaient à peine l’une de l’autre. Je pensais percer un secret à cet instant précis, qui était un favoris pour moi, car chacun, justement, l’oubliait. L’on l’a nommait « Heure Bleue » et elle était modeste, alors pourquoi ne cacherait-elle pas des miracles de secrets ? Entre l’Heure Dorée certes, magnifique, et le crépuscule dévoilant ses étoiles tout autant faites de lumière mirifique, il y avait, de mon avis, de quoi apparaître pour la compréhension du terrestre entretien.

Car l’Heure Bleue était unique, jalousement gardée secrète par les poètes de la couleur, car seul à cet instant se jouaient tous les contrastes complémentaires les plus subtils de la journée. Elle ne vivait d’ailleurs même pas une entière heure; encore un peu teintée d’Or du Soleil, et pas tout à fait encore de l’Argent de la Lune. Elle levait son voile sur des mauve ombragées, escortée des nuages d’insectes se réveillant eux-aussi pour soumettre leurs carapaces moirées entre les deux astres en duel.
Elle révélait chaque douceur, chaque flou, chaque lueur dans une ambiance poudrée, un peu fraîche, en éclaboussant des reflets scintillants dans les yeux et les premières chair de poule sur les bras.
C’était l’heure du frisson, de l’amalgame entre le chaud et le froid, du sombre et de l’éclat. C’était le basculement lent et beau du jour confiant qui se laisse tomber dans la nuit, qui pour l’endormir tout à fait, le rattrapait encore quelques minutes, comme si avant de passer dans le sommeil total, elle lui fredonnait une berceuse.

Alors quand la nuit venait après une journée à entrevoir les entrelacs du terrestre et du céleste Printemps, lorsque les infimes êtres vivants sortaient de la tourbe de l’Hiver, je quêtais l’audience des « gens qui dorment » pour regarder au mieux les étoiles sans nuisibles – les parasites étant iciles Hommes exécrés du ciel étoilé. Bien qu’ils furent rares, ils débutaient déjà, en cette ère calme, la chasse à leurs ennemis vibrant de vie.

J’analysais tout frénétiquement sans répit car le jour se pointait vite; la première des quatre saisons avait gagné le nombre d’heures diurnes dans une partie de carte avec celle qui les avait emprisonnées… je me dépêchais donc, pour repérer le maximum d’hélium brillants dans le ciel et de répéter, à l’aide de ma plume, leur découverte à travers la littérature cométaire dans mes carnets.

Je portais donc ma vie à l’insomnie, pour une comète, une planète ou un soleil, un ciel sans merci, pour un amour instruit. C’était une période considérable pour celui qui voyait dans ces ciels des boutons floraux en nombre avec l’ampleur parallèle des fleurs en pleine explosion sur terre. Un temps où l’horizon était souvent la rime colorimétrique du bleu, la nuance la plus vaste de la temporalité et la plus profonde de la météorologie : là où les pastels du jour et les rois Azuréens se fonçaient tardivement par les bleus d’Outre-mer et de Prusse. Et pis, il fallait compter aussi sur les quelques aplats de couleurs franches qui tachaient une pelouse folle, pas encore fumée, qui s’élevait vers l’éther comme si elle s’étirait pour atteindre les canards qui volaient au-dessus d’elle, libres mais poursuivis par la brise de liberté du chant des petits passereaux à terre. J’adorais ces Printemps merveilleux, où tout devenait une immense surface bleu sarcelle avec le flou des yeux qui se plissaient sous les rayons du Soleil qui, devenant davantage brûlant au fil de ses propres journées, s’échauffait et nous réchauffait, bronzait les peaux et vitaminait les esprits. Les couleurs en jaune devenaient pâles à côté; elle ne servaient plus qu’à redorer ce qui s’était évanoui pendant la saison froide; ajoutant ainsi au vert de l’herbe, avec leurs boutons d’or, quelques vibrations de plus vers les Céladons.

Mais cette époque faste et nourrie des choses simples, des petits bonheurs du quotidien, s’interrompit fatalement. Le Gouvernement, par une absurdité sans correspondance face aux époques passées et sans céder une seule information qui faciliterait une minime compréhension, installa des murs entre le jour et la nuit; des frontières bien visibles dans ses textes de Loi en interdisant spécialement les observations cosmiques en journée et gardant uniquement le soleil pour en faire des préceptes de lumières.
Inutile de spécifier que tel distinguo était impossible mais également inconscient. Pourtant, ils semblaient préférer là se livrer au jeu des stupidités, sans grammaire distinguée, en regard d’autres intendances abruties par le pouvoir et l’argent plutôt que de garder une stratégie pleine de zèle et du vent de l’esprit. Ces imbéciles ne comprenaient pas que l’Or qu’ils cherchaient était justement là dans le ciel, quand le jour naissait ou se mourrait, ne vivant qu’en un cycle infini de jours et de nuits sans désordre, dans mon Heure Bleue favorite et mystérieuse…

Avec ce premier concept, les étoiles marchaient vers la mort dès que l’aurore pointait. Le renouveau avançant, il ne restait plus beaucoup d’heures pour elles, et l’air frais encore soufflant sur les nuits printanières furent un écho de plus pour que beaucoup d’Explorateurs abandonnent leurs recherches. Dans l’impensable sondage de faire de même, il me fut inévitable de tailler de grands manteaux pour aller cueillir les étoiles de la nuit, car si elles avaient été interdites la journée, cela signifiait que leur chaleur flamboyante ne rayonnait plus non plus. D’ailleurs, il faisait déjà plus frais au coeur et aux mains dans les minutes d’après le décret.

Résolu cependant à nier en silence, j’occupais toutes mes soirées à porter ma vue sur elles. Je n’étais déjà plus, de toutes façons, fréquenté par des amis et mon lieu de villégiature ne m’offrait rien d’aussi spectaculaire que gratuit. J’avais encore la chance à l’époque de ne pas vivre en ville et de pouvoir me fier à un ciel d’encre, alors, aux crépuscules, toutes mes constellations préférées s’enrobaient de leurs atours précieux de cristaux et se paraient de leurs plus beaux bijoux pour faire honneur à leur voyeur, en cachant bien là leur tristesse d’être enfermées à l’aube. En effet, lorsque le Roi Soleil dépassait l’horizon, le monde tombait dans la clarté et les astres volaient dans le brouillard des nuées. Pour elles, le jour était l’obscurité, remplacées par la compétitivité. Elles mouraient lorsque venait le jour, et ne vivait désormais qu’en nuit.

Hélas, cet état encore frémissant ne dura pas. Le temps courant à toute allure dans le monde d’après; cette chance s’est amenuisée drastiquement avec les mois d’Été et les dernières minutes, amusant alors avec plus de médisance encore les élus de toutes terres.

Ils en profitèrent pour ordonner des mesures négligeables, venimeuses, pleines de fiel. Je n’y croyais guère au départ de cette grande course infernale, mais nous étions peu dans mon cas à avoir gardé le fanal en nos yeux : la peur l’ayant remplacé par des feux, des directions vaines d’espoir et des orientations calamiteuses.

Le monde d’après commençait et il fut bien funeste. Des agents nous posèrent d’abord des mirettes de fer pour ne plus voir comme des télescopes; un filtre blanc s’étirant maintenant sur nos pupilles et nos passions, nous faisant voir désormais que des lumières pénétrantes à la place des yeux des autres. Ils nous transformèrent aussi tels des robots; avec des vêtements en miroir solaire, pour que chacun renvoie la lumière et n’être jamais dans l’ennui de celle-ci, toujours en Sa Raison. Egalement, au cas où le regard infini se poserait encore sur la nuit quand bien même c’était devenu impossible, ils envoyèrent les plus gros satellites sur les chemins nocturnes ; des fusées composées d’énormes flashs affiliés à faire naître la journée tout le jour et à faire sombrer le noir le plus noir de la nuit dans un démentiel désespoir. L’on avait jeté un concret silence sur les étoiles dès le déclin du jour jusqu’au clair du matin. Le sort en était jeté : ce n’était même plus l’observation erronée le plus fatal : mais l’absence totale de regards et de contemplations.

C’est à ce moment-là que la fin des nuits avait été votée. Elle avait été décimée avec tant d’incidence que plus aucun lit ne se vendait et toutes les lampes de la planète restaient allumées sur le vide. Les Grands Explorateurs de l’Avenir avaient péris.
Le plan incarnait l’horizon sombre et nous étions tous des pions sur les cases de la fin du monde. Sans la force muette des astres qui nous accompagnaient jadis, nous n’étions plus des soleils mais des cratères, troués de tous les côtés, balancés à la volonté de l’Autorité.
Tout s’était drôlement inversé. La nuit, naguère si lumineuse des corps célestes était désormais le plus âcre moment du jour, et ce dernier, qui s’éteignait jadis pour nous reposer de nos vies, brillait constamment.

J’ai bien dû m’y faire pour ne pas me faire enfermer dans les camps de jours sans fin qu’ils avaient créés en un simple décret en même temps que la dernière Loi; mais où était donc la simplicité d’un être en ces lieux aux lumières toujours attisées, la nuit éteinte à jamais ?
Pour éviter cela, résolu à rêver en silence et à ne pas faire le deuil du songe, peut-être pour un jour démissionner de l’exécrable et sombre humanité qui venait de paraître, je devais devenir forcené et par conséquence trouver un métier. Le paradoxe était là, bien endimanché dans le totalitarisme des idées infécondes alors que c’étaient-elles qui faisaient vivre l’ancien Monde… Mais l’adaptabilité sans faille avec laquelle j’étais né me l’avait faite vite trouver : la gemmologie.

Je vivais alors mes derniers jours d’Été et d’Automne à vendre divers émaux et maintes pierres, des brins de magie pas cher et n’importe quel objet qui brille. Ces deux saisons aux couleurs franches facilitaient ma transition, même si les déceptions m’empoignaient au cœur de mon cerveau et les branches de mes poumons quand j’avais la pression de respirer un air calfeutré,  lorsque très souvent, l’on m’apportait des scarabées morts, croyant là avoir découvert une pierre précieuse qui n’avait jamais existé. Je ne pouvais même plus pleurer avec mes lunettes greffées.

Néanmoins, plus qu’autre chose, le chatoiement d’un gemme et les charmes précieux d’une pièce me rendaient lumineux; pauvre mais heureux. Je ne me plaignais pas : les minéraux me rapportaient aux étoiles que l’on avait interdit de voir et de connaître et j’étais encore assez riche d’un tas de futilités qui ne sauvent pas les vies mais qui les illuminent. Mes passions, même estropiées, s’animaient en chaque seconde que comptaient mes petites heures. Mes joies étaient simples; assez nanties de flammèches et éclairées des reflets irisé pour ne pas alourdir l’hideur du dehors, mais si brillantes qu’elles ne pouvaient que l’éclipser.

Avant de rentrer chez moi dans une chambre blanche non-meublée d’interrupteur – cela aussi, était novateur -, j’offrais ça et là un caillou plein de petites constellations chéries aux vieillards sans abris devant lesquels je passais. Je savais bien qu’ils redoutaient le passé par manque de souvenirs concrets, et que leurs existences menottées sous un lampadaire de puissance inégalée les rendaient fous d’aveuglement. Ma part clandestine était de rallumer les étoiles sur les cornées écorchées du système mais singulièrement toutefois, mon souhait de transmettre un bout de nuit aux gamins ne s’est jamais manifesté. Aurais dû-je le faire ?

À quoi bon ? L’enfance ne révélait plus d’insouciance dans ses yeux grands ouverts et aveugles; la jeunesse éclaboussée de javel dès le jour-premier avait été une mesure de renforcement de la constitution vis-à-vis de l’atteinte à la nuit.

Qu’y aurais-je pu ? Leurs parents n’avaient plus le droit de dire ou d’éduquer, et même si c’était encore possible dans le repli des foyers; l’humanité entière ne se cultivait plus.
Ils n’étaient plus que des ombres. Des ombres assagies…

Assis sur l’herbe roussie, ne sachant comment j’y ai pu apparaître, je me questionnais tout en me remémorant le présent d’il y a quelques secondes…

Je venais de conquérir ma place dans une sphère interdite sans rien faire. En contemplant une fleur du genre Cosmos, l’un d’entre elle m’avait approché, me questionnant tout d’abord sur mon intolérable irrespect de la Loi et me faisant croire que j’étais en tort d’analyser des pétales à l’image des rayons d’un soleil. Mais lui aussi, m’avait-il dit, aimait tout particulièrement ces éléments d’Univers parce-qu’ils établissaient un ruban direct avec lui de façon essentielle, puis il me confessa être scientifique avec un sourire que je n’avais plus vu depuis longtemps.

Ce cercle se nommait les « Derniers Explorateurs du Présent » et j’avais eu accès en même temps à la révélation des idées les plus schismatiques. D’entre toutes, une seule m’avait marquée : une estimation lue dans Le Monde d’Après avouait que le rayon du Soleil deviendrait deux-cent fois plus large qu’à son actuel. Bien que les spécialistes des mathématiques avaient encore le droit de fonction avant-hier quand le temps encore bougeait, ils ne possédaient cependant plus la législation d’être enseignants, alors quelques-uns d’aplomb avaient passé cette information « sous le manteau » afin de transmettre le savoir du plus Haut.

Il n’en restait pas moins que cette horde tendue par un système décadent se risquait elle-même avec une confiance inconnue et peut-être même quelques déviants, dont certains affirmaient, avec cette révélation suspecte, croire que la Loi nous protégeait et qu’elle avait été créée dans le but d’espérer nous habituer à vivre la fin du monde avec des yeux entraînés.
Si cela était vrai, je trouvais cette idée aussi absurde que son contraire aurait pu l’être, mais c’était un souffle très utile à la survie de ces dernières minutes.

Une chimère vint me tendre un papier; je l’avais vite rangé dans ma poche dépeuplée des cailloux, des marrons et des piécettes que je gardais toujours avant ce grand mystère et par conséquent, je n’avais rien déchiffré d’autre que « S  U PER ». Mais je l’avais surtout vite enfermé avant qu’il ne se consume parce-que j’avais très envie d’observer le phénomène évanescent qui se tenait devant moi, comme derrière une bulle. L’instant fut tout juste subtil pour y échapper de manière grossière : quelqu’un m’avait embarqué, attaché et laissé prisonnier sur cette herbe ! Soudain, tout devint confus, aveuglément clairvoyant.
Je voyais le Soleil.

Ces mêmes êtres du Cercle avaient soutiré mes lunettes d’acier à l’écran blanc. Je n’y avais vu qu’une seule différence entre le monde d’avant et le monde d’après avec mes mirettes filtrantes : qu’il était davantage photogène ! Il éblouissait, faisait mal, me brulait. Retiré également des vêtements solaires, ma peau s’échauffait plus qu’elle ne l’aurait dû avec…C’était étrange comme le silence. Cette impression qu’il est sans bruit jusqu’à l’apparition de celui-ci. C’était pareil avec mes yeux; ils pensaient ne rien voir que du blanc jusqu’à ce qu’une touche plus blanche encore m’éclairait.

Mais c’est après plusieurs minutes inquiètes de néant et un cyclopéen hurlement que tout se mit à craquer, à froisser, à tinter ! Des paillettes apparurent si faiblement sur mes visions que je perdais la raison, animé par la peur. Cette terrible frayeur qu’un amour revienne dans sa vie alors qu’il est interdit.

Je ferma les yeux.

Dieu ! Même les paupières closes, rien ne s’évaporait !
Je restais là, las, conscient et inconscient, prisonnier emprisonnant mes propres soupçons.
Puis, comme dans le rêve, ce fut la révélation !

À travers la lucarne de mes propres yeux, le Soleil rattrapait à en mourir d’épuisement son retard sur le jour. Je le caressais presque du doigt, il était si proche, c’était un géant désormais.
Il faisait poindre là l’éclairage naturel le plus insoutenable et précieux de la Terre.
Alors quoi ?! Était-ce là l’état même d’une S  U PER  NOVA ?
Le papier me le confirmait : le Soleil s’éteignait, et dans huit minutes trente, la fin du Monde sonnerait la nuit, les ombres assagies enfin, allaient périr dans l’oubli.

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