MICHEL MOUTET (1949-2020)

 

Michel Moutet était féru d’ésotérisme, de tradition et de soucoupes volantes. Il en fut l’éditeur inconditionnel.

Historien de formation, Michel se dirige très tôt vers le journalisme puis l’édition. Dès la fin des années 1960, entre Toulon, Nice et Marseille, il construit son réseau, écrit dans République – Le Provençal (devenu Var-Matin), participe en 1971 aux Cahiers du réalisme fantastique, publie sous pseudonyme dans Ouranos, et lance en 1977 La Revue des Soucoupes Volantes. Non pas un bulletin ronéotypé de plus – la règle à l’époque –, mais une publication soignée, distribuée en kiosque dès le premier numéro. Il lance de nouveaux auteurs et propose un concept inédit : un contenu novateur en phase avec une maquette inventive, tout en subtilité et sobriété. Il ne s’agit plus de dérouler à l’infini des cas d’observations d’ovnis, mais d’explorer d’autres pistes, de produire un autre type de discours. Une prise de risque, une aventure inégalée à ce jour, laquelle contribua à la folle effervescence ufologique de la fin des années 1970.

S’il connaissait les dossiers, cet homme de culture écrivait peu lui-même, s’effaçant derrière des auteurs devenus autant d’amis fidèles, parvenant à leur offrir, malgré des contingences de tous ordres, une véritable tribune. Michel Moutet, éditeur et passeur avant tout.

Livres, plaquettes, hors-séries, rééditions en volume, lettres d’information et catalogues se succéderont au gré des rencontres, au fil des décennies, sur quantité de sujets : il y affirme des talents de graphiste, un amour de la belle typographie et de la précision – parfois exagérée – du détail.

Le fréquenter, c’était comme appartenir à une société secrète, dans le sens noble du terme. C’est que, discret, l’homme ne laissait guère traîner de carte de visite. Il fallait patienter. À un moment, un initié, une connaissance commune proposait un lien, une piste à suivre, peut-être un rendez-vous. Mais une fois les étapes franchies, une fois admis au sein du cénacle, son sens de l’amitié était tel que vous faisiez alors partie du groupe sans même vous en rendre compte. Un groupe à la discrétion telle que son existence ne se révèle ensuite que progressivement à des membres ignorant tout, pour un temps, les uns des autres…

Michel Moutet s’en est allé, poursuivant ailleurs cette quête des autres mondes qui l’anima tant. Adieu Michel ! tu viens de me faire prendre vraiment conscience de l’existence du groupe. Nul doute qu’il te survivra…

Yves Bosson – Michel Moutet, éditeur – janvier 2021.

Une pensée toute particulière à ses proches, à Estelle, Roxane, Philippe-Emmanuel