MICHEL MOUTET (1949-2020)

 

« Y aurait-il un rapport entre le monde extérieur et le monde intérieur ? La qualité de notre environnement terrestre extérieur serait-elle en relation avec la qualité de notre vie intérieure, instinctive, que les alchimistes appelaient «notre terre intérieure», dont l’autre nom encore est l’inconscient ? – Notre terre extérieure serait-elle malade parce que notre terre intérieure serait maltraitée ? » Michel Moutet

 

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C’est en 2005 que j’écris à Michel pour la première fois. On m’avait dit qu’il pourrait me renseigner utilement sur la pyramide de Falicon. Voici un extrait de son aimable réponse : «… Autant dire que j’ai peu de choses à échanger sur le sujet ; sauf peut-être quelques photos (je ne crois pas avoir pris la pyramide en elle-même, mais les graffitis dans l’entrée) ; encore faudrait-il que je retrouve les négatifs (elles n’ont jamais été tirées)… ». Quelques temps après, je recevais par la poste la bobine qui attendait donc depuis 33 ans (puisque les photos avaient été prises en 1972) d’être développée. Au final, des images étranges, comme si Michel avait cherché des signes ou des symboles gravés sur les rochers. Nous poursuivons notre correspondance et je découvre qu’il a connu presque tous ceux qui se sont intéressés à la pyramide dans les années 70.

Michel connaissait effectivement ce milieu de l’intérieur. Avec la plus grande bienveillance, il me communiqua des numéros de téléphone, des adresses grâces auxquels je ferai des rencontres particulières. C’est en 2009 que nous nous sommes rencontrés pour la première fois. Nous avions fait ce jour-là fait un détour par le pont de l’Evescat et sa mystérieuse inscription.

Il émanait de Michel un charme subtil, mélange d’élégance et de mystère. Tantôt avait-on l’impression d’être en compagnie d’un historien, tantôt d’un spécialiste du phénomène OVNI, tantôt d’un ésotériste ou encore d’un routier désabusé du monde de l’édition. Michel était quelqu’un d’entier, quand il n’appréciait pas quelqu’un, il ne se gênait pas pour le dire. Notre belle complicité allait aboutir, en 2016, à la publication de mon livre, sur la pyramide de Falicon, édité et mis en forme par Michel. Depuis presque deux ans, il était très affaibli par ses problèmes respiratoires et nous avions pris l’habitude de nous téléphoner chaque dimanche en fin d’après-midi.

Chaque fois, il m’apprenait des choses. Un des derniers coups de cœur qu’il me fit partager fut le court-métrage de science-fiction « Eloah » de Georges Perdriaud et Roland Moreau qui lui avait fait forte impression dans les années 70 et qu’on peut voir aujourd’hui en ligne.

Ces derniers temps, je me souviens aussi de son regain d’optimisme lorsqu’il s’installa chez sa fille et son fils ; pour la première fois depuis bien longtemps, il avait dit « je me sens mieux ». Je n’oublierai jamais la visite faite ensemble du musée Rob Jullien à Lorgues et les repas au Mas des Templiers à Montfort-sur-Argens. Durant l’un d’eux, l’aubergiste, le chevalier Raymond de Montfort qui avait évidemment sympathisé avec Michel, nous parla longuement du roman qu’il avait en tête dans lequel un jeune garçon découvrait une grotte qui allait lui ouvrir les portes de l’univers des Templiers. Michel était un être complexe, secret et passionnant, j’ai eu beaucoup de chance de croiser sa route.

Merci Michel… !

Pierre Bény – Une vue de Michel – janvier 2021. Photographies inédites pour les Chroniques de Mars © Pierre Bény.