« Le curé reçut des sommes considérables, si bien qu’un beau jour, on vit arriver dans le village toute une équipe de maçons et d’ouvriers. Ceux-ci, au lieu de consolider la vénérable église, entamèrent la construction d’une villa en style rococo, flanquée d’un immense donjon d’où l’on peut découvrir les plus beaux paysages de la région. Et le brave curé continua à ripailler et à faire la fête dans sa nouvelle résidence. Il avait d’ailleurs eu soin de faire graver à l’entrée, cette inscription qui est tout un programme : la maison du pasteur est la maison de tous… »

Gérard de Sède


Le véritable trésor de RLC – TOME 1

études et recherches François Lange

(…)

En revanche, si l’on prend en considération l’hypothèse que Saunière a découvert un dépôt de richesses sur le ressort de sa cure, alors, de larges zones d’ombre s’éclairent subitement. Quoi d’extraordinaire à cette supposition ? Des exemples de trouvailles de trésors émaillent régulièrement l’actualité ; les chroniques des temps passés en regorgent et, pas forcément sous forme de légendes. Dans une région comme l’ancien Razès Wisigoth, dont le tumulte des peuples et le fracas des armes ont façonné l’histoire, il semble encore plus logique que des fortunes puissent avoir été cachées au fil du temps et des vents mauvais. Plusieurs éléments objectifs donnent à penser que l’Abbé a effectivement découvert un trésor sur le ressort de sa cure ?

Un enrichissement subit et assez important, que l’on peut situer vers 1887-1888 (à cette époque l’abbé prête même de l’argent au Conseil de Fabrique). Cette arrivée d’argent peut correspondre avec la découverte de divers petits dépôts d’objets précieux disséminés dans l’église par l’abbé Bigou avant son départ en exil lors de la Grande Révolution. À partir de cette époque, l’abbé va se lancer dans une série de constructions et de dépenses hors normes qui ne s’achèvera qu’avec son décès ce qui laisse à penser qu’il fit, dans le sanctuaire dédié à Marie-Madeleine , une découverte capitale et que c’est bien cette découverte qui fut à l’origine de son enrichissement.

Des dons de bijoux assez nombreux et portant sur des objets très précieux. Dans leur ouvrage de référence, Mme et Mr Corbu-Captier, indiquent que « du temps de l’abbé, Marie Dénarnaud portait de très beau bijoux d’aspect ancien qu’elle cessa de mettre quand il commença à avoir des ennuis avec l’évêché » (l’Héritage de l’abbé Saunière, édition 2012). La bouchère de Quillan, la boulangère de Couiza arborèrent, un moment, de superbes bijoux anciens et paraissant « fort couteux ». Julie Fons (née Maleville), fut détentrice de beaux joyaux donnés par Marie Dénarnaud, qui était sa sœur de lait (2). Idem pour l’épouse de l’un des banquiers de Saunière, exhibant devant Noël Corbu un « gros bracelet confectionné avec des pièces d’or ». (Corbu-Captier – L’Héritage de l’abbé Saunière – 1985). Une petite-nièce de Bérenger Saunière reçut de la part de Marie Dénarnaud, en guise de cadeau de communion, un collier dont la pièce centrale était sertie de rubis, de perles fines et d’anciennes pâtes de verre vertes, collier qui lui avait été autrefois donné par l’abbé.

Une famille de Campagne-sur-Aude fut gratifiée, par le prêtre de la « Rennes d’en haut », de dons somptueux. L’abbé Courtauly possédait une belle collection de pièces en or offertes par son collègue Saunière, des pièces rares à l’effigie du roi Saint Louis si l’on en croit un ancien maire de Villarzel du Razès à qui le prêtre les fit admirer. Ajoutons à cette liste non exhaustive, car la provenance des objets est sans doute la même, les pièces en or que l’abbé Gélis offrait à certains membres de sa famille. Monsieur Georges Henri Gélis, l’un de ses petits-neveux, affirme :

« Pour la première communion de mon père, vers 1895, son parrain lui a donné une belle pièce d’or ancienne sur laquelle on voyait un cavalier à cheval. Ma grand-mère a confisqué la pièce, car il n’était pas raisonnable de laisser un tel cadeau dans les mains d’un gamin de huit ans. Plus tard quand mon père a réclamé sa pièce, elle avait disparu, probablement vendue par mon grand père Pierre 1855- 1932, qui n’était pas un individu très commode et n’en a pas vu la valeur historique ».

Et puis, pour en terminer là avec cette succession d’arguments « pro trésor », l’indice qui me semble le plus probant, le plus éloquent en ce sens, c’est bien le refus catégorique et obstiné de Bérenger Saunière de quitter sa cure malgré les injonctions de sa hiérarchie  Raisonnons à l’envers et reconnaissons comme faits avérés le trafic de messes et les dons d’argent ; une fois cela admis, une question nous vient forcément à l’esprit : pourquoi le curé de Rennes-le-Château n’a-t-il pas fait profil bas, accepté sa mutation à Coustouges et, tranquillement, une fois les choses reposées et les ardeurs de sa hiérarchie calmées, n’a t-il pas continué sa petite entreprise en sa nouvelle affectation ? Ce genre de petites escroqueries à la charité publique n’était pas contingenté par l’espace que je sache. Rien ne l’empêchait donc de continuer à trafiquer les messes et à recevoir des dons à Coustouges, ou dans n’importe quel autre village. Hors, l’abbé Saunière refusa tout compromis et préféra démissionner de sa charge malgré le sacrifice que cela constituait pour lui. Je crois cet ultime argument indiscutable.

Si le curé, prit, à un moment donné, le risque de braver sa hiérarchie et de s’en attirer les foudres, c’est qu’il devait IMPÉRATIVEMENT rester sur le territoire de Rennes-le-Château, et c’est bien le POURQUOI de (…)

 

@ suivre…

 

François LANGE – Chroniques de Mars – « Affaires Classées » – Tome 1 – (extrait du livre) – Le véritable trésor de RLC – juillet 2021.

 



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