« La cueilleuse de cailloux »

 

C’était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d’Hamilcar. En l’absence du Maître il avait pu poursuivre grâce à une faille dans la matrice ses recherches anthropogénétiques en continuant de mener à bien ses expérimentations sur les dioscures… Celles d’aujourd’hui n’avaient malheureusement rien donné – une fois de plus – et le soleil timoré était déjà trop bas derrière les collines ocre pour que Catay en entamât de nouvelles. Le retour du Maître de Carthage était attendu pour le début de soirée.

Son doigt frustré fureta entre les lignes de code abscons où se terraient les secrets du paradis binaire. L’hologramme sphérique sur lequel défilaient les pages ésotériques nimbait l’abri d’un mystère bleuté, déversant son anathème lumineux à travers le mur ajouré. Heureusement, l’entrée sans porte donnait sur une allée couverte qu’une rangée de grands caroubiers protégeait des regards indiscrets autant que de la chaleur de fin de journée. Les graviers sonores n’auraient également pas manqué de sonner l’alerte sous les pas d’un intrus.

Le quadragénaire au teint hâlé restait néanmoins peu rassuré. Le qui-vive permanent, la peur d’être surpris, la crainte des conséquences : l’excitation du blasphème ressuscitait des sensations qu’il n’avait plus connues depuis sa première vie… Car Catay était un meurtrier.

Ces souvenirs remontaient si loin qu’ils semblaient appartenir à la mémoire d’un d’autre, une existence de pêché dont il ne lui restait que des regrets à perpétuité. Les premiers mois après son forfait, en bon criminel, il avait été aux abois à n’en plus dormir la nuit. La police le trouverait sûrement… Mais rien. Catay avait découvert à quel point il était aisé de passer entre les mailles de la justice. Au contraire ! Astronaute de la deuxième mission au-delà du système solaire, il avait même été sélectionné pour rejoindre les Immortels. Une consécration. Seuls les plus méritants ou les plus riches des hommes accédaient à l’époque au miracle qu’était la matrice, pinacle technologique humain qui ouvrait la voie à une existence éternelle.

Souvent, quand il contemplait l’immensité du ciel, Catay se sentait les habits d’un imposteur. Combien de cycles s’était-il écoulé depuis son ascension ? Il en avait perdu le compte. Dans le livre de l’éternité, le meurtrier avait tourné ses pages terrestres, comme les chapitres révolus d’une folie de jeunesse. Ne restaient plus que quelques phrases irréelles, des bribes de souvenirs dont l’encre s’effaçait un peu plus à chaque nouvelle Bascule de la matrice.

Le dernier dioscure qu’il avait créé flottait encore à hauteur de ses yeux profanes. Sa main traversait le tétraèdre quand il tentait de s’en saisir, mais l’objet immatériel était opaque, reflétant les jardins de l’arrière-plan comme un point d’interrogation en obsidienne. Sa seule découverte d’intérêt pendant l’absence de Malchus était que le dioscure changeait de forme en présence de l’ADN des disparus. Les cheveux des brosses, les empreintes des manches d’épées, et même la sueur des souliers : à leur contact, des morceaux de code activé scintillaient, les appels de fonction dansaient et les dioscures s’animaient quelques instants avant que tout mourut sans que rien ne semblât changé. Comment s’en servir pour sortir de sa prison édénique ?

Les dioscures étaient normalement l’apanage du Maître, élu par la matrice. Que Catay pût accéder à leur interface était une faille inespérée. Qu’il s’arrogeât le droit de les manipuler était un blasphème. Mais des règles vides de sens en l’absence de sanction prévue car les Immortels étaient par définition irréprochables. Catay soupira.

Las, il jeta sur l’établi un parchemin qui vint s’ajouter pêle-mêle aux bibelots hétéroclites amassé au grès de ses recherches. L’homme n’avait jamais été très organisé. L’atelier improvisé était encore encombré des outils de son ancienne affectation jardinière. Dans l’angle, une escouade de râteaux et de bêches croisés barraient l’accès à des jarres brisées qu’habitaient quelques araignées aventureuses.

L’alerte. Des bruits de pieds foulant les graviers le tirèrent de sa nostalgie. Il effaça hâtivement la sphère bleutée d’un geste. Catay reconnaissait ces pas. Réglée comme un métronome, Salammbô passa humblement la tête par l’ouverture.

– J’ai trouvé un joli caillou, jeune maître.

– Catay, Salammbô, appelle-moi Catay.

Il lui ébouriffa affectueusement les cheveux.

Pour les besoins de l’immersion antique, les Immortels étaient appelés ici maîtres, mais Catay avait décidé d’emblée de rectifier la chose. Et si la jeune femme oubliait vite, il la corrigeait patiemment comme un instituteur corrigeait un enfant.

Salammbô était un automate qui servait ce monde. Après une vie de vertu, il eut été inconcevable de faire travailler les Immortels. Si on avait fait renaitre l’empire punique et ses murailles de pierres blanches, on avait donc également pris des libertés sur l’exactitude historique. Des milliers de serviteurs comme la jeune femme courraient les rues rectilignes pour pourvoir au confort des cinq cents Immortels de la cité.

Cinq cents… En fait, ils n’étaient plus que deux : Maître Malchus désigné par la matrice pour chapeauter les autres, et lui-même. Depuis un mois, les disparitions étaient bien trop imprévisibles et bien trop nombreuses. En temps normal, de nouveaux Immortels auraient du venir équilibrer les départs, au fur et à mesure des Bascules. Celle de Catay lui-même était prévue en théorie dans six mois, mais le quadragénaire ne savait plus s’il devait croire en cette date. La matrice était déréglée.

 

– Je vous ai trouvé un joli caillou, rappela ingénument Salammbô.

– Merci… Allons nous installer dans les jardins.

Catay s’était pris d’un amour paternel pour la jeune femme. Il aimait passer du temps avec elle. Elle était un peu bête, Salammbô, mais d’une bêtise sotte et mignonne qui masquait parfaitement les limites de son intelligence artificielle. Tous les jours, elle parlait aux oiseaux. Elle leur racontait sa vie, ses tracas, ses espoirs. Et elle collectionnait les cailloux. Des détails esquissés là par le démiurge du monde qui offrait dans son œuvre ciselée le paradis que les hommes avaient vainement cherché. Des siècles d’une mécanique sans accrocs : alors pourquoi se déréglait-elle maintenant ?

Catay aimait la vue en surplomb de Carthage. Il y respirait la vie. On y voyait les dédales où se perdaient les enfants joueurs, les étoffes colorées séchant aux fenêtres et gonflées par le vent, les volées de marches pour monter sur les collines dominant la Méditerranée. Le brouhaha des marchands d’épices venaient se mêler aux cris des mouettes avides rasant la tête des badauds du vieux marché. Tandis que les derniers rayons du soleil ensommeillé peignaient les nuages des couleurs d’un adieu à venir, les jardins d’Hamilcar sentaient bon l’iode et la liberté.

– Catay, les maîtres ont tous quitté la ville… Est-ce vrai que vous devrez bientôt partir, vous aussi ?

– Mon tour viendra, oui.

– Je suis désolée… Pourquoi devez-vous partir ? Je sais que vous me l’aviez déjà expliqué…

Dans sa grande naïveté, elle s’excusait, comme si sa peine à retenir les informations ne tenait qu’à elle. Catay sourit pour la rassurer. A l’approche de la Bascule, les souvenirs des serviteurs s’altéraient. Les anciens maîtres disparaissaient vite de leur mémoire même si quelques faits marquants subsistaient parfois. En répétant inlassablement les mêmes choses, Salammbô s’en imprégnait doucement, et peut-être subsisterait-il une part de lui auprès d’elle.

– Tu te souviens de que nous ne sommes pas comme toi, n’est-ce pas ?

Elle acquiesça.

– Depuis toujours, les hommes ont peur de disparaître. La finitude nous fait peur… Et à défaut de trouver l’existence du paradis après la mort, on s’en est créé un. Mais l’éternité, c’est long. On s’ennuie vite… Alors au bout d’un certain temps, il y a la Bascule. La matrice nous transporte à un autre endroit, de nouveaux décors, de nouveaux camarades.

– De nouveaux maîtres.

– Oui, si tu veux, de nouveaux maîtres.

Ils demeurèrent tous deux muets sur le banc en marbre. Un lézard nocturne pointa le bout de son nez sur la citerne caché derrière les lierres.

Catay songeait à l’immortalité qu’il commençait à voir comme une malédiction. Malgré le renouveau des Bascules, la stagnation rongeaient nombre d’Immortels. Cela faisait quelques décennies qu’il avait constaté chez ses semblables un dépérissement progressif accompagné d’une paresse coupable.

Le phénomène était d’autant plus répandu que le paradis s’était démocratisé. Aux débuts, la digitalisation de l’esprit humain dans un NFT était jugée d’un coût trop prohibitif pour que la société l’octroyât à tous. Puis, au fil des siècles, de plus en plus d’Immortels étaient venus peupler le monde virtuel : il s’agissait davantage de ne pas encombrer le monde physique et ses ressources limitées que de récompenser des personnes d’exception. Et à mesure que l’exigence d’entrée baissait, la nonchalance et la médiocrité avaient pénétré la matrice.

Le Maître chauve incarnait cette décadence aux yeux de Catay. Malchus avait été désigné par la matrice pour servir de référent auprès des autres Immortels, or jamais le quadragénaire ne l’avait vu prendre une quelconque décision. Au barycentre de toutes les opinions, sa position consensuelle en toute circonstance avait le don d’agacer Catay. Le Maître nageait dans une fatuité quotidienne légitimée par quelques exploits terrestres d’un autre temps. Comment le convaincre aujourd’hui que la situation était trop étrange pour être ignorée ?

– Je dois aller allumer les torches, souffla Salammbô en se levant. Je vous laisse mon caillou.

– Si tu croises le Maitre, dis lui que je l’attends ici s’il te plaît.

Quelques points lumineux poignaient en contrebas, au fur et à mesure qu’on allumait les feux aux angles des grandes intersections. Des cohortes de mercenaires patrouillaient inutilement au pied des murailles silencieuses tandis que des gamins se hâtaient de rentrer les chameaux guerriers dans leur étable.

Malchus le trouva ainsi, assis sur son banc.

– On dit que tu cherches à me voir ?

– Malchus…

Un prénom bien carthaginois. Un point de plus qui desservait son porteur. Catay avait toujours trouvé saugrenus les Immortels qui se prenaient tellement au jeu qu’ils en prenaient un nom d’époque. S’il fallait jongler entre les personnages entre chaque Bascule, il y avait de quoi perdre sa propre identité.

– Malchus, tu as dû le remarquer, même depuis ton ermitage à Aspis. Nous sommes les derniers. La Bascule est complètement déréglée…

La réaction de son interlocuteur fut exactement celle qu’il avait imaginée : l’indolent haussa les épaules et replaçant ses lunettes rondes.

– C’est voulu. La matrice a toujours fonctionné comme elle le devait.

– Les siècles dans ce paradis ont émoussé ton jugement Malchus. Les choses changent et on peut imaginer mille raisons pour qu’un rouage se grippe.

Il marqua une pause mais le Maître eut la décence de le laisser continuer.

– J’ai beaucoup réfléchi pendant ton ermitage. Quand j’ai fait mon ascension, seuls les grands hommes peuplaient la matrice. Mais maintenant que les Immortels sont si nombreux, il y a une charge énorme à gérer.

– Ce sont des problématiques que nos descendants ont sans aucun doute déjà géré.

– Qu’est-ce qui te garantit qu’ils se préoccupent encore de leurs aïeux alors qu’il n’y a peut-être plus personne pour se souvenir de nous ?

De toute évidence, la direction de la conversation chagrinait Malchus. Il détourna son regard pour le plonger dans la mer d’encre.

– Peut-être même qu’une catastrophe a endommagé le monde physique, continua Catay. Cela expliquerait la disparition soudaine de nos camarades. Si les serveurs ont été déconnectés…

– La matrice fonctionne comme elle le devrait, coupa le Maître en s’éloignant de quelques pas.

Et voilà. L’obstination résignée. Comme si en entrant dans la matrice, les hommes perdaient toute faculté à agir sur leur destin. Nous étions plus qu’une petite feuille portée par le courant. Catay secoua la tête, exaspéré. Il se leva, se saisit de la torche derrière lui et alla rejoindre Malchus face à la Méditerranée.

– Nous devons trouver un moyen de sortir. Tu le sais aussi bien que moi. Il y a à l’extérieur des corps bioniques où les esprits peuvent être chargés…

– Non.

Malchus l’interrompit quand il comprit le sacrilège que Catay insinuait. La matrice était sa zone de confort ; hors de question de s’embarquer dans une entreprise aussi insensée. L’expression du Maître était indéchiffrable, mangée par les ombres dansantes de la torche.

– Cesse donc tes élucubrations et tes théories sans fondement. Pourquoi revenir à un corps qui risque la mort, la vieillesse, les maladies ? C’est avec ton comportement alarmiste que tu vas dérégler le système et nous conduire à des problèmes. Te conduire à des problèmes.

– Je suis sûr que quelque chose cloche avec les dioscures.

– Et pourquoi donc ?

Le ton affable de Malchus l’avertit que le sujet était miné. Catay se mordit la langue pour ne pas trop en dire. Quelques minutes dangereuses passèrent encore, pendant lesquels une dizaine d’étoiles supplémentaires vinrent orner le firmament pourpre. Le vent fraichissait, mais les joues de Catay brulaient du désir rageur d’exposer la vérité nue à la personne bornée qui lui tournait le dos.

– As-tu d’autres choses à me dire, Catay ?

– Non.

– Nous en resterons donc là, conclut Malchus, comme à regrets.

Agacé par l’hermétisme de son camarade, Catay décida de l’abandonner dans son scepticisme. Quand on avait l’infini à perdre, on avait peur du danger : là était le problème des Immortels. Mais le risque, Catay le connaissait. C’était une part de lui. Le risque, c’était quand une précédente incarnation de lui-même avait coupé le câble de vie, c’était quand le point blanc avait dérivé sur le tapis noir du vide interstellaire, c’était quand il était revenu à bord du vaisseau, seul. Le risque amenait le progrès.

Il laissa éclater sa frustration plus tard, dans le bain chaud que Salammbô avait fait couler dans un grand bac en laiton. Malchus était un vieil aigri qui avait passé trop de temps à dépendre de la matrice pour la remettre en question. Dans sa première vie, Catay était certain que le chauve à lunettes était un littéraire sans notion des sciences alors que n’importe quel ingénieur savait : les logiciels buggaient. Les imprévus survenaient dans les plus raffinés des systèmes.

Au moment où il remettait sa toge brune, face au miroir à tête de lion qui donnait à voir son visage préoccupé, une notification sur l’interface de la matrice clignota. Il sut dans l’instant ce qu’elle signifiait, mais ses yeux lurent malgré tout la confirmation : il était désormais seul. Le Maître avait basculé.

Toute la journée du lendemain, il chercha en vain à matérialiser un dioscure dans son abri encombré de bric et de broc. Sans résultat. Tel un conducteur de char à qui on avait retiré les rênes, le dernier Immortel se retrouvait impuissant à diriger sa destinée.

– Je vous ai trouvé un joli caillou, Catay…

Salammbô lui brandit fièrement sa trouvaille terreuse en forme de lune, comme si elle voulait lui remonter le moral. Il lui ébouriffa les cheveux et soupira en se demandant s’il ne devrait tout simplement pas passer du temps avec elle, tant qu’il le pouvait, avant que sa propre Bascule ne vînt lui apporter de toute façon les réponses manquantes.

Le bain du soir était propice aux idées téméraires. Enfoncé dans l’eau, Catay observait pensif les volutes de fumée qui saturaient la pièce d’humidité. L’air était aussi brumeux que son esprit était clair. La seule question qui subsistait était s’il aurait le courage d’exécuter la folie de son plan. A portée de bras, sur le tabouret où reposait une serviette en lin et ses accessoires, la lame de rasoir mettait sa détermination au défi, comme un serpent dans un panier de pommes. Catay déglutit. Il était Immortel, mais l’homme devait reconnaitre une peur viscérale dans l’acte irrationnel de se tailler les veines.

– Alors Catay, tu aimes le risque ou pas ? Peut-être que la voie de sortie est la plus évidente…

Après ses encouragements, le sang coula, teintant l’eau d’écarlate. Sa tête tournait tandis que le monde devenait flou, aspiré par un brouillard blanc dévorant. Y resta-t-il une seconde ou une éternité ?

Une voix faussement synthétique le tira de sa torpeur.

– Monsieur Catay Masaru, nous sommes le service de contrôle.

La première pensée de Catay, stupide, fut qu’on était capable de recréer des voix bien plus naturelles. La seconde était qu’il était toujours en vie, du moins, qu’il était encore doté de sa faculté à penser. Autour de lui, s’étendait un espace vierge immaculé que la matrice n’avait pas pris la peine d’habiller.

– De récentes découvertes ont révélé votre implication dans le meurtre de Jean Bonnemère.

Des siècles de regrets n’avaient pas suffi à le préparer au soulagement qui l’envahit étrangement en entendant les mots prononcés. Ainsi, la justice avait-elle donc le pouvoir de remonter les chapitres de son histoire pour retrouver les pages d’une personne qu’il n’était plus… L’accusation le soulageait du poids de l’imposture.

– Quelle est la sentence ? Est-ce qu’on m’amène en enfer ?

Point de réponse. Le message était préenregistré.

– Votre obstination à manipuler les dioscures malgré l’interdiction liée à votre statut couplé à votre absence de confession au Maître quand l’opportunité vous en a été donnée démontrent votre propension au mensonge et votre duplicité, incompatible avec le rang d’Immortel. En conséquence de quoi et pour réparation de votre crime, il a été voté de mettre un terme à votre avatar virtuel à votre prochaine Bascule.

Dès que la voix se fut tue, le brouillard laiteux se dissipa, rejetant Catay comme un noyé abandonné sur la plage d’un océan cuivré. Sonné par la justice expéditive de la matrice, l’homme agrippa des deux mains les rebords du bac en laiton pour se maintenir à flots, digérant la sentence à chaque inspiration.

Le néant l’attendait. Une part de lui était prise de vertiges, semblable à ceux qu’il avait connu en orbite lorsqu’il contemplait le vide intersidéral. Le choc laissa pourtant peu à peu place à l’excitation. Après des siècles d’oisiveté, enfin, un terme à cette existence dénuée de sens ! L’échéance était trop irréelle. Catay se sentait soudain excité, comme si une date butoir redonnait du sens à la vacuité du monde. Dans le miroir orné de lions, ses propres yeux le fixaient, jugeurs.

– Peut-être ai-je assez vécu…

L’aube glissait ses premiers rayons à travers les voiles de sa chambre. Allongé sur son lit de plume, Catay n’avait pas fermé l’œil de la nuit. Calme mais impatient de commencer sa nouvelle journée, il se délectait de chaque sensation, le ressac lointain des vagues, les échos des prières matinales au sanctuaire, les reflets chantants des tissus au plafond.

Deux petites mains discrètes glissèrent un plateau de fruits sur sa table de chevet, soucieuses de ne pas faire de bruit, avant de remarquer ses paupières ouvertes.

– Je m’excuse, je vous ai réveillé… Catay ?

Il se releva à demi, se saisissant d’une orange qu’elle venait d’apporter.

– Viens, Salammbô, allons cueillir des cailloux.

 

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