II faisait nuit ; c’était en été. – Sur la dune
Assis, je contemplais le calme firmament.
Parfois, comme un atome émané de la lune,
Une étoile filait silencieusement.
Je pensais : « au milieu de l’immensité brune
« Toi qui, naissant soudain, ne brilles qu’un moment,
« Tu tombes comme nous, jouet de la fortune,
« Étoile au long filet d’or et de diamant ! »
Bientôt l’horreur me prit : l’écho, dans les ténèbres,
Retentit, et le ciel s’emplit de voix funèbres ;
L’astre, en tombant, rendit un lamentable accord ;
Un éclair tout à coup traversa ma pensée :
« Cette étoile est des cieux une âme repoussée,
« Qui s’engloutit au puits de l’éternelle mort ! »
Stanislas de Guaita, Les Oiseaux de Passage, Berger-Levrault ed. 1881.