LE SOUFFLE DE LA NATURE
La beauté devant moi fasse que je marche
La beauté derrière moi fasse que je marche
La beauté au-dessus de moi fasse que je marche
La beauté au-dessous de moi fasse que je marche
La beauté autour de moi fasse que je marche
Kledze Hatal
Chant Chaman Navajo
Les indiens Peaux-Rouges vivant en Amérique du nord, étaient divisés en diverses ethnies et tribus jalouses de leur indépendance. Parmi cette diversité, les mieux connus sont les Sioux, grâce aux confidences recueillies auprès d’Elan Noir (Héhapa Sepa, Black Elk), l’un des derniers gardiens du Calumet.
Avant le XVIIIe siècle, cette ethnie vivait dans les Woodlands, région boisée de l’Est du Missouri. Elle forma une sorte de confédération, celle des Sept Foyers (Oceti Sakoroin). Le Foyer le plus occidental, celui des Teton ou Lakota se divise également en sept tribus (Oyate) : chaque tribu composée à son tour de sept clans (Tiyospaye).
Dans le Tradition Oglala, celle de Crazy Horse, un conseil d’anciens et de chefs surnommés « Les Gros Ventres », désignait une sorte de pouvoir exécutif : les Quatre Wicasa Yatampi.
Essentiellement l’indien sioux est un être libre qui agit selon sa volonté. Les deux principaux aspects de l’indien sont le guerrier et le sage. Il n’accumule pas les richesses, comme peuvent le faire le chasseur ou même le voleur. L’indien sioux est heureux et se doit de distribuer ses richesses sous peine d’être méprisé. A ce titre Sitting Bull et Crazy Horse furent des hommes pauvres, justement aimés et estimés en raison de leur pauvreté et de leur dévouement. Les dirigeants indiens n’accordaient de prix qu’à l’exercice des Quatre Vertus indiennes : la bravoure, la force d’âme, la générosité et la sagesse.
La grandeur d’un homme se mesurait à ses pouvoirs spirituels, c’est-à-dire à la possibilité qu’il avait de s’unir avec les puissances sacrées. Pour les Sioux, aucun objet n’est ce qu’il parait être selon les normes sensibles communément admises. Ils ne voient dans la chose apparente qu’un faible reflet d’une réalité principielle. Toute chose est sacrée – WAKAN – et possède un pouvoir. C’est à travers les espèces animales et les phénomènes de la Nature que l’indien contemple les essences supérieures et les qualités divines. La plupart des termes indiens, désignant la divinité, s’appliquent à tous les aspects possibles de celle-ci et non pas à son seul aspect personnel.
Wakan-Tanka, le Grand Esprit est Dieu non seulement en tant que Créateur et Seigneur, mais aussi en tant qu’Essence impersonnelle. Wakan-Tanka peut aussi se traduire par Grand Mystère, Grand Pouvoir Mystérieux ou même Grande Médecine. Le Grand Esprit est Dieu non seulement comme Pur Principe, mais aussi comme Manifestation.
Wakan-Tanka est la synthèse de tous les pouvoirs. Son messager est l’Aigle Blanc, ou l’Aigle Tacheté, Wambli Galesca. Les indiens Sioux opèrent une distinction entre les aspects essentiels de Wakan-Tanka : Tunkashila est le Grand-Père, celui qui est au-delà de toute manifestation ; Ate, le Père qui est la manifestation de Dieu dans l’acte créateur, nourrissier, destructeur ; de même, concernant la Mère-Terre, ils distinguent : Unchi, la Grande-Mère, substance de toutes choses et Ina, la Mère, son acte créateur. L’Homme lui, est Wakan, quand son âme manifeste le divin avec l’évidence spontanée des merveilles de la Nature.
Quant à l’accès à la Connaissance du Grand Esprit, Elan Noir disait :
« Je suis aveugle et je ne vois pas les chose de ce monde, mais quand la Lumière vient d’En-Haut, elle illumine mon cœur et je peux voir, car l’Œil de mon Cœur voit toute chose. Le cœur est le sanctuaire au centre duquel se trouve un petit espace où habite le Grand Esprit et ceci est l’Œil (Ishta) du Grand Esprit par lequel il voit toute chose et par lequel nous le voyons. Lorsque le cœur n’est pas pur, le Grand Esprit ne peut être vu. Pour connaître le centre du cœur où réside le Grand Esprit, vous devez être purs et bons et vivre selon la manière que le Grand Esprit nous a enseignée .»
Pour l’indien Sioux, l’univers dépend de quatre déterminations primordiales à savoir ; l’Eau, le Froid, la Lumière et la Chaleur. L’Eau est l’aspect positif de l’obscurité (le ciel doit s’obscurcir avant de donner la pluie), le Froid est l’aspect positif de la pureté. La Lumière est l’aspect positif de la connaissance, quant à la Chaleur, elle est la vie, l’amour, la bonté, la beauté, le bonheur.
Les points cardinaux représentent les quatre manifestations divines essentielles et par conséquent aussi leur prototype dans l’Etre. Les Sioux établissent un rapport analogique entre les Quatre Vents et les quatre périodes cycliques, symbolisées par les quatre plumes d’aigle qui ornent le Cercle Sacré qu’on utilise dans la Danse du Soleil. Par cette danse, l’homme va se libérer des scories et s’identifier avec le centre assimilé au Soleil. La première période est celle de la Pierre, le seconde celle de l’Arc, la troisième celle du feu, la quatrième celle du Calumet.
Selon Elan Noir, toute chose faite par un indien est faite dans un cercle parce que le pouvoir de l’Univers agit toujours moyennant des cercles (la Terre est ronde, le vent tourbillonne, les nids des oiseaux sont ronds, les Tepees sont ronds,…) Dans la solitude, l’indien s’entoure de silence comme d’un cercle magique. Sa prière ordinaire est muette, ce qu’elle exige n’est pas une pensée, mais une conscience de l’esprit. Il n’entend point se fixer sur cette Terre où tout menace de se cristalliser. Ceci explique son aversion pour les maisons, surtout en pierres, ainsi que l’absence d’une écriture qui fixerait et tuerait le flux sacré de l’Esprit.
C’est pourquoi la Nature est un support nécessaire à la Tradition des Peaux-Rouges. Pour eux, les villes sont des lieux de pétrification et de corruption.
(à suivre… La Femme-Bison)
CB © la Lettre de Thot – DR, juillet 2004.
En exergue, citation extraite de Paroles Indiennes – Albin Michel – Carnets de Sagesse