« Je dis mes mystères à ceux qui sont dignes de mes mystères. » (Evangile de Thomas, 62)
Au sujet de ces Mystères dont nous parle Thomas, Clément d’Alexandrie mentionne d’ailleurs cette division, je cite :
« A la purification succèdent les mystères mineurs. Ils constituent une base d’instruction pour le degré suivant ; puis les grands mystères dans lesquels il ne reste rien à apprendre sur l’Univers mais seulement à contempler et à comprendre sur la nature et les choses .» (Stromates – V – Chap XI).
De même ont existé les mystères d’Egypte où les plus grands sages de la Grèce antique puisèrent la Connaissance et se rendirent tel Platon à Saïs et à Thèbes pour y être initié. En perse existaient les mystères de Mithra, en Grèce, ceux d’Orphée et de Bacchus. De nombreux groupes juifs agissaient de même : les esséniens (C.f : manuel du disciple), les samaritains et les pharisiens.
Toute tradition accordait une place majeure aux mystères, dans le sens de la Connaissance du devenir de l’âme après la mort. De plus, il était admis également que l’initiation scellait une alliance entre l’âme et la Nature Divine.
Cette énumération nous permet effectivement de constater, et ce de façon unanime, que toutes les anciennes traditions affirmaient posséder un enseignement secret permettant dans certaines conditions l’accès aux mystères.
Alors, pourquoi, n’en aurait il pas été de même au sein du Christianisme naissant. Aurait il été le seul enseignement privé de gnose ? Certainement pas, au contraire, tout porte à croire qu’elle y fut très présente. Certains textes même canoniques étayent également cette thèse :
« Et quand il fut en particulier, ceux qui étaient autour de lui avec les 12 apôtres, l’interrogèrent touchant le sens de cette parabole. Et il leur dit :il vous est donné de connaître le mystère du Royaume de Dieu, mais pour ceux qui sont au dehors, tout se traite par des paraboles » (Evangile de marc). Puis plus loin…
« Il leur annonçait ainsi la parole par plusieurs similitudes de cette sorte, selon qu’ils étaient capables de l’entendre. Et il ne leur parlait point sans similitude ; mais lorsqu’il était en particulier, il expliquait tout à ses disciples » (Evangile de Luc). Et encore…
« J’aurais encore plusieurs chose à vous dire, mais elles sont encore au dessus de votre portée » (Evangile de Jean XVI, 13).
De même Jésus communiqua d’autres paroles non divulguées par écrit par ses disciples mais conservées oralement par la Tradition.
Aussi lisons nous dans le fameux ouvrage gnostique la Pistis Sophia, attribué à Valentin :
« Il advint qu’après sa résurrection d’entre les morts, Jésus s’entretint avec ses disciples et les instruisit pendant 11 ans… »
Il est impossible de dire aujourd’hui comment s’opérait la sélection des disciples admit à recevoir la gnose. Un enseignement était donné portant sur les enseignements du maître, le rite du baptême, l’eucharistie, la croix, les mondes angéliques, l’interprétation de l’Apocalypse…
Cependant dès les débuts, on note au sein de la communauté 3 degrés qui laissent augurer d’un cheminement initiatique :
– les commençants
– les connaissants
– les parfaits
Aux parfaits les plus avancés sur le chemin de l’initiation étaient révélés les mystères de la descente et de l’ascension du Christ au travers des 7 cieux (§ Éphésiens 4.9), l’itinéraire de l’âme après la mort rapporté par le Pseudo-Denys dans ses écrits comme étant la transmission orale des apôtres.
Selon Origène, les évangélistes ont gardé secret les explications que Jésus donnaient de ses paraboles (com. Mth XIV, 2). De même Clément d’Alexandrie affirme :
« A Jacques le Juste, à Jean, à Pierre, le seigneur après sa résurrection donna la Gnose, ceux là la donnèrent aux autres apôtres, qui la donnèrent aux 70, dont l’un d’eux était Barnabé » (cf Hypostases)
On ignore cependant quel était le mode de sélection véritable mais plusieurs textes affirment l’existence d’une telle transmission.
Ainsi apparaît donc une succession différente :
– des évêques qui répandent l’enseignement des évangiles, les écrits des apôtres.
– des maîtres spirituels qui diffusent par transmission orale les paroles cachées de Jésus.
Jean Iozia © pour la LdT – article inédit (à suivre)