Je marchais,

Je m’ouvrais,

Dans des odeurs

De terre suffocante,

De bois, de mousse,

De coquillages morts,

De femmes sans destin autre que de

Livrer passage à ce qui doit passer.

Comme touchée par la foudre,

J’étais traversée de haut en bas par un fleuve…

Une femme sans destin allant son chemin d’eau.

Jacqueline Kelen

Marie-Madeleine, un Amour infini

 

*   *   *

 

I – A propos du Graal et de Rennes-le-Château,

 

… 37 ans avant le Da Vinci Code

 

Notre ami Georges AD Martin, certainement le meilleur spécialiste du Légendaire Arthurien et de la symbolique du Graal en France et qui fait partie des auteurs Arcadia de la première heure, vient de publier ce mois-ci ; Normandie, Terre du Graal qui est la suite logique de son premier ouvrage, Le Graal en Provence, Mission secrète en Occident (1). L’arrivée des Saintes Marie en Provence, le passage du « Graal » en Occitanie, (mais qu’est le Graal… ?), jusqu’à Glastonbury, via la Normandie est certainement la thèse aujourd’hui la moins controversée et la plus proche, selon nous, d’une réalité historique incontestable et qui, de plus, à l’avantage de créer un pont entre les auteurs anglo-saxons et français.

Après un travail de plus de trente années, Georges AD Martin avec ces deux publications magistrales à lire en regard, restitue de façon extrêmement précise et rigoureuse le parcours de la Sainte Famille, arrivée il y a 2000 ans sur les rivages de Camargue et qui pérégrina un temps en Provence, (Arles, Marseille, Saint-Maximin, sans oublier la région de Rennes-le-Château), une partie de cette famille fuira par les antiques voies de l’étain que connaissait bien le gardien du Graal, Joseph d’Arimathie, jusqu’en Angleterre et en Écosse… Cette thèse, loin d’être une vue de l’esprit, a les agréments en Grande-Bretagne de personnalités aussi incontournables que Sir Laurence Gardner (2), Tim Wallace Murphy (3), ou encore son Altesse Royale Michaël d’Albany, descendant des Stuarts (4), sans parler des plus hautes autorités de l’église Anglicane.

Liste à laquelle on peut aisément ajouter d’autres auteurs majeurs ayant développé en anglais, de nombreuses thèses venant corroborer et pour certains anticiper les dires de ces premiers ; on citera volontiers : le trio de pionniers bien connu maintenant Michael Baigent, Richard Leigh, Henri Lincoln (5), les duos d’auteurs, Lynn Pickett et Clive Prince (6), Christopher Knight et Robert Lomas (7), Messod et Roger Sabbah (8) ainsi que quelques chercheurs importants…, on peut citer Keith Laidler (9), entre autres, pour les britanniques.

Mais, si l’on veut être tout à fait précis dans le cadre de cette présente exégèse qui s’inscrit dans une perspective historico-littéraire mettant en avant principalement un héritage français, je dirais même provençal, il faut bien comprendre que sans l’ouvrage de Gérard de Sède, publié pour la première fois en 1967. (Rappelons-le ! Soit 15 ans avant l’ouvrage d’Henri Lincoln, ce dernier livre publié en 1982 soit 22 ans avant le Da Vinci Code !…) Le mystère de Rennes, qui sans aucun doute et avant tout, EST le Mystère de Marie de Magdala, soyons-en certain, n’aurait pas pris le visage qu’on lui connaît aujourd’hui.

Un visage de Lumière constellé d’un brouillard d’étoiles…

 

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II – Du visage profane à la Sainte Face

 

Or, par la magie du verbe, de ce visage magdalénien, extirpé de sa gangue de glaise, façonné par les premiers nommés, nous désirons y ajouter encore quelques auteurs français visionnaires, de premier plan, Jean Robin par exemple avec son Royaume du Graal (10), et quelques autres, sont à ne pas omettre si l’on veut comprendre, de la meilleure manière qui soit, l’intrusion claudicante et plagiaire des marchands du Temple au sein de l’activité littéraire surabondante et logomachique à laquelle nous assistons en ce moment dans nos librairies.

C’est à ces auteurs, pionniers émérites et prophétiques, qu’il faut rendre hommage, avant tout, car les adeptes de « l’Art de mémoire », savent bien que cet art concerne aussi la manière de se souvenir. « Souviens-toi d’où coule la source », nous dit le précepte hermétique. Mais après tout, qui pourrait s’en plaindre, savoir trier le bon grain de l’ivraie, ne fait-il pas partie, aussi, du bagage initiatique ?

Il appartient à chacun d’ajouter à ces quelques noms, quelques suiveurs de moindre importance, des années 90 et 2000, chercheurs cependant ayant apporté, et cela est notable, de-ci ou de-là quelques traces anecdotiques ; restitutions d’archives d’époques, de correspondances privées, d’études symboliques et historiques, de compilations de livres sur le sujet, de biographies diverses, sans oublier, surtout, car cela tient des signes des Temps comme eût dit Guénon, les manipulations de toutes sortes, mensonges, dénigrements, plagiats, attaques ad hominem etc., auxquels se livrent aujourd’hui les uns et les autres, par écrits internet et ouvrages interposés, pseudos détenteurs qu’ils sont, d’une «vérité» tout juste bonne aux lecteurs déboussolés par un commerce avarié.

En eût-il pu être autrement ?

 

III – De la Sainte Face à la chirurgie esthétique contemporaine

 

De ce constat factuel, car historique et daté, un visage de Vérité surgit, non pas d’un néant, mais d’un ailleurs, d’une réalité cosmique engendrée par un sens de l’Histoire -car l’Histoire a un sens- un sens qui ne peut être que cycliquement et structurellement immanent, oui, imprimant d’éternité à la Terre-Vierge-Mère une temporalité sacrée, un fil d’Ariane sourd et aveugle déroulé au firmament lacté, une Rose-Ligne se reflétant – en bas – dans un à suivre perpétuel et ce, sans autorisation aucune de se perdre, car en la sorte, la détresse de l’Homme rouge ne serait pour tout dire que le commencement de l’abomination. Déstructuration totale de l’être pour une perdition irréversible du collectif adamique au sein de la Matrix.

Et c’est sur cette Mère-qui-êtes-aux-Cieux, qui est aussi notre Mer, comme nous le faisions remarquer le mois dernier, que s’est embarquée avec ses sœurs, sur une barque de Feu, l’Elue, Initiatrice de nos destins Croisés, Marie de Magdala, immuable et encore pour longtemps, dépositaire au nom du Christ-Roi d’un Testament Solaire, que nous ne cessons tous de chercher pour mieux, sans doute, nous perdre tous, tant cette quête impossible de l’Invisible Graal possède en son cœur flamboyant la véritable coupe, vibration inconditionnelle d’un Amour sans limite, mais aussi, ne le taisons pas, en son pourtour enroulé d’émeraudes, dans un silence pourpre le Léviathan cosmique, irradiant de ses yeux comme de sa bouche, des paroles d’iniquité forgées de main de maître par un Gardien du Seuil impitoyable aux invocations malheureuses des apprentis sorciers perdus là, dans un Val sans retour. Ignorants qu’ils furent des avertissements divins. Asmodée encore toi !

En ce début de millénaire, le visage éclairé de Madeleine transfiguration de la sainte Face, nous donne à révéler, étonnement, un réceptacle de Lumière irradiante, maintenant ouvert, une Arche sainte oubliée en Arcadie, en un lieu et en un temps, comme une Baume Sainte restant à identifier sur tous les plans. Sur cette Terre bénie, désencombrée de toutes les scories maléficiées du Temps, la barque de Feu de Madeleine atteignit un soir sans doute, à la pleine Lune, il y a peu, pour une seconde fois, la grève chargée d’opales pour visiter à l’Aube le Tombeau… Celui-ci était-il plus important que le corps ? N’étaient-ce pas plutôt les Ecritures qui devaient se relever d’entre les morts ?

De ces chevaliers errants, questeurs de Graal, inconséquents et sacrilèges, il en fut un qui décida, un jour, de ne point s’abreuver à la boisson d’éternité ni même de se souvenir de l’origine de cette source. Etait-ce le dessein des Dieux que d’accorder foi à sa requête ? C’est possible. Il signa son breuvage de son nom, Dan Brown, un livre qui permit aux autres, les sans-quêtes, de s’interroger sur l’origine de leur culte. Se servant et puisant dans les trésors, Dan Brown, en oubliât, déperdition suspecte de la mémoire crue, jusqu’aux noms des auteurs, se gardant bien de les citer de peur de passer pour un spectre.

Le véritable courage n’est pas toujours celui de la quête. Le véritable courage consiste, en vérité, à ne pas voler le faible pour faire allégeance au fort, il octroie à chacun la force de se dire :

« Suis-je bien celui que je prétends être ? »

Notre chevalier s’appropria donc richesses et pouvoirs et divulgua l’inavouable.

Da Vinci Code.

Un livre oublié puis ressuscité qui, comme une chirurgie esthétique sur la Sainte Face, fit croire aux yeux du Monde, que ce visage prostitué était celui de Madeleine.

Rires improbables et silences.

Mais, où vas-tu la Rouge… ?

Thierry Emmanuel Garnier © la Lettre de Thot, Août 2005.

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(1) Aux éditions Cheminements.

(2) Laurence Gardner, Le Graal et la Lignée royale du Christ, Dervy ed. 1996.

(3) Tim Wallace Murphy, Rex Deus, Rocher ed. 2001 et voir aussi notre interview de Tim Wallace Murphy dans le No Spécial de la Revue Arcadia de juillet 2002.

(4) Michael d’Albany, descendant des Stuarts, a publié un ouvrage en langue anglaise, non traduit à ce jour. Son 2e ouvrage en publication pour 2005 redonnera pour partie l’essentiel de ses thèses et mettra notamment en évidence l’origine historique de l’Ordre du Temple et son accointance avec les milieux musulmans de l’époque. Voir aussi l’interview en exclusivité qu’il donna pour la revue Arcadia en Juillet 2002.

(5) Voir entre autres, L’Enigme Sacrée, Pygmalion ed. 1982, Le Message, le livre du Mois ed. 1986, mais aussi l’incontournable Des Templiers aux Francs-Maçons de Michael Baigent, Richard Leigh, rédigé sans l’aide de Lincoln, Rocher ed. 1989.

(6) Lynn Pickett et Clive Prince – La révélation des Templiers, Rocher ed. 1997 et La Porte des Etoiles, Rocher ed. 1999. Deux ouvrages de références, sur notre sujet.

(7) Christopher Knight et Robert Lomas, La Clé d’Hiram, Ed. Dervy 1997.

(8) Messod et Roger Sabbah, Les secrets de l’Exode, JCG ed. 2000.

(9) Keith Laidler, Le Suaire des Templiers, Rocher ed. 2000.

(10) Jean Robin, Le Royaume du Graal, Trédaniel ed. 1992.