Qui l’aurait cru ? Les occultistes français de le Belle Epoque, Joséphin Péladan… et tous les autres… buvaient du Coca-Cola !
La précieuse boisson sucrée à bulles à base de cocaïne et de caféine faisait déjà au XIXe siècle le tour du monde ! Mais pas dans le sens que l’on croit… D’Europe vers les USA ! Car c’est en réalité sous l’appellation de « Vin Mariani » du nom d’un pharmacien corse, Angelo Mariani (1838-1914), qu’est créé en 1863 ce qui deviendra quelques années plus tard le Coca-Cola !
A base de vin de Bordeaux et de feuilles de coca, cette boisson exceptionnellement tonifiante faisait la joie des bistrotiers de la capitale française et était vendu partout dans l’hexagone et outre-manche. La conquête du marché américain une fois effectuée, le succès fut fulgurant pour l’époque, Mariani n’eu cure des contrefaçons, tant il pensait son breuvage inimitable ! Et pourtant…
Dans ces années là, les têtes couronnées, la reine Victoria, le Président des Etats-Unis, le pape Léon XIII boivent le vin Mariani ! Conseillé par les médecins pour les athlètes de haut niveau, pour soigner de nombreux maux…, entre autres les brûlures d’estomac, et même les déficiences sexuelles ! Joséphin Péladan (1858-1918) le pittoresque occultiste parisien, né à Lyon, encore appelé par certains le « Sâr pédalant », co-fondateur en 1888 avec Stanislas de Guaita de l’Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix, sollicité par le pharmacien corse, comme de très nombreuses personnalités de l’époque, on peut citer Edmond Rostant, Emile Zola, Anatole France, Jules Verne…, écrivait :
C’est un excellent exercice de rhétorique que l’éloge du vin Mariani : pour y montrer quelque nouveauté, il faudrait être de subtile invention et de bon loisir. Mistral m’a révélé M. Mariani et son vin, en Avignon. L’homme a quelque chose de la Renaissance, le culte des lettres, le vin fournirait un chapitre au petit traité des excitants modernes. Le Mariani a sa place, sur ma table, entre le tabac et le café : qu’en dire de plus ? Péladan
Parmi les occultistes de cette époque, nous avons retrouvé dans les archives Arcadia, un autre témoignage, dans un tout autre style, c’est le moins que l’on puisse dire, celui de Jules Bois (1868 – 1943), journaliste marseillais, écrivain polymorphe, agent secret… et célèbre bretteur devant l’Eternel qui, lui aussi, ne tarit pas d’éloges sur le Coca-Cola, pardon… sur le vin Mariani (1) :
Les alchimistes du Moyen Age cherchèrent vainement la Pierre philosophale qui régénère les corps et exalte les âmes. De nos jours le grand mystère a été enfin trouvé. Le vin Mariani est la Pierre philosophale liquide. Celui qui en boit devient un homme nouveau, aux facultés multipliées, aux puissances inconnues ! Jules Bois
Il fallait oser l’écrire ! Quel vertu quand même que ce Coca-Cola là !
Tapis dans l’ombre, un autre pharmacien veille cependant, d’Atlanta celui-là, un certain John Smith Pemberton qui, fort surpris du succès mondiale de cette fabuleuse boisson arrivée de l’ancien monde, décide sans autre forme de procès de copier intégralement la recette à l’identique ! Il appellera sa boisson gazeuse, tenez-vous bien ! Le « French Wine Coca » ! Le triomphe fut au rendez-vous, et les imitations innombrables… Il ne fut jamais inquiété de ce plagiat mémorable, certainement unique dans les annales de l’humanité, quand on voit le succès planétaire qui est celui de Coca aujourd’hui… Ce n’est que quelques années plus tard, avec la prohibition, que l’alcool contenu dans le breuvage disparut définitivement pour laisser place aux extraits de Cola, qui – eux – contenaient de la caféine !
La fameuse boisson était née ! Celle que l’on appellera plus tard « La Firme », ou Coca Co. se garda bien de se souvenir de ce passé peu glorieux de piratage industriel… et n’eut de cesse de réécrire son histoire, jusqu’à essayer de faire croire que le mot de « Coca » contenu dans la boisson, n’avait pas de rapport substantiel avec la cocaïne… C’est cette saga que nous conte de façon extraordinaire le journaliste français d’investigation William Reymond dans un livre plus palpitant que le meilleur des polars. Un ouvrage absolument édifiant, entre Dallas pour l’aspect glauque des captations de formules secrètes de fabrication du breuvage entre ayant droits et le meilleur des John Le Carré pour le secret bien gardé des agissements de la compagnie pendant le guerre de 39-45.
Apparemment, pas seulement les GI’s buvaient du Coca-Cola, même Hitler aimait ça parait-il…
(à suivre…)
Thierry E Garnier © La LdThot, mars 2006.
(1) Archives Arcadia – Nous ferons état le mois prochain de ce document signé Jules Bois. Voir aussi pour une bonne biographie sur le personnage, le travail de Dominique Dubois aux éditions Arqa. 2004.
Sur le vin Mariani voir l’excellent site :
http://www.nakoweb.com/cocacola/coca.htm
Voir aussi notre info sur notre Blog :
http://leblogdegraphos.net/
Le site officiel de Coca-Cola :
http://www.coca-cola.com/index.jsp
Nous nous devons aussi de faire part à nos lecteurs de la LdT qu’il existait une URL – qui pour des raisons peu claires n’est plus consultable aujourd’hui – mais qui possédait en son temps, au moment où nous avions entamé nos recherches en 2005 pour l’écriture de cet article, une mine d’informations et d’images non équivoques sur le passé peu glorieux de la Coca-Cola Co. On y trouvait notamment ce texte :
For Coke’s Sake – Pour l’amour de Coke
Au moment où les anniversaires se célèbrent à grandes bulles à Atlanta pour les 100 ans des Jeux Olympiques, Coca-Cola, organisateur dans l’ombre de ces JO, était déjà très présent il y a 60 ans, lors de ceux de Berlin. Autre date que l’on a fêté à Atlanta : la victoire remportée en 1945, à la fin de la guerre, où Coca a joué sur les deux tableaux – l’Allemagne ne sera pas un marché à reconquérir, puisque Coke n’a jamais quitté le sol allemand.
Les informations qui suivent sont extraites du livre For God, Country and Coca-Cola (Scribner’s Sons / Macmillan, New York, 1993) d’un journaliste d’Atlanta, Mark Pendergrast. Une véritable biographie non autorisée, extrêmement bien documentée : il a réussi à avoir accès aux précieuses archives, en s’assurant la confiance de Phil Mooney, à l’époque archiviste en chef de la firme d’Atlanta. Ce qui lui a permis, notamment, de publier la fameuse formule secrète en fin d’ouvrage.
Au milieu d’un récit précis et minutieux – du sirop miracle du Dr Pemberton (1885) au raté du nouveau Coke (1984), en passant par la campagne anti-Coca des communistes français (1950’s), Pendergrast a levé un grand voile sur l’activité douteuse de la direction américaine entre 1933 et 1946.
1/ Coca-Cola est devenu, à elle seule, une véritable « arme » de réconfort et de fierté pour les soldats américains, sur tous les théâtres d’opération.
2/ Dans le chapitre « Coca-Cola über alles », l’auteur montre que l’activité de la filiale allemande, fondée en 1929, n’a pas cessé au moment de l’entrée en guerre des Etats-Unis – comme Coca-Cola l’a toujours affirmé – et s’est même développée avec l’aide du Reich jusqu’à la fin des hostilités. La marque Fanta est ainsi née du blocus américain imposé au sirop de Coke à partir de 1941 !
TEG pour la LdT.