Dans le monde judéo-chrétien, on reconnait ses erreurs (confessionnal, jour du Pardon (Kippour). On bat sa coulpe. Mea culpa. On reconnait ses péchés. Chez les Israélites, cela se fait à un certain moment de l’année. Vu que leur calendrier est assez complexe et comporte plusieurs points de départ, l’on peut dire que c’est à mi-parcours, si l’on commence à Pâques ou bien juste après le début de l’année si l’on commence à la fin de l’Eté. Quel rapport avec l’astrologie, demandera-t-on : Ceux qui ont lu nos derniers textes auront compris : il y a des moments dans la vie, où l’on n’est pas « au top » et où l’on commet des fautes, des erreurs de jugement. Or, selon nous, ces moments sont en quelque sorte programmée tout comme la nuit nous fait moins performante, en règle générale, que le jour. On pense notamment aux combats, du moins d’autrefois, qui se déroulaient rarement dans l’obscurité. Quand on voit mal, les différences s’estompent et l’on saisit moins aisément les reliefs, les contours : les perspectives, les horizons se restreignent.
Cela dit, il y a une créativité de l’erreur et nous avons consacré à ce sujet un Eloge (paru en 1991, aux Ed. Lierre et Coudrier dans un collectif). Bien plus, nous avions abordé dans un mémoire le rôle de l’erreur dans l’évolution des langues. »Linguistique de l’erreur et épistémologie populaire » (1987). En effet, comme on dit, il faut parfois boire le vin jusqu’à la lie. Et, pour certains, ce n’est qu’en se fourvoyant que l’on peut avancer.
Plutôt que de parler de bonnes et de mauvaises périodes, il faudrait parler de périodes à risque comme de conduire en état d’ivresse. L’accident n’est pas certain mais la situation est précaire, quand on ne prend pas suffisamment de précautions, quand on ne vérifie pas assez sérieusement les données dont on dispose et quand personne ne peut sauver la mise parce que le niveau général a baissé. De cela, notre astrologie peut traiter et sous tendre une forme de thérapie de la coulpe liée à des moments désignés par le cycle astrologique.
Il s’agit de se dire qu’à telle époque, il a du se passer des choses pas très valables et qui nous ont laissé un certain sentiment (complexe) de culpabilité, une mauvaise conscience. Avec l’astrologie (du Sablier), l’on peut faire le ménage en se polarisant sur des périodes spécifiques de 3 ans et demi environ (28 ans divisés par 8, soit 45°) dont il faut faire le tour. Et inversement, il y a en alternance des périodes plus glorieuses, où l’on a l’occasion de se racheter, comme on dit, d’expier, en tout cas de se ressaisir après avoir glissé, dérapé. Disons qu’il y a des moments où l’on est mieux inspiré qu’à d’autres et cette « inspiration », elle nous vient de notre rapport au cosmos, à un certain cosmos propre à notre Astrologie.
Si l’on prend le cas de De Gaulle, on peut dire que la phase que nous qualifions de disjonctionnelle, celle qui fait décliner nos performances au regard de notre lien social, aura été particulièrement remarquable. On pense à Mai 68, à son départ pour l’Allemagne, à son référendum et à son départ en milieu de mandat, l’année suivante. C’est un grand ratage collectif, avec Saturne au milieu d’un signe cardinal, en l’occurrence le bélier, très loin des conjonctions de Saturne avec une étoile fixe royale. Que s’est-il passé ? Selon nous, il y a alors crise de société. La société est en dysfonctionnement : elle n’y voit plus clair. Autrement dit, y voir clair n’est pas un acquis définitif mais bien cyclique. Cela a quelque chose de miraculeux, comme une lumière qui est ou non présente, comme la chaleur qui remplace le froid. Cette lumière qui justement nous tombe du ciel.
Une société qui marche bien est une société qui fait les bons choix, qui se donne les meilleurs chefs. Une société qui fonctionne mal se trompe dans ses décisions, se leurre, confond les vessies avec les lanternes. Il vaut mieux que l’on prenne le moins possible d’initiatives à ces moments là, qu’on laisse les choses en l’état car on n’est pas très performant et l’on risque de se planter.
D’où l’importance qu’il y a à connaitre le timing, de façon à savoir combien de temps il faut tenir, quand on sortira du tunnel. Qui d’autre que l’astrologue – du moins celui qui a renoué avec une astrologie « pure et simple » en est capable ?
Que l’on nous entende bien, l’erreur, le manque d’inspiration se situe à tous les niveaux, de la sphère publique à la sphère privée, des problèmes d’élection des leaders et des représentants à ceux du couple, de toute forme d’alliance. C’est à un phénoméne global que nous faisons référence et c’est l’opposition globale entre les périodes qu’il nous importe de mettre en évidence.
C’est d’ailleurs avec le recul que nous constatons et reconnaissons, quel que soit notre statut social, que nous n’avons fait les meilleurs choix, adopté l’attitude la plus heureuse. C’est ce qu’on appelle les hauts et les bas. Mais à la différence de l’astrologie traditionnelle, c’est aux mêmes époques que cela se produit pour tout le monde et ceci explique cela car il y a un effet d’entrainement aussi bien dans le positif que dans le négatif.
Les seuls qui bénéficient des périodes ténébreuses sont ceux qui profitent d’un certain aveuglement de leurs semblables qui leur donne leur chance.
Qu’est-ce qui caractérise un choix douteux ? La prise en compte de considérations peu pertinentes, la corruption, le népotisme, les compromis, le manque de vision globale des dossiers et pour tout dire une certaine paresse, une certaine lâcheté qui n’ont pour excuse que précisément la baisse de lucidité, de luminosité ambiante, d’où une responsabilité collective.
Nous dirons que s’il n’y avait pas l’astrologie, notre humanité n’en serait pas là où elle en est. Quelque part, l’astrologie c’est l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal dont parle la Genèse. Mais quand nous disons l’astrologie, nous entendons d’abord l’instauration très ancienne d’un Ordre astrologique, dans tous les sens du terme et ensuite une science qui décrit, avec plus ou moins de bonheur cette organisation anthropocosmique.
Il y a des périodes, où les sociétés font des choix justes, équitables, qui respectent la valeur des uns et des autres et d’autres où les sociétés – les groupes, les communautés, les nations- n’y voient pas clair et s’enfoncent dans les ténèbres, dans la nuit, dans l’enfer. Il y a un nivellement par le haut et un autre par le bas.
C’est pourquoi, la sortie d’une phase de disjonction implique un redressement, un ressaisissement qui conduit à faire appel aux plus doués pour s’atteler aux problèmes en ayant le courage d’admettre qu’Un tel fera mieux l’affaire que tel autre et que nous ne sommes pas égaux. La notion d’égalité est typiquement disjonctionnelle : la nuit tous les chats sont gris. D’aucuns croient que ce qui nous distingue, c’est non pas l’inné mais l’acquis, ce qui correspond à la prédominance de l’avoir sur l’être. Il est vrai qu’il est plus facile de noter ce que les gens ont, l’apparence des choses, que ce que les gens sont, leur valeur intrinsèque, sans trucage, sans dopage. Au fond, alternent des temps de vérité et de mensonge – quand on se ment à soi-même d’abord, quand il fait nuit à l’intérieur de nous-mêmes. C’est alors que la souris se fait plus grosse que le bœuf, que le geai se pare des plumes du paon. (La Fontaine).
Il nous a semble, au vu de nos recherches, que la gauche profitait davantage des phases de disjonction que la droite et vice versa. Peut être d’ailleurs qu’en période de disjonction, la politique de gauche est la moins mauvaise car elle aménage une difficulté à laisser l’élite s’épanouir, au nom d’un certain égalitarisme standard et minimaliste. Mais la gauche reste un pis aller nocturne, crépusculaire, marqué par une certaine rigidité doctrinale ou programmatique, emprisonnante.
Mais la période disjonctionnelle, si elle met beaucoup de temps à voir et à prévoir les choses- du fait de l’obscurité ambiante- finit tôt ou tard par prendre conscience de ses errements bien avant que le jour ne se lève. On limoge les mauvais généraux, on congédie les mauvais ministres qui ont fait la preuve de leur incapacité sur le terrain car il n’y a pas de faute indéfiniment impunie. Inversement, la phase conjonctionnelle connait, à mi parcours, l’apparition de clones qui profitent de l’élan donné en début de phase, par mimétisme. Ce qui donne en gros quatre moments de 22 mois environ (28/16, soit 22°30) : deux moments extrêmes à la conjonction et à la disjonction et deux temps intermédiaires.
Si l’on part sur une base numérique simplifiée, nous dirons que la phase conjonctionnelle débute quand Saturne passe à 0° d’un signe mutable et dure jusqu’à 15° du signe cardinal qui suit et que la phase disjonctionnelle par de 15° du signe cardinal jusqu’à 0° du signe mutable qui suit. Si l’on découpe en deux chacune des deux phases, on passe à 4 phases mais il s’agit là seulement d’un critère de temps et non d’espace. Nous dirons qu’à mi-parcours de chaque phase de 45°, il y a la fin d’un certain état de grâce mais ce n’est là qu’une estimation très sommaire, d’autant que le point de départ des phases est déjà en lui-même une approximation. Mais cela n’a pas une très grande importance puisque ce qui nous intéresse c’est un processus, d’autant qu’il faut aussi tenir compte des rétrogradations de Saturne qui contribuent à compliquer quelque peu la perception et la manifestation des choses.
On aura compris que l’Humanité doit considérer l’astrologie comme un cadeau des dieux qui lui permet de se transcender – ce qui implique une ascension. A certains moments, nous sommes comme expulsés du jardin d’Eden et condamnés à vivre dans la pénombre, dans la caverne.
Jacques HALBRONN